Christophe André : « J’ai longtemps été du côté des workaholic »

23 mai 2022

12min

Christophe André : « J’ai longtemps été du côté des workaholic »
auteur.e.s
Sandra Fillaudeau Expert du Lab

Coach, consultante et formatrice spécialiste de l’équilibre de vie pro/perso

Clémence Lesacq Gosset

Senior Editor - SOCIETY @ Welcome to the Jungle

LA RENCONTRE - Si vous pouviez faire connaissance avec n’importe quel·le professionnel·le, et discuter longuement avec lui/elle de sa carrière, de ses réflexions sur le monde du travail, et de vos propres passions et ambitions, qui souhaiteriez-vous rencontrer ? Cette question nous avons décidé de la poser à nos expert·e·s du Lab, cette communauté avec laquelle nous engageons au quotidien des réflexions et conversations sur les sujets du travail. Ce mois-ci, Sandra Fillaudeau, notre spécialiste de l’équilibre vie pro / vie perso, a rencontré le célèbre psychiatre, psychothérapeuthe et auteur de livres à succès, Christophe André.

Cette rencontre, Sandra Fillaudeau la plaçait sous le signe de l’admiration. Celle d’un professionnel capable de rendre accessibles des concepts fondamentaux concernant le fonctionnement de la psyché humaine. Au coeur de cette échange, notre experte souhaitait « l’entendre parler de la manière dont nos identités et nos rôles peuvent glisser d’un domaine de vie à l’autre, et comment nous pouvons activement développer des garde-fous pour ne pas nous sentir submergé·es dans nos quotidiens contemporains tourbillonnants. »

Alors que son dernier ouvrage “Consolations, celles que l’on reçoit et celles que l’on donne” (éd. L’Iconoclaste) est sorti cet hiver, Christophe André se livre avec justesse, humilité et détails sur sa propre relation à son métier et ses travaux si prenants.

Dans votre livre Consolations, vous dîtes que « la consolation est dans le lien », c’est-à-dire le lien social, celui qui nous rapproche et unit aux autres… Peut-on alors chercher la consolation dans les liens professionnels ?

Je ne sais pas si le monde professionnel est vraiment adapté, mais les chagrins et adversités professionnels sont sûrement mieux consolés par des collègues bienveillants que par des proches qui ne connaissent pas le lieu où l’on travaille. Mais c’est vrai que dans mon esprit, la consolation est quelque chose d’assez intime, et il y a toujours cette question de savoir jusqu’où l’intime peut appartenir au monde professionnel.

Cette frontière de l’intime, c’est quelque chose que je questionne beaucoup dans mes articles pour Welcome to the Jungle… Parce qu’avec le brouillage des frontières pro/perso ces dernières années, il reste la frontière de l’intime…

Oui, l’intime n’est pas forcément le personnel. Le personnel c’est le fait que mes collègues sachent si je suis en couple ou non, si j’ai des enfants, quel endroit j’habite, mes goûts en matière de loisirs… Et c’est toujours mieux de travailler avec des gens dont on connaît un peu la matière humaine. Mais l’intime c’est autre chose, ce sont mes chagrins d’enfance, mes souffrances, mes doutes sur qui je suis et qu’est-ce que je dois faire de ma vie… et là évidemment, l’intime, on va plutôt le réserver à ses proches, même si on peut avoir des collègues proches.

En lien avec ça, on parle désormais beaucoup de “vulnérabilité au travail”, notamment grâce aux travaux de la chercheuse en sciences sociales Brené Brown, qui a beaucoup démocratisé cette expression… Quelles sont les conditions, selon vous, pour que l’on puisse exprimer sa vulnérabilité dans le monde professionnel ?

Je ne suis pas un grand expert du monde du travail, mais pour ce que je peux en observer je crois que ça se passe à trois niveaux. Il y a tout d’abord les affinités et la confiance que l’on peut donner à un cercle de collègues que l’on côtoie tous les jours. Ensuite, il y a ce qui est du ressort de la culture d’entreprise : certaines entreprises sont capables d’intégrer un certain nombre d’éléments de la vie personnelle de leurs salariés, pour aller vers quelque chose qui va au-delà de la collaboration. Et puis plus largement, il y a le fait que nous sommes aujourd’hui dans une société qui tolère beaucoup plus l’expression de la vulnérabilité. Qui est même à deux doigts de la valoriser.

