Auto-évaluation : 4 conseils pour faire le point sur soi et son taf avec objectivité
10 oct. 2023
4min
Évidemment, il y a l’entretien de fin d’année et son point traditionnel. Mais ne gagnerait-on pas à prendre du recul hors du cadre imposé par la vie salariée ? Pour se souvenir de ses réussites, mettre en lumière ses compétences à développer ou plus simplement, rester aligné avec soi-même. Que vous soyez indépendant ou salarié, on vous explique comment et pourquoi vous auto-évaluer de manière efficace.
Deux ans en arrière, Elliott se lançait dans l’entrepreneuriat. Après avoir travaillé dans plusieurs petites et moyennes entreprises, le Raphaëlois a lancé son projet de loterie éthique avec un associé, tout en conservant un pied dans le salariat le temps que la mayonnaise prenne. « Je me demande souvent si je ne vais pas dans le mur, si je me trompe, si mes proches me disent que c’est une bonne idée pour me faire plaisir ou parce qu’ils le pensent… », confie ce jeune entrepreneur.
Depuis le lancement de sa plateforme, il prend régulièrement du recul sur ses aspirations, ses compétences et son projet : « Au départ, on pense tous que notre idée est la meilleure et qu’elle va fonctionner, alors j’ai commencé à récolter beaucoup d’avis : de mes proches, d’inconnus, de professionnels… Je ne voulais pas avoir d’oeillères et j’ai essayé de prendre ce qu’il y avait de constructif dans tous ces commentaires. »
Observer, célébrer, communiquer
Souvent cantonnée aux entretiens de fin d’année, l’auto-évaluation gagnerait à se faire moins rare. Cette prise de recul sur soi et son travail permet de célébrer ses réussites, de souligner ses compétences à perfectionner, de savoir ce que l’on veut et ne veut plus, d’avoir une idée de notre valeur sur le marché du travail… « Avoir à l’esprit de façon très factuelle ce que l’on a accompli est la meilleure façon de communiquer avec son management en interne, que ce soit pour l’entretien d’évaluation, pour négocier une promotion ou pour demander une formation », assure Karine Trioullier, coach de carrière. Pour les freelances, chez qui l’exercice est particulièrement rare, c’est aussi le moyen de regarder son activité de manière objective, de se rendre compte de son évolution et de faire le tri dans ses tâches et ses clients.
Autant d’éléments essentiels pour évoluer sereinement du côté professionnel, mais qui nécessitent une certaine objectivité au risque de basculer dans l’auto-jugement. « Le plus gros danger de l’auto-évaluation est de ne pas réussir à le faire de manière fiable et utile. Cela peut vite tomber dans le “Je suis nul” ou à l’inverse “Je suis le meilleur”. Ce qui est peut-être encore plus problématique puisque que personne ne va venir nous dire que l’on se surestime, tandis qu’une personne qui se sous-estime va être rassurée par ses proches, avance Albert Moukheiber, psychologue du travail et docteur en neurosciences. Si on veut s’auto-évaluer, il faut s’assurer d’avoir une méthode relativement fiable et essayer de l’utiliser dans le temps pour comparer nos progrès. »
Quelle méthodologie appliquer pour ne pas se sentir comme le vilain petit canard de sa boîte ou à contrario, le super-héros que l’on n’est pas ? Nos experts vous livrent leurs conseils pour une évaluation digne d’un professeur principal.
