Comment savoir dire « non » au travail ?
18 déc. 2017
4min
« Non. » Voici l’un des mots les plus courts, les plus incisifs de la langue française. Si les enfants l’utilisent avec un malin plaisir, les adultes entre eux semblent l’oublier au point même d’avoir peur de le prononcer. Mais pourquoi est-il si difficile de savoir dire “non” ? Ce mot qui semble problématique est pourtant garant de notre bien-être. Savoir dire “non” est le premier acte de liberté et d’indépendance vis-à-vis d’autrui. En milieu professionnel c’est un gage de sérieux et de connaissance de soi et pourtant combien sommes-nous à ne pas savoir dire “non” à notre manager, à un client, à un collègue…?
Welcome to the Jungle a décrypté ce qui se joue derrière ces trois lettres et vous dévoile quelques conseils efficaces pour apprendre à savoir dire “non” de manière diplomatique.
« Être libre c’est savoir dire non » Jean-Paul Sartre
Savoir dire “non”, pourquoi est-ce si difficile ?
Quand il s’adresse à autrui, le refus est perçu comme négatif c’est pourquoi il est socialement mal vu. Qui n’éprouve pas une émotion de malaise au moment de dire “non” à quelqu’un ? Pour certains le simple fait de refuser le journal tendu à l’entrée du métro est source d’une gêne émotionnelle intense. « La plupart des gens se disent : “Si je m’affirme, si je dis non que va penser l’autre ? L’autre va me rejeter.” C’est la peur que le lien se coupe avec l’autre qui empêche de dire non », d’après Isabelle Méténier, psychologue.
Cette croyance sociale nous pousse malheureusement à ne pas prendre en compte notre estime personnelle. Savoir dire “non” c’est avant tout connaître ses propres besoins et envies. Dire “oui” seulement parce qu’on ne souhaite pas subir des conséquences (déception ou défiance de votre interlocuteur, de votre manager etc.) c’est s’enlever tout libre arbitre. Sur le plan professionnel dire “non” c’est aussi montrer que l’on connaît ses missions et ses limites.
Savoir dire “non”, comment faire ?
En milieu professionnel il est bon de connaître ses droits et ses obligations en tant qu’employé. Le “non” peut revêtir plusieurs formes :
- Un “non” qui ouvre au débat et à la discussion.
- Un “non” ferme et un refus face à une demande.
1. Le “non” qui ouvre le débat : un acte sain qui s’apprend
Celui-ci, avec la bonne formulation, peut nourrir des idées nouvelles et aboutir à une décision constructive. Un débat par principe est productif, un employé est en droit de dire à son manager qu’il n’est pas d’accord avec lui. La seule condition est d’être capable de donner les raisons et les arguments qui poussent à le contredire.
Par exemple, une réunion qui est normalement un moment de partage et d’échange peut devenir un monologue d’une seule personne en l’absence de divergence de point de vue. Or l’émergence des idées nouvelles naît dans la confrontation de points de vue différents.
2. Dire “non” à son manager : connaître ses droits et ses devoirs de salarié
Ici la légitimité du refus dépend du caractère de la demande, de la manière dont elle a été formulée et enfin du code du travail. Un salarié est tenu par l’exécution de bonne foi de son contrat de travail. Ce qui peut impliquer par exemple de devoir dépasser ses horaires habituels à titre exceptionnel. Un manager a le droit de demander à son salarié de faire quelques heures supplémentaires du moment que celui-ci respecte un délai de prévenance suffisant et que sa demande est légitime. En revanche, si le refus relève de raisons valables et défendables alors savoir dire non à son chef relève du bon sens.
Exemple : vous devez rendre un projet avec un délai impossible ? Vous croulez sous le travail et on vous ajoute des tâches qui ne font pas partie de vos missions ? On vous demande d’atteindre des objectifs mais on ne vous donne ni les moyens ni les ressources ? Un “non” qui résulte d’une réelle justification, sera difficilement sanctionnable.
Conseil : argumenter et justifier son refus par des raisons objectives.
3. Relativiser les conséquences du “non”
La première résistance que l’on rencontre lorsqu’on se projette dans le “non” c’est la peur face à la réaction de la personne face à nous. Lorsqu’on veut s’opposer à quelqu’un on imagine immédiatement que la personne va mal réagir, on pense au pire. La première étape est donc de prendre conscience et d’accepter nos peurs. Comment ?
- Analyser quelle peur nous guette : crainte de déplaire, d’être mal vu de son manager, peur d’être mis en marge de l’équipe, d’être rejeté, d’être vu comme incompétent, etc.
- Questionner ses peurs pour les remettre en cause : est-ce que le fait de dire “non” à cette mission va remettre en cause l’intégralité de notre travail au sein de la tribu ? La réponse est “non” !
Notre conseil ? Exprimer ses peurs à voix haute à un proche ou les mettre par écrit permet d’en diminuer l’impact émotionnel.
4. Savoir dire “non” c’est savoir se préserver
Dans un monde du travail où il faut être le meilleur, savoir dire “non” c’est aussi montrer que l’on est capable d’évaluer quand est-ce que la limite de sa capacité de travail est franchie. Ce refus va de paire avec une grande qualité : la transparence. Pourquoi dire que nous pouvons toujours plus si la vérité c’est que nous ne pouvons pas ? Accepter un projet en sachant qu’il sera impossible de le réaliser faute de temps ou de ressources n’est pas rendre service à l’entreprise. Dissimuler la réalité sous un faux “oui” ou sous un “peut-être” ne peut avoir que des conséquences négatives.
Exprimer son désaccord pour trouver une alternative
Il ne s’agit pas de dire “non” comme une fin en soi puis de tourner les talons sans autre explication.
On récapitule nos conseils :
- Être franc et poli mais ne pas s’excuser de dire “non”. Cela pourrait donner à l’interlocuteur l’impression que vous n’êtes pas sûr des raisons qui vous poussent à dire “non”.
- Préparer une argumentation avec des exemples précis et factuels qui pourront être utiles si les émotions tentent de prendre le dessus.
- Proposer des alternatives, être à l’écoute et ne surtout pas se fermer.
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