Recrutement : les demandes les plus inattendues des candidats
22 mars 2022
4min
Journalist & Content Manager
Parfois extravagantes, carrément mirobolantes ou tout simplement inattendues, les demandes des candidat·es peuvent surprendre même les recruteur·ses les plus averti·es. Et si toutes ne sont pas consenties, d’autres aboutissent, témoignant du renversement profond du rapport de force à l’œuvre entre les recruteur·ses et les candidat·es. Florilège des plus belles perles version 2022 !
Le candidat qui valait de l’or
Type d’extravagance :
Un salaire de ligue 1
Demande du candidat :
Jérémy, RH dans une société du retail, est à la recherche de son prochain Directeur commercial. Un poste clef – qui ramène du blé, CQFD – pour lequel il tente une approche directe auprès de Jean-Charles, plus jeune Directeur commercial du géant des logiciels d’entreprise. Rapidement, Jérémy se rend compte qu’il a en face de lui une personnalité très ambitieuse. Lorsqu’il lui demande ses prétentions salariales, le voilà qui tombe des nues : « Il réclamait un package de 300K annuels (50% fixe et 50 % variable, des stock-options et un véhicule de fonction ». Du jamais vu pour notre interlocuteur. « Le référentiel que j’avais jusqu’ici, c’était 120K avec une répartition à 40% fixe et 60% variable. Et pour moi, c’était déjà un beau salaire ». C’est alors que sa DRH prend le relais. C’est elle qui va trancher sur la demande de ce jeune loup.
Verdict :
Après plus d’un mois de négociations acharnées, et pas moins de trois propositions, Jean-Charles a finalement rejoint l’entreprise, selon SES conditions, avec un système d’augmentation automatique. Cerise sur le gâteau ? L’entreprise lui a même payé un MBA, et offert un welcome bonus à la manière d’un joueur de foot professionnel. En échange : J.-C. a signé une clause le liant à l’entreprise pendant plusieurs années. « Je dois avouer que nous sommes en ce moment dans une période de sidération face aux demandes des candidats, et qu’en réalité, on n’est pas loin d’accepter presque tout. Pour être 100% transparent, si j’étais candidat aujourd’hui, je me ferais plaisir », commente Jérémy.
LA BONNE PAYE
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L’homme au cœur hybride
Type d’extravagance :
Green attitude
Demande du candidat :
Simon a 38 ans. Il est en phase finale d’un processus de recrutement pour un poste de Responsable Marketing orienté mobilité durable, mais dans une entreprise qui n’évolue pas intrinsèquement dans le secteur du renouvelable. Lauriane, la recruteuse, raconte : « Il a fortement insisté pour dire qu’il ne voulait pas d’une voiture de fonction diesel. Le véhicule devait être a minima hybride, sinon électrique. C’était une condition sine qua none à son recrutement ». Parce qu’il rejoignait un job orienté RSE, Simon désirait que tout soit parfaitement aligné en ce sens. Une demande que Laurianne n’avait jusqu’alors jamais reçue, mais la démarche du candidat lui a semblé cohérente et intéressante.
Verdict :
Simon a été pris ! « L’entreprise n’avait qu’une flotte de véhicules diesel, et quelques hybrides qui étaient réservés à des salariés du top management. Mais ils se sont démenés pour lui donner satisfaction », raconte Laurianne. Désormais, notre Responsable Marketing voit la vie en vert au sein de sa nouvelle entreprise.
Une collaboratrice au poil
Type d’extravagance :
30 millions d’amis
Demande de la candidate :
Marlène a la quarantaine et se présente pour un job de Consultante sénior média dans une boîte de publicité. Aurélien se charge de son potentiel recrutement. Les entretiens suivent un déroulé classique jusqu’à ce que la jeune femme formule une requête atypique : venir travailler avec son chien au bureau. « Elle a amené le sujet en étant un peu gênée. Elle m’a expliqué que cela était possible dans sa précédente structure car sa boîte avait mis en place un “pet day” deux jours par semaine », raconte Aurélien. Une demande qui a surpris le recruteur, bien que la chose soit effectivement pratiquée, même dans de grandes boîtes (c’est le cas par exemple chez Swile). « Malheureusement, j’ai dû lui répondre par la négative, car il faut au préalable développer une politique de sensibilisation vis-à-vis des autres collaborateurs. Cela pose aussi des problématiques de santé publique, de responsabilité civile et d’aménagement des locaux. Comme c’était une première, c’est une thématique que nous n’avions jamais adressée », raconte le recruteur.
Verdict :
Marlène et son toutou n’ont finalement pas rejoint l’entreprise. Mais la candidate ne faisait pas de cette condition un élément décisif de son choix. « Si elle n’est pas venue, c’est pour d’autres raisons liées au salaire », relate Aurélien. Waf.
Celui qui aimait trop le sable chaud
Type d’extravagance :
Du full très, très remote
Demande du candidat :
Robin n’a pas encore la trentaine et postule pour un job de Product manager dans la jeune filiale d’un grand groupe traditionnel. Sauf qu’au moment de parler des conditions d’exercice, il annonce la couleur : le jeune homme désire télétravailler depuis la Polynésie, à presque 24h de vol du siège et sous un fuseau horaire à 1000 cocotiers de celui de l’Hexagone. Réaction de Pierre, le recruteur : « C’est vrai que je reçois de plus en plus de demandes de full remote, mais jamais depuis des territoires si éloignés. Dans ce cas précis, le candidat a joué sur le fait que légalement, la Polynésie reste la France. Mais de manière factuelle, c’était carrément compliqué pour un poste si transverse, d’autant que la culture d’équipe de l’entreprise est encore frêle, et que la boîte n’est pas encore habituée à travailler en asynchrone ».
Verdict :
Robin est bien resté sous les palmiers, mais n’a pas obtenu le job. Par contre, il travaille pour l’entreprise en tant que freelance pour des missions ponctuelles. Sous le soleil, exactement.
- À lire aussi : notre collection Full remote et nomadisme : l’avenir du travail ?.
La crème de la crème
Type d’extravagance :
Le beurre et l’argent du beurre à 22 piges
Demande du candidat :
Choisir c’est renoncer. Ça, il l’avait bien compris. Alors, fraîchement diplômé de l’ESSEC, Paul n’avait pas eu envie de trancher. En lice pour un poste de Chef de projet au sein d’une boîte de consulting, le jeune homme a listé pléthore de désidératas au moment de son entretien. « Il voulait travailler en full remote depuis Bordeaux alors que le siège était à Paris. Ses prétentions salariales étaient importantes pour un jeune diplômé, sans compter qu’il voulait être formé sur plusieurs métiers dans la boîte », se souvient Annaëlle, la CEO de l’entreprise. Elle décrit ainsi Paul comme une vraie diva, un jeune homme bardé de confiance en lui, en apparence.
Verdict :
Paul a finalement été embauché, après avoir été fermement recadré. « Face à ce genre de candidat, aussi brillant soit-il, il faut avoir le courage de dire non. C’est un comportement que j’observe souvent chez les jeunes diplômés d’école de commerce. Je lui ai expliqué qu’il devait choisir entre avoir de supers collègues, assister à des top séminaires, être formé de manière rapprochée, et s’installer en province. Dans tous les cas, nous ne pouvions pas lui offrir ce qu’il demandait », se souvient Annaëlle. Résultat des courses, Paul est resté. Depuis, son ego est redescendu et il s’est bien intégré à l’équipe.
Comme quoi, les voies du recrutement sont (parfois) impénétrables !
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Article édité par Ariane Picoche
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