6 pratiques qui dézinguent les jeunes parents en entreprise

20 juil. 2021

7min

6 pratiques qui dézinguent les jeunes parents en entreprise
auteur.e
Cindy Valeine

Rédactrice

Être jeune parent en entreprise, c’est un peu comme être serveur·se dans un pub les soirs de match : épuisant. Bien que nous soyons en 2021, que la législation tente d’accompagner davantage la parentalité en entreprise, et que le télétravail se soit démocratisé… certaines pratiques ont la dent dure. Tour d’horizon de celles qui flinguent le plus nos jeunes parents, et des alternatives à mettre en place pour bichonner un peu plus ces salarié·e·s pas tout à fait comme les autres.

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L’afterwork m’a TUER

Il a lieu tous les jeudis, voire plusieurs fois par semaine quand les beaux jours reviennent et que le Covid ne s’en mêle pas. Il dénoue les langues et renforce les liens. Et il nourrit les potins colportés près de la machine à café… Lui, c’est l’afterwork. Vous le loupez à chaque fois parce que vous êtes jeune parent, et comme « les absents ont toujours tort », vous vous retrouvez sur le banc de touche.
À cela s’ajoutent les jugements à votre égard, parce qu’apparemment, avoir des enfants et vouloir passer du temps avec eux / elles, ce n’est pas suffisant pour refuser un verre. Une absence de compréhension qu’illustre bien cette lectrice : « Dire qu’on veut passer du temps avec sa famille et qu’à 18h max il faut partir pour récupérer loulou à la crèche, ça passe mal. Cela me semble logique pourtant, et je n’ai pas à en avoir honte. Si j’ai fait un bébé, c’est pour passer du temps avec lui, pour le voir grandir. »

L’antidote parent-friendly ?

  • Miser sur les before work car il n’y a rien de pire pour provoquer du désengagement qu’un·e salarié·e qui ne se sent pas intégré·e au sein de son équipe. Bien que les afterworks permettent des échanges hors bureau, ils entretiennent aussi l’exclusion de certaines personnes, notamment les jeunes parents. C’est pourquoi des entreprises préfèrent miser sur les before work, ces événements planifiés le matin ou à la pause déj’ pour permettre à tout·e·s les collaborateur·rice·s de se retrouver. Dans cet article dédié à l’afterwork, Mélanie Roosen, rédactrice en chef à l’ADN, a ainsi proposé à ses employé·e·s « une murder party, un escape game super effrayant » mais aussi « de la pétanque, un tirage de cartes spécial amour (…) des déjeuners placés pour que chacun·e puisse parler à ceux / celles qu’ils / elles n’ont pas l’habitude de croiser dans la boîte. » De quoi en inspirer plus d’un·e !

Les brainsto’ tardifs, merci mais non merci

Recevoir une invit’ de Michel pour un call à 17h30, ça ne fait jamais plaisir. Lisa, jeune maman qui ne mâche pas ses mots, témoigne : « Oui, ça me fait ch** quand je préviens que je dois partir à 17h45 max, et que 3 personnes me disent “Non mais juste avant que tu t’en ailles, petit aparté…”. Non, pas de petit aparté, je ne laisse pas mon fils sur le trottoir pour quelque chose que tu pourras me raconter demain, et je ne manque pas de respect au personnel de la crèche en arrivant après la fermeture. » *Le message est clair : RAS-LE-BOL !

L’antidote parent-friendly ?

  • Favoriser l’écrit et le travail asynchrone : ok, on vous l’accorde, certaines réunions sont effectivement utiles. Encore faut-il choisir les bons horaires et le bon rythme pour en faire des outils de performance ! Quand vous pouvez vous en passer, favorisez plutôt l’écrit. Grâce au travail asynchrone, accordez plus de flexibilité aux salarié·e·s dont l’emploi du temps dépend principalement de celui de leur·s enfant·s. Depuis plus de 4 ans, l’entreprise Alan s’inscrit dans une culture de l’écrit. Dans cet article, Jean-Charles Samuelian, co-founder & CEO d’Alan, explique pourquoi les réunions ont été supprimées et en quoi ce virage à 180° permet de reprendre le contrôle sur son travail.

Sois performant·e et tais-toi !

Beaucoup de managers pensent qu’à son retour de congé paternité ou maternité, le / la salarié·e pourra immédiatement endosser la même charge de travail qu’avant. Grossière erreur… Car désormais le jeune parent a une charge mentale et physique toute autre. « Le retour au travail a été dur, surtout le fait de laisser mon fils en garde, quand je n’avais qu’une envie : m’en occuper moi-même. J’ai repris mon job et j’ai plutôt eu de la chance, j’ai récupéré plein de projets intéressants. Mais voilà, comme dans beaucoup de sociétés, les managers et la boîte au global ne me considèrent pas comme parent. Ils ont même tendance à renier ce nouveau rôle et les changements qu’il implique… », nous confie Alice. Le pire, c’est quand certain·e·s d’entre eux / elles ont le sentiment de ne jamais être à la hauteur, ni au boulot, ni à la maison : « En tant que parent, on se fait engueuler de tous les côtés. Tu es pris entre deux feux et tu as l’impression de tout faire mal… que ce soit au boulot ou avec tes enfants. »

L’antidote parent-friendly ?

