Les 12 signes qui prouvent que vous avez une haute intelligence situationnelle

20 oct. 2022

6min

Les 12 signes qui prouvent que vous avez une haute intelligence situationnelle
auteur.e
Cristina Fernández

Periodista Freelance

Vous connaissez le QI, l’intelligence émotionnelle, l’intelligence relationnelle, mais connaissez-vous l’intelligence situationnelle (ou contextuelle) ? Cette intuition qui nous permet de nous adapter aux changements voire d’en tirer parti.

La base pour que votre carrière marche ? Savoir prendre les bonnes décisions (au bon moment). Les entrepreneurs à succès voient généralement ce que les autres ne voient pas (encore) et passent directement à l’action. Cette capacité n’a pas grand-chose à voir avec les notes qu’on a obtenues à l’école ou la fac. En fait, il s’agit plutôt d’être capable de comprendre le changement, de savoir s’y adapter et même de l’exploiter. Plutôt que de le subir, il devient un tremplin. On appelle ça l’intelligence situationnelle ou contextuelle. Une compétence très utile dans un monde toujours plus incertain. Alors quels sont les types de personnes qui en sont dotées ? Et quelles sont les meilleures manières de la cultiver ?

Qu’est-ce que l’intelligence situationnelle ou contextuelle ?

La mesure de l’intelligence humaine passe souvent par le quotient intellectuel, ce fameux QI, qui se concentre fortement sur nos capacités analytiques, linguistiques ou mathématiques.

Il existe pourtant d’autres types d’intelligence : moins liées à nos résultats « scolaires », ils intéressent de plus en plus le monde du travail. C’est ce que constate le psychologue américain Howard Gardner, souvent désigné comme le père de la « théorie des intelligences multiples ». La plus connue d’entre elles est certainement l’intelligence émotionnelle, l’aptitude à gérer ses émotions pour mieux s’adapter (entre autres) à son environnement de travail. Ne nous arrêtons pas là…

Car il existe en effet une autre forme d’intelligence, davantage raccrochée à ce qu’on appelle l’intuition ou l’expérience. Elle permet aux personnes qui en sont douées de s’adapter efficacement à des situations nouvelles ou incertaines. On parle d’intelligence situationnelle ou contextuelle. L’un des premiers à y avoir fait allusion est psychologue et professeur à l’université de Yale : Robert Sternberg. Dans sa « théorie triarchique de l’intelligence », il explique que cette dernière est composée de trois facettes :

  • Analytique
  • Créative
  • Contextuelle ou pratique, en rapport avec l’expérience ou « débrouillardise de terrain », une compétence clé pour bien s’en tirer dans la réalité concrète du quotidien.

Tarun Khanna, professeur à la Harvard Business School, décrit l’intelligence situationnelle comme la « capacité à comprendre les limites de notre connaissance et à adapter cette connaissance à un environnement différent de celui dans lequel elle s’est développée. » Tarun Khanna applique ce concept au monde de l’entreprise pour expliquer, par exemple, que ce qui fonctionne à un endroit ne fonctionne pas nécessairement ailleurs. On essaie en vain de mettre en œuvre la même solution, on recommence, et encore, sans prendre en compte ce qu’il nomme le « contexte » : la culture locale, d’autres points de vue, différentes manières d’agir ou de se comporter. Autant de facteurs pouvant vouer chaque tentative à l’échec.

Autre spécificité de cette intelligence : ce que Matthew Kutz, professeur de psychologie à l’université du Texas nomme la pensée tridimensionnelle (ou pensée en 3D), à savoir le fait, pour le cerveau, d’utiliser la prise de recul, la perception et sa capacité de prédiction pour appréhender un problème. En d’autres termes, les personnes douées d’intelligence situationnelle ou contextuelle sont capables de retirer des informations précieuses de leurs observations des autres, de leurs attitudes, mais aussi de comportements et situations passés, pour ensuite les appliquer au moment présent et décider comment agir au mieux.

À quel moment peut-elle vous être utile dans votre carrière ?

Manager une équipe ou se lancer dans l’entreprenariat

Avoir une meilleure compréhension du monde tel qu’il est vous permet de prendre de meilleures décisions. Une approche de plus en plus recherchée par les dirigeantˑes et cadres supérieurˑes chez leurs collaborateurˑices. Joseph Nye, autre grand professeur de Harvard, a défini ainsi l’intelligence situationnelle dès 2008 : « Aptitude à comprendre un environnement en évolution et à capitaliser sur les grandes tendances. L’intelligence contextuelle est plus précisément la compétence à établir un diagnostic intuitif d’une situation. C’est ainsi que l’on parvient à aligner sa tactique sur ses objectifs, pour bâtir une stratégie intelligente dans des situations variables. »

Selon ce même spécialiste, il n’y a pas de leadership efficient sans compréhension du contexte. Il précise en effet que « les leaders dotés d’une intelligence contextuelle possèdent le jugement qu’il faut pour s’adapter aux changements et en faire une clé du succès. » Ils et elles voient des opportunités là où les autres ne les voient pas, et prennent en même temps moins de risques. L’exemple le plus parlant ? Jeff Bezos, qui a parié sur le commerce en ligne des années avant que le concept n’émerge.

L’intelligence situationnelle dans la vie courante

Car elle ne sert pas uniquement les desseins des leaderˑeuses ou des entrepreneurˑes ! C’est une compétence qui peut aussi vous servir à orienter votre carrière vers l’option la plus prometteuse ou favorable. Vous pouvez par exemple l’appliquer à un nouveau projet ou aux changements et défis induits par la récente crise sanitaire.

