Comment identifier les symptômes d’un burn-out ?
16 oct. 2019 - mis à jour le 10 oct. 2024
6min
Psychologue du travail et psychologue clinicienne
Vous ressentez une fatigue intense, des troubles du sommeil, une perte de motivation au travail ? Ces symptômes d’un burn out ne doivent pas être ignorés, car cet état d'épuisement lié à un stress prolongé impacte à la fois le corps et l’esprit. On fait le point !
Qu’est-ce qu’un burn-out ?
Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, est un état de fatigue physique, émotionnelle et mentale causé par un stress chronique lié au travail. Il survient lorsque les exigences professionnelles dépassent la capacité de la personne à y faire face. Il affecte autant le corps que l’esprit, avec des conséquences parfois graves sur la santé si rien n’est fait pour y remédier, telles que des décompensations physiques ou psychiques, voire même des suicides.
Aujourd’hui, il n’est pas reconnu comme maladie en tant que telle, mais plutôt comme un phénomène lié à des conditions de travail difficiles. Cependant, les contours de la notion de burn-out restent flous, car cela mêle des caractéristiques individuelles (fragilités propres à chacun) et des facteurs liés à l’organisation du travail.*
Résultat : ce manque de reconnaissance du burn-out en tant que “maladie professionnelle” entraîne une réelle difficulté dans sa prévention, mais aussi dans sa prise en charge. Il est donc important de prendre conscience des signes précurseurs de celui-ci afin d’anticiper, pour éviter d’atteindre le point de rupture.
Le burn-out, ça vient d’où ?
La psychologue du travail Noémie Piaget le rappelle : “Le burn-out est le résultat d’un stress chronique qui s’installe dans le temps. Ce stress est provoqué par ce qu’on appelle les risques psychosociaux ou RPS.” Parmi ceux-ci, on peut citer :
- Une charge de travail trop importante
- Le manque de sens au travail
- Le manque d’autonomie et de soutien social
- Le manque de reconnaissance professionnelle
- Un conflit entre ses valeurs et celles de son environnement professionnel
- L’insécurité du travail
Ces facteurs, s’ils sont présents de façon constante et durable, peuvent provoquer un épuisement physique, psychique et/ou émotionnel et entraîner des complications sur le plan médical. Il est donc important de savoir identifier les symptômes d’un burn-out afin de mettre en place des mesures préventives pour en réduire l’impact.
Attention toutefois à l’utilisation du terme “burn-out”, parfois utilisé à tort et trop souvent confondu avec d’autres troubles, par exemple la dépression. « Dans une dépression, on retrouve un sentiment de tristesse, des idées noires, de l’agitation, des troubles du sommeil, etc. Certains symptômes peuvent également être présents dans le burn-out, ce qui peut prêter à confusion. Cependant, le burn-out est un épuisement professionnel lié à des éléments stressants dans le cadre du travail. Il est spécifiquement lié à l’environnement professionnel, tandis que la dépression peut affecter tous les aspects de la vie », précise Noémie Piaget.
De plus, sachez que le trouble d’épuisement professionnel s’inscrit dans la durée et ne survient donc pas à la suite d’une activité plus intense mais courte. Il se manifeste en réalité lorsque nos ressources sont épuisées face aux stress quotidien et récurrent que l’on rencontre dans notre vie professionnelle.
Les 9 signes avant-coureurs d’un burn-out qui doivent alerter
En repérant les signes avant-coureurs, il est possible de réagir en conséquence. « Si l’on se sent régulièrement stressé sur le long terme, si l’on a l’impression de perdre pied, de subir son travail, ou de perdre toute motivation, cela doit amener à se poser des questions, note Noémie Piaget. Les troubles du sommeil sont très fréquents, tout comme l’irritabilité, la colère pour des broutilles, ou la difficulté à supporter les autres. »
Mais attention : la liste qui suit est à prendre avec un certain recul, les signes listés ici pouvant faire référence à d’autres syndromes.
1. Le sentiment de ne plus être aussi efficace au travail
Vous avez le sentiment de ne plus être aussi performant qu’avant. Cela entraîne de la frustration et une dégradation de l’estime de soi qui renforcent la sensation de ne pas être “au niveau”.
2. Les troubles de l’attention et de la concentration
Vous constatez qu’il vous est plus difficile de garder une capacité de concentration suffisante pour mener à bien vos tâches (sensation de “tête vide”, perte du fil des idées, étourderies, perte d’objet, etc).
3. La difficulté à quitter le travail et à se déconnecter
Que cela soit dû à la charge trop importante de travail ou la conséquence des troubles de la concentration, le fait d’essayer de compenser l’un de ces points par des horaires de travail rallongées est un signe à prendre en compte. Malheureusement cette tendance à en faire plus, accentue fatigue et sentiment d’inefficacité.
4. Les troubles du sommeil
Insomnies, réveils nocturnes et préoccupations autour du travail vous empêchent de vous sentir reposé au réveil ou lors de vos moments de pause (week-end, vacances). Une grande fatigue physique et psychique s’installe.
