Comment valoriser sa marque employeur quand on est en full remote ?
22 oct. 2021
4min
AT
Rédactrice
Vous avez eu la lumineuse idée de filmer vos équipes pour servir votre marque employeur. Problème : votre équipe est répartie aux quatre coins du monde. Alors, comment transformer vos salarié.e.s en ambassadeurs de l’entreprise sans port d’attache ? Éléments de réponse.
Avec la pandémie liée au Covid-19, les salarié·es ont vécu au rythme du télétravail. Pour certain·es, cette modalité était synonyme d’enfermement voire de déshumanisation du travail. Pour d’autres, de flexibilité et d’autonomie. Avec le recul, 8 salarié·es sur 10 aimeraient télétravailler à la carte, d’après le 7e baromètre d’OpinionWay. Une nouvelle attente entendue par certaines entreprises – notamment de la Tech – qui ont radicalement changé de modèles d’organisation en optant non pas pour le travail hybride mais pour le 100 % télétravail. Reste que lorsqu’elles souhaitent cultiver leur marque employeur, elles se confrontent à plusieurs obstacles : comment valoriser une ambiance de travail quand l’équipe est dispatchée aux quatre coins de France ? Comment photographier ses coulisses quand on n’a pas de locaux à montrer ? Comment parler d’esprit d’équipe quand les relations entre collègues s’entretiennent quasi-exclusivement par écrans interposés ?
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Le full remote : un argument à part entière
Pour Claire Baruffi, directrice conseil au sein de l’agence Happy to Meet You, la marque employeur est un concept qui englobe l’ensemble des problématiques d’image d’une société à l’égard de sa cible. « Elle ne se résume pas aux locaux d’une entreprise. Elle comprend sa culture, son histoire, son ADN, sa stratégie… Tout ce qui permet aux futur·es candidat·es de se projeter et aux collaborateurs / collaboratrices d’avoir des clés de reconnaissance », explique-t-elle. En cela, les entreprises qui plébiscitent le télétravail et qui, de facto, n’ont pas d’open space à montrer à leurs futures recrues, ne sont pas sur la touche lorsqu’elles souhaitent valoriser leur image de marque. « Derrière le full remote, il y a des humains. Valoriser ce mode de travail, c’est expliquer un pan de la stratégie de l’entreprise : celui d’offrir à ses salarié·es du temps pour soi, celui de se soucier de leur qualité de vie au travail », précise-t-elle.
La start-up RH Troops fait partie des entreprises qui prônent le full remote et qui comptent bien le tourner à son avantage. « Depuis le début de la crise du Covid-19, nous avons triplé notre effectif. Le fait que nous travaillions 100 % à distance nous permet d’attirer les candidats qui adhèrent à ce mode de travail. C’est un avantage concurrentiel qui nous fait gagner du temps dans la sélection de profils », explique Émilie Legoff, la CEO. Sweep mise également sur ce facteur de différenciation pour capter des talents. « Sweep est une société à mission dont le rôle est d’aider les entreprises à suivre leurs émissions de CO2. De par notre positionnement, nous attirons beaucoup de candidats. Le branding de notre produit est suffisamment fort pour compenser l’absence de locaux qui, de toute façon, n’est pas un critère regardé par les profils que nous ciblons », explique Rachel Delacour, la co-fondatrice.
Des télé-ambassadeurs d’entreprise, c’est possible !
Il n’empêche : le télétravail n’est pas très « visuel ». Or, dans un monde où l’image est reine, les entreprises 100 % remote, qui n’ont par définition aucun lieu physique à montrer, doivent rivaliser d’imagination pour présenter qui elles sont de l’intérieur. Pour Troops comme pour beaucoup d’entreprises en full remote, les opérations de team building – moment de convivialité par excellence – répondent à cet enjeu d’image. « Depuis septembre 2020, plutôt que de planifier un dîner ou un afterwork tous les trimestres à Lyon avec l’ensemble de nos collaborateurs, nous organisons des séminaires de trois jours. Nous sommes déjà partis à Tignes, dans le Bassin d’Arcachon, à Cannes… Ce sont des journées que nous aimons photographier et qui illustrent notre marque employeur. Monter un barbecue sur un yacht, c’est plus vivant que de montrer nos échanges sur Slack », sourit Émilie Legoff.
Plutôt que de piocher dans les banques d’images et de publier sur leurs sites carrières, des images maintes fois dupliquées sur le télétravail, certaines entreprises pourraient à l’avenir aller un cran plus loin, selon Claire Baruffi. « Il n’est pas exclu qu’avec la montée en puissance du télétravail, on voit de plus en plus de photos prises sur le lieu de vie des collaborateurs. Ou, a minima, dans leurs espaces de coworking », explique-t-elle. Sweep n’en est pas encore là. Pour autant, même si ses collaborateurs sont géographiquement éloignés de son siège social, la société tient à ce que tous soient photographiés par le même professionnel, sous le même angle. Ce dernier sillonne les routes de France pour aller à leur rencontre. « Cela donne une cohérence dans la signature de nos emails ou lorsque nous faisons des posts sur les réseaux sociaux qui ont pour objectif d’encourager les candidats à nous rejoindre », explique Rachel Delacour. Même à distance, les salariés restent donc les ambassadeurs de l’entreprise.
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Des rituels, mais avec parcimonie !
Pour que les salarié.e.s en full remote se sentent bien dans leur entreprise et aspirent à devenir ambassadeurs, encore faut-il les chouchouter avec des rituels d’engagement. Et pour cause : le télétravail, lorsqu’il n’est pas suffisamment encadré, peut être dévastateur pour l’engagement et la motivation des salarié·es. Pour cultiver la sociabilisation entre collègues de travail, les entreprises en full remote multiplient les rituels (morning call du manager, stand-up mensuel du CEO, afterwork…). « Nous sommes conscients qu’il est important de créer du lien social au sein de l’entreprise. Pour compenser notre fonctionnement en full remote, nous organisons des réunions d’équipes de manière plus régulière », explique Jean-Daniel Guyot, fondateur de Memo Bank. Tous les trimestres, ses équipes se réunissent à Paris pour mener des réunions, parler de la stratégie, réaliser des démonstrations « et intégrer nos nouvelles recrues, qui ont connu un onboarding uniquement digital », précise-t-il. C’est également une bonne occasion de repérer les salarié.e.s qui portent le mieux les valeurs de l’entreprise et qui pourraient potentiellement en parler à l’externe, par exemple sur les réseaux sociaux. Les réunir est enfin une opportunité de les photographier pour alimenter la dimension visuelle de la marque employeur.
Pour autant, à vouloir bien faire, certaines entreprises en font parfois trop. « Le piège, c’est de vouloir reproduire les rituels des entreprises « traditionnelles ». Or, ce n’est pas ce que recherchent les candidats qui sont attirés par le full remote », rappelle Claire Baruffi. Le meilleur conseil demeure de rester à l’écoute de ses équipes pour savoir si les rituels de l’entreprise deviennent trop pesants.
Photo par Thomas Decamps
Article édité par Héloïse de Montety et Paulina Jonquères d’Oriola
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