Best of : les 12 actus qui ont fait le taf en 2024

23 déc. 2024

7min

Best of : les 12 actus qui ont fait le taf en 2024
auteur.e.s
Alix Mardon

Journaliste

Ariane Picoche

Journaliste et responsable de la rubrique Decision Makers @ Welcome to the Jungle

contributeur.e

De la transformation de Pôle Emploi à la semaine de 4 jours à Tokyo, en passant par le désengagement des jeunes, zoom sur les événements qui ont marqué le monde du travail en 2024, entre bouleversements sociétaux et nouvelles aspirations.

Janvier

« Pôle Emploi » fait peau neuve

Le 1er janvier, Pôle Emploi est devenu France Travail. N’y voyez pas un simple coup de peinture marketing : le gouvernement l’a annoncé en grandes pompes, avec ce nouvel opérateur public, il entend renforcer le suivi des personnes les plus éloignées de l’emploi. Au menu : un diagnostic global pour chaque demandeur inscrit, la signature d’un contrat d’engagement définissant un plan d’action pour préciser ses objectifs d’insertion sociale et professionnelle, sans oublier un minimum de 15 h hebdomadaires d’activité dédiées à la formation ou à l’insertion (à adapter selon les profils, on n’est pas des machines). Et comme un petit bonheur n’arrive jamais seul, France Travail s’est aussi donné pour mission de faciliter la coordination des différents acteurs dans le suivi des demandeurs d’emploi et des personnes en insertion, en fusionnant les prérogatives de Pôle Emploi, des missions locales et des services départementaux. Tout un programme !

Février

SAP : un retour au bureau digne d’une rupture amoureuse

Imaginez la scène : alors que ses 100 000 salariés bénéficiaient depuis 2021 d’une politique de télétravail complet, voilà que l’éditeur de logiciels allemand SAP leur intime de revenir fissa au bureau, au minimum trois jours par semaine. Avec une posture digne d’un « C’est pas toi, c’est moi », l’entreprise a estimé que le télétravail pouvait nuire à la fois à sa culture et à l’esprit d’équipe de ses salariés. Résultat : en moins de deux semaines, plus de 5 000 employés ont signé une lettre ouverte interne, dans laquelle ils menacent tout bonnement d’aller voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Criant à la trahison, ils perçoivent ce retour forcé au bureau comme une « stratégie de réduction du personnel à coût nul », pour pousser certains à la démission. Forcément, dans le même temps, SAP a annoncé une restructuration touchant 8 000 postes, en réponse aux transformations induites par l’intelligence artificielle. Sacré timing !

Mars

L’IA dans les RH : une opportunité sous haute surveillance

À moins d’avoir vécu dans une grotte ces derniers mois, vous le savez : l’avenir des RH ne se fera pas sans l’IA. Ce nouveau super-assistant serait même capable de booster leur productivité de 40 %, d’après une étude d’Emerton Data. Parmi les 21 cas d’usage censés redéfinir la fonction, le repérage des talents arrive en bonne place. Plutôt que de passer 35 % de leur temps à dénicher les perles rares, les équipes RH verront leurs processus s’automatiser, leur octroyant un temps précieux pour se recentrer sur leur rôle stratégique. Dans la moitié des cas ou plus, l’IA va ainsi accélérer les procédures existantes, et dans un quart environ, elle en améliorera la qualité. Mais (parce qu’il y a souvent un mais…), cette transformation devra composer avec l’AI Act européen, qui range les systèmes RH parmi les usages « à haut risque ». Loin d’être anodine, cette classification découle de l’impact majeur que peuvent avoir ces technologies sur les droits fondamentaux des individus, comme sur les décisions cruciales liées à l’emploi (recrutement, évaluation des performances, formation des employés…). Le sésame ? Les entreprises devront garantir une gouvernance stricte des données et obtenir une certification auprès du futur Bureau de l’intelligence artificielle de l’UE.

