« Je fais passer ma carrière avant ma vie perso, et j'assume » Témoignage
13 avr. 2020
5min
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Fondateur, auteur, rédacteur @Word Shaper
Trouver l’équilibre entre vie pro et vie perso n’est pas chose facile… Mais pour certains, la question ne se pose pas. C’est le cas de Maïa. Elle a 28 ans et est responsable séminaires et banquets dans un hôtel 5 étoiles d’un grand groupe américain, où elle travaille depuis la fin de ses études d’hôtellerie, il y a 7 ans. Très investie dans son travail, elle admet avoir jusque-là donné la priorité à sa vie professionnelle et vouloir continuer ainsi. Et ce, malgré une désillusion amoureuse récente. Elle nous explique ce choix de vie.
« Le monde de la restauration […] je m’y suis sentie comme un poisson dans l’eau »
Comme beaucoup d’enfants, j’ai d’abord rêvé de devenir actrice. Mes parents exercent tous les deux une profession libérale et considéraient, à l’époque, la comédie comme un loisir plutôt qu’un métier. Sans me mettre de barrière, ni m’imposer quoi que ce soit, ils m’ont tout de même convaincue de choisir une autre voie. Le stage obligatoire de 3ème a été l’occasion pour moi de travailler dans une petite brasserie pendant une semaine, et j’y ai découvert pour la première fois le monde de la restauration. Non seulement je m’y suis sentie comme un poisson dans l’eau, mais j’ai en plus réalisé que la restauration et l’événementiel, encore plus que les autres secteurs, pouvaient également comporter une grande part d’acting. Car il faut dire, que l’on est un peu en représentation dès lors qu’on est face à un client. Depuis, je vois cela un peu comme un show, dont la cuisine serait les coulisses.
J’ai d’abord rêvé de devenir actrice […] J’ai réalisé que la restauration et l’événementiel pouvaient comporter une grande part d’acting.
C’est sans doute cette première expérience qui m’a amenée à faire des études d’hôtellerie par la suite. Pour conclure mon Master en hôtellerie et tourisme, j’ai effectué mon stage de fin d’études dans un hôtel 5 étoiles dans le sud de la France, au service commercial et événementiel. À l’issue de ce stage, j’ai eu la chance de me voir proposer un poste en CDI. Les missions étaient doubles : il y avait une dimension commerciale pure qui consistait à négocier avec des clients qui souhaitaient organiser des évènements (séminaires, congrès, mariages) au sein de l’hôtel. Et puis, il y avait une mission de coordination, à chaque signature de contrat, pour faire le lien entre les besoins du client et les équipes de l’hôtel. J’ai ensuite évolué pour devenir responsable séminaires et banquets. Cela fait maintenant 7 ans que je travaille dans cet établissement.
« Mon travail est au cœur de ma vie. C’est autour de lui que j’adapte ma vie sociale, sportive et personnelle »
Je pense que mon éducation m’a inculqué des valeurs de respect qui se répercutent aujourd’hui dans mon travail. Il est certain que je suis quelqu’un de passionné, qui prend son métier très à cœur : je ne compte pas mes heures, comme beaucoup de personnes qui travaillent dans l’événementiel, et mes horaires ne sont pas très définis. Par exemple, il n’est pas question de ne pas répondre quand on m’appelle le week-end, et c’est très important pour moi que mes proches en soient bien conscients.
Il n’est même pas question de ne pas répondre quand on m’appelle le week-end, et c’est très important pour moi que mes proches en soient bien conscients.
Mon travail est au cœur de ma vie, il rythme mes journées et par conséquent, c’est autour de lui que j’adapte ma vie sociale, sportive et personnelle, même si parfois j’ai du mal à me l’avouer. Aujourd’hui, je suis fière de ce que j’ai accompli, fière de ma situation professionnelle actuelle parce que j’ai travaillé très dur pour y arriver. Ce sont mes choix et, même s’ils peuvent paraître inhabituels je n’aime pas me sentir jugée pour cela.
