Candidats fans des entretiens : leurs conseils pour y aller détendu
27 févr. 2025
5min
Pour la grande majorité de la population active, l’entretien d’embauche est synonyme d’inconfort. L’enjeu est grand, le stress prédomine, les normes sociales rendent l’exercice formel… Mais pour un plus petit nombre, ces rendez-vous professionnels suscitent, au contraire, un certain enthousiasme.
« Lors de mon premier entretien je m’attendais à être angoissée, mais je me suis surprise à être complètement détendue », entame Reyhan, 24 ans. La jeune femme, formée au journalisme puis à la publicité, fait partie de ceux qui regardent d’un œil positif ce rencard pro. Une occasion ponctuelle, certes un peu formelle, de valoriser son parcours et ses compétences. « J’ai réalisé qu’on y allait pour se vendre, or on est la personne la mieux placée pour connaître son parcours, ses compétences et ses attentes. Si on arrive à créer un climat de confiance avec le recruteur, l’entretien peut devenir un moment très sympa ! », optimise la jeune femme. Beaucoup se trouvent pourtant bien loin de leur zone de confort face à un recruteur dont les questions peuvent rappeler une époque scolaire révolue. La simple idée de l’exercice peut accélérer les battements du cœur, nouer la gorge, créer une boule au ventre… Autant de symptômes d’un stress parfois difficile à gérer dans un moment décisif professionnellement.
Selon un sondage réalisé par Indeed en 2015 sur 1001 personnes actives, plusieurs facteurs peuvent participer à l’anxiété pré-entretien : 33% des répondants ont déclaré appréhender un RH intimidant ou agressif, 31% redoutent de ne pas savoir répondre à des questions sur leur corps de métier, tandis que 26% craignent de devoir s’exprimer dans une langue étrangère. La prophétie auto-réalisatrice se met alors en branle, puisque l’anxiété aide rarement à fluidifier les interactions. « Les candidats qui ressentent une forte anxiété ne réussiront pas bien leurs tests, alors que ceux qui sont motivés par ces examens réussiront mieux, tant au test qu’en poste », expliquait Julie McCarthy, professeur au Department of Management de l’université et participante à une étude sur l’influence du comportement sur la performance aux exercices en entretien d’embauche publiée dans le Journal of Applied Psychology.
Faire la paix avec les entretiens d’embauche
Celles et ceux qui abordent les entretiens détendu(e)s – et parfois même, avec plaisir – ont accepté de nous livrer leur vision de l’exercice, pour inspirer une bonne dose de sérénité avant de fermer la porte derrière soi.
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L’occasion de faire un bilan de ses compétences
« Quand on touche à la fin de ses études et qu’on commence à cumuler quelques années d’apprentissage et de compétences, l’entretien peut s’avérer hyper valorisant », pose Reyhan. Lorsque l’on commence à cumuler de l’expérience, confronter ses connaissances à une fiche de poste aux missions concrètes peut permettre de réaliser le chemin parcouru et au passage, de prendre confiance en soi et en son aptitude à endosser un poste. « C’est lorsqu’on a plein de choses à dire en entretien qu’on réalise qu’on a appris beaucoup de choses et qu’on assimilé beaucoup de savoir-faire. » Alors qu’elle cherchait à intégrer une rédaction après trois années d’études en journalisme, la jeune femme commence d’abord par minimiser ses compétences auprès du rédacteur en chef : « Je ne veux pas vous décevoir sur les missions, je n’ai peut-être pas les réflexes… », avance-t-elle timidement, avant de ressortir quelques minutes plus tard, reboostée. « Le recruteur a senti mieux que moi que je pouvais gérer sur ce poste, ça m’a ouvert les yeux sur ce dont j’étais capable. »
Connaître sa valeur sur le marché
Urbaniste de 29 ans, Antoine voit dans les entretiens l’occasion de prendre conscience de sa valeur sur un marché du travail fluctuant. « Trois ou quatre fois par an, je me fais démarcher sur LinkedIn pour du travail. Parfois c’est hors sujet, parfois ça tombe pile-poil, mais je donne systématiquement mon numéro pour qu’on en discute. Ça ne me coûte rien et ça me permet de savoir pourquoi on me recherche, quelles compétences sont valorisées, quels salaires sont pratiqués… Ça me permet de me situer dans mon emploi actuel ! Je réalise parfois qu’il y a des opportunités hyper intéressantes dans mon secteur, ou que je suis au contraire très bien loti dans ma boîte. Ça permet de faire le point sur soi, ce qu’on aime ou pas dans son boulot, ce qui existe ailleurs… C’est un bon exercice. » Sans nécessairement être en recherche d’un nouveau poste, les entretiens croisés peuvent donner la température d’un secteur, quitte à renégocier sa position au sein de son entreprise.
