Patrons bling-bling, effet papillon et rachat de RTT : le best of des actus 2022
29 déc. 2022
7min
Journaliste et responsable de la rubrique Decision Makers @ Welcome to the Jungle
Salaires des boss de la tech en hausse, impact du conflit russo-ukrainien sur les entreprises et rachat de RTT : voici les actus boulot qui ont marqué 2022, en France et au-delà.
Janvier
Salaires des patrons de la French Tech : bienvenue à Gattacash
Certains ne connaissent pas la crise. En deux ans, les salaires des boss de la French Tech ont fait un bond de 30 %. La rémunération fixe médiane d’un ou une CEO fondateur s’élevait donc à 120 K€ brut annuel en 2021, versus 92 K€ en 2019. « Cela illustre à quel point le choc du Covid a été largement bénéficiaire pour la grande majorité des business model technologiques », analyse le think tank Galion Project dans une étude récente. Ces chiffres allaient de pair avec un envol des investissements : plus de 10 milliards d’€ levés et 23 licornes françaises l’an dernier. Si ce « mouvement » contribue à réduire l’écart avec les PDG des grands groupes, le gap entre les femmes et les hommes, lui, se creuse. En 2019, le salaire médian des fondatrices de start-up était 28 % inférieur à celui de leurs homologues masculins. Aujourd’hui, cette différence représente 33 %.
Février
Covid-19 : 4 britanniques sur 10 enclins à venir au bureau malgré un test positif
Alors qu’outre-Manche, Boris Johnson a annoncé la fin de l’isolement obligatoire pour les personnes testées positives au Covid-19, une étude Ipsos jette un pavé dans la mare sanitaire et révèle les problématiques soulevées par la phase « endémique » dans le monde du travail. Selon cette enquête, 37 % des britanniques se disent en effet prêts à se rendre au bureau malgré un test positif au Covid, quitte à contaminer tout l’open space. La même proportion envisage de faire du shopping dans les magasins. En revanche, seuls 24 % des répondants emprunteraient les transports en commun.
Mars
Anonymous attaque les entreprises françaises restées en Russie
Le conflit russo-ukrainien a ceci d’inédit qu’il inclut un nouveau champ de bataille… L’Internet. Et dans cette cyberguerre sans frontières, Anonymous joue un rôle à part entière. Le célèbre collectif de hackers a tout de suite pris position contre l’invasion de l’Ukraine. Il a d’abord piraté des chaînes de télé russes pour diffuser les vraies images de la guerre et des messages pacifistes. Le 24 mars, nouveau coup d’éclat. Anonymous s’est attaqué à plusieurs entreprises qui refusent de quitter la Russie et soutiennent (in)directement le régime de Poutine. Parmi elles, les groupes français Auchan, Leroy Merlin et Decathlon, dont les sites commerçants ont été mis hors ligne et restent aujourd’hui inaccessibles en Russie. Depuis, Decathlon a annoncé avoir plié bagage. Et la milice invisible poursuit l’offensive contre des milliers de sites d’État russes et biélorusses, glanant au passage des informations confidentielles dont la divulgation pourrait là encore rebattre les cartes.
Avril
Semaine de quatre jours : un test grandeur nature au Royaume-Uni
Plusieurs expériences ont démontré que la semaine de quatre jours favorise l’équilibre vie pro / vie perso et qu’au-delà du bien-être des équipes, elle représente un argument de taille quand il s’agit de recruter et engager des talents au quotidien. Pas étonnant, surtout à l’heure de la « grande démission » qui fait frémir la planète boulot, que de plus en plus d’entreprises et de pays s’intéressent à cette nouvelle organisation du temps de travail. Dans la lignée de l’Islande et de l’Espagne, le Royaume-Uni s’apprête ainsi à mener une vaste étude sur le sujet : de juin à décembre de cette année, 3000 salariés de 60 entreprises de secteurs variés (restauration, conseil, industrie pharmaceutique…) vont travailler quatre jours au lieu de cinq, pour le même salaire. L’expérience, si elle est concluante, pourrait donner le dernier coup d’accélérateur aux transformations professionnelles initiées par la pandémie.