  • Sensibiliser les managers à la fragilité que vivent ces jeunes parents : l’entreprise Issence propose ses services pour améliorer l’articulation parentalité / carrière en entreprise. Isma Lassouani, la cofondatrice, nous explique : « Il s’agit de changer la culture de travail pour aménager les horaires, ou ne serait-ce que former les managers à bien accueillir le retour de la salariée, comme si elle était une nouvelle collaboratrice. Nous aimons bien dire qu’il faut la re-onboarder car elle a été isolée quelques mois, elle est différente, elle revient avec de nouvelles contraintes et envies. De même, au vu de la crise sanitaire, il y a eu des changements organisationnels pour bon nombre d’entreprises. Il faut donc réapprendre à la collaboratrice le collectif, les nouveaux collègues, les objectifs et les outils qui ont évolué. Cela paraît évident mais ça ne l’est pas pour tout le monde. »

Qui va en congé pat’ / mat’, perd sa place

Le retour du congé pat’ / mat’, un long fleuve tranquille ? Détrompez-vous. Il y a celle qui ne retrouve pas son bureau, celui qu’on a insidieusement rétrogradé l’air de rien (alors que c’est interdit par la loi), et puis cet autre employé qui ne sait plus si son métier a un sens tant la stratégie d’entreprise a pris un cap différent. « Voilà, bébé est né, on retourne travailler, et le reste du monde attend que tout revienne à la normale. Personne ne nous aide à trouver ce nouvel équilibre », confie Marc, qui s’est senti très isolé à son retour, pressé de retrouver ses marques sans avoir les clefs nécessaires.

L’antidote parent-friendly ?

  • Communiquer avec le / la salarié·e pendant son absence : les entreprises sont faites d’arrivées et de départs, de nouveaux challenges et d’objectifs… Alors imaginez partir quelques semaines, voire des mois pour certain·e·s, et devoir engloutir toutes ces infos d’un seul coup. Garder un lien avec eux / elles durant leur absence est essentiel. Le tout en respectant le droit à la déconnexion pour éviter de piétiner sur le congé qui est un moment important pour les jeunes parents. Welcome to the Jungle a pris l’initiative d’envoyer une newsletter chaque mois à ces personnes pour les tenir informés de la vie d’entreprise. Entretenir la communication, c’est permettre à ces salarié·e·s de revenir plus serein·e·s, sans avoir l’impression d’être un·e employé·e de seconde zone. Autre solution mise en place par des entreprises telles que Back Market : établir une notation de facto positive lors des reviews semestrielles pour tout jeune parent de retour en entreprise, afin qu’il/elle ne prenne pas de retard par rapport aux autres salarié.e.s dans les grilles salariales. Certaines sociétés gratifient même les jeunes parents de primes exceptionnelles. Une excellente initiative !

Travailler pour la gloire

« Il n’y a aucune aide pour les parents. Je ne travaille que pour la gloire. Tout mon argent passe dans la crèche privée de mon enfant, soit 2 000 euros par mois », avoue Sonia. Dans une culture du surtravail où la parentalité reste encore taboue, peu de salarié·e·s ont la chance de profiter d’avantages. Là où ni primes, ni participations ne sont proposées, nombreux sont les jeunes parents qui décrochent car ils / elles ne s’y retrouvent pas et n’ont plus de temps pour leur vie personnelle.

L’antidote parent-friendly ?

  • Créer une crèche d’entreprise : Maplaceencrèche.fr accompagne les entreprises de toute taille dans la mise en place de projets de crèche. Parmi les avantages offerts par la création d’une crèche d’entreprise, il y a notamment 76,5% d’avantages fiscaux (on pose ça là). De même, il est prouvé que « les salariés dont l’entreprise accompagne la garde des enfants et met en place un environnement de bienveillance sont moins stressés, plus engagés, plus fidèles, moins absents et plus performants dans leurs résultats. »

  • Participer aux frais de garde : certaines entreprises offrent à leurs salarié·e·s des tickets CESU pré-financés (alias le Chèque Emploi-Service Universel). Comme pour les tickets restau, ces derniers sont un moyen de paiement destiné à régler les services à la personne, financés en partie ou totalement par l’employeur·e, les collectivités ou les organismes sociaux. Cette aide s’élève entre 200 et 840€ par an et par enfant à charge, et dépend des ressources, du lieu de résidence principale et de la situation familiale.

Les horaires assassins

« Dans mon ancienne entreprise, les jeunes mamans arrivaient à 8h30 au bureau, mais évidemment personne ne les voyait. Quand elles partaient à 17h30, là, elles étaient mal vues. » nous raconte Sophie, et d’ajouter : « Aujourd’hui, j’en suis au point où ça devient un critère de choix pour la prochaine entreprise avec laquelle je travaillerai : la prise en compte de mon statut de mère, mon besoin d’équilibre vie pro / perso, les horaires… Et j’en ai assez de passer pour une feignasse quand je daigne partir à l’heure ou couper mon téléphone. » Le constat est malheureusement sans appel : après plus d’un an de pandémie et de travail à distance, certaines entreprises ne font toujours pas confiance à leurs collaborateur·rice·s.

L’antidote parent-friendly ?

  • Offrir de la flexibilité à ses salarié·e·s : que ce soit en termes d’horaires individualisés ou de « home office », permettre à ses collaborateur·rice·s de gérer leur temps de travail est primordial quand on sait que depuis deux ans, les dispositifs les plus plébiscités par les salarié·e·s sont les horaires flexibles (68%) et la semaine de 4 jours (66%). Ces propositions offrent une souplesse aux jeunes parents pour choisir quand, où et à quelle heure travailler pour concilier au mieux leur vie pro et perso. S’affoler le matin pour être à l’heure au bureau, c’est de l’histoire ancienne. Même si ces pratiques ne sont pas encore adoptées partout, il n’est jamais trop tard pour se lancer.

Photo par WTTJ

Article édité par Paulina Jonquères d’Oriola et Ariane Picoche

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