Boost | Salaire : on en parle ?
20 mars 2018
5min
Le Boost c’est l’événement candidat de Welcome to the Jungle, pour vous guider dans votre vie pro. Une fois par mois, on vous donne rendez-vous en petit comité chez nous avec l’équipe Welcome to the Jungle et autour de deux experts. Ils viennent vous parler franchement de ce qui marche, vous livrent leurs meilleurs conseils, et vous donnent une bonne dose d’inspiration !
Mercredi 14 mars 2018, pour le Boost by Welcome to the Jungle, on a parlé salaire.
Sujet tabou en France s’il en est, nous sommes souvent mal préparés à l’art subtil de la négociation ! Chez Welcome to the Jungle, on a décidé qu’il était temps de s’y mettre.
Pour en discuter, nous recevions :
Tristan Goguillot, Responsable des Opérations chez Lucca, un éditeur de logiciels RH. Dans cette entreprise de 100 personnes, petite particularité : au bout de 3 ans d’ancienneté, chaque collaborateur peut décider du salaire qu’il souhaite avoir. Tristan y travaille depuis plus de 5 ans.
Richard Yarsley, Talent Manager chez Malt, start-up qui met en relation des freelances avec des entreprises et qui repense leur relation de travail. Richard est anglais, diplômé de biologie marine et travaille depuis près de 10 ans dans le domaine du recrutement à Paris.
Connaître sa valeur sur le marché
Première étape pour parler salaire ? Connaître sa propre valeur. Pour cela il faut être curieux et s’intéresser aux rouages du marché : certains secteurs sont plus rémunérateurs tout comme certains métiers sont plus pénuriques, et donc mieux payés. Dans ce cas-là le pouvoir de négociation est plus important. Pour trouver ces informations, les sources les plus sûres ce sont vos proches ! Renseignez-vous sur les salaires de vos amis ou connaissances qui exercent des métiers similaires au vôtre. Si vous n’êtes pas à l’aise avec cette idée, demandez leur une fourchette de salaire, cela peut-être moins abrupt.
Les grilles de salaires publiées sur internet peuvent être un bon indicateur également : celle de Hays, est particulièrement bien construite. Regardez aussi les offres d’emploi et comparez, normalement vous verrez des tendances de salaires apparaîtrent selon le métier et le niveau d’expérience. Tristan nous conseille d’être vigilants : “Attention aux salaires que l’on nous promet à la sortie des écoles de commerce ou d’ingénieur, ils sont souvent gonflés et ne correspondent pas forcément au salaire d’un junior qui entre sur le marché.”
Connaître sa valeur de marché vous permettra d’être pertinent lors la fameuse question “Quelles sont vos prétentions salariales ?”. Cela permet d’éviter le “hors cadre”, comprenez d’annoncer un prix complètement dérisoire par rapport au marché.
Le salaire à l’embauche
Nos deux speakers sont unanimes, il faut avoir réfléchi à ses prétentions salariales avant même de postuler. Notamment, pour savoir vers quel type d’entreprise se tourner, car le salaire peut énormément varier en fonction de la structure visée. Il faut donc avoir une idée précise de ce que l’on veut mais également de ce dont on a besoin en pensant au minimum acceptable pour vivre correctement.
Pour Richard, c’est la responsabilité du RH d’aborder le sujet du salaire dès les premiers entretiens. Cela évite d’aller trop loin dans le process et de faire perdre du temps à tout le monde en cas de non alignement. Si le recruteur n’en parle pas, il faut le faire, habilement, à la fin du premier entretien par exemple. On annonce ainsi le salaire souhaité, en argumentant soutient Tristan. On peut ainsi revenir sur sa valeur de marché en montrant que l’on s’est bien renseigné : “Je me suis renseigné auprès de…”, “Pour mon poste, le salaire habituel est de…”. Vous pouvez annoncer une fourchette ou un prix brut, mais comme le souligne Tristan : “Le risque, c’est que le recruteur ne retienne que le chiffre le plus !”. Attention également à rester honnête lors du processus de recrutement : ne pas gonfler le premier prix annoncé au fur et à mesure des étapes, ou si c’est nécessaire, expliquer pourquoi.
