Et si vous travailliez à temps partiel ?
08 juin 2018
6min
Freelance Content Writer
En 2017, le temps partiel concerne pas moins de 18,8 % des salariés français selon l’INSEE. Contre seulement 8,3% en 1975 ! S’il concerne aujourd’hui tous les types de profils, il reflète encore les inégalités historiques entre les femmes et les hommes puisqu’il est très majoritairement adopté par les femmes (30% contre 8,3 % d’hommes) et les jeunes (un quart des moins de 25 ans). Mais les choses changent et cette modalité de travail, longtemps perçue comme précaire, est de plus en plus appréciée pour sa flexibilité. Elle fait notamment rêver ceux qui désirent trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle, tester un job ou monter leur boîte.
Welcome to the Jungle vous explique les motivations multiples derrière ce choix, mais aussi les difficultés potentielles qu’il implique. Attiré par ce rythme de travail atypique ? On vous dit aussi comment vous lancer et le gérer au mieux, témoignages à l’appui.
Pourquoi opter pour un temps partiel ?
Qu’est-ce que le temps partiel ?
Le contrat de travail à temps partiel est celui dont la durée du travail :
- est inférieure à la durée légale du travail (35 heures par semaine, 151,67 heures par mois ou 1 607 heures par an),
- ou inférieure à la durée du travail fixée conventionnellement pour la branche ou l’entreprise.
Le temps de travail, peut alors être de 90%, 80%, à mi-temps… En principe, il est organisé dans le cadre de la semaine ou du mois. Mais il peut également l’être sur une période annuelle dans le cas où le salarié serait absent quelques semaines par mois.
Il peut être décidé et aménagé par convention collective, décision de l’employeur, ou simple demande de l’employé. En général, ni l’employeur ni l’employé ne sont forcés d’accepter un temps partiel.
Dans quelles situations l’adopter ?
Les raisons et les situations pouvant pousser un ou plusieurs membres de la tribu à adopter un temps de travail allégé sont très nombreuses :
- Ralentir le rythme de travail pour profiter de la vie : prendre du temps pour soi, faire du bénévolat, démarrer une formation en parallèle…
- S’occuper des enfants ou d’un autre membre de la famille. Avec le cas particulier du congé parental partiel que l’employeur sera obligé d’accorder au retour de la maternité,
- Se lancer dans une démarche entrepreneuriale en gardant une source de stabilité : développer un side-project, ou tester une activité de freelance,
- Pour raisons médicales. À la suite d’un congé maladie, et sous certaines conditions certains salariés peuvent bénéficier d’un temps partiel pour motifs thérapeutique et ainsi reprendre progressivement le boulot,
- Se faire de l’argent ou tester un secteur (surtout pour les étudiants),
- Éviter la routine professionnelle et cumuler plusieurs métiers. Les slasheurs ne se contentent pas de choisir un seul métier quand on peut en exercer plusieurs. Ces derniers, aussi appelés multi potentiels, sont caractérisés par leurs nombreux intérêt et talents.
Les avantages du temps partiel
- La loi impose le principe de l’égalité de salaire : le collaborateur touche le même salaire horaire qu’à travail et qualification égales ! C’est juste qu’il travaille moins, donc il touche moins. Logique.
- Toujours en vertu d’un principe d’égalité : l’ancienneté et les congés payés sont les mêmes qu’un salarié à temps plein.
- Le cumule de plusieurs temps partiels est possible, sans dépasser le seuil des 48 heures par semaine en tout.
- Le collaborateur souhaitant passer à temps complet au sein de la même tribu sera prioritaire sur les candidatures extérieures.
- Certains temps partiels offrent la possibilité d’être en télétravail. Ce qui permet, entre autres, de travailler de chez soi et de ne pas perdre de temps dans les transports.
Une situation atypique qui peut être difficile à gérer
Les inconvénients
- Le principal inconvénient concerne les indemnités de licenciement et de retraite. Surtout pour les salariés du privé. En effet, concernant la retraite, il est possible de mettre plus de temps à valider un trimestre qu’à temps plein puisque le salaire est moins élevé
- L’accès à la formation pourra être moins privilégié par l’employeur même si le droit à la formation n’est pas tributaire du nombre d’heures travaillé
- Les heures supplémentaires sont interdites. En cas de dépassement, seules les heures complémentaires sont autorisées, rémunérées au même tarif que les heures normales
- En termes d’évolution de carrière, le travail à temps partiel permet plus difficilement de gravir les échelons
- Concernant la vie de bureau, le travailleur à temps partiel n’est pas là tous les jours. Il peut donc avoir un peu plus de mal à s’intégrer et à être “corporate”.
4 conseils pour le gérer au mieux
1. Établir le cadre temporel de travail : La répartition du temps de travail doit être faite en amont. Cette mention obligatoire au sein du contrat de travail qui peut sembler évidente mais si elle n’a pas suffisamment été discutée, elle peut causer des tensions.
