Comment négocier votre salaire à l’embauche grâce à la méthode MESORE ?
23 janv. 2025
6min
Vous y êtes : ce moment tant redouté où le recruteur vous demande, l’air presque innocent, « Quelles sont vos attentes salariales ? » C’est là que votre cerveau s’emballe. Vous ne voulez pas viser trop haut, au risque qu’on vous remercie poliment et vous montre la sortie, ni trop bas, histoire de ne pas regretter ce chiffre pendant des mois en jetant un œil à votre fiche de paie. Et si on vous disait que la clé pour négocier sereinement, c’est de ne pas tout miser sur cet entretien ?
Avec la méthode MESORE (votre Meilleure Solution de Rechange), vous arrivez armé d’un plan B solide. Ce plan vous permet de poser vos limites sans trembler, et de dire non à une offre décevante, même si elle est joliment emballée avec des promesses de « super ambiance d’équipe ».
Voici tout ce que vous devez savoir sur cette redoutable arme de négociation et comment préparer votre MESORE pour arriver en entretien avec confiance et détendu.
1. La MESORE, c’est quoi ?
La MESORE est aussi connue sous le nom de BATNA (Best Alternative to a Negotiated Agreement, son équivalent anglais). Ce n’est pas un gadget de coaching à la mode, mais un outil de négociation, né des travaux de l’enseignant Roger Fisher et de l’auteur William Ury, également à l’origine du célèbre ouvrage Getting to Yes. L’idée est la suivante : dans une négociation, celui ou celle qui a une alternative claire a toujours l’avantage. En d’autres termes, si vous savez que vous pouvez vous en sortir même si l’accord échoue, vous arrivez plus serein et moins enclin à accepter un compromis frustrant.
La MESORE représente donc votre plan B, celui qui vous permet de rester maître de la situation, même si en face, votre interlocuteur vous sort un grand sourire accompagné d’un « Nous n’avons malheureusement pas de budget pour cette année ». À la base, il s’agit en fait d’une technique de vente. Elle est utile dans de nombreuses circonstances, notamment lorsque vous négociez votre salaire au moment d’un recrutement (comme dans ce cas pratique). Mais vous pouvez également l’employer pour préparer un entretien annuel, ou lors d’une négociation commerciale.
Un exemple pour vous projeter
Imaginez que vous postuliez pour un poste de chef de projet, et que le recruteur, avec son plus beau sourire commercial, vous propose un salaire bien en dessous de vos attentes. Si vous n’avez pas de MESORE, vous risquez de balbutier un « Hmm… oui, ça me semble correct… », tout en serrant les dents.
Avec une MESORE ? Vous répondez calmement :
« Merci pour votre proposition, mais compte tenu de mes recherches et de mes autres opportunités, je pense qu’un salaire de 45 000 € serait plus aligné avec mes compétences et le marché. »
Quels sont les avantages de la Mesore ?
La MESORE joue 3 rôles quand vous négociez votre salaire :
Garder le contrôle : si la discussion échoue, pas de panique, vous savez déjà quoi faire. Vous partez avec vos conditions ou… vers de nouvelles opportunités. Dans tous les cas, vous vous retrouvez donc avec une solution satisfaisante.
Renforcer votre position : le simple fait d’avoir un plan B clair vous donne une assurance naturelle et un pouvoir de négociation. Vous êtes moins dépendant de l’issue, et ça se ressent.
Éviter de céder : sans MESORE, vous risquez de dire oui à des conditions qui ne vous conviennent pas, par peur de tout perdre. Avec une MESORE ? Vous êtes prêt à dire non si nécessaire, à faire preuve d’assertivité et donc à sécuriser vos intérêts.
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Comment construire votre MESORE avant l’entretien ?
Vous ne pouvez pas arriver en entretien les mains vides si vous voulez négocier efficacement. Vous devez avoir préparé une réponse béton à chacune des 7 questions clés d’un entretien d’embauche. Et pour cela, préparer votre MESORE, c’est bâtir votre arsenal avant d’entrer dans la bataille. Evidemment, cela demande un peu de travail…
Étape 1 : Identifiez vos besoins et vos limites
Première question à vous poser : qu’est-ce que je veux vraiment ? Pas en mode rêveur (« un salaire de 100 000 € et un bureau avec vue sur la mer »), mais avec pragmatisme. Notez tout noir sur blanc. Vos priorités, vos conditions idéale, ce qui est négociable et non négociable pour vous, tout.
- Quel est mon salaire minimum acceptable ?
- Qu’est-ce qui compte le plus pour moi ?
Étape 2 : Explorez vos alternatives
Votre MESORE doit être réaliste. Quelles sont vos options si la négociation tourne mal ?
Voici quelques pistes pour réfléchir :
Une autre opportunité d’emploi: avez-vous des discussions en cours ailleurs ? Une offre potentielle ? Un réseau prêt à être activé ?
Des avantages non financiers : peut-être qu’un peu plus de télétravail, une prime ou une formation vous conviendraient aussi.
Rester dans votre situation actuelle : si votre poste actuel est plutôt satisfaisant, cela peut être votre MESORE temporaire.
