Femmes entrepreneurs : ont-elles les mêmes chances que les hommes ?

28 sept. 2020 - mis à jour le 17 avr. 2024

4min

Femmes entrepreneurs : ont-elles les mêmes chances que les hommes ?
auteur.e.s
Sylvain Guillet

Journaliste web

Mélissa Darré

Editorial manager @Welcome to the Jungle

contributeur.e

Créer une entreprise n’est pas facile, et encore moins quand on est une femme. Heureusement, il existe des initiatives qui visent à combler le fossé qu’il existe entre les genres. Zoom sur ces réseaux de femmes entrepreneures.

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le baromètre annuel de l’entrepreneuriat au féminin publié par Infogreffe nous apprenait que 33,1 % des entrepreneurs en France sont des femmes. Elles sont donc de plus en plus nombreuses à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Pourtant, elles doivent faire face à des défis supplémentaires par rapport aux hommes, ce qui complique encore un peu plus leurs démarches. Découvrons comment le plafond de verre touche aussi les créatrices d’entreprise, et quelles sont les solutions pour le contourner.

Plafond de verre : fissuré mais pas brisé

Il semblerait que l’égalité femmes-hommes au travail soit en progression. C’est en tout cas ce que démontre l’édition 2023 du rapport Diversité et Inclusion au sein du CAC40 mené par l’Observatoire Skema de la féminisation des entreprises. Les femmes seraient aujourd’hui davantage présentes au sein des Comités exécutifs (+3,96 %) et des Conseils d’Administration (+0,93 %) des entreprises du CAC40, où elles occupent respectivement 23,84 % et 45,20 % des postes.

Ces résultats encourageants ne s’expliquent pas seulement par une évolution des mentalités : la loi Copé-Zimmerman, adoptée en France le 27 janvier 2011, a marqué un tournant important dans la lutte pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Cette loi impose des quotas de représentation féminine dans les conseils d’administration et de surveillance des entreprises cotées en bourse et de certaines entreprises non cotées, avec l’objectif de parvenir à un minimum de 40 % de membres de chaque sexe. Cette mesure a été suivie, en 2021, par l’adoption de la loi Rixain. Outre le renforcement des quotas parmi les cadres dirigeants et les membres des instances dirigeantes des grandes entreprises, elle vise également à combattre les biais de genre dans la formation professionnelle et l’enseignement supérieur.

Malgré ces bonnes nouvelles, le « plafond de verre » est encore présent… Le « plafond de verre » ? Cette expression désigne les obstacles invisibles qui empêchent certains groupes, souvent les femmes et les minorités ethniques, d’avancer dans leur carrière professionnelle et d’accéder à certaines fonctions, malgré leurs qualifications et leurs compétences. Or, nous sommes loin de la parité quand il s’agit des postes de Présidence ou de Direction, puisqu’au 1er janvier 2022, les femmes n’occupaient que 3 de ces 80 postes. Il y a donc du chemin à faire, en particulier au niveau des postes opérationnels.

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Femmes entrepreneures : quels défis à surmonter ?

En dépit des avancées significatives en matière d’égalité des sexes dans le monde des affaires, des embûches persistantes compliquent le parcours des femmes entrepreneures. Un des principaux défis rencontrés est la crainte de l’échec, exacerbée par un environnement où l’échec entrepreneurial semble moins toléré pour les femmes que pour les hommes. Pourtant, dans un contexte où 80 % des start-ups disparaissent après 18 mois, les erreurs de parcours semblent inévitables. Le plus important, c’est d’en tirer des leçons pour en faire une force.

Le financement représente un autre obstacle majeur. Les données indiquent que les femmes ont plus de difficultés à obtenir des prêts et des investissements externes, avec une tendance des institutions financières et des investisseurs à se montrer plus réticents à financer des projets dirigés par des femmes, particulièrement dans le domaine technologique.
Par ailleurs, la stigmatisation sociale constitue un défi de taille. Les femmes sont souvent prises entre les attentes de réussite dans leur vie professionnelle et les rôles traditionnellement attribués dans la sphère familiale, sans compter la perception et le traitement différenciés dans l’environnement entrepreneurial et professionnel​.

Il est donc essentiel de continuer la sensibilisation à ces défis et de soutenir les femmes entrepreneures dans leur parcours, en veillant à créer un environnement plus inclusif et équitable pour toutes.

Les réseaux féminins, une aide précieuse pour les « Womenpreneurs »

Si on note autant d’avancées sur le chemin de la parité, c’est aussi grâce aux réseaux féminins d’entrepreneures.

Selon Nathalie Lapeyre, sociologue, Professeure des Universités à l’Université de Toulouse 2, et co-directrice du réseau de recherches interdisciplinaire et international MAGE (Marché du Travail et Genre), « le développement des réseaux et des connexions est le principal facteur qui impacte les carrières des femmes et, par conséquent, la possibilité de créer une force politique, interne comme externe à l’entreprise », explique-t-elle dans un entretien accordé à Welcome to the Jungle.

Le networking au féminin serait-il donc la clé du succès pour les femmes entrepreneures ? Dans la chronique Travailler demain du 28 septembre 2020, Nadège Onderka, présidente du réseau féminin Les Premières, témoigne du travail mené par son réseau d’incubateurs et de pépinières dédiés à l’accompagnement des femmes dans la création d’entreprises. « Nous accompagnons les femmes avec des formations aux différents stades de la création d’entreprise. Il y a la partie anté-création, avec une formule Start de 2 jours pour valider sa posture d’entrepreneure et le projet. […] Accompagner la créatrice d’entreprise dans son pitch, dans son business plan… Mais aussi ensuite dans le développement d’entreprise avec le programme Go : c’est je me lance et je suis suivie par des professionnels sur une durée de 6 mois. C’est quelque chose qui est très personnalisé en fonction de la femme en tant que telle et du projet », présente-t-elle entre autres.

Mais pourquoi réserver certains réseaux aux femmes ? « Il y a plus de confiance ; on est entre femmes pour poser des questions, se faire accompagner, et il y a cette bienveillance qui est également très importante », ajoute Nadège Onderka. Une manière solidaire de soutenir l’empowerment féminin dans le monde professionnel, en facilitant la création d’entreprise pour les femmes entrepreneures. Personne ne peut garantir le succès d’une boîte, mais donnons à tous, et en particulier aux femmes, le droit d’essayer.

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Article écrit par Sylvain Guillet et Mélissa Darré, édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ

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