Pour illustrer l’utilité de cette intelligence au travail, Robert Sternberg relate une situation dans laquelle un salarié adore ce qu’il fait, ses collègues et son appartement, mais déteste sa boss. Il est alors contacté par une chasseuse de têtes qui lui propose un meilleur poste dans une ville voisine. Il décline. Il aurait pu accepter pour fuir sa boss, mais au lieu de ça il lui a parlé du poste et c’est elle qui l’a décroché.

Robert Sternberg s’est saisi de cet exemple qui, selon lui, montre combien le salarié a su comprendre et gérer la situation à son avantage. Il est en effet resté à son poste tout en arrivant à se débarrasser de la seule ombre au tableau : sa cheffe. Et le tout dans une situation où tout le monde sort gagnant.

Comment savoir si vous possédez une intelligence situationnelle

Les personnes dotées d’une intelligence situationnelle ont ceci de particulier qu’elles maîtrisent mieux que les autres les scénarios imprévus. Elles sont en effet en mesure de percevoir des signaux concrets hors de leurs connaissances métier pures, puis de les évaluer avant de faire un choix. À la clé, de bien meilleures prises de décision.

Avoir été au contact de différentes cultures, travaillé avec des personnes avec différents parcours, par exemple, favorise le développement d’une intelligence situationnelle, estime Harun Khanna. Ce type d’expériences est très bien vu des entreprises. Une étude menée par le cabinet McKinsey montre que celles qui parient sur la diversité gagnent des points en rentabilité et innovation. Dans une autre étude, signée Cloverpop, on lit que les équipes inclusives prennent de meilleures décisions dans 87 % des cas.

Pour permettre de l’identifier, Matthew Kutz a listé 12 comportements associés (tous ne doivent pas nécessairement être réunis) à l’intelligence situationnelle :

  1. Mentalité tournée vers le futur : vous aimez progresser et vous avez des objectifs très clairs.

  2. Capacité d’influence : vos compétences relationnelles vous servent à impacter les actions et décisions des autres, mais de façon positive et non coercitive.

  3. Sentiment de responsabilité sociale : les questions de société et problèmes sociaux vous touchent, et vous l’exprimez.

  4. Sensibilité culturelle : vous prônez et favorisez la diversité dans divers types de contextes.

  5. Leadership multiculturel : vous influencez le comportement et la posture de vos pairs dans un contexte de diversité ethnique.

  6. Analyse du contexte : vous savez comment interpréter un environnement changeant et en tension, avec une réaction adaptée.

  7. Agentˑe du changement : vous avez le courage de poser des questions qui fâchent et faites preuve de proactivité quand un défi se présente, quand il faut participer, mener ou opérer des changements.

  8. Emploi constructif de l’influence : vous exploitez vos compétences relationnelles et votre influence personnelle pour impacter de façon positive et constructive le comportement et les décisions des autres.

  9. Analyse de vos connaissances : vous évaluez votre propre travail et êtes au clair sur vos points forts et axes de progression.

  10. Esprit critique : vous arrivez à établir des liens ou des ponts entre différents domaines, sujets ou contextes, obtenant ainsi différents angles de vue et opinions, qui échappent généralement aux autres.

  11. Agentˑe du consensus : vous faites preuve de compétences relationnelles et parvenez à faire adopter aux autres un point de vue différent grâce à l’écoute, à la gestion des conflits et à l’aménagement de solutions gagnant-gagnant.

  12. Conscience de mission : dans un environnement où un certain niveau de hiérarchie peut être présent, vous comprenez et êtes en mesure de montrer combien les performances individuelles de chacunˑe peuvent influencer la perception des collègues, N-1 ou responsables.

Avez-vous une intelligence situationnelle ? En faites-vous bon usage ? Apprenez à la développer.

Si l’on suit la théorie de Harun Khanna, les entreprises qui recrutent des profils d’horizons culturels divers ou ayant travaillé avec des personnes aux parcours différents favorisent le développement de l’intelligence contextuelle.

Comme le souligne Matthew Kutz dans son ouvrage Contextual Intelligence (non traduit, NDLR), la compréhension et la mise en pratique de l’intelligence situationnelle passent par trois processus essentiels. Ils permettent en effet d’évaluer la situation dans une plus large perspective :

  • Acceptez la complexité et entourez-vous de personnes aux profils différents. C’est une bonne manière de recueillir d’autres points de vue, de nourrir votre créativité et votre vision du monde.

  • Portez un regard critique sur vos propres opinions. Prenez conscience du fait qu’elles sont, dans bien des cas, influencées par vos propres expériences et croyances, ce qui ne leur confère pas plus de poids ou de véracité. Essayez de les dépasser et de vous mettre à la place d’autres personnes.

  • Faites grandir votre connaissance du monde. Lisez, tenez-vous informéˑe, consommez de la culture au sens large, suivez des personnes réfléchies ayant de vraies choses à dire. Avant tout, cherchez à diversifier le plus possible vos sources de connaissances, pour avoir une vision globale des choses.

On dit que les grandˑes visionnaires et leaderˑeuses sont douéˑes d’intelligence contextuelle. Maintenant que vous savez de quoi il s’agit, il vous suffit de la mettre en pratique pour atteindre vos objectifs.

Traduction Sophie Lecoq - Photo par Thomas Decamps

Les thématiques abordées