Entretien d'embauche : comment répondre à la question « quels sont vos défauts ? »

14 oct. 2022 - mis à jour le 14 oct. 2022

8min

Entretien d'embauche : comment répondre à la question « quels sont vos défauts ? »
auteur.e
Sylvain Guillet

Journaliste web

Et si savoir parler de ses défauts en entretien d'embauche était… une qualité ? Les recruteurs l’ont bien compris : le candidat parfait est un être imparfait, qui a conscience aussi bien de ses atouts que de ses points faibles. Pourtant, lors d’un entretien de recrutement, cet exercice est souvent jugé trop risqué par les candidats, qui n’osent pas se mouiller en faisant passer des qualités pour des défauts (« je suis trop perfectionniste »). Et c’est bien dommage, car une réponse sincère et bien travaillée peut tout à fait séduire le recruteur !

Découvrons comment il est possible de réussir son entretien d’embauche en montrant ses failles, grâce aux conseils de Christophe Schnoebelen, spécialiste learning & development et auteur de l’ouvrage Réussir un entretien d’embauche (Jouvence, 2016).

Sommaire :

  • Pourquoi est-il important de savoir parler de ses défauts en entretien ?
  • Comment identifier ses défauts ?
  • Faut-il être 100% honnête ?
  • Comment parler de ses défauts ?
  • Quelques exemples de défauts pour trouver l’inspiration (ou non)

Pourquoi est-il important de savoir parler de ses défauts en entretien ?

Avant toute chose, il est bon de rappeler qu’un recruteur n’a pas pour objectif de vous « déstabiliser ou mettre en difficulté, comme le souligne Christophe Schnoebelen. Il est là pour trouver la bonne personne pour le poste. » Dès lors, s’il vous demande quels sont vos défauts, ce n’est pas pour vous tendre un piège vicieux - « il sait que personne n’est parfait » - mais plutôt de « voir si la personne a une bonne connaissance de soi », affirme notre expert.

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Lorsqu’on souhaite connaître quelqu’un dans son ensemble, on en analyse tous les bords, en prenant soin de ne pas oublier les faces cachées et les recoins d’ombre. Lors d’un processus de recrutement, c’est la même chose ! Le recruteur cherche à comprendre votre personnalité de manière exhaustive : « En entretien, on aime que la personne nous donne tous les éléments de sa personnalité pour nous permettre de se projeter avec lui dans le futur », estime Christophe Schnoebelen. Et pour cela il n’hésite pas à vous pousser dans vos retranchements, d’où l’inévitable question : « pouvez-vous me parler de vos défauts ? »

Que ce soit dans un cadre professionnel ou non, savoir parler de ses défauts est une preuve d’honnêteté et démontre vos capacités d’auto-analyse. Grâce à ce regard objectif (jusqu’à un certain point) porté sur vous-même, vous êtes alors plus prompt à vous remettre en question, et ainsi à vous améliorer et à travailler sur vos faiblesses. C’est un aspect apprécié des recruteurs, puisque cela signifie qu’à défaut d’être parfait (personne ne l’est !), votre personnalité reflète un goût pour la recherche de perfectionnement.

Pour Christophe Schnoebelen, l’authenticité du candidat est essentielle : « Je préfère quelqu’un qui avoue qu’il a des difficultés en anglais mais qui a envie d’apprendre et qui a déjà des pistes d’action à me présenter, plutôt que mentir et risquer de se faire disqualifier. »

Connaître ses défauts traduit également un certain degré de maturité. Cela ne se voit pas sur un CV, mais “ l’expérience de soi-même “ est un atout lorsqu’il s’agit de travailler de façon plus efficace ou d’harmoniser ses relations avec les membres de son équipe. Par exemple, en expliquant au recruteur que vous avez tendance à vous déconcentrer rapidement, vous pourriez en profiter pour lui détailler comment vous avez appris avec le temps à travailler sur ce défaut. Christophe Schnoebelen suggère d’ailleurs aux candidats de parler de « points d’amélioration » plutôt que de défauts. Ainsi, vous montrez non seulement que vous assumez vos points faibles, mais aussi que vous en faites une opportunité pour grandir personnellement et professionnellement.

Comment identifier ses défauts ?

Avant de pouvoir parler de ses défauts en entretien d’embauche, il faut commencer par lister ceux qui s’appliquent à votre profil. “Parlez-moi de vos défauts“ est donc une étape de l’entretien qu’il faut préparer en amont, car elle requiert une bonne connaissance de soi.

Une bonne dose d’introspection

La meilleure façon d’identifier ses défauts, c’est de tourner son regard vers l’intérieur. « Connais-toi toi-même » proclamait la maxime sur le temple de Delphes. Pour certains, l’introspection est un réflexe naturel qui demande assez peu d’efforts. Pour les autres, qui n’ont jamais été habitués à réfléchir à leur personnalité, le travail sera un peu plus difficile mais loin d’être impossible.