On le voit très bien dans les librairies ou à la télé : les gens n’ont plus honte d’avoir fait une dépression, de s’avouer hypersensibles, etc. C’est presque un marqueur d’humanité, d’intelligence relationnelle, émotionnelle et situationnelle. Pour autant, je crois qu’il faut quand même réfléchir avant de dire à son boulot que l’on a fait une grosse dépression. Il peut y avoir un petit risque d’étiquetage : « Il est gentil mais il est quand même un peu fragile, est-ce qu’on peut lui confier des charges professionnelles qui exigent une certaine solidité ?… » C’est donc mieux admis en apparence, mais c’est une question qui vaut d’être débattue au cas par cas.

Notre société parle aussi de plus en plus de “l’équilibre vie pro/vie perso”. Que vous évoque cette expression ?

Les écrans. Ce sont eux, les grands outils diaboliques de cette confusion vie pro/vie perso. Imaginez s’il n’y avait pas d’ordinateur, pas de sms, pas de mails : une fois que vous partez du bureau, votre travail s’arrête automatiquement. Cette désormais porosité absolue entre nos vies - pour ceux qui ne font pas des travaux strictement manuels - est liée aux écrans, aux technologies. Et je crois à leur mésusage. J’ai été très content d’apprendre qu’il existait une loi, un droit à la déconnexion. Mais là encore il y a des bons côtés à ce mélange vie pro/vie perso : une de ces incarnations c’est le télétravail, dont beaucoup se réjouissent car cela leur fait économiser du temps de transport, de travailler plus tranquillement chez eux…

Je pense que cela pourrait devenir une chance, toutes ces nouvelles technologies, si on devenait plus sages dans notre usage. Là pour l’instant, nous sommes dans une période de transition où nous ne sommes pas en maîtrise. Moi je suis frappé de voir que le premier réflexe des gens, quand ils arrivent dans un endroit où ils ont un peu d’attente, est de se tourner vers leur écran. Au lieu de se poser, de respirer, de regarder passer les gens, les nuages… dans nos journées où l’on caracole tout le temps. Et ça c’est un symptôme : tant que l’on sera dans cette dépendance, alors ce sera le bazar entre notre vie perso et notre vie pro. Mais je suis assez tranquille, je pense que l’on va finir par le comprendre. Dans le monde de la santé en général, entre le moment où l’on comprend que l’on déconne, et celui où l’on rectifie le tir, il s’écoule souvent entre deux et quatre décennies. Prenons l’exemple du tabac par exemple. C’est la même chose pour les écrans : entre leur apparition et les recommandations - pas d’écran pour les petits, pas d’écran à l’école… -, on y arrive.

Au-delà des technologies et des écrans, il y a des métiers comme celui que vous exerciez, psychiatre, qui peuvent être très prenants émotionnellement… Pour mon podcast, j’ai récemment interviewé une avocate en droit du travail, qui me racontait que comme elle accompagnait des salarié·e·s en souffrance, elle ne coupait jamais son téléphone. Elle pouvait décrocher le soir, le week-end, pendant le dîner de ses enfants s’il le fallait… Et cela lui allait très bien. C’était important pour elle. Dans des métiers comme le vôtre, d’accompagnement d’histoires difficiles, comment fait-on la séparation entre les heures au bureau et les heures à la maison ?

Déjà, cela m’étonne beaucoup le témoignage de cette avocate qui choisit de décrocher à n’importe quelle heure, même en famille… Je respecte sa parole mais j’aimerais bien avoir l’avis de ses proches, ses chiffres de tension, d’électrocardiogramme, etc. Elle est sûrement très robuste, très résiliente, mais je pense que c’est une erreur… Quand on fait un métier très prenant, qui nous intéresse, le risque existe déjà sans les écrans et les technologies à ne pas réussir à décrocher : on importe chez soi les soucis, les images de la journée… Alors si en plus on reçoit les appels, les sms, etc., on double le risque de pollution.