Avril

Samsung : le passage à la semaine de… 6 jours

Vous pensiez que la semaine de 4 jours avait le vent en poupe ? Pas pour le géant de la tech Samsung qui, face à des résultats en berne sur l’ensemble de ses activités en Corée du Sud, a décidé d’activer le mode « crise ». L’entreprise connue comme l’un des plus grand producteur de smartphones au monde impose désormais à ses cadres de venir travailler le samedi ou le dimanche, en plus de leur semaine habituelle de 5 jours. L’objectif ? Les pousser à se ressaisir en instaurant un sentiment de crise et en multipliant les sacrifices. Car, cerise sur le gâteau, ces salariés ne seront pas payés pour leurs heures supplémentaires, étant considérés comme des « employeurs » et non des employés selon le droit du travail sud-coréen. Une manière pour Samsung de réinventer la semaine de 6 jours à moindre coût, qui pourrait malheureusement inspirer d’autres entreprises à travers le pays…

Mai

Bureau sweet bureau : le confort placé au sommet des attentes des Français

Exit les open space fades et bruyants aux allures de hangars, où trônent des néons blafards et autres plantes en plastique. Dans le contexte post pandémie, 70 % des salariés français considèrent désormais le confort comme un critère essentiel de leur environnement de travail, selon une étude de Deskeo. Au hit-parade de leurs exigences : de l’air pur (65 %), de la lumière naturelle (60 %) et des espaces détente dignes de ce nom (55 %). De nouvelles priorités qui ont de quoi inciter les entreprises à réinventer leurs espaces traditionnels, pour attirer et fidéliser leurs talents. En la matière, l’avenir du bureau se dessine à travers des espaces de travail différenciants, directement inspirés des codes de l’hôtellerie. Un changement qui semble d’ailleurs déjà en marche : 66,8 % des salariés ont remarqué que leurs bureaux sont plus beaux et mieux équipés qu’auparavant.

Juin

Élections européennes : le RN prend ses aises chez les cadres et les salariés

Le dimanche 9 juin 2024, se sont tenues les élections européennes. Surprise (ou pas) dans l’Hexagone, la liste du Rassemblement National (RN) conduite par Jordan Bardella est arrivée largement en tête avec 31,37 % des votes exprimés. Mais la vraie sidération, c’est leur percée auprès des cadres avec des gains supérieurs à 50 %, passant de 13 % à 20 % au sein de cet électorat par rapport aux élections européennes de 2019. Sans oublier le renforcement de leur socle traditionnel chez les employés et les ouvriers, qui en fait le premier parti des salariés avec 36 % des voix, qu’ils soient issus du public (34 %) ou du privé (37 %). Un besoin de nouveauté de la part des cadres qui s’exprime aussi avec le bond spectaculaire de 233 % du parti socialiste (PS), passant de 6 % à 20 %, tandis que la majorité présidentielle, elle, fait grise mine avec une dégringolade symptomatique de 50 % dans cette catégorie. Le changement, c’est maintenant ?

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Juillet

La revanche des seniors au travail

Record historique : les actifs français de plus de 55 ans sont plus présents que jamais sur le marché de l’emploi ! L’Insee révèle une étude décoiffante illustrant cette « révolution silencieuse » qui s’opère dans le monde du travail, où les quinquagénaires et sexagénaires s’imposent comme une force vive de l’économie. Avec un pic inédit d’activité de 61,7 % des 55-64 ans, la « silver force » prouve qu’elle n’a pas dit son dernier mot dans la course professionnelle. Elle redessine même le paysage hexagonal, avec une génération de salariés qui prolonge leur vie active, par choix ou par nécessité. Un phénomène qui soulève, malgré tout, certaines questions : les organisations sont-elles prêtes à accompagner ces équipes multi-générationnelles ? Quelles politiques sociales voient aujourd’hui le jour pour s’adapter à cette nouvelle donne démographique ?

Août

JO 2024 : les entreprises jouent le(s) jeu(x) pour attirer les talents

Alors que Paris s’apprête à devenir le plus grand terrain de sport du monde, certaines entreprises se transforment en véritables fan-clubs olympiques. Forcément, pour de nombreuses structures, les JO représentent une opportunité unique d’accroître leur notoriété et d’attirer de nouveaux talents. PwC et la Caisse d’Épargne IDF en tête, c’est à qui aura le plus beau badge « sponsor officiel ». Le premier va ainsi mobiliser 500 de ses collaborateurs pour réaliser des missions liées à l’organisation des Jeux, sur fond de valeurs partagées avec l’olympisme. De son côté, la Caisse d’Épargne Île-de-France va financer plusieurs infrastructures olympiques. Des initiatives qui ont toutefois laissé sceptiques certains salariés quant à l’impact de ces partenariats sur le long terme, craignant que cet amour sportif ne soit qu’un flirt d’été. Stay tuned !