« Cependant, on ne contrôle pas toujours tout et il y a quelque temps, je suis tombée amoureuse. »
Bien sûr, d’un point de vue personnel, ce n’est pas sans conséquence. Ma vie amoureuse en fait notamment les frais. Jusqu’à présent, je ne ressentais pas l’envie de m’engager avec quelqu’un car je souhaitais rester libre et disponible dans l’éventualité où une autre opportunité professionnelle intéressante se présenterait à moi. Cependant, on ne contrôle pas toujours tout et, ironie du sort, je suis tombée amoureuse il y a quelque temps. Or, cette personne avait très envie de voyager, à un point que ça le démangeait de partir, alors que moi j’étais dans l’attente d’une promotion sur mon poste actuel. Nous étions dans une impasse. J’ai bien sûr essayé de lui faire comprendre qu’il lui faudrait m’attendre encore un petit peu : au moins le temps d’obtenir la promotion puis de rester un minimum à ce nouveau poste. Bien qu’au fond je n’avais aucune certitude, si ce n’est une discussion avec mon supérieur au cours de laquelle il m’avait confirmé vouloir me faire évoluer dans un futur proche. Il semblait avoir plusieurs projets pour moi, alors j’étais confiante. Preuve qu’on ne peut vraiment pas tout contrôler : je n’ai finalement pas eu la promotion et mon compagnon est parti.
Je n’ai finalement pas eu la promotion et mon compagnon est parti. Mais si c’était à refaire, je n’agirais pas différemment.
Dans la mesure où il s’agit d’une histoire assez récente, une part de moi que je ne peux négliger a des regrets, c’est évident. Une rupture amoureuse n’est jamais un moment facile, et elle l’est d’autant moins quand elle s’accompagne d’une déception professionnelle. Mais je suis aussi convaincue que c’était légitime de ma part de ne gâcher ni toutes ces années de travail, ni tous les sacrifices que j’avais fait jusque-là, en partant du jour au lendemain. Je suis plus qu’investie dans mon travail et j’aime vraiment ce que je fais, je ne m’imaginais alors absolument pas tout envoyer balader. D’ailleurs si c’était à refaire, je n’agirais pas différemment, car c’est tout simplement ma personnalité. De façon très pragmatique, même si je n’ai pas encore obtenu la promotion escomptée, je sais que les évolutions viendront si je continue à donner le meilleur de moi même.
« C’est le parcours qui m’intéresse plus que la destination »
Je ne sais pas si je suis “carriériste” mais, en tout cas, j’ai un métier de passion, ça c’est certain. J’ai des projets professionnels plein la tête, même si je n’ai pas pour autant de plan tout fait. Je ne me dis jamais « Il faut que je sois directrice d’hôtel dans les 10 prochaines années » par exemple. Non, ce qui m’enthousiasme vraiment, c’est de saisir les opportunités qui se présentent à moi et m’investir à fond. J’aime le parcours plus que la destination. J’ai d’ailleurs encore beaucoup de corps de métier à découvrir dans le secteur de l’évènementiel et de l’hôtellerie, beaucoup de techniques à apprendre pour compléter mon champ de compétences. L’important pour moi, c’est vraiment de me sentir accomplie dans ce que je fais au quotidien, car mon activité occupe une place énorme dans mon équilibre personnel, et c’est quelque chose que j’assume. J’assume d’être une jeune femme qui a des responsabilités et qui prend son travail à cœur. Et si parfois j’ai pu en douter, je sais que pour le moment, ma vie me convient comme elle est. Le reste, on verra plus tard.
J’assume d’être une jeune femme qui a des responsabilités et qui prend son travail à cœur. Et si parfois j’ai pu en douter, je sais que pour le moment, ma vie me convient comme elle est.
Pour conserver son anonymat, le prénom de Maïa a été changé.
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