Expérience : la semaine de 4 jours chez Welcome to the Jungle
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Mai
Simplification administrative : les certificats d’arrêt et d’accident de travail fusionnent
Ah, la France et la paperasse… En 2013, François Hollande annonçait un « choc de simplification » visant à faciliter le quotidien des entreprises et des particuliers d’un point de vue administratif. Depuis, des centaines de mesures ont été présentées, certaines adoptées. La dernière en date : la fusion des avis d’arrêt de travail « maladie » et « AT/MP », instaurée le 7 mai selon le décret n° 2019-854 du 20 août 2019. Qu’est-ce qui change ? Concrètement, en cas d’arrêt de travail et quelle que soit sa nature, les employeurs ne reçoivent plus qu’un seul formulaire CERFA. Les certificats médicaux relatifs aux maladies et aux accidents professionnels, eux, ne comportent plus de prescription d’arrêt de travail et ne sont plus adressés à l’entreprise par le salarié. À l’inverse, les règles de déclaration et d’instruction ne bougent pas.
→ En savoir plus sur la nouvelle procédure
Juin
Miss France aux prud’hommes pour discrimination
L’institution Miss France n’a pas fini de rendre des comptes à la justice. « Osez le féminisme » a d’abord accusé le concours de beauté de se trouver dans une « parfaite violation du droit du travail » et a obtenu gain de cause au tribunal en octobre 2021. Cette victoire a permis aux jeunes filles d’être rémunérées pour leur participation à l’émission finale. Résolue à poursuivre son action, l’association s’attaque aujourd’hui à d’autres points sensibles. Selon elle, les critères de sélection des candidates – ne pas être mariée, mesurer 1 mètre 70, ne pas être enceinte ou encore ne pas être tatouée – sont sexistes et discriminants, et doivent disparaître. Par ailleurs, les conditions de travail sont de nouveau critiquées : pour rappel, les miss ne sont pas rémunérées pour les nombreuses répétitions auxquelles elles doivent assister avant de faire leur entrée dans le programme audiovisuel. Alors, l’institution Miss France est-elle coupable ou non coupable ? Le tribunal des prud’hommes de Bobigny rendra sa réponse le 6 janvier 2023.
Juillet
Canicule : coup de chaud pour les employeurs de l’Hexagone
Maux de tête, fièvre, ralentissement, déshydratation : voici une liste non exhaustive de l’impact que peut avoir la canicule sur le corps humain… Alors qu’une nouvelle vague de chaleur a frappé l’Europe en juillet, les entreprises de l’Hexagone n’ont toujours pas l’air de considérer cette réalité comme un enjeu de premier plan. En termes de mesures concrètes, l’employeur n’a en réalité que très peu d’obligations à l’égard de ses salariés. Bonne aération des locaux, eau potable à disposition et information sur les risques potentiels en font partie. Mais selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), au-delà de 30°, la chaleur peut constituer un risque pour une activité sédentaire. Dans un contexte d’aggravation des effets du réchauffement climatique, il est urgent de veiller au bien-être de ses équipes. Les canicules seront de plus en plus longues, c’est pourquoi une révision des règles pourrait aussi s’appliquer au code du travail, qui ne prévoit pas encore de seuil de chaleur au-dessus duquel un salarié pourrait s’arrêter de travailler…
Août
Les entreprises peuvent racheter aux salariés leurs RTT
C’est officiel, les salariés peuvent désormais renoncer à leurs jours de RTT et les convertir en rémunération, à condition d’obtenir l’accord de leur employeur. Si ce dernier accepte la demande, il devra payer les journées travaillées avec « une majoration de salaire au moins égale au taux de majoration de la première heure supplémentaire applicable dans l’entreprise ». À préciser qu’un plafond est fixé à 7500 euros par an et que cette rémunération est défiscalisée. La nouveauté, qui concerne tous les secteurs et tailles d’entreprises, s’inscrit dans la loi de finances rectificative (PLFR) adoptée par le parlement le 4 août 2022. Et elle divise. La gauche y voit un rétropédalage en matière de rythme de travail, quand la droite parie sur un levier en faveur de l’augmentation des salaires donc du pouvoir d’achat.
