La méthode PNL : comment l'utiliser pour être plus épanoui au travail ?
29 mai 2019
11min
Communications & content manager
La programmation neuro-linguistique (PNL), branche de la psychologie aujourd’hui pratiquée par bien des spécialistes, vise à nous aider à reprogrammer notre cerveau et nos comportements via le langage. Mise au point dans les années 1970 par Richard Bandler et John Grinder aux États-Unis, cette méthode permet d’imaginer notre réussite pour la faire advenir. Elle propose un ensemble de techniques permettant de modifier nos pensées et par là les actes qui en découlent.
Cette spécialité postule que le système de décisions de notre cerveau est lié à l’évolution, centré sur la recherche du plaisir et l’évitement de la douleur. Ces systèmes de décisions préétablis déterminent a priori notre présent et notre avenir. Heureusement, la PNL postule l’idée très sartrienne qu’en modifiant ces préprogrammations, nous pouvons être aux commandes de notre vie. Qu’on peut se sentir bien, améliorer nos rapports avec les autres et arriver où l’on veut. Un vrai traité d’optimisme, en somme.
Voici une introduction à la PNL. Vous y apprendrez en quoi nos cerveaux sont préprogrammés, car comprendre nos “cablages” naturels est un point de départ pour les modifier. Puis, vous pourrez suivre quelques exercices afin de modifier vos pensées pour avoir un rapport plus positif au travail, améliorer vos relations au bureau ou encore atteindre vos objectifs professionnels.
Pourquoi nos cerveaux ne sont-ils pas toujours adaptés ?
« En matière d’environnement, nous sommes dans un avion en train de se crasher. Mais bon, comme c’est dans deux minutes, prenons d’abord un petit café. »
Dans Le Bug humain, Sébastien Bohler explique que le striatum, la zone de notre cerveau liée à la survie, nous force à détruire la Terre. Incapable de se projeter, il nous fait préférer notre satisfaction dans l’instant aux efforts nécessaires à la préservation des écosystèmes.
Pourtant, il fut un temps où nous nous baladions en slip de mammouth en quête de myrtilles, poursuivis par des bestioles peu sympathiques. Le striatum était notre ami : il nous poussait à la récolte d’informations utiles (un ennemi dans le viseur…), à manger, à économiser nos forces et à nous reproduire.
En 2019, la donne a changé. Le striatum nous fait regarder notre portable toutes les deux minutes, dévorer ce tiramisu alors que nous n’avons plus faim, à rester au lit au lieu d’aller voir une expo sympa et à traîner sur Tinder. Cette partie du cerveau se retourne contre nous à notre insu.
Si on examine tout cela en détail, on voit qu’au fil des siècles des “programmes” de pensée téléguidés se sont mis en place. Selon Anthony Robbins, l’un des maîtres de file de la PNL, notre cerveau a construit son propre système de décisions, à partir :
- de nos croyances fondamentales et règles inconscientes ;
- de nos valeurs ;
- de nos références ;
- des questions que nous nous posons ;
- de notre état affectif à des moments précis.
Ces programmes en mode “pilote automatique”, souvent, nous empêchent d’agir.
Alors, comment reprendre le contrôle avec la PNL ?
La somme de ces cinq éléments (croyances, valeurs, références, questions et état affectif) peut pousser à agir ou paralyser. Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi vous n’osiez pas briguer cette promotion, postuler dans cette entreprise, écrire à untel pour le rencontrer ou monter cette boîte qui est pourtant une excellente idée ?
« La PNL vous permet de ne pas laisser les programmes de pensée dominer votre présent et votre avenir. En modifiant l’un de ces paramètres, on peut opérer un changement puissant dans notre vie. » Anthony Robbins
Cet ensemble de pratiques, utiles au travail comme dans la vie, permet donc de s’attaquer aux blocages de notre cerveau, pour atteindre nos objectifs. « C’est une science qui explique comment le cerveau fonctionne, et motive nos croyances, discours et actes. Ensuite, on peut ajuster cela pour atteindre nos objectifs. On peut aussi changer une habitude, maîtriser ses émotions ou encore se débarrasser d’une phobie », explique Thomas Jeanneau, entrepreneur et fondateur d’Essentiel, une agence d’automatisation des processus numériques.
1. Modifier ses pensées pour se sentir bien au travail
En raison de l’évolution, nous sommes formatés pour nous concentrer sur des émotions négatives. L’enjeu de la PNL est donc de recadrer cet état de fait pour produire plus de pensées dynamisantes.
L’autre fait à avoir à l’esprit est que toute circonstance est neutre : on peut choisir d’en penser ce qu’on veut. Par exemple, si vous adorez faire votre reporting hebdomadaire parce que cela vous vide la tête et vous montre clairement votre impact, votre voisine de bureau souffle peut-être parce que cela l’ennuie. La même tâche – le reporting – vous évoque donc des pensées radicalement différentes.
