Pas d'augmentation : et si c'était votre job qui était « trop petit » ?

27 nov. 2024

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Pas d'augmentation : et si c'était votre job qui était « trop petit » ?
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Parfois, il arrive que l’obstacle à une nouvelle augmentation ne vienne pas de votre absence de progression ni d’un manque de reconnaissance de la part de votre employeur. L’origine de cette stagnation peut se cacher directement… dans votre fiche de poste ! Et si votre job était devenu trop modeste pour prétendre à un salaire plus élevé ? Nous avons consulté une coach de carrière afin de comprendre comment déceler cette situation et surtout, comment la dépasser.

Vous n’êtes pas entièrement satisfait·e du salaire qui tombe à la fin du mois ? Sachez que vous n’êtes pas seul·e. Cela peut être rassurant ou au contraire inquiétant, mais selon une étude datant de 2023, 54% des salariés français considèrent qu’ils sont mal payés. Diverses raisons peuvent l’expliquer : la situation financière de l’entreprise, l’augmentation du coût de la vie, une répartition inégale des richesses au sein de l’organisation, un manque de reconnaissance… Mais vous êtes-vous déjà dit que, derrière l’impression d’avoir une rémunération trop faible, le problème ne venait ni de vous, ni de l’entreprise, ni de la conjoncture économique, mais simplement du poste ? Après un certain nombre d’années dans la même fonction et autant d’expérience accumulée, se pourrait-il que vous soyez devenu “trop” qualifié·e pour votre métier, au point qu’une rémunération - pourtant juste - ne vous semble plus adaptée ?

Comment se rendre compte qu’on est un gros poisson dans une petite marre ?

Une situation que, Caroline Bia, coach de carrière et consultante RH indépendante, rencontre régulièrement. « Dans beaucoup d’entreprises, souvent de taille modeste, il n’y a pas vraiment de parcours d’évolution prévu. Certains salariés se retrouvent au bout de quelques années d’ancienneté au même poste, dans une impasse qui les empêche de prétendre élever leur revenu. » Comment identifier que l’on se trouve dans ce cas de figure et que notre salaire n’est pas aussi bas que nous le pensions ? La consultante conseille à ses clients de se renseigner sur les prix du marché. «Est-ce qu’au sein de votre entreprise, vous êtes payé à hauteur égale que vos collègues occupant le même poste ? commence-t-elle. Ensuite, consultez vos pairs qui travaillent dans d’autres entreprises, ou des sites de recensement de salaire comme Glassdoor. Enfin, essayez de comparer votre rémunération avec celle de vos anciens camarades de promo restés dans le même poste, pour prendre en compte un niveau de diplôme et une ancienneté équivalents aux vôtres », suggère Caroline Bia. Autre option, vous pouvez répondre favorablement à des chasseurs de tête, pour jauger de la valeur réelle de votre profil sur le marché de l’emploi.

Prenez également en compte d’autres signaux faibles : à quand remonte votre dernière augmentation significative ? Remarquez-vous que votre métier est souvent exercé par des profils plus jeunes ou moins expérimentés que vous ? Si vous stagnez au même salaire depuis longtemps et que vos collègues sont à peine diplômés, c’est peut-être parce que vous êtes en poste depuis trop longtemps pour espérer une revalorisation salariale. Le problème ne vient dans ce cas pas du côté de votre entreprise mais plutôt du côté de votre métier qui atteint ses propres limites de rémunération.

Quelles solutions pour briser le plafond de verre d’un poste ?

Pour Caroline Bia, le plafonnement du salaire arrive lorsque « votre ancienneté a déjà été valorisée et que la seule évolution possible dépend du jour où la place de votre N+1 se libérera. » Chose qui n’arrive pas si régulièrement pour bon nombre de structures, et il se peut même que cela n’arrive jamais si votre N+1 se sent bien à son poste. Charge à vous de trouver alors d’autres solutions pour faire progresser votre carrière.

Optez pour une reconversion

L’alternative la plus évidente, si vous souhaitez augmenter votre revenu mais que votre poste ne le permet plus, c’est la reconversion professionnelle. « Vous pouvez faire un bilan de compétences pour embrasser une nouvelle voie, plus rémunératrice, en vous basant sur ce que la transversalité de vos compétences peut vous offrir », explique la coach de carrière. En effet, beaucoup de compétences acquises dans votre métier peuvent probablement être réutilisées ou valorisées dans d’autres fonctions : le sens de l’organisation, la gestion de projet ou d’un budget, la relation client, etc. Ainsi, même si vous décidez de changer de vocation, vous ne partirez pas totalement de zéro en bâtissant des ponts entre votre ancienne et votre nouvelle carrière.