Septembre
Avortement : la moitié des Américaines prêtes à démissionner en cas de désaccord avec leur boss
La révocation de l’arrêt Roe vs Wade par la cour suprême en juin 2022, qui signifie que chaque État est libre d’autoriser ou non l’avortement sur son territoire, a des répercussions jusque dans le monde du travail. Selon [une enquête de la plateforme Ellevest] (https://www.ellevest.com/magazine/disrupt-money/ellevest-financial-wellness-survey-2022), près de 50 % des femmes pourraient démissionner si leur employeur n’était pas d’accord avec elles sur la question de l’avortement. Parmi les 2500 personnes interrogées, plus de la moitié ont déclaré que la décision de la cour suprême avait eu un impact sur leur bien-être financier. Dans le même temps, des entreprises installées dans les États interdisant cet acte médical ont décidé de payer les frais de déplacement en cas d’avortement. En moyenne, [selon Bloomberg] (https://www.bloomberg.com/news/articles/2022-09-22/44-of-women-say-they-d-quit-if-employer-doesn-t-agree-on-abortion), dans ces États, 895 km séparent les femmes de ce droit fondamental.
Octobre
Hausse des prix de l’énergie : les nouvelles aides du gouvernement Macron
Comme les citoyens, les entreprises s’étouffent à la découverte de leurs factures d’énergie. Et pour cause, les prix sont 10 fois supérieurs à ceux de 2020 ! Afin de contrer cette situation exceptionnelle, la Première ministre Élisabeth Borne a annoncé des mesures de soutien aux entreprises. Un « amortisseur électricité » sera disponible pour les TPE, PME et collectivités publiques ne bénéficiant pas du bouclier tarifaire : l’État prendra en charge 50 % du surcoût au-delà du prix de référence de 325 euros par mégawattheure. Pour les collectivités, un filet de sécurité supplémentaire consistera à assumer les surcoûts liés au gaz. Enfin, des aides guichet disponibles sur le site impots.gouv.fr seront déployées pour les entreprises les plus consommatrices d’énergie. 12 milliards d’euros seront nécessaires pour la mise en place de l’ensemble de ces mesures.
Novembre
« Dividende salarié » et « super-participation »… Vers un meilleur partage de la valeur des entreprises ?
C’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron, ce sera bientôt une réalité. Le « dividende salarié », qui doit permettre une répartition plus juste des profits des entreprises, verra le jour en 2023 et aura un caractère obligatoire. C’est ce qu’a annoncé mercredi 29 novembre le député européen Pascal Canfin, qui travaille sur le projet, au micro de franceinfo. Concrètement, les entreprises versant des dividendes à leurs actionnaires devront faire de même pour leurs salariés. Aussi, l’eurodéputé a fait part d’une mesure complémentaire pour les organisations d’au moins 50 employés réalisant des « super-bénéfices » : la « super-participation ». Si les dividendes décaissés par ces dernières sont supérieurs à 20 % de la moyenne des cinq dernières années, « il doit y avoir super-participation pour les salariés ».
Décembre
Réforme des retraites : un pas en avant, deux pas en arrière
La très contestée réforme des retraites sera présentée le 10 janvier 2023, soit près d’un mois après la date initialement prévue, a annoncé Emmanuel Macron le 12 décembre, à la surprise de tous. Le motif officiel du report ? Laisser aux partenaires sociaux et aux nouveaux dirigeants des Républicains et d’Europe Écologie Les Verts le temps de prendre en main le dossier et d’échanger avec l’exécutif. La théorie des commentateurs ? S’éviter surtout un mouvement populaire juste avant Noël et préserver l’esprit des fêtes, à l’heure où les mauvaises nouvelles s’entassent comme les boules dans nos sapins (hum, hum). Eh oui, avant même son introduction, le texte qui doit entrer en vigueur à l’été 2023 attise la colère de certains Français, syndicats et partis, la France Insoumise en tête. Si on n’en connaît pas encore les subtilités, on sait qu’il inclut de repousser l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, voire 65. Une proposition défendue par le Président depuis son élection, qui détonne avec la ritournelle du « travailler moins », de plus en plus présente dans les esprits.
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Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ
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