Reprise d’études en cours de carrière : tout ce qu’il faut savoir

28 nov. 2024

6min

Reprise d’études en cours de carrière : tout ce qu’il faut savoir
auteur.e
Paula Dargaud

Copywriter & Content manager

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Reprendre ses études est un choix qui demande réflexion et organisation. Entre les dispositifs de financement, le choix de la formation et l'équilibre vie pro-perso, voici tout ce qu'il faut savoir pour se lancer sereinement dans cette nouvelle aventure.

« Il n’est jamais trop tard pour devenir ce qu’on aurait pu être », écrivait la romancière britannique George Eliot. Dans un monde professionnel en constante mutation, cette réflexion résonne particulièrement chez ceux qui décident de reprendre leurs études. En 2023, ils étaient plus de 380 000 adultes à faire ce choix en France.

Cette tendance n’est pas anodine : transformation digitale, émergence de nouveaux métiers, quête de sens post-Covid, désir d’entreprendre… Les raisons de retourner sur les bancs de l’école se multiplient à l’heure où l’on parle de plus en plus de « carrière non linéaire » et de « slasheurs ».

Mais entre le choix de la formation, les démarches administratives, le financement et l’organisation personnelle, le projet peut sembler complexe. Comment transformer cette envie de changement en un projet concret et réalisable ? Quels sont les dispositifs existants et comment les mobiliser ? Antoine Teillet, expert en orientation pour l’enseignement supérieur, nous répond.

1. Pourquoi reprendre ses études ?

Retourner à l’école quand on a déjà un job ou quelques années d’expérience pro, ça peut sembler surprenant. Pourtant, la reprise d’études est une option de plus en plus plébiscitée. Petit tour d’horizon des raisons qui poussent à franchir le pas.

Monter en compétences

De nombreuses compétences (notamment digitales) ont vu le jour ces dernières années. Mais au milieu de tous les derniers outils, apprendre sur le tas peut s’avérer plus compliqué que prévu. Effectuer une formation pour monter en compétences permet de gagner en productivité et éventuellement d’évoluer au sein de son entreprise.

Se spécialiser dans un domaine précis

Les profils spécialisés sont des perles rares de plus en plus recherchées par les entreprises. Se spécialiser permet non seulement d’accéder au poste souhaité, mais donne également plus de marge de manœuvre sur votre rémunération et vos conditions de travail. L’intérêt : booster son employabilité à long terme.

Rebondir après une pause dans sa carrière

Congé parental, expatriation, période de chômage… Le retour à l’emploi passe souvent par une remise à niveau grâce à une formation : c’est l’occasion de mettre à jour ses compétences et de revenir plus fort sur le marché du travail.

Se réorienter, totalement ou partiellement

Que la réorientation soit synonyme de changement professionnel radical ou non, elle peut impliquer une formation visant à développer de nouvelles compétences. C’est pourquoi il est important de bien choisir celle qui vous permettra de réaliser votre projet.

2. Comment se lancer ?

Préparer son projet de reprise d’études est fastidieux. Pour y parvenir sans se décourager, il est important de « se faire soutenir par des spécialistes de la formation, bien se renseigner pour choisir la formation adaptée et identifier le financement adéquat », explique Antoine Tellier.

Comment bien choisir sa formation ?

Suivez les trois règles d’or de notre expert pour identifier LA formation qui répondra à vos besoins.

1. Bien se renseigner

Tout commence par une recherche approfondie sur les besoins du marché et les changements que vous allez opérer. Attardez-vous sur les connaissances nécessaires à obtenir, le niveau d’étude attendu pour effectuer telle ou telle formation, ainsi que sur les organismes les plus sollicités.

Vérifiez également que la formation visée offre des garanties en termes de qualité. « Le critère le plus important sur lequel juger une formation est l’insertion professionnelle. » Car son objectif est bien de vous permettre de trouver un emploi par la suite. « Si vous allez sur le site web d’une formation qui a de bonnes statistiques d’insertion professionnelle, elle vous le dira. Vous trouverez une enquête sur le sujet, c’est déjà un très bon point. »

2. Contactez les organismes de formation

C’est toujours la meilleure chose à faire pour obtenir des réponses à vos questions. « Pour découvrir une formation qui vous intéresse, rien ne vaut le face à face. » Rendez-vous aux journées portes ouvertes, découvrez les locaux, voyez si elle est bien installée, bien équipée, et échangez avec les formateurs. « Participer à des salons d’orientation est également une bonne solution pour en savoir plus sur la qualité d’une formation. »

3. Demander des avis extérieurs

Rien ne vaut un retour d’expérience pour vous aider à vous décider. « Contactez des alumnis ou des élèves actuels de la formation via LinkedIn pour en savoir plus sur leur expérience. » Des professionnels pourront également vous éclairer sur les meilleures formations qui mènent à leur métier.

À chaque besoin, son type de formation

Pas besoin de repartir cinq ans à l’école pour donner un coup de boost à sa carrière. Du certificat de quelques jours au MBA de deux ans, il existe des formations adaptées à tous les projets et à toutes les contraintes.

1. Les formations courtes

Elle peut aller d’une journée ou deux à six mois et vous permet d’être directement opérationnel(le) en visant souvent une expertise bien précise.
Parmi elles, on trouve :

  • Les formations professionnelles certifiantes. Pour qui ? Les pros qui veulent monter rapidement en compétences. Exemples : Certification Google Analytics, TOEIC, MOOC sur Open Classroom. Durée : Quelques jours à quelques mois.
  • Les formations techniques spécifiques. Pour qui ? Ceux qui visent une compétence précise. Exemples : Formation Product Management chez Join Lion, bootcamp développeur web “Le Wagon”. Durée : 2 à 6 mois.

