Portage salarial : le bon mix entre salariat et freelancing ?

10 sept. 2018

5min

Portage salarial : le bon mix entre salariat et freelancing ?
auteur.e
Cécile Nadaï

Fondatrice de Dea Dia

En France, le portage salarial existe depuis 30 ans mais les contours en ont longtemps été flous, concourant à en donner une image peu moderne qui décourageait les indépendants d’opter pour ce statut. Une nouvelle législation datant de 2015 est venue tout changer, transformant le portage salarial en statut novateur permettant de profiter du meilleur du salariat et de l’indépendance.

Pour faire le point sur cette pratique qui fait de plus en plus parler d’elle, nous avons rencontré Jean-Hugues Zenoni, co-fondateur et président d’OpenWorket Jacques Thiebaut, Community Manager de l’entreprise spécialisée dans le portage salarial.

Qu’est-ce que le portage salarial ?

Selon l’administration française, « le portage salarial est une relation contractuelle tripartite dans laquelle un salarié ayant un contrat de travail avec une entreprise de portage salarial effectue une prestation pour le compte d’entreprises clientes. »

« L’ordonnance du 2 avril 2015 en définit très précisément les contours et le présente comme un statut s’adressant à des professionnels autonomes, qualifiés et certifiés, qui trouvent leurs missions par eux-mêmes », explique Jean-Hugues Zenoni.

Ni freelance, ni intérim, il s’agit d’un statut permettant de rester indépendant (on choisit ses clients, ses projets, leurs durées, on est libre d’en changer quand on veut et on est autonome dans sa recherche de missions) tout en étant salarié d’une entreprise qui nous “porte” et gère à notre place toute la dimension administrative et comptable liée à notre activité.

Quelques chiffres

Aujourd’hui :

  • 200 sociétés de portage salarial en France
  • 70 000 consultants portés
  • Une croissance de 20 % par an
  • 700 millions d’euros de chiffre d’affaires global.

Prévisions pour 2025, selon la fédération française des entreprises de portage salarial :

  • 588 000 emplois
  • 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires
  • 5% de l’emploi national
  • 0,9% du PIB

Une nouvelle manière de concevoir le travail

En l’état actuel des choses nous avons d’un côté des entreprises qui ont peur de recruter, ce qui les empêche de faire entrer de l’intelligence dans leur entreprise, et de l’autre des salariés qui craignent le chômage, ce qui les empêche d’être exigeants en matière de conditions de travail et les décourage de prendre des risques.

« Dès lors, le portage salarial apparaît comme un excellent moyen de transformer toutes ces peurs et ces blocages en énergie positive, de créer un cercle vertueux en apportant de l’attention et du respect aux salariés plutôt que de la pressurisation, tout en arrêtant d’opposer temps de travail et temps de loisirs. »

En somme, le portage salarial offre aux travailleurs le meilleur du salariat et de l’indépendance, sans les inconvénients qui vont généralement avec, à savoir la pression hiérarchique et l’absence de liberté dû au salariat, la précarité et l’isolement quand on est indépendant.

Du côté des entreprises, ce statut permet de faire face à des besoins ponctuels de main d’oeuvre qualifiée de manière simplifiée sans mettre en danger la santé financière de leur entreprise.

Selon Jean-Hugues Zenoni, « pour pouvoir apporter des solutions, il ne faut pas faire partie du problème. En cela, le portage salarial est idéal car les consultants ont une expertise et une objectivité qui leur permet d’être de véritables apporteurs de solutions pour les entreprises. Quand on reste trop longtemps dans une entreprise, on peut finir par faire partie intégrante du problème et non de la solution. »

Comment ça marche ?

« Un contrat commercial est signé entre l’entreprise cliente du consultant indépendant et OpenWork qui stipule le nom de ce dernier. Ensuite, un contrat de portage salarial en CDD (18 mois maximum + 3 mois pour chercher un nouveau contrat) ou en CDI est signé entre le cadre indépendant et OpenWork. »

Concrètement, un consultant ayant une expertise dans un domaine spécifique se voit confier une mission par une entreprise qui fait le choix d’avoir recours au portage salarial pour le rémunérer. Le consultant devient donc un salarié porté par une entreprise comme OpenWork.

Dès lors, l’entreprise de portage salarial va prendre en charge toutes les démarches administratives liées à cette mission : facturation, déclarations, recouvrement, etc. Elle se rémunère en conservant un pourcentage du montant des honoraires négociés pour la mission. Dans le cas d’OpenWork, par exemple, les frais de portage sont de 1 à 7% en fonction du montant destiné à la paie avec un plafond à 600€, incluant la gestion des notes de frais.