Certains vont chercher de l’aide dans les tests de personnalité, qui sont censés mettre en lumière les contours de votre identité. Néanmoins, la notoriété croissante de ces questionnaires (on peut citer le test des 16 personnalités) interroge. Leur manque de précision est décrié, et ils auraient tendance à nous conforter dans une certaine idée qu’on se fait de nous-même, voire à nous enfermer dans des cases. Il est donc préférable de s’en passer.

Par ailleurs, même si certains de vos défauts vous viennent spontanément à l’esprit, prenez le temps de vous poser afin d’en lister le plus possible. Il sera ensuite plus facile de sélectionner ceux dont vous choisirez de parler au moment de l’entretien.

Un conseil : allez chercher dans vos souvenirs les moments où vos défauts se manifestent. À Noël, vous étiez toujours le premier debout pour aller ouvrir les cadeaux ? Vous êtes peut-être impatient (ou curieux, à vous de choisir). Vous achetez souvent des billets d’avion sur un coup de tête ? Vous êtes peut-être impulsif. Vous avez dépensé toutes vos économies dans des cours de peinture, puis de photographie, puis de saxophone ? Vous êtes passionné, c’est bien, mais vous vous lassez rapidement. Analysez votre vie comme vous le feriez pour le personnage d’un livre, et soyez critique à l’égard de vous-même.

Ne faites pas l’impasse sur vos défauts en situation professionnelle, ce sont ceux qui intéressent le plus les recruteurs. Certains de ces défauts se retrouvent dans tous les aspects de votre vie (impatient, bavard, impulsif, etc.), tandis que d’autres sont un peu plus spécifiques au monde du travail (autoritaire, ambitieux, désordonné, etc.).

Demandez à votre entourage

Ensuite, vous pourriez aussi interroger les personnes que vous côtoyez dans votre vie quotidienne comme vos amis, votre famille, vos collègues ou anciens collègues de bureau. C’est aussi simple que ça. La nature humaine est assez critique envers son prochain, il y a donc de fortes chances que votre entourage n’ait pas besoin de réfléchir longtemps pour vous énumérer vos défauts. Bien qu’il ne soit pas toujours facile de rester de marbre, surtout, ne vous vexez pas ! Après tout, c’est pour vous permettre de décrocher un job qu’on vous parle de vos défauts, non ?

La bonne nouvelle, c’est que certains de vos proches le font sans que vous n’ayez besoin de leur demander. Vous pouvez tout simplement réfléchir aux feedbacks que l’on vous a fait lors de vos dernières expériences professionnelles !

Faut-il être 100% honnête ?

Nous avions déjà vu que mentir sur son CV n’était pas l’idée du siècle. Mais qu’en est-il de la question des défauts en entretien ? À vouloir être trop honnête, ne risque-t-on pas de se tirer une balle dans le pied ? Savoir comment parler de ses défauts en entretien est un véritable casse-tête chinois pour certains candidats, qui ne savent pas s’il vaut mieux mentir, - au risque de se décrédibiliser aux yeux du recruteur -, ou dire la vérité en priant que cela ne fasse pencher la balance en leur défaveur.

Mentir, c’est mal…

Soyons clair : laissez tomber l’hypocrisie, car c’est le meilleur moyen de perdre des points pendant votre entretien. N’écoutez pas votre pote au chômage qui vous conseille de dire un défaut « qui peut aussi être une qualité » (exit les « trop curieux », « trop perfectionniste » ou « trop investi » dans votre travail). Aucun recruteur ne se laissera pas berner par de tels mensonges, donc prenez soin de les éviter. Et quand bien même il y aurait un peu de vrai dans tout cela, ce sont des clichés éculés qui ne vous permettent pas de sortir du lot.

… mais toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire

Oui, il faut être honnête avec le recruteur, mais soyez-le intelligemment ! Sélectionnez stratégiquement les défauts qui peuvent être évoqués en entretien, et éliminez ceux qui pourraient vous pénaliser. Il est peu probable qu’un recruteur écarte votre candidature si vous lui avouez être compétitif. En revanche, il risque de moins apprécier le fait que vous soyez paresseux ou incapable de travailler en équipe. Faites preuve de bon sens pour rester authentique sans réduire vos chances de décrocher le poste. De plus, Christophe Schnoebelen conseille « de choisir des défauts qui sont liés au poste », car ce qui intéresse d’abord le recruteur, c’est de pouvoir « se projeter avec cette personne dans l’équipe et dans le poste. »

Par ailleurs, bien qu’il soit normal de garder certains de vos défauts pour vous, réfléchissez tout de même à leur compatibilité avec le job auquel vous postulez. Par exemple, si vous perdez rapidement patience avec les gens, demandez-vous s’il est judicieux de candidater pour un poste de chargé de relation client. Cette réflexion en amont vous évitera une perte de temps, aussi bien à vous qu’à votre recruteur.