2. Communiquez sur votre situation particulière : N’oubliez pas vous-même et rappelez à vos collaborateurs qu’il est normal que vous travailliez moins d’heures qu’eux car vous êtes payé moins. Personne ne vous a accordé d’avantages injustes. Et cette situation a été consentie par toutes les parties impliquées. Il n y’a pas de raison que vous soyez discriminé dans votre travail à cause de ce statut. Rappelez-vous que si vous travaillez moins d’heures au sein de la tribu, votre travail en lui-même n’est pas censé être moins qualitatif.
3. Apprenez à maitriser votre temps : Afin de bien jongler entre diverses activités professionnelles, ou emploi du temps. Cela vous sera nécessaire pour que la flexibilité accordée par le temps partiel ne se transforme pas en une source de stress supplémentaire.
4. Soyez au clair avec votre objectif : Pourquoi travailler vous en temps partiel ? Définissez votre objectif. Ce sera utile pour lutter contre les coups de mous et bien assumer la démarche.
Concrètement le travail à temps partiel, ça donne quoi ?
Clémence Le Quernec, 25 ans, Chargée de Communication, et Caroline de Chaisemartin, 28 ans, RH puis Chef de Projet Partenariats, ont acceptées de partager leur expérience du temps partiel.
Pourquoi avez-vous décider de travailler à temps partiel ?
Clémence : Depuis octobre 2017, je suis en charge de la communication pour une marketplace dédiée à la musique, à temps partiel. Je suis là aujourd’hui un peu par hasard : ma boss recherchait quelqu’un en stage quand nous nous sommes rencontrées, elle a aimé mon profil, le poste m’intéressait mais je cherchais un CDD/CDI… Nous sommes parvenues à un accord avec le temps partiel.
Caroline : J’ai commencé par occuper un poste de RH à plein temps, que je cumulais avec une activité bénévole dans une association au sein de laquelle j’ai très vite eu beaucoup de responsabilités. Je savais que cette expérience bénévole durerait maximum 2 ans. Mais au bout de 6 mois seulement, j’avais déjà l’impression de cumuler deux vrais jobs. C’était lourd en charge de travail et en investissement. Alors, pour continuer à vivre ce projet associatif à fond tout en gardant un équilibre sain entre vie privée et vie personnelle, j’ai demandé à mon employeur de passer en temps partiel à 70 %. Il a accepté. J’ai ainsi pu récupérer un jour pour moi par semaine. Et ça a duré un an et demi.
Quels sont, pour vous, les avantages et les inconvénients ?
Clémence : L’avantage majeur est bien sûr le gain de temps libre à côté de son job ! J’ai plus de temps pour moi, pour mes amis, mes loisirs… Mais qui dit temps partiel dit aussi salaire partiel. C’est l’inconvénient premier de ce genre d’emploi. Il ne faut pas le négliger et bien anticiper ses besoins financiers avant de se lancer.
« Qui dit temps partiel dit aussi salaire partiel. Il ne faut pas le négliger et bien anticiper ses besoins financiers avant de se lancer. » Clémence Le Quernec
Caroline : Cela m’a permis de me mettre de manière correcte et saine au service d’un projet qui me tenait à cœur. Je sentais surtout que c’était nécessaire pour la suite, pour construire un parcours professionnel épanouissant. L’inconvénient principal est bien sûr le salaire réduit. Mais mon engagement associatif était tel que j’ai facilement accepter de donner de mon temps… et du coup de mon argent. D’autre part, même si j’ai eu la chance d’avoir un poste très modulable et une entreprise qui partageait mes valeurs, ce n’était pas toujours évident à gérer et parfois frustrant de voir certains projets avancer trop lentement.
« Je sentais surtout que c’était nécessaire pour la suite, pour construire un parcours professionnel épanouissant. » Caroline de Chaisemartin
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer ?
Clémence : C’est vrai que le regard des autres peut être difficile à gérer les premiers temps. Je souhaite un “bon weekend” à mes collègues dès le mercredi et je suis en télétravail quelques heures dans la semaine. Le plus important c’est de discuter avec tout le monde et de bien expliquer, sans pour autant se justifier, que tu ne bénéficies pas d’un traitement de faveur. Il est également important de communiquer avec ses supérieurs sur la charge de travail, afin de ne pas se sentir submergé. Un collaborateur à temps partiel ne peut pas faire le même travail qu’un employé à temps complet ! Le but n’est pas de faire faire des économies sur le salaire à l’entreprise. Il faut être sûr que cela correspond bien aux attentes et aux besoins de chaque partie.
« Le plus important c’est de discuter avec tout le monde et de bien informer (sans pour autant se justifier) que tu ne bénéficies pas d’un traitement de faveur. » Clémence Le Quernec
Caroline : Le regard des autres peut être difficile à gérer, car ils ne comprennent pas la démarche ou n’y adhèrent pas forcement. Surtout quand tu expliques que tu viens à peine de commencer ta vie professionnelle ! La même difficulté peut se présenter quand, par la suite, tu cherches un nouveau travail. Je pense qu’il vaut mieux expliquer en entretien cette démarche particulière plutôt que de le mettre en avant sur son CV. Pour moi, ça a été un job de transition mais c’est grâce à cette possibilité que je me retrouve là où j’en suis aujourd’hui : chef de projet partenariats à temps plein dans une association du digital. Le plus gros conseil que je puisse donner est de bien identifier en amont l’objectif final de sa démarche avant de se lancer.
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