Étape 3 : Évaluez la solidité de votre MESORE
Toutes les MESORE ne se valent pas. Une MESORE efficace est comme une bonne assurance : elle doit être solide, réalisable et motiver vos décisions.
Posez-vous ces questions :
- Est-ce que c’est faisable ? Une MESORE qui repose sur des hypothèses du genre « Je trouverai sûrement mieux ailleurs… » n’est pas un vrai plan B.
- Est-ce que ça me convient vraiment ? Une alternative qui ne vous enthousiasme pas n’aura pas le même pouvoir pour vous donner confiance.
Un exemple concret pour vous guider :
Vous êtes candidat à un poste de chef de projet. Avant votre entretien, vous avez soigneusement réfléchi à votre MESORE :
- Besoins : un salaire d’au moins 42 000 € par an, du télétravail partiel et un plan de formation clair.
- Alternatives : une offre en discussion dans une autre entreprise, à 40 000 € mais avec une belle évolution à la clé, et votre poste actuel où une augmentation est prévue dans six mois.
- Solidité : Vous savez que ces alternatives sont réalistes et satisfaisantes, même si elles ne sont pas idéales.
- Résultat ? Vous arrivez à votre entretien avec une vision claire : vous voulez ce poste, mais pas à n’importe quel prix.
5 conseils pour bien utiliser votre MESORE pendant l’entretien
Vous voilà en plein entretien. Le recruteur commence à parler chiffres et… ça coince. Il propose un salaire qui ne correspond pas à vos attentes. Pas de panique : c’est le moment de sortir vos arguments, armé de votre MESORE.
1. Affichez vos attentes avec assurance
Quand on vous annonce un montant inférieur à ce que vous espériez, le premier réflexe est de vous sentir déstabilisé. Sauf que là, vous avez préparé vos arguments, vous connaissez votre valeur et, surtout, vous avez un plan B. Respirez et adoptez un ton posé: « Merci pour votre proposition. Pour un poste avec ces responsabilités, je suis convaincue qu’un salaire de 45 000 € serait plus aligné avec mes compétences et le marché. Qu’en pensez-vous ? »
Vous montrez que vous êtes prêt·e à discuter, mais que vous avez une idée claire de votre valeur.
2. Soyez ouvert… mais gardez vos limites
L’une des erreurs les plus courantes en négociation est de céder trop vite. Un recruteur peut tester votre flexibilité en minimisant vos attentes. C’est là que votre MESORE entre en jeu, non pas pour menacer, mais pour montrer que vous avez d’autres options : « Je suis vraiment motivé par ce poste, mais je sais aussi que je peux trouver une opportunité alignée avec mes attentes salariales. J’aimerais beaucoup qu’on trouve un terrain d’entente. »
Vous montrez que vous êtes sérieux dans votre démarche, sans paraître inflexible.
3. Quand (et comment) parler de votre MESORE ?
Votre MESORE est une arme stratégique, pas une menace. Vous n’avez pas besoin de tout dévoiler dès le départ. Mais si la discussion est bloquée et que cela peut renforcer votre position, vous pouvez l’évoquer subtilement. « Je suis bien conscient que le marché est compétitif. J’ai d’ailleurs une autre opportunité en discussion, mais ce poste m’intéresse particulièrement. C’est pourquoi je souhaite trouver un accord qui reflète la valeur de ma contribution. »
Ne révélez pas une MESORE qui n’est pas crédible. Assurez-vous que ce que vous dites est solide et bien préparé.
4. Attention à ne pas rester trop rigide
S’appuyer trop strictement sur sa MESORE peut vous rendre inflexible. Par exemple, si vous arrivez en entretien avec l’idée que « c’est 45 000 € ou rien », vous risquez de passer à côté d’une opportunité simplement parce que vous n’avez pas envisagé d’autres formes de compromis (primes, télétravail, évolution rapide). La clé reste d’adapter votre approche en fonction de ce que propose votre interlocuteur.
5. Sachez reconnaître le point de rupture
Si, malgré tous vos efforts, le recruteur ne peut pas (ou ne veut pas) atteindre vos attentes minimales, il est peut-être temps d’activer votre MESORE. Plutôt que de céder et de regretter votre décision, terminez la discussion avec respect, mais fermeté : « Merci pour cet échange. Je comprends que le budget est limité. De mon côté, mes attentes sont un peu plus élevées. Je vais donc réfléchir à mes autres options, mais je reste ouvert à de futures opportunités avec vous. »
Qui sait, peut-être vous recontactera-t-on avec une meilleure proposition ?
Grâce à votre préparation, vous sortez de la négociation avec dignité et clarté. Si l’accord est trouvé, vous commencez un nouveau poste en ayant posé des bases solides. Si ce n’est pas le cas, vous savez exactement quoi faire pour avancer. Parce qu’en réalité, la vraie victoire dans une négociation, c’est de ne jamais repartir les mains vides. Et pour info, cette technique marche aussi très bien si vous êtes salarié et que votre manager vous sort une de ses excuses classiques pour ne pas vous augmenter en fin d’année…
Article écrit par Geoffroy Bresson et édité par Gabrielle Predko, photo de Thomas Decamps.
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