Et ce qu’il faut vraiment rappeler aux gens c’est que c’est une nécessité pour notre cerveau d’avoir des temps où l’on peut décrocher de nos activités, du flux d’information et des sollicitations. Souvent, les gens croient se détendre lorsqu’ils sortent fumer une cigarette en faisant défiler leurs flux de réseaux sociaux… mais en fait ils ne se détendent pas, ils fatiguent leur cerveau différemment. Cela s’apprend de mettre son cerveau en repos, de ne rien faire que de se sentir en vie. En ce sens, les écrans, et garder le lien avec le travail chez soi, c’est un très mauvais service que l’on rend à ce bel organe qu’est notre cerveau. Et c’est un accroissement de la charge mentale.

Et vous, y a-t-il eu des moments dans votre carrière où votre métier a été trop envahissant ? Comment peut-on rééquilibrer ?

Moi j’étais assez mauvais. J’ai longtemps été du côté des workaholic, les addicts du boulot. Parce que c’était génial mon boulot. Et c’est toujours génial. Je ne suis plus à l’hôpital mais je continue d’écrire, ça me passionne, donc j’ai toujours eu du mal à dire “non” quand on me proposait du travail en plus, alors même que j’étais déjà dans le rouge. Mais voilà c’était un copain qui me proposait quelque chose, cela allait être utile, donc je disais oui… Donc je n’ai pas de vraie leçon à donner, je n’ai pas été un bon modèle. Par contre ce que je peux dire c’est que ce qui constitue un garde-fou c’est souvent votre famille : quand vous avez un conjoint, des enfants, une vie familiale, vous voyez beaucoup plus vite que quelque chose ne va pas que lorsque vous êtes célibataire. Vos proches peuvent vous engueuler, alors que si vous êtes seul… Moi c’est ce qui m’a rappelé à l’ordre.

J’ai eu aussi des symptômes de stress, j’ai vu que ça m’empêchait de dormir… À ce moment-là dans ma vie est arrivée la méditation, qui m’a beaucoup aidé à laisser glisser ces histoires, à rééquilibrer mes priorités de vie… Et puis il y a eu la maladie. J’ai eu un cancer qui, même s’il n’était pas 100% lié à ces problèmes de rééquilibrage, y était quand même en partie. Le stress c’est le grand aggravateur, alors si vous avez des facteurs génétiques, des facteurs environnementaux, la fatigue et le stress sont la troisième lame pour déclencher une maladie grave. Il m’a fallu vraiment ça pour me dire : « Merde. Ouvre un peu les yeux. » Même si je travaillais déjà à ça…

Vous rêviez de faire quoi, quand vous étiez petit ?

Ce n’était pas très sérieux… (Rires) Je rêvais d’être champion de rugby, champion de Formule 1… Et puis je me suis destiné à être ingénieur, parce que je faisais partie de cette génération de garçons qui ont grandi à un moment où l’on envoyait beaucoup de fusées dans l’espace, on allait sur la Lune… Donc comme j’étais à l’aise en matières scientifiques, tous mes professeurs voulaient que j’aille en études d’ingénieur. Et puis j’ai rencontré la lecture de Freud en Terminale et là j’ai décidé de devenir psychiatre.

Et qu’est-ce qui a ensuite guidé vos choix tout au long de votre parcours ? Car en plus d’être devenu psychiatre et psychothérapeuthe, vous avez écrit de nombreux livres, sur la méditation, sur le bonheur…

Ce sont des choix pédagogiques. Rapidement, en soignant mes patients, je me suis rendu compte qu’ils guérissaient mieux quand on leur expliquait ce qu’ils avaient, pourquoi on leur demandait de faire tel exercice en thérapie, vers où ils allaient… Historiquement, je suis arrivé dans le monde de la psychiatrie à un moment où la mode c’était la psychanalyse, avec des thérapeuthes qui ne parlaient pas, ne donnaient pas de conseils… Nous, on faisait partie d’une génération qui se disait que cela ne correspondait pas à tout le monde. Je me suis mis à rédiger des polycopiés pour mes patients, qui ont grossi et grossi jusqu’à devenir des livres… Et pour ce qui est des interventions dans les médias, j’ai vite compris que c’était un moyen fort de passer mes opinions et ma pédagogie sur une psychologie nouvelle : avec la méditation, la psychologie positive, des conseils qu’on retrouvait en thérapies courtes…

En parlant de pédagogie, on parle de plus en plus de santé mentale en entreprise, de nombreux services en ligne se sont développés pour accompagner les collaborateurs, surtout depuis les confinements… Pourtant, un certain tabou persiste en France autour de ces questions, contrairement aux pays anglo-saxons par exemple, comment l’expliquez-vous ?