En revanche, l’entreprise n’est pas là pour aider ses salariés portés à trouver du travail ou à négocier leurs honoraires comme le ferait par exemple une agence d’interim. Les consultants en portage salarial doivent trouver eux-mêmes leurs missions, même si l’entreprise peut faciliter la mise en relation et relayer des offres.

D’autre part, le portage salarial est également très différent d’une SSII : s’ils sont bien salariés de l’entreprise de portage, les professionnels ne sont payés que quand ils effectuent des missions.

« _Pour nous, les entreprises qui font travailler nos salariés sont des fournisseurs et des membres de notre communauté, ainsi que nos consultants. Ils ont d’aileurs un lien de subordination avec l’entreprise de portage salarial. _», précise Jean-Hugues Zenoni.

À qui ça s’adresse ?

Le portage salarial s’adresse à des cadres indépendants qui ne veulent plus subir les contraintes liés au salariat mais ne souhaitent pas pour autant subir celles de l’entrepreneuriat.

« On a beaucoup de jeunes cadres entre 25 et 35 ans parmi nos salariés portés. On a également beaucoup d’indépendants qui ont fermé leur société quand ils ont commencé à travailler avec nous ! », précise le fondateur d’OpenWork.

Et pour cause, le portage salarial leur permet de se concentrer sur ce qu’ils savent faire sans avoir à gérer le volet administratif de leur activité. Ils peuvent mettre leur expertise au service de missions valorisantes et faire évoluer leurs compétences en multipliant les expériences. C’est eux qui choisissent leurs missions et qui gèrent leur temps de travail comme ils le souhaitent, tout en profitant d’un cadre protecteur.

Leurs secteurs d’activité :

  • IT & Telecoms
  • Management de transitions
  • Qualité industrielle et sécurité
  • Marketing, digital et communication
  • RH & Coaching
  • Supply Chain & Logistique
  • Finances & Gestion
  • Formation

Leur profil :

  • 75% d’entre eux ont une formation de bac +4/5
  • 67% d’entre eux travaillent chez leur client
  • 30% travaillent depuis leur domicile
  • 3% travaillent en espace de coworking

Les avantages du portage salarial VS le statut d’indépendant

La protection sociale du salariat

Les salariés portés bénéficient de tous les avantages du statut de salarié : congés payés, retraite, assurance maladie, prévoyance et mutuelle, assurance chômage et diverses cotisations (transport, formation, aide au logement, etc.).

La prise en charge administrative

L’entreprise de portage salarial prend totalement en charge la dimension administrative de leur activité : envoi des factures, recouvrement, déclaration aux caisses, paiement des cotisations sociales patronales et salariales. « Chez Openwork, la seule tâche administrative à la charge des employés est un document à renvoyer précisant le nombre de jours travaillés au cours du mois », précise Jean-Hugues Zenoni.

Une précarité moindre

Les entreprises de portage salarial peuvent offrir de nombreuses garanties à leurs salariés portés, comme la possibilité de signer un CDI dans le cas de missions longues ou le fait de pouvoir lisser leurs revenus, ce qui permet de conserver des rentrées d’argent régulières même en cas d’absence temporaire de missions.

Une législation plus souple

En tant que salarié porté, on ne craint pas le délit de marchandage, ni celui de dépendance économique qui empêche les indépendants de n’avoir qu’un seul client.

Une émulation de groupe

En portage salarial, on est indépendant tout en faisant partie d’une entreprise, on fait partie d’une communauté. On souffre moins de l’isolement lié à l’indépendance. « Chez OpenWork, on a un annuaire dynamique pour favoriser les échanges et apporter de la visibilité à nos consultants, on organise beaucoup d’évènements qui leur permettent de se retrouver, de se connaître et de ne pas être isolé. »

Des services dédiés

Certaines entreprises de portage salarial multiplient les services fournies à leurs salariés portés. OpenWork leur propose par exemple des ateliers de formations ou encore des applications mobiles pour faciliter la gestion au quotidien.

Comment choisir son entreprise de portage salarial ?

Toutes les entreprises de portage salarial n’ont pas les mêmes types de fonctionnement, les mêmes modes de facturation et ne proposent pas les mêmes services à leurs salariés portés, que ce soit en terme de quantité ou de qualité. Avant d’en choisir une, il convient donc de se renseigner concernant :

  • Le pourcentage de frais appliqué, à mettre en rapport avec les services fournis en échange
  • Les services proposés : modules de formation, outils de gestion, organisation d’évènements, etc.
  • La qualité de l’accompagnement : disponibilité, réactivité, capacité à conseiller, support personnalisé

En autorisant une nouvelle organisation du travail qui garantit la liberté et la protection des salariés tout en permettant aux entreprises de se doter d’une véritable expertise sans prendre de risques trop importants, le portage salarial a tout pour devenir un véritable statut d’avenir.

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