Et justement, en modifiant ce que nous pensons des éléments qui nous gênent dans notre emploi, nous sommes en mesure de modifier les émotions que nous y associons, et donc réduire considérablement nos frustrations au travail. Voici quelques exercices pour passer à la pratique.
a) Mots dynamisants vs mots limitants
S’il faut ne retenir qu’une chose de la PNL, c’est que nos pensées créent notre réalité. Et puisque nos mots sont la matérialisation de nos pensées, ils façonnent aussi notre regard sur le monde. C’est pour cette raison qu’Anthony Robbins propose de privilégier le vocabulaire “dynamisant”.
« Les mots façonnent nos croyances et ont donc un impact sur nos actes. » Anthony Robbins
Mise en pratique :
Dressez une liste des mots négatifs que vous employez et remplacez-les par du vocabulaire positif. Cela permettra d’induire un changement dans vos pensées au quotidien.
Exemples :
- « C’est impossible » devient : « C’est un défi. ».
- « Je suis ignorant(e) » devient : « J’apprends chaque jour. »
b) Le flip flop des pensées
Une fois les mots dynamisants mis en place, déblayer ses pensées est la clé. Pour se sentir bien au travail, il suffit parfois de réajuster sa perception d’une situation a priori négative.
Anthony Robbins prouve dans ses séminaires qu’il est possible de vaincre n’importe quelle croyance limitante. Les participants finissent l’entraînement en courant sur des braises rougeoyantes sans se blesser. Sans en arriver à ce point, nous débarrasser de ces pensées décuple notre potentiel et nous fait nous sentir bien.
Mise en pratique :
Faites une liste de phrases qui vous trottent dans la tête sur des sujets fâcheux, puis transformez chacune d’elles en une pensée dynamisante, que vous choisirez d’adopter à chaque fois que la pensée fâcheuse se présentera à vous. Oui, c’est un effort conscient.
Exemple :
- Pensée limitante : « Ma collègue m’a encore lâché(e) sur le dossier XY, c’est insupportable. »
- Pensée dynamisante : « Je suis monté(e) en responsabilités en gérant de A à Z le dossier XY. J’ai aidé ma collègue qui me doit une fière chandelle et me prêtera main-forte si je suis débordé(e). »
Témoignage :
« En tant qu’entrepreneur et autodidacte, j’avais un complexe car je n’avais pas été formé à la vente ou au business. Ma pensée limitante était : “Je n’ai jamais fait de vente, donc je suis mauvais.” Pour déconstruire cette croyance, je me suis dit que j’avais déjà réussi à me vendre comme free-lance et à signer des contrats, même petits. Je me suis donc focalisé sur ces faits, des réussites qui contredisaient ma pensée limitante. J’ai pu alimenter une nouvelle croyance dynamisante : “Je suis capable de vendre, car je l’ai déjà fait.” Aujourd’hui, je me force à vendre. Et je sais que, bientôt, cet a priori que mon cerveau m’avait fixé n’existera plus. » Thomas Jeanneau
c) Le modèle de Brooke Castillo
Une autre manière efficace de renverser une pensée est de comprendre comment le fait de la laisser s’installer crée un cercle vicieux. Utilisons un exercice de Brooke Castillo, une coach de vie américaine.
Prenez une feuille et utilisez la grille d’analyse ci-dessous pour décortiquer une pensée :
C - Circonstances
Les faits neutres, comme si vous plaidiez dans un tribunal.
« Nous avons changé de bureaux. »
P - Pensée
La phrase que vous avez en tête à propos de ces circonstances.
« Les nouveaux bureaux sont lugubres, je déteste bosser ici. »
E - Émotion
Un ou plusieurs adjectifs qui décrivent votre ressenti intérieur.
« Déprimé(e), démotivé(e), frustré(e). »
A - Action
L’action (ou l’inaction) qui est engendrée par cette émotion.
« Je suis désagréable, je montre ma mauvaise humeur à mes collègues. »
R - Résultat
Le résultat qu’induit votre pensée quant à ces circonstances.
« L’ambiance est plombée dans mon équipe, je suis déprimé(e) au bureau. »
Souvent, le résultat confirme la pensée : ici, puisque l’ambiance est plombée et que cela vous déprime, votre relation à ces nouveaux locaux ne risque pas de changer.
Sauf si vous modifiez ce que vous pensez quand vous vous arrêtez à ces circonstances. La pensée « Les nouveaux bureaux sont calmes et bien situés» vous permettra d’être serein(e), voire heureux(se) d’y travailler et améliorera d’autant l’ambiance de votre équipe et ainsi que votre humeur.
