Comment gérer la crise du coronavirus quand on est freelance ? Nos conseils
06 avr. 2020
7min
Rédacteur & Photographe
Le mot confinement vient du latin « confinis », composé de « cum », qui signifie “avec”, et « finis », pour fins ou frontières. Littéralement être confiné c’est faire face à ses limites. Cela met en exergue nos fragilités mais aussi notre sensibilité. Dans cet espace réduit, nous croyons que vous, les freelances, avez un rôle à jouer. Immunisés contre le télétravail et dotés d’une imagination certaine, vous êtes les plus outillés pour passer la crise !
Pour vous aider à vivre cette période de confinement dans les meilleures conditions, Welcome to the Jungle est allé à la rencontre de Margaux, graphiste freelance, et Camille, Head of freelances community chez Malt (la plateforme qui propose de vous mettre en contact avec de futurs clients). Voici, en substance, leurs précieux conseils !
Freelances, les grands habitués du confinement
Le confinement ? Même pas peur ! Dotés de cerveaux créatifs, entrepreneurs, autonomes et indépendants, en tant que free, vous ne connaissez pas l’ennui. Télétravail, période de latence, insécurité, contre le virus du confinement, vous êtes de loin les plus armés de défenses immunitaires…
Confinement, les freelances immunisés
« Le confinement ? », s’amuse Margaux, 28 ans, graphiste freelance depuis 5 ans, « on est habitués à être enfermés chez nous, donc ce n’est pas un traumatisme ! » Votre force de freelance, c’est l’adaptabilité. Et, contre l’insécurité, vous avez su développer des anticorps. « On est obligés de s’adapter tout le temps, se remettre en question constamment », reprend Margaux, « il y a des périodes de rush où tu ne sors pas de chez toi et des périodes de vide où on avance sur nos projets ». Là où d’autres sont paralysés par le télétravail ou la baisse de leur activité, vous les freelances êtes souvent immunisés. Profitez-en !
L’ennui : mot inconnu en « Freeland »
Freelance, vous ne connaissez pas l’ennui. Période de vide comme une autre, le confinement est l’occasion d’avancer sur ses projets. « Je refais toute la comm’ de mon site, je reprends mes pages sur la plateforme Malt, bref je me remets à jour pour repartir sur de bonnes bases », raconte Margaux qui avoue se lancer dans « un gros chantier ». « Quand on est créatif, sourit-elle, on peut trouver plein d’occupations ». Alors bien sûr, il y a la peinture, le dessin, l’écriture, mais Margaux va plus loin. La créativité n’est pas forcément tournée vers soi. Le confinement, clame Margaux, « c’est l’occasion de montrer qu’on n’est pas là pour rien. On a l’opportunité de participer à l’effort collectif ». Artistes, créatifs, écrivains, vous avez voix au chapitre !
5 astuces pour passer la crise
Même si vous êtes armé pour faire face à la crise, l’annulation de certains projets peut vous laisser un peu plus de temps libre. Alors comment faire face à la crise quand on est freelance ? Chez Malt, Camille est à la tête d’une communauté de 180 000 freelances. Vos enjeux et problématiques, elle les connaît ! Elle nous livre quelques astuces pour essayer de tirer profit de ce temps de confinement.
Garder le moral
Bien qu’en tant que free vous soyez les plus « outillés pour le télétravail et adaptables aux changements de situation », remarque Camille, vous ne devez pas négliger votre moral. Il existe, relève-t-elle, des applications de méditation prise en charge par certaines mutuelles. C’est le cas de Headspace et Petit Bambou. Méditer et prendre de la hauteur lorsqu’on est confiné est salvateur. Là où le temps s’étire et devient incertain, il est nécessaire de se concentrer sur l’instant présent. Une parenthèse de déconnexion dans votre bulle confinée ! « Il faut continuer à célébrer les petites victoires de la vie », souligne-t-elle encore. Tenir sa to-do list à jour et se féliciter des actions accomplies est essentiel.
Se former et rester informé
Confiné, vous avez du temps à ne plus savoir quoi en faire? C’est peut être le moment de progresser et de vous former pour acquérir de nouvelles compétences. Chez Malt, Camille se dit « épatée par le sang froid des free qui restent optimistes et mettent ce temps à profit ». Malt organise chaque jour en France un événement pour former et fédérer sa communauté de freelances. Et le confinement ne les a pas arrêtés. Depuis le 17 mars, jour 1 du confinement, Malt a mis davantage l’accès sur la formation des free. « Il y avait déjà une volonté d’ouvrir la Malt Academy, mais le Covid-19 a accéléré le processus », confie Camille. La Malt Academy, d’ordinaire ouverte aux employés Malt, est aujourd’hui accessible à tous et gratuitement. Disponible en plusieurs langues et prochainement en replay sur YouTube, cette plateforme vous permet de suivre des masters class dispensées par des experts Malt ou des freelances Malters. Gérer sa communication sur les réseaux sociaux, comprendre le contenu SEO, développer son business… Toutes les problématiques des frees sont abordées. Pour les développeurs, Malt propose même des sessions de live-coding !
Enfin, Malt a regroupé sur un mini site toutes les questions que vous vous posez probablement sur les aides que vous pouvez recevoir de l’État, le report des charges sociales et fiscales, les indemnités en cas de garde d’enfants… Vous pouvez donc rester informé en temps réel des dernières mesures prises par le gouvernement vous concernant. Dernier tip de Camille, vous pouvez vous rendre sur le simulateur créé par Shine pour vérifier votre éligibilité à l’aide de 1 500€ du fonds de solidarité pensée pour les freelances en difficulté.