5. Les préoccupations constantes tournées vers le travail
Sentiment d’avoir du mal à décrocher en pensée du travail. Ces ruminations génèrent stress et anxiété.
6. La difficulté à gérer ses émotions
Vous vous sentez irritable, avez tendance à vous mettre en colère plus facilement mais aussi à passer du rire aux larmes sans comprendre ce changement d’humeur.
7. La sensation d’avoir mal partout
Vous souffrez davantage de maux de tête, de tensions musculaires, de mal de dos ou d’infections virales.
8. Les troubles du comportement alimentaire
Vous notez que votre comportement alimentaire a changé, vous avez tendance à manger de plus grande quantité de nourriture, ou au contraire, vous constatez que vous avez très peu d’appétit.
9. Changements comportementaux
Depuis quelque temps vous constatez une augmentation de votre consommation de tabac, d’alcool ou de drogue, afin de compenser la sensation de fatigue ressentie mais aussi atténuer les ruminations. Vous ou votre entourage remarquez également que vous êtes plus cynique et plus pessimiste, avec une tendance à vous isoler, ce qui contraste avec votre comportement ou état d’esprit habituel général.
« Je pense reconnaître un collègue ou me reconnaître dans ces signes avant-coureurs » : que faire ?
Voici donc quelques pistes d’action si vous pensez retrouver ces signes de burn-out chez un collègue ou vous-même :
1. Prendre le temps de s’écouter
Cela ne veut pas dire qu’on soit égocentrique ou bien “trop” à l’écoute de soi. Il s’agit de faire preuve de la même bienveillance envers nous-même que celle dont nous faisons preuve avec nos proches. Prenons donc le temps d’analyser ce qui se passe en nous et d’identifier peut-être certains signes avant-coureurs.
2. Parler et échanger avec ses proches de ses difficultés liées au travail et au stress.
3. Prendre conscience des sources de stress au travail et cerner des points d’action.
4. Provoquer des échanges avec ses collègues et supérieurs hiérarchiques
C’est un bon moyen pour trouver des axes d’amélioration des conditions de travail, afin d’induire un changement bénéfique pour tous les acteurs concernés. « Je conseillerais d’en parler à son manager ou à sa hiérarchie pour essayer de trouver des solutions. Par exemple, dire qu’on éprouve des difficultés à gérer son travail et demander si une réorganisation est possible », suggère Noémie Piaget. Si cela ne suffit pas, il est possible d’en parler au CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) ou à d’autres acteurs internes qui peuvent faciliter le dialogue.
5. Faire des pauses
Prendre le temps de déjeuner sans forcément parler travail et surtout sans manger devant son écran, mais aussi faire une pause de cinq à dix minutes toutes les heures environ pour marcher, sortir prendre l’air, écouter un morceau de musique, s’étirer, bref, respirer.
6. Se déconnecter
On évoque avec son supérieur les moments où nous sommes joignables et, en dehors de ces plages horaires définies, on éteint son téléphone professionnel et s’interdit de consulter sa boîte mail professionnelle. Vous avez le droit à la déconnexion !
7. Investir autre chose que la vie professionnelle
Notre travail est important et peut constituer pour nous une vraie ressource de reconnaissance de nos compétences et nos capacités. Cependant, cela peut rapidement se révéler frustrant si on investit uniquement son énergie au travail. Il est donc primordial de se réserver du temps pour soi (activité artistique ou sportive) et pour voir ses proches.
8. Consulter un professionnel
« Si l’on se sent dépassé, il ne faut pas hésiter à consulter un médecin généraliste, un médecin du travail, ou un psychologue, qui pourront poser un diagnostic et vous accompagner », ajoute Noémie Piaget. Ces professionnels peuvent vous aider à comprendre ce qui, au delà des facteurs organisationnels, a favorisé la mise en place d’un fonctionnement délétère pour soi (tendance au perfectionnisme, surinvestissement de la sphère professionnelle, difficulté à gérer son stress).
Face au burn-out, les entreprises ont un travail de prévention et de formation de leur personnel important à réaliser. Dans ce cadre, elles peuvent solliciter le conseil d’entreprises spécialisées dans la gestion des risques psychosociaux.
Si vous êtes concernés par ces symptômes du burn-out, la question de rester en poste dans l’entreprise qui vous emploie, ou pas, se pose également. Car mieux vaut prendre les devants lorsqu’apparaissent ces premiers signaux. « Au début du burn-out, il est plus simple de revenir en arrière, d’éviter que ça ne dégénère. Mais si les symptômes sont installés et qu’on développe des maladies irréversibles (telles que des troubles cardiovasculaires, de l’hypertension chronique, ou encore des maladies neurodégénératives comme la dépression majeure ou des atteintes cognitives durables), cela peut devenir plus compliqué », note Noémie Piaget. « Si les causes du burn-out n’ont pas été traitées, le risque de rechute est élevé. En revanche, si des actions concrètes sont mises en place, il est possible de reprendre son activité dans de meilleures conditions ! », conclut la psychologue.
Article mis à jour par Daphnée Breytenbach, édité par Manuel Avenel.
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