2. Améliorer sa relation avec ses collègues
Les exercices suivants vous aideront à effectuer quelques ajustements qui vous permettront d’améliorer la relation que vous entretenez avec les personnes avec qui vous vous entendez “moyennement bien” et de renforcer vos liens avec les autres.
a) Le miroir des émotions
“Chercher la poutre dans son œil au lieu de la paille dans celui du voisin”, cela vous dit quelque chose ? En PNL, le concept du “miroir des pensées”, expliqué dans le podcast Change ma vie de Clotilde Dusoulier, permet de couper court aux reproches que nous faisons à nos collègues, et donc d’améliorer nos relations avec eux.
Vouloir contrôler ou changer les gens qui nous entourent est vain. Une tactique puissante pour nous séparer des critiques que nous faisons à nos collègues est de chercher leurs défauts en nous-même et de les corriger. Car, le plus souvent, cela met immédiatement fin aux critiques et nous rend plus tolérant et empathique.
Exemple :
Vous avez reproché à votre stagiaire d’être désorganisé(e) ? Demandez-vous si votre planning et vos dossiers sont si bien tenus que que vous le pensez.
Mise en pratique :
Écrivez sur une feuille les jugements que vous portez sur un collègue qui vous agace. Soulignez les défauts de ce collègue que vous retrouvez chez vous, et corrigez-les.
Aussi étrange que cela puisse paraître, les autres nous énervent souvent car nous retrouvons en eux quelque chose qui nous agace, qui fait honte en nous-même. Une fois que nous avons corrigé ces défauts corrigés, notre agacement s’estompe de lui-même et la relation n’en est que meilleure.
b) La suspension du jugement
Encore plus efficace que le miroir des émotions, la PNL entraîne à suspendre totalement son jugement. Car cette vilaine manie n’apporte rien, et peut même nous desservir.
Mise en pratique :
Repérez vos jugements et examinez-les. Demande-vous ce qu’ils vous font ressentir. Et questionnez-les : avez-vous suffisamment d’éléments pour les formuler ? Pour les contrecarrer, imaginez ce qui pousse cette personne à adopter un tel comportement et essayez de vous mettre à sa place.
Et surtout, à chaque fois que nous repérons un jugement, nous pouvons le bloquer en nous disant : « Ah, tiens un jugement ! On avait dit stop. »
Exemple :
« Marie fait encore sa fayotte auprès du boss. C’est pathétique ! »
Stooop ! Porter un tel jugement ne vous apporte rien. Non seulement cela peut vous faire ressentir du malaise, de l’insécurité, voire de la colère, mais en plus cela ne changera rien au comportement de votre collègue et ne l’affectera pas puisque vous n’allez pas lui dire. À la place, vous pouvez penser que Marie a un savoir-être hyper agréable qui lui permet de créer des interactions de qualité avec les gens et essayer d’en prendre de la graine.
Concrètement, il est tout à fait possible de bloquer un jugement et de modifier consciemment la pensée qui y est associée, et plus on le fait, plus cela devient spontané.
Témoignage :
« Juger n’a pas de sens, car on le fait par rapport à sa propre expérience. Chacun a son interprétation du monde. Partant de là, cela n’a plus de sens de dire que quelqu’un a tort ou raison, l’essence de certains débats perd son intérêt. Le seul moyen pour avancer est d’être dans la compréhension, sinon on satisfait son ego de manière stérile. Aujourd’hui, je juge beaucoup moins et je cherche à savoir quels événements dans la vie de cette personne l’ont amenée à se comporter ainsi. Je suis dans la compréhension. Cela me fait me sentir mieux, et, souvent, cela me permet de créer des liens forts avec les autres. » Thomas Jeanneau
c) Le blocage de jalousie par une “bucket list”
La jalousie peut pourrir les rapports avec un collègue. Salaireplus élevé, responsabilités au beau fixe, longues vacances… Clotilde Dusoulier explique comment réagir de la meilleure des manières afin d’éviter de ressentir de la jalousie et de garder des relations apaisées. Dès qu’on regarde son collègue avec envie, on peut prendre cela comme une piste d’exploration de soi.
Mises en pratique :
À chaque fois que vous enviez quelqu’un, inscrivez ce que cette personne fait sur une liste de choses que vous voulez, vous aussi, faire plus tard. Et commencez à réfléchir à quand et comment vous allez y parvenir.
Et puis, surtout, ne pas oublier de se réjouir pour son collaborateur, comme il se réjouirait pour nous. Par exemple, pour le féliciter de son voyage d’affaires à New York, de l’augmentation de 20 % qu’il a obtenue ou encore d’une conférence sur sa spécialité à laquelle il pourra participer.