Se remettre à jour
« Le confinement c’est le moment idéal pour se remettre à jour et faire tout ce qu’on n’a pas le temps de faire d’habitude. Refaire son site, compléter son profil Malt, demander des aides financières, mettre à jour son portfolio », estime Camille. L’heure est à la préparation, explique-t-elle « il faut se tenir prêt » pour l’après. « Il ne faut pas oublier de se manifester auprès de son portefeuille de clients », ajoute-t-elle. Par ailleurs, Camille observe que « côté prospects et clients que les gens sont plus réceptifs sur Internet, plus disponibles et accessibles. Les taux d’ouverture à nos emails de prospection n’ont jamais été aussi hauts ». C’est donc le moment de prendre des rendez-vous, de candidater et de donner de vos nouvelles !
Adapter son offre à la situation
“Coronavirus”, “covid-19”, “pandémie”, “confinement”… On ne parle que de ça. Beaucoup de personnes sont à l’affût de l’info sur les réseaux sociaux et chacun en parle à sa manière. Il serait bien malvenu de parler de soi et de faire de la pub pour ses prestations en omettant le contexte grave qui nous entoure. Même en temps de crise, « il faut continuer à essayer de se faire connaître et proposer intelligemment du contenu qui mette en valeur son expertise, mais il faut également adapter son offre à la situation », explique Camille. Côté freelance, on ne manque pas de créativité pour se faire remarquer. Les profils developpeurs et operations proposent des prestations de migration et de maintenance des serveurs et réseaux pour absorber le nombre croissant de télétravailleurs. Les RH et autres coachs proposent des formations pour garantir l’engagement et la motivation des salariés à distance. Les photographes et écrivains se plaisent à décrire le confinement à leur manière. En témoigne le travail de Magdalena Wosinska qui a photographié la Une du Elle Royaume-Uni via Skype et Zoom ! Avec une audience plus importante que jamais, les réseaux sociaux sont des supports géniaux pour prendre la parole.
Être solidaire
Cette période de confinement met en exergue le pire comme le meilleur. De nombreux freelances ont été force de propositions positives pour soutenir l’effort collectif. « Malt a aussi lancé un appel à la solidarité », nous raconte Camille. « Chaque freelance inscrit sur Malt peut ajouter à son profil un #ReadyToHelp pour apporter une expertise bénévole aux professionnels de santé », résume-t-elle. Depuis sa mise en place, plus de 1000 freelances se sont portés volontaires. Actuellement deux projets phares ont vu le jour. Le premier a mobilisé des développeurs freelances pour adapter l’application Minutis de la Croix-Rouge à l’urgence de la situation. Le second a permis la création de la plateforme Thérapeutes Solidaires, qui met en relation 200 professionnels de l’écoute (thérapeutes, coach, assistantes sociales…) avec les professionnels de santé en première ligne. En plus d’être utile et solidaire, conclut Camille, « le mécénat de compétences permet de gagner en visibilité et d’obtenir une réduction d’impôt ». Que de bonnes raisons de se lancer donc !
Freelances : anticiper la rémission
Déconfinement, des prix au rabais ?
Malgré son enthousiasme, Margaux est consciente de la crise qui l’attend. Ce n’est pas le confinement qui l’effraie, mais la reprise. « S’ils ne prennent pas des mesures pour encadrer les tarifs, j’ai peur de la vague concurrentielle qui va suivre », s’alarme-t-elle. Déjà, rapporte-t-elle, « de nombreux grands groupes ont mis en stand-by les contrats freelances, avant de les négocier au rabais ». Face à la crise, la jungle de l’emploi risquerait de se montrer plus hostile que jamais car beaucoup sont prêts à tout pour survivre. Camille se plus montre plus optimiste. « On n’observe pas d’annulation massive des missions en cours », constate-t-elle. Sur les demandes entrantes, poursuit-elle, « on est rentré dans une situation comparable à celle d’un mois d’août ». Si le confinement ne s’éternise pas, il n’y a donc pas de quoi s’alarmer selon Camille. Au contraire, affirme-t-elle, chez Malt « on est assez optimiste sur l’effet positif de la situation pour les freelances. Le gel des recrutements et les licenciements qui auront lieu dans beaucoup de boîtes vont permettre d’externaliser les besoins. On fera davantage appel aux freelances ». Affaire à suivre…
Se mobiliser et penser collectif
Le problème, déplore Margaux, c’est que les freelances « sont des électrons libres qui ne sont pas reliés ». Son diagnostic est grave. « Ce genre de crise, poursuit-elle, pose la question de la mobilisation chez les free ». Selon Margaux, le seul remède pour guérir, c’est de « se confronter les uns aux autres, se fédérer en une communauté unie et solide. » Il existe déjà des systèmes associatifs qu’il faut soutenir, mais pour Margaux, il faut frapper plus fort et créer un « contre-pouvoir », fonctionner en « réseaux » de freelances. « C’est aux freelances d’être solidaires », complète Camille, « un comportement individualiste qui consiste à faire baisser ses prix va coûter cher à celui qui le fait, mais aussi à la communauté. C’est à chacun de se responsabiliser pour maintenir des prix à la hauteur de ses compétences ». « Il faut la jouer collectif », conclut-elle.
À l’heure où l’on vous écrit, il semble que le vœu de Margaux soit près d’être exaucé… Lancé discrètement avant la crise du covid-19, Independants.co, le nouveau syndicat des travailleurs indépendants a fait surface. Décrit comme un “mouvement interprofessionnel”, ce néo-syndicat affirme être en première ligne pour défendre les indépendants. Une lueur d’espoir ?
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Photo d’illustration by WTTJ
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