Les 10 profils de collègues déconfinés, de retour au bureau
09 juin 2021
5min
Journaliste - Welcome to the Jungle
Senior Editor - SOCIETY @ Welcome to the Jungle
Ça y est. Depuis quelques jours, vous faites partie des télétravailleurs qui ont (doucement mais sûrement) repris le chemin du bureau. Et comme à chaque rentrée des classes, quand l’appréhension et… la flemme (soyons honnêtes) nous gagnent, il faut retrouver de solides repères pour survivre. Heureusement, vos collègues sont là pour ça et après un an et demi d’enfermement, ils sont plus en forme que jamais. On vous fait le topo. Bon retour à tous !
Le petit chef, le retour
Alors qu’avant mars 2020, il était plutôt du genre à taper du poing sur la table pour se faire bien comprendre, cette année et demi de télétravail “l’a changé”. Il revient “zen”, lançant de grandes tirades sur l’importance de la confiance manager-managé et affirme haut et fort (surtout quand le CEO passe dans l’open space), que grâce à cette expérience, votre équipe est devenue plus “résiliente” et “flexible” que jamais. Il a l’air tellement convaincu que vous n’osez pas lui rappeler que votre équipe a frôlé le burn out une bonne dizaine de fois sur l’année passée. En réalité, il a juste pris encore plus de mauvaises habitudes de management. La preuve ? Maintenant, il vient toquer à la porte des toilettes du bureau pour vous demander : « Tu fais quoi ? Ça fait 5 minutes que j’attends ton retour sur le reporting là ? » Un conseil, demandez à votre entreprise de basculer en 100% télétravail.
L’hypocondriaque (qui commence tout juste à se lâcher)
La dernière fois que vous avez croisé Aurélie, en septembre 2020, elle passait au centre de dépistage covid comme on passe à la boulangerie (« Et avec ceci vous prendrez bien quelques FFP2 ? »), désinfectait les flacons de gel hydroalcoolique du bureau avec son propre gel (qu’elle ne manipulait qu’avec des gants) et fustigeait du regard tous ceux qui osaient porter leur masque en couche de menton. Mais aujourd’hui, Aurélie n’est plus la même. Elle s’aventure en pause clope et pointe même parfois le bout de son nez (masqué) en afterworks. Les longs mois d’état d’urgence sanitaire ont-ils eu raison de sa prudence ? Ou bien se sent-elle surhumaine maintenant qu’elle a été douze fois cas contact sans jamais choper le covid ? On ne saurait vous dire, mais quoi qu’il en soit, évitez tout de même de tousser devant elle.
Le vacciné
C’est la première chose qu’il vous demande : « Alors, vacciné ? Moi j’ai fait mes deux doses là, ça y est ! » Vous avez à peine de temps de répondre qu’il vous raconte par le menu son aventure : sur quel site il a pris rendez-vous, dans quel centre il s’est rendu, est-ce qu’il a eu mal, quel était le signe astro de l’infirmière qui s’est occupée de lui et surtout, SURTOUT, quel vaccin il a eu (« Ah moi je suis très Moderna comme mec »). Depuis, il se sent invincible et tente de claquer la bise à tout le monde sous prétexte que : « Tranquille, je suis vacciné ! » Il en profite au passage pour se mettre sur tous les projets qui nécessitent des déplacements à l’étranger car : « Ah mais je peux y aller, je suis vacciné. »
Vous commencez même à vous demander si celui-ci n’a pas été payé par le gouvernement pour faire la promotion du vaccin en entreprise. Illuminati !
Le (trop) optimiste
Nonchalamment appuyé contre la machine à café, une grande cup Starbucks dans la main et son masque outrageusement descendu sur le menton, l’optimiste est un poil… agaçant. Il passe ses journées à circuler de table en table pour “parler pour de vrai” à ses équipes, ses grosses paluches se baladant sur tous les documents et claviers à sa portée. Le genre de gars qui vous met une grande claque dans le dos, en s’esclaffant : « Qu’est-ce-que je vous avais dit ! C’était juste une petite grippe ! » Engagé à mille pourcent pour que l’activité reprenne comme si de rien n’était, il est persuadé que 2021 sera une année prestigieuse pour la boîte et pour sa propre avancée hiérarchique. On lui souhaite…
Le (trop) pessimiste
Ça va être long. Très long. Passer tout l’été en tant que voisin·e de Fred risque de saper votre énergie. Non content de maugréer sur l’inconséquence gouvernementale et mondiale d’avoir confiné, déconfiné, reconfiné, déconfiné pour enfin couvre-fiser - on ne sait plus ce qui est le pire - la population, il perd des heures scotché à ses tableaux Excel à calculer et recalculer le manque à gagner de l’entreprise depuis le 16 mars 2020. En même temps, ok, c’est lui l’expert-comptable, mais il ne peut pas compter dans sa tête comme tout le monde ?! À la pause déjeuner, entre trois soustractions, vous l’entendez régulièrement marmonner : « Pfff, bientôt la quatrième vague » en passant devant les terrasses animées. Le moment où vous avez failli l’envoyer aux Prud’hommes pour harcèlement moral : quand il a dressé sur un post-it - ROSE ! - la liste de tous ceux qu’il faudrait “remercier”, dans votre pôle, pour sauver l’entreprise.