3. Atteindre ses objectifs
a) Pouvoir compter sur soi
Clotilde Dusoulier souligne un point important quant à la relation que nous devons entretenir avec nos collègues ou notre associé si nous sommes entrepreneur : nous décidons mutuellement de nous faire confiance. Or, pour réussir professionnellement, il faut également s’engager à être son meilleur allié et tenir les promesses qu’on se fait à soi-même.
Témoignage :
« C’est une question d’engagement psychologique. Pour moi, l’intégrité et la cohérence sont des valeurs “boussole”. Ainsi, si je m’engage envers quelqu’un ou moi-même, cette valeur va me faire souffrir si je ne tiens pas l’engagement que j’ai pris. Une bonne technique consiste à s’engager auprès d’autrui, car si on ne le fait pas, on perd la face. Dans ce cas, l’ego est un moteur puissant. Mais le mieux, c’est encore d’avoir suffisamment de respect envers soi pour que cela fonctionne aussi si on ne tient pas ses promesses envers soi. » Thomas Jeanneau
Mise en pratique :
À l’échelle d’une semaine, veillez toujours à vous accorder le temps nécessaire à la mise en action de votre engagement : couchez-vous tôt pour passer une bonne journée au travail, prévoyez X heures pour un projet personnel… Quand on ne parvient pas à se traiter comme un ami, comprendre pourquoi sans jugement. Et puis, s’“autosecouer” si nécessaire pour devenir davantage bienveillant avec soi-même !
b) Rester focalisé sur le résultat qu’on veut atteindre
Les expressions consacrées “l’univers conspire à” ou “tout lui réussit” suggèrent que certaines personnes auraient plus de “chance” que d’autres et que réussir serait plus facile pour elles. En PNL, la chance n’existe pas. Anthony Robbins écrit dans Pouvoir illimité que « nos décisions sont les circonstances qui déterminent notre avenir. » Il démontre à maintes reprises comment les personnes à succès se sont fixé un objectif et ont tout fait pour l’atteindre. Et à partir de là, et de là uniquement, découle cette impression de chance :
« Une fois que vous décidez de donner la priorité à une chose bien précise, vous lui donnez une très grande intensité émotionnelle, et en vous concentrant constamment sur elle, toute ressource qui peut contribuer à vous aider à l’obtenir vous paraît évidente. » Anthony Robbins
Pour atteindre un but, il faut donc se concentrer sur lui et saisir toutes les opportunités qui permettent de s’en rapprocher au quotidien.
Mise en pratique :
Faites la liste de toutes les choses simples qui peuvent vous rapprocher de votre objectif et établissez un rétroplanning des étapes qui devraient vous y conduire. À chaque étape, félicitez-vous d’avoir avancé, puis concentrez-vous sur la suivante.
En un mot
La PNL est donc une pratique très efficace pour faire avancer notre carrière dans le sens qui nous motive. « C’est une boîte à outils puissante pour les managers, qui les aide à comprendre leurs employés, à être vraiment bienveillants et à mieux les accompagner. Pour les employés, cela permet de développer de nouvelles compétences, de sortir de leur zone de confort pour gravir les échelons dans leur boîte, de monter en compétences ou même de décrocher un meilleur job », assure Thomas Jeanneau.
À tel point que pour lui, la PNL devrait être enseignée à l’école : « Cela aiderait chacun à développer des relations plus apaisées, construites et harmonieuses avec les autres et avec lui-même. »
En revanche, pour que cela soit efficace, il est nécessaire de s’entraîner régulièrement, voire quotidiennement. Car oui, muscler son cerveau pour être positif, c’est du boulot ! Et autre contrainte, vous l’aurez compris, c’est un chemin intérieur que nul ne peut suivre à votre place. Alors, prêt(e) à mettre en pratique ces exercices pour améliorer votre vie professionnelle… et personnelle ?
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Photo by WTTJ
Ressources :
À lire :
- Le Bug humain, Sébastien Bohler, Robert Laffont, 2019
- S’initier à la PNL, Marion Sarazin, ESF sciences humaines, 2014
- L’Éveil de votre puissance intérieure Anthony Robbins, J’ai Lu, 2013, aussi disponible sur Koober ici
- Pouvoir illimité, Anthony Robbins, J’ai Lu, 2008, aussi disponible sur Koober ici
- La PNL pour les nuls, Kate Burton et Romilla Ready, First Éditions, 2008
- Le portail français de la programmation neuro-linguistique
Podcasts à écouter :
- Notre cerveau nous oblige à détruire la planète, émission “C’est pas du vent”, RFI, 7 février 2019
- The Coach Life School, podcasts de Brooke Castillo
- Change ma vie, podcasts de Clotilde Dusoulier
- LOA Recon, podcasts de Jeannette Maw
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