2. Les formations longues

Elles commencent à partir de six mois et peuvent durer jusqu’à cinq ans. La plupart des organismes proposent des parcours aménagés pour les salariés, avec des cours en ligne ou à temps partiel.
Voici les plus courantes :

  • Les diplômes universitaires. Pour qui ? Ceux qui visent une reconversion complète ou une expertise pointue. Exemples : Licence ou Master. Durée : 1 à 3 ans.
  • Les Grandes écoles en formation continue. Pour qui ? Les cadres visant une évolution significative. Exemples : Executive MBA, Programme Grande École. Durée : 18 mois à 2 ans
  • Les formations diplômantes en alternance. Pour qui ? Ceux qui veulent conjuguer théorie et pratique dans leurs études. Exemples : BTS, Bachelor. Durée : 1 à 3 ans.

3. Financer son projet de reprise d’études

Ça y est, vous avez identifié le métier qui vous intéresse et repéré la formation adéquate ! Reste maintenant à trouver votre source de financement pour pouvoir étudier sereinement sans voir votre compte en banque virer au rouge.

  • Le CPF :
    Le Compte Personnel de Formation (CPF) permet à toute personne active d’avoir des droits à la formation tout au long de sa vie professionnelle. Le seul critère est d’avoir plus de 16 ans. Le compte d’un salarié à temps plein est crédité de 500 € par année de travail pour atteindre 5 000 € maximum. Il permet de financer une formation qualifiante, d’accompagner l’obtention d’une VAE, d’effectuer un bilan de compétences…

Connectez-vous sur le site officiel moncompteformation.gouv.fr pour avoir accès au montant de votre crédit personnel et voir les formations auxquelles vous pouvez prétendre.

  • France Travail :

Si jamais vos droits du CPF ne suffisent pas pour financer votre formation, France Travail peut vous apporter des aides financières. Elles concernent tous les demandeurs d’emploi bénéficiant de l’allocation chômage.

Il faut pour cela présenter son projet de formation à son conseiller, qui validera ou non la prise en charge par France Travail. D’où l’importance de contacter votre conseiller avec un plan solide, un dossier et une argumentation préparée.
France Travail propose notamment l’Aide Individuelle à la Formation (AIF), qui sert à financer une formation spécifique, et l’Allocation d’aide au Retour à l’Emploi Formation (AREF), qui permet le maintien de vos allocations chômage pendant le temps de la formation.

  • Les dispositifs régionaux :

Les régions sont de plus en plus impliquées et adaptent chaque année leur programme de formation et d’aide à l’insertion professionnelle. Certaines aident à financer des formations (qualifiantes ou non), des aides à la mobilité, etc.

Vous pouvez vous renseigner simplement sur le site de votre conseil régional ou sur celui du Carif (Centre d’animation, de ressources et d’information sur les formations) de votre lieu de résidence. Votre conseiller France Travail peut également vous renseigner sur les différents dispositifs mis en place par votre région.

  • Votre employeur :

Depuis 2019, les entreprises peuvent alimenter directement votre compte CPF pour prendre en charge une partie de votre projet de formation. Ce plan de développement des compétences est accessible à tous les salariés. Deux cas de figure : soit l’entreprise est à l’initiative (vous ne pouvez pas refuser), soit c’est vous qui en faites la demande (l’entreprise peut accepter ou non). Si vous initiez la démarche, préparez bien votre argumentaire pour mettre en avant les bénéfices de la formation, tant pour vous que pour l’entreprise.

Autre option, le projet de transition professionnelle (PTP) vous permet de suivre une formation certifiante pour changer de métier, tout en maintenant votre rémunération. Si votre employeur donne son accord, vous pouvez suivre la formation sur votre temps de travail, en totalité ou en partie.

3. Nos conseils pour une reprise d’études sans stress

Notre expert Antoine Teillet nous donne ses meilleurs conseils pour concilier famille, études et vie personnelle sans finir sur les rotules.

Gardez le cap sur votre motivation

Trouver l’énergie pour reprendre ses études tout en continuant à travailler et à s’occuper de ses proches demande de l’énergie. Pour rester déterminé, fixez-vous des objectifs réalistes. Définissez de petits objectifs facilement atteignables et célébrez chaque victoire.

Faites un bilan de compétences

Pour construire un projet solide, « il faut bien se connaître ». D’où l’intérêt de réaliser un bilan de compétences ou un coaching en évolution professionnelle. Faire appel à un coach spécialisé vous aidera à identifier vos points forts et « à confronter votre motivation à un regard expert qui pourra vous encourager ou vous suggérer d’autres voies. »

L’organisation, clé de la réussite

Pour concilier vie professionnelle et reprise d’études, « une préparation de longue date est souhaitable car elle permet d’aménager son emploi du temps le mieux possible. » Vous pouvez prendre le réflexe de bloquer des créneaux fixes dans votre agenda pour vous former, mais aussi pour souffler. Cela vous aidera à garder un équilibre vie pro / vie perso sain pendant cette période chargée.

Parlez-en à vos proches

« Il est capital d’avoir le soutien de son entourage pour mener à bien sa reprise d’études. Votre formation risque de bousculer votre rythme de vie, vos habitudes et parfois même le porte-monnaie familial. » Mais quand tout le monde comprend le projet et ses enjeux, les petits sacrifices deviennent plus faciles à accepter. Et surtout, vous vous construisez un précieux réseau de soutien pour les moments plus difficiles. Alors soyez transparents !


Article écrit par Paula Dargaud et édité par Manuel Avenel ; photo de Thomas Decamps.

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