Nouveau poste : comment éviter la surchauffe des débuts ?
02 nov. 2021
5min
Journaliste independante.
Nouvelle boîte, nouveaux collègues, nouvelles missions… Entre l’excitation et la pression générées par une prise de poste, on peut facilement se retrouver débordé par les événements. Que ce soit pour faire ses preuves ou par passion, les missions et les heures supp’ peuvent insidieusement commencer à s’accumuler et ce, jusqu’à la surchauffe. Avant d’en arriver là, mieux vaut donc anticiper les potentiels pièges d’un emploi qui démarre sur les chapeaux de roue.
Il y a ceux qui font deux heures supplémentaires chaque soir, ceux qui ne savent pas refuser de rendre service ou ont tendance à tout accepter, ceux qui se voient rajouter des missions pour lesquelles ils n’avaient pas signé… À moyen ou long terme, cette surcharge de travail peut s’avérer difficilement viable et mener dans une impasse : comment expliquer à son supérieur que l’on ne peut plus tenir le rythme auquel on l’a habitué jusque-là ? Pour éviter de se griller et de passer par la case démission, Mila M. Elhamdi, consultante en gestion de carrière, nous explique comment naviguer dans un nouveau poste sans boire la tasse.
Détailler sa fiche de poste
Avant de prendre ses nouvelles fonctions, il est primordial de délimiter clairement le cadre de ses missions : une fiche de poste trop vague peut laisser la porte ouverte à de potentielles dérives et abus. « Il est important de bien clarifier les modalités de sa fiche de poste avec son supérieur hiérarchique. Si on va au-delà des missions définies, cela nous donne a posteriori le droit de demander une revalorisation de son poste », détaille la coach professionnelle.
Employée dans les cuisines d’un restaurant depuis plus d’un an, Annabelle fait elle-même les frais d’une fiche de poste qui n’en finit pas de s’allonger. Chaque jour, la jeune femme endosse des missions pour lesquelles elle n’a pas signé, la conséquence de concessions acceptées au début de son contrat. « Quand j’ai commencé au restaurant, je terminais tous les jours 3h plus tard que prévu, parce que la liste de tâches débordait et je ne pouvais pas laisser mes collègues en galère, ce qui ne s’est pas arrangé pendant les confinements. Le problème, c’est que j’aide les autres et que je fais des choses pour que l’on soit mieux organisés en cuisine, mais ce n’est pas mon travail », raconte la cuisinière, qui encore la veille de notre interview s’était rendue sur son lieu de travail avec 3 heures d’avance pour donner un coup de main. Ces horaires à rallonge, censés être temporaires et liés à la crise sanitaire durant laquelle les restaurants peinaient à garder la tête hors de l’eau, se poursuivent et la jeune feme continue toujours d’allonger ses semaines de travail, bien après la fin des différents confinements.
Étudier le terrain
Un peu comme on ne se jette pas à l’eau sans s’être mouillé la nuque, il est fortement conseillé de prendre un peu de recul afin d’observer son nouvel environnement professionnel et s’y adapter. « En début de contrat, beaucoup de salariés vont faire l’erreur de foncer tête baissée et de partir dans la réalisation d’un projet sans avoir pris le temps de connaître leurs collaborateurs, de repérer leurs méthodologies, leur charge de travail, et d’échanger sur leurs connaissances et compétences respectives au poste », poursuit Mila M. Elhamdi. Prendre un moment pour découvrir son nouveau lieu de travail et les éléments qui le constituent est une étape à ne pas négliger pour éviter la sortie de route. La culture d’entreprise ou les process mis en place par ses collègues, par exemple, sont autant d’informations pouvant favoriser la productivité lorsque l’on démarre sur un nouveau poste. Observer ses collègues permet aussi de se mettre au diapason de la charge de travail. N’hésitez pas à récolter des feedbacks de leur part ou à discuter de vos missions respectives.