Mini-guide de l’auto-évaluation, mode d’emploi
1. Prenez note de vos missions… et de vos réussites !
Selon Karine Trioullier, le secret d’une auto-évaluation réussie se cache dans la régularité. Au lieu d’attendre votre entretien annuel pour passer en revue vos compétences, faites le plutôt au fur et à mesure, rien que pour vous souvenir de ce que vous avez réalisé, des choses sur lesquelles vous avez buté, de ce client qui vous a fait de la publicité parce qu’il était satisfait… « Faire la liste de ses réalisations et les structurer de manière régulière est une discipline rarement suivie mais qui a un impact très fort. Cela permet de garder des traces de ce qu’on a fait et de donner des exemples précis au moment de négocier un poste et de mieux comprendre ses opportunités de développement », détaille la coach. Dédiez un document Word, un carnet ou une note dans votre téléphone au suivi de votre évolution professionnelle et notez-y chaque semaine ce que vous avez accompli en trois étapes : le problème à résoudre, l’action mise en place et le résultat. Cette prise de notes est aussi un excellent moyen de célébrer vos réussites. « On pense toujours à ce que l’on n’a pas fait ou mal fait, au lieu de réaliser ce que l’on a fait », rappelle Karine Trioullier.
2. Restez dans le factuel
Pour ne pas basculer dans le syndrome de l’imposteur ou à l’inverse perdre toute notion de modestie, faites le point sans perdre votre objectivité. « En notant ses réalisations, il faut prendre en compte le résultat estimé et le résultat effectif afin de garder un ordre de grandeur. Ce sont les données quantitatives et les faits objectifs qui vont actionner l’auto-évaluation », poursuit la coach de carrière. Si vous doutez de votre objectivité, pourquoi ne pas demander à un proche si telle donnée est un fait ou un jugement, dans le but de ne conserver que les faits et de pouvoir les comparer entre eux. Amasser des données dans le cadre de votre évaluation nécessite toutefois une méthode différente selon votre métier et les tâches que vous réalisez au quotidien. « S’évaluer en tant que psychologue ou en tant que commercial ne va pas être la même chose, et évaluer ma capacité à créer des logos va être plus simple que ma capacité à être un bon manager », illustre Albert Moukheiber.
3. Sondez votre entourage
Dans un but d’objectivité toujours, le docteur en neurosciences et psychologue clinicien conseille d’écouter les retours de votre entourage professionnel, et pas uniquement ceux qui viennent de votre hiérarchie. « Je conseille parfois à mes patients de demander à des personnes de leur entourage qui ne se connaissent pas entre elles d’écrire trois points positifs et trois points négatifs sur eux. Puis, de recouper ces retours pour voir quels éléments reviennent plusieurs fois. » Attention néanmoins en récoltant ces retours dans le cadre du travail, à ne pas confondre vos difficultés professionnelles avec votre caractère. « Les gens vivent souvent leurs points d’amélioration comme leurs défauts, alors qu’ils sont souvent liés à un poste et un environnement, ils ne sont pas gravés dans la pierre. Une personne introvertie peut très bien gérer son stress, mais elle peut être stressée si elle est entourée de personnes extraverties dans un open space », détaille Karine Trioullier.
4. Voyez plus loin que vos objectifs
Si l’auto-évaluation permet de faire le point sur ses compétences et ses objectifs, cela ne doit pas s’arrêter là. C’est aussi le moyen de réfléchir à vos axes de développement, vos ambitions et aux projets que vous nourrissez. « Pour moi, l’auto-évaluation est aussi un rendez-vous avec soi-même pour réfléchir à ce que l’on aimerait développer, comme par exemple la prise de parole en public », souligne Karine Trioullier. Selon la coach, il est important de dépasser le cadre conventionnel de l’auto-évaluation, et même de son entreprise, pour aller s’évaluer directement sur le marché du travail, CV en main. « Même si on est bien dans son poste, aller passer des entretiens à l’extérieur une à deux fois par an permet non seulement d’être moins subjectif, mais aussi de connaître notre valeur en interne comme en externe. »
Un dernier rappel pour la route : n’oubliez pas de faire le point régulièrement. C’est en faisant votre auto-évaluation sans la pression de votre entretien annuel que vous serez le plus objectif possible quant à votre travail. Et que vous serez plus serein le jour du fameux rendez-vous !
Article édité par Mélissa Darré, photo par Thomas Decamps.
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