Comment parler de ses défauts ?

Connaître ses défauts, c’est bien, mais encore faut-il savoir en parler. Le recruteur ne va pas vous demander de rédiger une dissertation de 4 pages sur vos points faibles, mais il s’attend tout de même à ce que vous rentriez un peu dans les détails. Ne vous contentez-pas de dire : « je suis trop compétitif » en laissant ensuite le silence s’installer. Développez, expliquez, justifiez-vous ! Pourquoi considérez-vous ce trait de personnalité comme un défaut ? Dans quelles circonstances se manifeste-t-il ? En quoi vous a-t-il posé problème par le passé ? Démontrez que vous avez pleinement conscience de cette faiblesse, et que vous avez réalisé un gros travail de réflexion afin d’identifier les conséquences négatives que ce défaut peut avoir dans votre vie professionnelle.

Plus important encore, expliquez au recruteur quelles mesures vous avez prises pour travailler sur ce défaut. Là encore, soyez exhaustif. Si vous dites simplement « j’ai lu un article qui parle des personnes trop compétitives », c’est un peu léger. Montrez votre volonté de ne pas maintenir le statu quo dans votre vie, et prouvez votre capacité à prendre à bras-le-corps les difficultés inhérentes à votre personnalité : « depuis 6 mois, je suis accompagné par un coach en développement personnel, que je vois en dehors de mes heures de travail, afin de travailler sur mon besoin d’être le meilleur. J’ai compris que ce défaut est lié au fait que je me compare trop aux autres, car au fond je manque de confiance en moi. J’en ai beaucoup discuté avec mon ancien manager car je ne voulais pas que cela impacte mon travail et mes collègues, et grâce à cela j’ai réussi à accepter l’idée que je ne peux pas tout le temps être parfait et qu’il y aura toujours meilleur que moi. D’ailleurs, mes dernières lectures sur le sujet m’ont aussi aidé à réaliser qu’être compétitif peut aussi être une force, à condition de maîtriser la façon dont cela s’exprime dans le cadre professionnel. »

Quelques exemples de défauts pour trouver l’inspiration (ou non)

L’espèce humaine est composée d’une mosaïque d’individus aux personnalités bien différentes ; c’est ce qui fait sa richesse et l’unicité des rencontres. De ce fait, le répertoire des défauts humains est bien fourni (celui des qualités aussi, rassurez-vous). Voici quelques exemples de travers qui pourraient vous inspirer lors d’un entretien (à condition que le défaut ne soit pas incompatible avec le poste) :

« Je suis bavard »
« Je suis compétitif »
« Je suis idéaliste »
« J’ai une tendance au conformisme »
« Je suis obstiné »
« J’ai du mal à dire non »
« Je suis timide »
« Je suis hypersensible »
« Je suis stressé »
« Je suis rêveur »
« Je suis maladroit »

Ces défauts qui n’en sont pas

Les défauts suivants sont à éviter. Outre le fait qu’ils sont souvent faux et traduisent votre hypocrisie, ils ne permettent pas au recruteur d’apprendre à mieux vous connaître :

« Je suis à cheval sur les principes »
« J’ai une soif incontrôlable d’apprendre »
« Je suis hyperactif »
« Je n’arrive pas à m’arrêter de travailler »
« Je suis trop perfectionniste »
« J’ai tout le temps trop d’idées »
« J’ai peur de l’échec »

Ces défauts qu’il vaut mieux garder pour soi lors d’un entretien d’embauche

Comme nous l’avons vu plus haut, il y a certaines vérités qu’il vaut mieux garder pour soi lors d’un entretien d’embauche. Voici une liste de défauts qu’il est préférable de ne pas mentionner au recruteur :

« Je suis technophobe »
« Je ne suis pas très collaboratif »
« Je suis autoritaire »
« Je suis envieux »
« Je suis misanthrope »
« Je n’aime pas recevoir des ordres »
« Je suis capricieux »
« Je suis paresseux »
« Je suis orgueilleux »
« Je n’arrive jamais à finir ce que je commence »

Surtout, n’oubliez pas que toute pièce a deux faces. Dans de nombreux cas, un trait de personnalité peut être vu à la fois comme une qualité et comme un défaut. Tout dépend de la manière dont il se manifeste dans votre comportement. « Un défaut est une qualité poussée à l’extrême » selon la formule de Christophe Schnoebelen. Par exemple, l’ambition est perçue comme une qualité en entreprise, puisqu’elle démontre votre volonté et votre détermination, mais elle peut rapidement se transformer en arrivisme si elle devient obsessionnelle. D’un autre côté, la lenteur au travail, si souvent réprimée dans un monde où tout va vite, peut être un signe de méticulosité. Apprenez donc à montrer la face positive de vos défauts aux recruteurs !

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