Connaître ses limites
Que peut-on accepter pour favoriser son intégration dans l’entreprise ? Pour Manon, 26 ans, rendre gracieusement service aux uns et aux autres était surtout l’affaire des premiers mois, lorsque son emploi du temps le lui permettait encore. « Je n’avais pas énormément de missions lorsque je suis arrivée dans mon entreprise, donc j’acceptais volontiers de rendre service. Mais lorsque mon poste s’est vraiment mis en place et que ma charge de travail s’est accrue, j’ai naturellement commencé à poser des limites. Désormais, lorsqu’on me demande de gérer une paperasse administrative, je redirige gentiment la personne vers un collègue », raconte cette ingénieure en hygiène sécurité environnement. Pour préserver sa qualité de vie au travail autant que son équilibre personnel, la Grenobloise a appris à dire non et à poser des limites. « J’aime mon travail, j’aime terminer mes projets et j’aime le challenge, mais il n’est pas question que je me tue à la tâche. Je sais quelles sont mes limites psychologiques et physiques et si je ne parviens pas à gérer plusieurs dossiers qui s’accumulent, ce n’est pas grave : certains sujets attendront trois semaines s’il le faut », poursuit Manon, qui n’a jamais été critiquée par sa hiérarchie pour avoir refusé d’en faire plus qu’il ne faut.
Pour connaître vos limites, pourquoi ne pas lister les situations dans lesquelles vous auriez aimé dire non mais ne l’avez pas fait, puis analysez l’impact que cela a eu sur vos émotions, votre état de fatigue et votre productivité. Prendre conscience des répercussions d’un “oui” donné pour de mauvaises raisons vous encouragera ainsi à mieux être à l’écoute de vos besoins.
Communiquer avec son supérieur
Quand la cadence s’accélère et que le rythme devient difficilement gérable, mieux vaut en parler rapidement avec son supérieur hiérarchique ou les ressources humaines afin d’éviter que cette situation sous tension ne s’installe dans le temps. « L’objectif du manager est de conserver un travail optimal et d’atteindre ses objectifs : il faut adopter le même langage que lui afin de mettre en exergue les problèmes rencontrés », rappelle Mila M. Elhamdi. Pour que le dialogue soit constructif, il faut évidemment souligner les difficultés rencontrées, et pourquoi pas proposer des alternatives pour montrer que l’on est prêt à coopérer au même but. Au lieu de dire que boucler tel dossier est impossible et que l’on n’y arrive plus, on peut ainsi changer de perspective et expliquer que ces tâches supplémentaires nuisent à notre productivité sur nos missions initiales.
Pour Mila M. Elhamdi, si un retour en arrière s’avère difficile, il est alors légitime de prétendre à une revalorisation en fonction du travail réellement effectué. « Cela ne veut pas dire que l’on rentre en conflit, simplement que l’on est en droit de demander une revalorisation de son poste. »
Agir dans les temps
Le timing pour lancer la fameuse discussion a également son importance, l’idéal étant de passer à l’action avant qu’il ne soit trop tard. Avouer à son boss que l’on est à bout de souffle comporte effectivement des risques, à commencer par celui de renvoyer l’image d’une personne incompétente et facilement submergée. La double peine ! « Il n’est pas intéressant pour un manager de nous entendre nous plaindre ou dire que l’on est sous l’eau, cela pourrait lui donner l’impression que nous ne sommes pas à la hauteur », avertit Mila M. Elhamdi.
De son côté, Annabelle, qui envisage de plus en plus sérieusement une démission, s’apprête à jouer son ultime carte : « J’ai convoqué une réunion avec l’ensemble du personnel pour leur expliquer où j’en étais. J’ai noté les points qui me dérangeaient et transmis mes notes au chef, donc il va falloir prendre une décision rapidement. Me répéter constamment que “ça ira mieux dans deux semaines”, ça ne peut plus durer », déplore la jeune femme, bien décidée à retrouver un rythme de travail viable.
Avant de foncer dans son nouveau boulot avec tout l’entrain que cela peut procurer, mieux vaut veiller à formaliser plusieurs éléments. Une fiche de poste clairement définie est un indispensable, mais un temps d’observation de son nouvel environnement et des mises au point avec son supérieur hiérarchique peuvent aussi permettre d’éviter le burn out précoce. Et le burn out tout court, c’est encore mieux.
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Photo par Welcome to the Jungle
Édité par Manuel Avenel
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