La DRH survoltée
Des semaines que votre DRH prépare ça. Qu’elle se ronge le cerveau, qu’elle calcule les angles, les aires, les mètres carrés, qu’elle additionne et soustrait, commande des litres de gel hydroalcoolique et des cartons entiers de masques chirurgicaux. Elle a même passé des heures à choisir le nouveau baby-boot, histoire de donner un minimum envie aux salarié·e·s de revenir (oui, elle a vraiment cru que cela pouvait compenser le fait de travailler de chez soi en pyjama et de ne pas avoir à se doucher de la semaine, tendre naïveté). Le jour J, tout était prêt. Une petite larme de fierté et c’était parti : « Que le déconfinement commence ! » Depuis, triplement cernée mais heureuse, elle hante les couloirs en replaçant chaque signalétique qui aurait bougé d’un iota. La phrase qu’elle répète en boucle : « Ça va ? tout va bien ? Si tu n’es pas encore vacciné·e, j’ai des thermomètres hein. » Rassurez-vous, elle est en congés à la fin de la semaine.
Le stagiaire révélé
Dans l’entreprise depuis le mois de janvier, vous le découvrez pour la première fois “en vrai de vrai” cette semaine, lors de votre premier point en présentiel. C’est le choc. Il faut dire qu’après six mois à faire de la méditation en suspension entre son canapé-lit et son bureau sur tréteaux de fortune, le jeune homme a développé une souplesse et une sagesse de Bouddha. Vous vous apercevrez vite en réu que ses remarques sont rares mais incroyablement percutantes. Y’a vraiment plus de budg’ pour l’embaucher ?
Le petit nouveau
Le petit nouveau, c’est ce doux vent de fraîcheur dans le paysage maussade du Covid, ce petit truc qui vous fait vous dire : « Ok, tout n’est donc pas perdu si on a maintenu cette embauche. » Sans même le connaître, vous avez donc déjà un élan d’amour irrépressible pour cette personne. D’ailleurs, vous avez rarement vu quelqu’un d’aussi heureux de découvrir des bureaux et rencontrer des collègues ! Vous l’auriez bien invité à manger des carottes à la cantine ! Dommage qu’il n’y ait plus de cantine.
Le lourd
En temps normal, c’est plutôt un bon copain ! Mais là, en temps de crise sanitaire, vous avez soudain un doute sur son humour. Déjà, Gustave a la fâcheuse habitude de simuler une fausse toux à chaque fois qu’il s’adresse à quelqu’un et à enchaîner des blagues vaseuses, certainement apprises sur un groupe Facebook obscure : « Eh eh, dis Castex ! », et voilà qu’il vous pouet pouet le masque. Argh ! Vous préfériez encore lorsque sa blague récurrente en télétravail consistait à mettre la tête du boss en fond d’écran sur Zoom.
Le visio addict
Il n’en démord pas. Non, il ne rentrera pas dans cette salle de réunion, même à deux et même si tout est astiqué-javellisé-hydroalcoolisé. La visio est devenue sa nouvelle passion, et il ne voit pas pourquoi on ne continuerait pas à faire des réunions derrière nos écrans, chacun à son bureau dans l’open-space. Comme ça, pas de contact, aucun déplacement (dans le sens de circulation indiqué par les flèches au sol, bien sûr), aucune salle à réserver, personne ne se coupe la parole, mais surtout, la possibilité d’éteindre sa webcam pour aller faire un tour sur Ventes Privées quand le sujet ne le concerne pas. Le soir avant de partir, il lance à la cantonade : « Quelqu’un est chaud pour un apéro-visio tonight ? » Sauf qu’avec l’arrivée des terrasses, le “mode hybride”, très peu pour vous…
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