Manque de motivation : comment le détecter et le gérer au bureau ?

06 juil. 2018

6min

Manque de motivation : comment le détecter et le gérer au bureau ?
auteur.e
Gabrielle de Loynes

Rédacteur & Photographe

Lors de la dernière étude du cabinet de recrutement Robert Half, publiée en mars 2018, sur l’ennui des salariés au travail, 25% des managers interrogés ont déclaré que leurs équipes « ne s’ennuient jamais au travail. » Pourtant, d’après l’enquête « Le bore-out syndrome » de Christian Bourion, spécialiste de la gestion du travail, on sait qu’au moins 30% des salariés s’ennuient dans leur vie professionnelle. Des tâches peu valorisantes, répétitives et dénuées de sens génèrent chez les sujets qui les accomplissent une baisse de leur estime personnelle et une démotivation : l’apathie.

Welcome to the Jungle revient sur les manifestations de l’apathie au travail et donne aux membres de la jungle les moyens de retrouver une motivation durable et des conseils efficaces pour la diffuser autour d’eux.

Comment se manifeste l’apathie au travail ?

L’apathie : absence d’intérêt et d’émotion

« Quelqu’un avec le syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui veut travailler mais ne peut pas, et donc souffre » Peter Werder, auteur de Diagnosis Boreout.

L’origine grecque du mot apathie, “apatheia”, peut se traduire par “l’absence de passion” ou “l’insensibilité émotionnelle”. Souvent confondue, à tort, avec la paresse ou la dépression, l’apathie est une diminution de la motivation, qui se manifeste par une absence d’intérêt et une indifférence à l’émotion. La motivation renvoie à une définition énergétique : la force qui nous pousse à agir, l’élan vital. Dès lors, prendre des décisions, accomplir des actes pourtant planifiés devient difficile pour la personne apathique.

Détecter et mesurer l’apathie

« Sans émotions, il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l’apathie en mouvement » Carl Gustav Jung, médecin psychiatre.

Trois types de symptômes, identifiés par Robert Marin, de l’Université de Pittsburgh, permettent de nous alerter sur les manifestations de l’apathie au travail :

  1. Le comportement intentionnel diminue : on observe chez la personne apathique une diminution des efforts, mais aussi du temps passé à des activités intéressantes. C’est globalement un manque d’initiative ou de persévérance dans les tâches quotidiennes, une dépendance vis-à-vis de ses collègues ou de son manager pour structurer ses activités…
  2. Baisse des activités cognitives intentionnelles : les champs d’intérêts sont plus restreints, on manque d’envie pour apprendre de nouvelles choses ou vivre de nouvelles expériences. L’apathique se soucie peu de sa santé et de sa personne. Il accorde moins d’importance à la socialisation dans sa tribu…
  3. Les aspects émotionnels du comportement intentionnel faiblissent : un coup de stress, une déception ? L’apathique manque de réactivité émotionnelle aux événements positifs ou négatifs, il manque d’excitation…

Parmi les outils qui permettent de reconnaître les symptômes de l’apathie, on peut également citer l’échelle apathique élaborée par Sockeel et Dujardin plus connue sous la Lille Apathy Rating Scale (LARS) qui comprend 33 questions.

Ainsi par exemple, on peut s’interroger personnellement sur les questions suivantes :

  • Pendant la journée, quelles sont vos activités ? À quelle fréquence ?
  • En général, est-ce que vous faites les choses de vous-même ou est-ce qu’on doit un peu vous forcer ?
  • Quand vous ne réussissez pas à faire quelque chose, est-ce que vous essayez d’autres solutions ?
  • Lors d’une discussion, est-ce que vous donnez facilement votre avis ou est-ce vous avez tendance à vous ranger derrière l’opinion des autres ?
  • Quand vous avez été désagréable avec quelqu’un, est-ce qu’il vous arrive de le regretter ?

Les causes d’une baisse d’intérêt et de motivation peuvent être multiples : la personne apathique a peut-être subi des échecs répétés, un rejet constant ou se sent souvent rabaissée. En creusant les raisons qui expliquent ces comportements, puis en préparant un plan d’action pour les modifier, il est possible de retrouver son élan vital !

Sortir de l’apathie : cultiver la motivation et l’autodétermination

Booster la dopamine, hormone de la motivation

Pensez un instant à ce que vous éprouvez après une journée de travail très productive. Vous vous sentez bien, tout simplement, et souvent plutôt fier de vous-même. C’est normal, la dopamine, hormone du plaisir, est présente dans le corps tout au long d’un effort et libérée massivement à sa fin. L’anticipation de la récompense à venir permet de libérer un peu de substance et d’entretenir la motivation. Sortir de l’apathie c’est donc accepter de se faire plaisir, se récompenser !

La procrastination, le doute ou le manque d’enthousiasme sont des comportements directement liés à une baisse du niveau de dopamine. Voici trois conseils pour booster la sécrétion de dopamine au travail :

  1. Optez pour la méthode de la découpe des tâches préconisée par les coachs. Identifiez un début et une fin, puis décomposez le travail à effectuer. Ainsi pour un article : faire des recherches, établir un plan, trouver le titre, rédiger le contenu, se relire. Fixez-vous surtout une deadline réaliste que vous pourrez respecter.
  2. Célébrez chacune de vos petites réalisations. Observez chaque fois que vous avez accompli une tâche correctement et dans le temps fixé. Sachez accepter les compliments.
  3. Rappelez-vous le sens de votre tâche, cela vous redonnera confiance. Par exemple : j’écris, car j’aime partager mes trouvailles, informer et faire preuve de créativité.