Réviser le rapport de force
« Au départ j’étais un peu stressée dans mes premiers entretiens parce que j’avais l’impression que la relation était hyper déséquilibrée, remet Sarah, 26 ans. J’étais la jeune avec seulement quelques années d’études à mon actif, qui venait quémander un stage. » Mais avec le temps et l’expérience, la jeune journaliste relativise : si un ou une candidat(e) n’a pas le CV adéquat, on ne le rencontre pas. Surtout, la loi de l’offre et de la demande s’applique différemment dans un processus de recrutement : l’entreprise aussi a un besoin humain à combler. « J’ai réalisé que les entreprises se reposaient beaucoup sur les postes auxquels je postulais et ça a été un déclic : elles avaient quasiment autant besoin de moi que j’avais besoin du job. Je n’ai pas à me plier en quatre ou à demander une faveur à l’entreprise, puisque tout part de leur besoin de trouver quelqu’un.* »
Désacraliser le moment
De son côté, Fanny envisage ce moment tant appréhendé par le plus grand nombre comme une sorte de jeu, pour désacraliser l’entretien et s’approprier ses codifications. Un peu comme un date amoureux où deux personnes apprennent à se découvrir, mais appliqué au domaine professionnel. « Quand je faisais des dates je le prenais à la cool, j’y allais ouverte et curieuse, sans avoir trop d’attentes. J’essaie de faire la même chose en entretien, et même quand je traverse une période où j’ai vraiment besoin d’un job, j’essaie de ne pas me mettre trop la pression au risque de me disqualifier », détaille celle qui fait du business développement dans une agence de design. Elle parvient ainsi à trouver à la rencontre un côté ludique et challengeant : « Ce qui me plaît, c’est que c’est une manière de tester mon parcours, ma manière de me raconter, de m’adapter à mon interlocuteur… Dans l’idée de marquer les esprits sans être trop clivante.* »
Pratiquer l’exercice pour moins l’appréhender
« C’est vraiment les entretiens auxquels j’avais la flemme d’aller qui m’ont donné confiance en moi », pose Sarah. Avec moins d’enjeu professionnel et donc moins de pression, la journaliste navigue mieux dans la trame de l’entretien. « J’étais plus détendue, ce qui a mené à un échange constructif, entre deux à quatre personnes. Et d’ailleurs, un des meilleurs entretiens que j’ai fait s’est terminé sur un refus de ma part. Je suis passée pour quelqu’un de dynamique puisque j’avais de vraies questions, je voulais dissiper tous mes doutes, me projeter au maximum, connaître les perspectives d’évolution… Et on a fini par se mettre d’accord sur le fait que les missions ne m’intéressaient pas suffisamment », explique Sarah.
Créer un contact humain
Le côté procédurier et mécanique des processus de recrutement en font parfois oublier son aspect humain. Bien présenter, bien parler de son parcours, répondre à une trame de questions quasi identiques peu importe le candidat… Mais un entretien n’en reste pas moins une rencontre entre deux individus – un recruteur et un candidat – qui peut sortir des rails habituels pour voir naître une véritable alchimie. « Quand l’échange se passe bien, il peut y avoir une vraie discussion, et c’est ce moment plus léger que je préfère », souligne Reyhan. Même chose pour Sarah, qui mise sur l’honnêteté et le contact humain : « J’essaie de montrer que je suis sympathique et que je peux être un bon élément humain au sein de l’équipe. À l’inverse, je veux m’assurer de ne pas tomber dans un environnement de travail toxique, où je pourrais entendre des remarques racistes ou LGBTphobes. Mais si la recruteuse est transparente dans ses recherches et qu’on commence à construire une relation de confiance dès l’entretien, je me dis que j’ai moins de chances de me faire avoir ».
L’enjeu inhérent à un entretien d’embauche peut logiquement engendrer stress et anxiété, mais avec un peu de recul sur cette rencontre et un regard plus humanisé, l’entretien peut être envisagé de manière positive. Sans oublier qu’au plus vous passerez d’entretiens d’embauche, au mieux vous saurez les appréhender – quitte à demander aux recruteurs avec qui ça n’a pas fonctionné pourquoi vous n’avez pas été retenu, afin de connaître vos points de vigilance. Soufflez un grand coup, ça va bien se passer.
*Les prénoms ont été modifiés.
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