Cependant, la reconversion n’est pas une décision à prendre à la légère : une grosse introspection est nécessaire avant de s’assurer que c’est réellement ce que vous souhaitez. « Si vous vous sentez bien dans votre entreprise et dans votre métier, cela vaut-il le coup de changer d’orientation uniquement pour des raisons financières ? Le choix vous appartient, mais il faut vraiment vous interroger sur ce que sont vos priorités. S’agit-il d’accéder à un meilleur niveau de vie ? D’avoir un meilleur équilibre vie pro/vie perso ? D’avoir plus de temps pour des projets personnels ou sa famille ? », insiste Caroline Bia. Vos réponses à ces questions sont déterminantes pour vous décider de vous lancer ou non dans cette direction.

Changez de secteur d’activité

Avant d’arriver à une solution aussi drastique qu’une reconversion pro, souvent longue et exigeante, il vous reste d’autres pistes à explorer pour briser un plafond de verre salarial. Vous pouvez simplement opter pour un changement de secteur, sans changer pour autant de métier. « Par exemple, si vous êtes dans la communication, cela peut vouloir dire passer d’une agence à un annonceur. Si vous êtes agent immobilier, peut-être qu’une évolution vers le secteur du luxe sera synonyme de gap salarial », illustre Caroline Bia. En effet, le secteur pro dans lequel on évolue a parfois un gros impact sur la rémunération.

Si le salaire est plafonné, négociez des avantages sociaux

Cela étant dit, sachez qu’une augmentation ne se présente pas forcément que sous une forme pécuniaire. Selon notre experte, cela peut tout à fait se caractériser par l’obtention d’un package d’avantages. « Si vous parvenez à démontrer factuellement à votre employeur que vous méritez une revalorisation, en raison de votre efficacité, votre productivité ou encore votre influence sur le reste de l’équipe, il est toujours possible de négocier des conditions de travail qui tendent davantage vers votre idéal : comme avoir plus de jours de congés, des jours de télétravail supplémentaires, passer en full remote, avoir des horaires plus flexibles… », rappelle la coach de carrière. Certes, votre salaire ne sera pas plus élevé, mais votre confort de vie, lui, le sera et vous pourriez y trouver votre compte.

Adaptez votre fiche de poste pour créer de la valeur

Lorsqu’aucun parcours d’évolution n’a été prévu par votre entreprise, à vous de vous frayer un chemin vers une augmentation ! Qui passe par de la proactivité pour faire évoluer votre poste : « Bien évidemment, il y a souvent une possibilité d’évolution vers du management. Même si la place de chef d’équipe est prise, vous pouvez proposer de manager un stagiaire, un alternant ou un profil très junior », estime Caroline Bia. Mais le management n’est pas fait pour tout le monde et ce n’est pas la seule manière de faire progresser sa carrière. « Vous pouvez aussi changer la manière d’exercer votre métier, en vous appuyant sur votre expérience pour ouvrir davantage votre éventail de compétences », encourage la consultante.

N’hésitez donc pas à prendre les devants en vous ajoutant de nouvelles missions ou objectifs pour créer une valeur additionnelle à votre job aux yeux de votre employeur. « Cela peut passer par demander à prendre plus de responsabilités sur un projet, propose Caroline Bia. Ou une plus grande autonomie ou la prise en charge de toute la relation client par exemple. Vous pouvez également proposer de former des collaborateurs ou d’endosser un rôle de mentor auprès des plus jeunes… » complète notre experte. Autant de pistes à explorer pour créer sa propre mobilité.

Formez-vous

N’hésitez pas non plus à repasser par la case formation pour vous sculpter un poste en accord avec vos exigences salariales. Par exemple, si vous êtes chef de projet en communication, formez-vous au montage vidéo pour permettre à votre entreprise de se développer sur les réseaux sociaux sans sous-traiter sa production de contenu. « Votre employeur peut aussi vous financer cette formation pour vous permettre d’étendre vos missions et accroître votre valeur encore une fois », rappelle Caroline Bia.

Vous l’aurez compris, il existe toujours un moyen de dépasser le plafond de verre salarial imposé par son métier. Cependant, ayez bien en tête que le point de départ de toute stratégie de changement est l’introspection. Commencez donc par vous poser la question : pourquoi ai-je besoin d’une augmentation ? Même s’il est normal de vouloir gagner plus pour son confort personnel, notez qu’un salaire insatisfaisant traduit parfois juste une sensation de manque. Comme si, plus que le salaire, vous étiez en besoin de reconnaissance, de renouvellement de votre fiche de poste ou de l’apprentissage de nouvelles tâches. En bref, de continuer à faire évoluer votre parcours professionnel !


Article écrit par Alexandre Nessler, édité par Aurélie Cerffond. Photo : Thomas Decamps pour WTTJ.

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