Au-delà du salaire, le candidat doit impérativement se renseigner sur le package global : les conditions de travail, les RTT, les primes, les éventuelles stock-options. Ces éléments peuvent faire toute la différence ! Intéressez-vous le plus finement possible au business de l’entreprise que vous souhaitez rejoindre. Attention tout de même à ne pas tout accepter (si difficile que ce soit) : par exemple si l’on vous propose une prime sur objectifs, veillez à bien valider les objectifs en amont ou à sécuriser cette prime sur une période donnée.
Si l’on ne vous accorde pas le salaire que vous vouliez, n’hésitez à demander les raisons précises de ce refus de manière constructive. Cela peut s’expliquer par des éléments que vous n’avez pas en tête et qui, bien identifiés, vous permettront de prendre votre décision en cas d’offre de la part du recruteur. Enfin, renseignez vous sur l’évolution du poste, le salaire proposé à l’embauche est peut-être temporaire et vous pourrez ensuite monter rapidement en grade. La rémunération est un élément certes essentiel mais elle ne peut conditionner à elle seule votre motivation pour un poste. Toute offre de job doit être regardée dans son ensemble : intérêt des missions, qualité du projet et de l’équipe, possibilité d’évolution, impact de cette expérience sur le développement de vos compétences et votre valeur à plus long terme, etc…
L’augmentation en entreprise
Dès qu’il y a une insatisfaction sur le salaire, il faut en parler à son manager, tout en ayant pris soin d’en étudier la cause en amont. La frustration ne provient pas forcément du salaire que l’on gagne, elle peut être liée à un manque de reconnaissance au sein de l’entreprise, une sur-sollicitation, une mauvaise gestion du rythme de travail… Les causes sont multiples, les solutions également.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’entretien annuel n’est pas nécessairement le moment idéal pour demander une augmentation. Cela peut même avoir des effets néfastes : concentré sur la question de la rémunération, le collaborateur n’écoute plus le feedback de son manager. Pour Richard, il peut être légitime de re-négocier son salaire après un gros projet mené à bien ou suite à un changement de poste dans l’entreprise. Le pourcentage d’augmentation diffère selon l’entreprise : 2 à 3 % dans une grande entreprise (le salaire d’entrée y est plus élevé), plutôt 5% dans une start-up en forte croissance. Cependant il n’y a pas de règle, la notion même d’augmentation n’est pas automatique et dépend surtout de la performance du collaborateur.
Pour préparer son argumentaire il faut se refaire le film de son année, évaluer ses performances, voir si son niveau de responsabilités a augmenté. Il peut également être utile d’analyser le marché, voir si sa valeur a évolué, en passant éventuellement des entretiens. Cet exercice doit être fait tout au long de sa carrière, pour être à jour continuellement.
S’il n’est pas possible d’obtenir une augmentation, il ne faut surtout pas se braquer, cela pourrait instaurer un climat anxiogène entre vous et votre manager. Au contraire, essayez d’en comprendre la ou les raisons avec votre supérieur. Cela ne dépend pas forcément de votre performance, cela peut simplement être lié au contexte économique de l’entreprise. Si votre poste n’a pas bougé, voyez concrètement comment vous pouvez élargir votre périmètre d’action ou passer sur un poste plus senior. Cela justifiera sûrement une augmentation de salaire dans le futur.
Enfin, il est indispensable d’avoir en tête que la rémunération doit toujours être envisagée dans une perspective plus large, en fonction de son projet professionnel, et à mettre en lien avec d’autres éléments : cadre de travail, niveau de responsabilités, équilibre vie pro / vie perso, épanouissement… Rien n’est figé et les choses peuvent vite évoluer !
Rendez-vous au prochain Boost !
Les 5 points à retenir
- Bien connaître sa valeur de marché pour proposer un salaire cohérent avec son métier / son secteur
- Sur le salaire à l’embauche, bien se renseigner sur le package global et les évolutions du poste à court et long terme
- Ne pas attendre les entretiens annuels pour parler salaire avec votre manager : quand il y a une frustration, il est sain d’en parler
- Ne pas se braquer en cas de refus d’une augmentation mais chercher plutôt à comprendre pourquoi, et comment évoluer dans l’entreprise pour atteindre le salaire souhaité
- Le salaire ne fait pas tout, il doit être mis en perspective avec d’autres éléments relatifs au cadre et à l’environnement de travail
Inspirez-vous davantage sur : Boost
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