Sortir de l’apathie par l’autodétermination

L’autodétermination est constituée des habilités et attitudes d’une personne qui lui permettent d’agir directement sur sa vie et d’effectuer des choix non influencés par les autres.

Plusieurs attitudes autodéterminées permettent de retrouver une motivation certaine.

« Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. » Nelson Mandela

En voici quelques exemples :

  • Une pensée peut changer un sentiment. Observez la fréquence de vos pensées négatives. Essayez de les remplacer par des pensées positives. Si vous pensez par exemple « Ça ne sert à rien d’essayer, car je vais échouer », remplacez cette pensée par la citation de Nelson Mandela « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. »
  • Soyez la première personne à vous féliciter pour un travail bien fait. N’attendez pas la récompense d’autrui, vous êtes votre premier juge. C’est l’occasion de questionner votre perception de vous-même. Vous vous jugez peut-être trop sévèrement et sans fondement…
  • Passez à l’acte en commençant par faire de petits pas. Si l’idée de faire du sport vous donne envie de vous diriger droit vers le canapé, prenez-le comme un signe que c’est une idée nécessaire. Commencez par de petits étirements et un peu de gymnastique tous les matins ou faites une marche rapide dans le quartier. Le sport permet de libérer des bêtas-endorphines dans le sang, ce qui produit un effet d’euphorie et introduit des sensations agréables.
  • Consolidez votre autodétermination et votre aptitude à faire des choix. Demandez une charge de travail plus importante à votre manager. Informez-vous sur les projets ou initiatives pris dans le cadre de votre tribu et demandez à y participer.
  • Communiquez avec vos collègues, votre manager. Ne gardez pas votre souffrance pour vous, non seulement les gens voudront vous aider, mais le fait de le dire haut et fort vous permettra de vous responsabiliser envers vous-même et envers vos objectifs.

À lire aussi : Verre à moitié vide ou à moitié plein ? Comment cultiver son optimisme au travail

Accompagner une personne démotivée avec empathie

Comment soutenir un collègue apathique ?

L’apathie est souvent le résultat d’une mauvaise connaissance des capacités et de la puissance de travail de chaque collaborateur, autrement dit, d’une absence d’écoute.

Vue de l’extérieur, l’apathie peut être perçue comme de la paresse ou de l’entêtement. Mais il n’en est rien ! Votre collègue est démotivé ? Saisissez un moment où il se trouve seul avec vous pour lui partager votre inquiétude, sans dramatiser. Écoutez ce qu’il a à vous dire et donnez-lui du temps. Lorsqu’on est coincé dans une spirale apathique, on peut avoir tendance à se mettre sur la défensive et se braquer. Ne forcez pas la discussion.

Proposez-lui de participer à vos activités et vos projets sans vous montrer trop exigeant. Tentez de l’encourager et de lui fournir un feedback positif. Ne le brusquez pas, un éventuel manque de réactivité ne signifie pas qu’il ne profite pas de l’activité.

La communication empathique du manager

Face à une baisse de motivation il faut réagir positivement, car des salariés heureux sont des salariés plus performants et plus investis dans leur vie professionnelle.

Différentes positions peuvent être adoptées par un manager devant l’apathie d’un collaborateur. Lui-même peut faire preuve d’apathie, d’antipathie, de sympathie ou d’empathie. La réponse que peut apporter le manager sera plus ou moins efficace en fonction de sa propre attitude. La communication empathique est efficace car le manager comprend parfaitement l’émotion de l’autre et l’accepte même s’il ne la partage pas.

« C’est seulement dans l’effacement de soi, que l’on peut, par empathie, percevoir la réalité de l’autre » Jean-Pierre Otte, écrivain.

  • Pour lutter contre l’apathie, il est avant tout essentiel que le manager :
  • Détecte le problème, sa source
  • Accompagne et guide la personne concernée : mettez-vous dans la peau de votre collaborateur et faites-lui sentir que vous êtes tout à son écoute
  • Aide son équipe à se projeter dans l’avenir en s’appuyant sur des objectifs concrets afin que chacun accomplisse sa mission
  • Communique avec chaque membre de sa tribu : fixez des points hebdomadaires avec chacun de vos collaborateurs au cours desquels vous lui faites des remarques positives et donnez des pistes de progression. Ecoutez en retour ses propres remarques
  • Délègue des tâches valorisantes et sait déceler le potentiel de son collaborateur, comprendre ce qui le motive et l’intéresse
  • Valorise en cas de succès ou de réussite : récompensez leur travail bien fait, même les petites tâches « ingrates ». Ne valorisez pas toujours les mêmes, sachez estimer la valeur de chacun ;
  • Soutien dans les moments difficiles : l’empathie émotionnelle, surtout en réunion favorise l’émergence de l’intelligence collective.

À lire aussi : Le stress au travail : un fléau pour les entreprises et les salariés

Vous ne savez pas par où commencer ? Commencez par vous-même ! Développez votre auto-empathie, c’est à dire votre capacité à vous comprendre vous-même et à percevoir vos propres émotions.

Alors prêt(e)s à relever le défi de l’empathie au travail ?

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