Animaux au travail : 3 conseils pour que ça se passe au poil
24 mars 2022
4min
Journaliste
La venue d'animaux au travail se répand et ne manque pas d’avantages. À condition de respecter quelques règles pour une bonne cohabitation. Voici quelques conseils à destination des entreprises qui ont du chien !
« Aujourd’hui, je ne m’imagine plus passer une journée sans elle. » Clémentine, 27 ans, est l’heureuse propriétaire de Chouquette - « Oui, je sais, ça fait cliché » - depuis la pandémie. Alors que la petite shiba inu, cette race de chien japonais à la queue recourbée et aux airs de renard, la regarde avec amour, la parisienne nous explique qu’elle est loin d’être la seule à avoir succombé aux beaux yeux d’un chiot. Rien que dans son entourage, deux de ses amies l’ont imitée. Et comme elle, elles refusent de laisser seuls leurs toutous lorsqu’elles vont au bureau.
Une nouvelle approche de la présence animale
Depuis la crise sanitaire, les adoptions d’animaux de compagnie ont explosé. Selon le Syndicat national des professions du chien et du chat, elles ont augmenté de 10 à 15 % après la fin du premier confinement. Refuges, associations et élevages sont pris d’assaut. Un effet de mode ? Pas tout à fait. Si les abandons ont eux aussi suivi une courbe ascendante, une nouvelle génération de propriétaires post-pandémie a émergé, avec son lot de revendications. En tête, celle de pouvoir amener son animal au bureau. Ainsi, 53 % des possesseurs de chiens ou de chats estiment que « les entreprises devraient davantage accepter la présence des animaux de compagnie au travail », selon une étude Odoxa-Purina publiée fin juin 2021. Nos amies les bêtes pourraient donc être des alliées de l’open space. À condition, bien sûr, de les laisser passer le pas de la porte.
Laurence Paoli est la créatrice d’Unlimited Nature, un institut spécialisé dans la biodiversité. Elle a créé et dirigé pendant onze ans le service de communication des parcs zoologiques du Muséum national d’Histoire naturelle et elle est l’auteure Quand les animaux nous font du bien. Selon elle, notre relation envers les animaux de compagnie a franchi un cap avec la crise du Covid. « À l’époque des confinements, on a vu une accélération conséquente de l’engouement envers les animaux de compagnie en particulier, et pour la nature en général. Les mouvements animalistes, écologistes et antispécistes, prônant le respect de l’animal, ont pris de l’ampleur. Et cela va de pair avec l’essor de nos connaissances scientifiques. L’éthologie (la science qui étudie le comportement des êtres vivants, animaux ou humains, ndlr) nous permet de comprendre que les animaux sont intelligents et sensibles. Ce qui leur donne une valeur supplémentaire, car nous nous projetons de façon anthropomorphique. Nous les décryptons mieux », explique-t-elle.
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Animaux au travail : quels bénéfices ?
Réduction du stress et confort psychologique : les bénéfices de la présence des animaux au travail sont nombreux. D’après un baromètre réalisé par Banfield Pet Hospital en 2017 (compagnie privée gérant des cliniques vétérinaires, ndlr) la présence de nos fidèles compagnons sur le lieu de travail est considérée comme « très positive » pour 92 % des salariés, stimulant leur moral tout en améliorant leur productivité ainsi que leur vie professionnelle et personnelle Pas étonnant, donc, que certaines entreprises aient fait des animaux au travail un enjeu RH. La tradition du « Bring your dog day » (traduction : « Amenez votre chien au travail ») est en vogue depuis le début des années 2010 en Angleterre, initiée par l’employé Jo Hamit. Chez Google, on encourage carrément les salariés à bosser aux côtés de leurs chiens, surnommés les « dooglers » (contraction de dog et Google). À Mountain View, siège du célèbre moteur de recherche, une garderie canine a même été aménagée, le « Doogleplex », pour que les dooglers puissent jouer ensemble. À noter que Google ne fait pas de ségrégationnisme. Les chats sont aussi les bienvenus dans ce qu’ils appellent les « Mewglers ».
Pas de doute, pour le philosophe Frédéric Lenoir, interrogé par Le Figaro, « l’animal est un très bon médiateur et crée des liens de convivialité entre les employés ». Ce n’est pas l’équipe de Néréides, marque de bijoux basée à Paris, qui dira le contraire. Cette entreprise offre, officieusement, la possibilité à ses salariés d’amener leurs animaux au travail. « Ce n’est pas tout à fait officiel, mais oui, depuis le confinement, nous avons ouvert nos portes aux animaux de compagnie. C’est une sorte de pack toutou à l’embauche », explique Séverine, directrice des achats des Néréides. Depuis qu’ils sont entrés dans les locaux, la jeune femme note que les liens se sont resserrés au sein des équipes : « Lorsque l’on passe à côté, on s’arrête plus volontiers pour parler. Et puis, ça oblige à sortir, donc à bouger plus ».
Les conseils pour qu’aller au bureau avec son animal se passe « au poil »
Mais attention, pour que la cohabitation fonctionne, il y a quelques règles à suivre.
Petit rappel légal pour commencer. Aucune loi n’interdit la venue sur le lieu de travail d’un animal de compagnie. Sauf pour les établissements de santé, où ils sont interdits (excepté les chiens de thérapie habilités par la Haute Autorité de Santé). C’est la même chose pour les entreprises du secteur alimentaire et les administrations publiques (bien que des expérimentations aient été faites dans plusieurs mairies, dont celles de Grenoble et Suresnes).
Passées ces premières considérations, il est impératif de jeter un œil au règlement intérieur. Dans la grande majorité des cas, aucune mention n’est faite à ce sujet. Rien n’empêche alors un employé de venir travailler avec son animal. Si votre entreprise est locataire, il faut vérifier aussi que le propriétaire est d’accord. Et on s’assure que personne n’est phobique ou allergique parmi les équipes, rappelle Laurence Paoli, qui insiste sur l’hygiène et le calme de l’animal : « Il ne doit pas perturber la bonne marche du travail. »
Dernier point de vigilance : la concentration. Ok, ils sont mignons et risquent de provoquer de nombreux câlins. Mais on impose quelques bonnes pratiques en amont pour éviter la pagaille. On évite de mixer les animaux (on oublie le chinchilla et le hamster). Quand le nombre de canidés est conséquent, on réfléchit à des espaces définis : la pause calin, la pause jeu et… la pause pipi. Si vous sentez que l’accueil d’un animal de compagnie dépasse votre domaine de compétence, n’hésitez pas à vous faire aider d’un pro. La marque Purina a par exemple lancé le programme d’accompagnement Pets at work.
Si malgré tous vos efforts, accueillir des animaux s’avère mission impossible, vous pouvez toujours orienter vos employés vers des services de garde comme Holidog et Emprunte mon toutou. Ou tout simplement les laisser télétravailler…
Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ
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