Septembre

Génération désengagée : les jeunes diplômés en perte de motivation

L’annonce a de quoi faire l’effet d’une douche froide aux managers les plus optimistes : 42 % des jeunes professionnels français se déclarent désengagés au travail, selon une étude du cabinet Robert Walters. Le simple blues du lundi matin ? Pas vraiment. Ces talents évoquent massivement le manque de perspectives d’évolution, aussi visibles que le bout du tunnel dans un métro bondé. Mais ce n’est pas tout : 39 % d’entre eux pointent aussi une charge de travail excessive, qui les poussent à lorgner avec avidité sur leurs prochaines vacances. Une tendance inquiétante qui reflète le phénomène croissant du quiet quitting, où les employés se contentent d’accomplir le strict minimum, sans l’afficher clairement. Les entreprises se retrouvent ainsi confrontées à un défi majeur : comment remotiver cette génération qui ne se satisfait plus de la simple carotte d’un baby foot ou de café à volonté en salle de pause ?

Octobre

Ubisoft : quand le télétravail devient le boss final

Le 15 octobre 2024, les salariés d’Ubisoft ont entamé une grève de trois jours en réponse à une série de frustrations concernant leurs conditions de travail. Au menu des revendications : des promesses d’augmentation salariales aussi volatiles que des NFT et la remise en question du télétravail récemment acquis pour rebooster la créativité des équipes. Initié par le syndicat Solidaires Informatique, ce mouvement mène la charge contre des pratiques managériales jugées aussi transparentes qu’un écran de fumée et des réorganisations à la pelle. Une grève historique dans le monde du jeu vidéo français qui montre que même les créateurs de mondes virtuels ont besoin de conditions de travail bien réelles. Game over pour le management traditionnel ?

Novembre

#8Novembre16h48 : un appel à l’action pour l’égalité salariale

Chaque année, le mouvement « #8Novembre16h48 » souligne l’urgence de combler le gap salarial persistant entre femmes et hommes. Car à ces date et heure fatidiques, c’est comme si ces dernières bossaient « gratuitement » jusqu’à la fin de l’année, avec un écart salarial toujours scotché à 13,9 %. Initiée par Les Glorieuses, cette initiative s’accompagne d’une campagne en sept mesures concrètes pour inciter les entreprises à agir. Transparence des salaires (comme en Scandinavie, où tout le monde sait combien gagne son voisin), quotas dans les postes de direction ou encore soutien à la parentalité partagée se proposent, entre autres, d’en finir avec cette partie de Monopoly truquée. Pour les professionnels RH, c’est une opportunité de faire leur révolution culturelle, en réévaluant leurs pratiques internes en faveur de plus de justice sociale, mais aussi pour améliorer la performance et l’innovation au sein de leurs structures.

Décembre

Tokyo : la semaine de 4 jours pour doper la natalité ?

On connaissait les atouts de la semaine de 4 jours en matière de productivité, de réduction des déplacements, ou bien encore pour un meilleur équilibre entre vies pro et perso. On se doutait moins, en revanche, qu’elle puisse être envisagée comme un booster de natalité. C’est en tout cas le pari envisagé à Tokyo, où l’administration locale proposera à ses fonctionnaires, dès avril 2025, cette réduction du temps de travail. Dans un pays où le karōshi (mort par surmenage, ndlr) flirte dangereusement avec les traditions, cette initiative visant à offrir plus de temps libre apparaît comme l’opportunité pour ces employés de se consacrer davantage à leur famille. Une politique qui s’inscrit dans un contexte de réforme du style de travail, cherchant à alléger les contraintes des parents et à soutenir les jeunes familles. Reste à voir si cette formule magique fera bien grimper la courbe des naissances !


Article écrit par Alix Mardon et Ariane Picoche, édité par Mélissa Darré, photo : Thomas Decamps pour WTTJ