C’est vrai qu’on est un peu à la traîne. Le tout n’est pas de banaliser le fait qu’on puisse avoir du stress, mais de comprendre que chacun à son échelle peut aussi faire des efforts pour améliorer son équilibre intérieur ou sa santé mentale. C’est ça qui coince chez nous : nous sommes dans un système encore très médicalisé. Pour prendre un exemple : mon ami David Servan-Schreiber a beaucoup popularisé cette idée que la nourriture était en soi un médicament, et cela paraît aujourd’hui évident, mais à l’époque, si vous aviez un cancer, vous demandiez au cancérologue : « Qu’est ce que je peux faire ? » Il vous répondait : « Rien, continuez normalement je m’occupe du traitement. »

Aujourd’hui, on sait que si vous faites une activité régulière, que vous méditez, que vous mangez de manière adaptée, vous améliorez votre pronostic. Mais ça, à l’époque, ça n’était pas dans la culture des médecins, et c’était pareil en psychologie. Il faut considérer que chaque individu peut faire des petites choses pour sa santé mentale, et que ça passe par l’activité physique, le lien social, l’alimentation, l’équilibre émotionnel… Accompagner un salarié là-dessus, via des petits programmes, c’est toujours une aide, ça va toujours dans le bon sens. Donc moi je fais partie des gens qui s’en réjouissent. Je ne me sens pas dépossédé en tant que soignant par tout ce qui peut exister en amont concernant le bien-être, parce que là aussi, je crois qu’en France on a une vision de la médecine comme une médecine de la maladie : on attend que les gens tombent malades pour les soigner, là où dans d’autres pays, ou à d’autres époques, il existait plutôt une médecine de la prévention de la santé.

Même si vous avez arrêté vos consultations de psychiatrie, avez-vous observé ces derniers temps une recrudescence des souffrances au travail ?

Si on regarde de manière macro, c’est clair que les souffrances ont explosé : les burn-out, les harcèlements… Après, est-ce que c’est parce que la situation s’est dégradée ou que la parole s’est libérée ? Probablement des deux. Mais je voudrais souligner que les conditions de travail se sont vraiment améliorées, contrairement à ce qu’on peut croire. Il y a encore trente ans, et je l’ai vu à l’hôpital, on observait des dominances hiérarchiques, des maltraitances, des violences, des non écoutes des besoins des salariés. Aujourd’hui le droit du travail nous protège beaucoup plus. Par contre, ce qui s’est dégradé c’est la nature même du travail. Il y a de plus en plus de métiers où les gens ne perçoivent pas l’intérêt final. On a perdu le lien entre l’effort que l’on fait et le résultat que l’on peut obtenir, on a perdu de notre sentiment d’agentivité, ce sentiment de contrôle sur nos vies… Cela avait commencé avec le travail à la chaîne en usine mais il me semble que cela s’est beaucoup aggravé avec la multiplication des tâches administratives ou informatiques, tout ce reporting qui prolifère partout…

Et il y a aussi autre chose : nous sommes dans une société de loisirs où on est submergé de séries à regarder, de musiques à écouter, de flux en continu sur Internet, et de temps en temps l’angoisse monte : « Je n’aurais jamais le temps d’une seule vie pour tout faire ! » Et c’est pareil au boulot. De plus en plus, nous sommes exposés à des métiers où il nous est impossible de nous dire à la fin de la journée : « Ça y est, c’est bon, j’ai tout fini… » On a toujours, encore et encore, des choses à faire ! Et ça, ça nous met la pression. On oublie que notre vieux cerveau aime ce qui est carré, prévisible, ce qui a un début et une fin.

Une autre chose qui me frappe beaucoup, c’est le cahier des charges, les attentes que l’on a désormais vis-à-vis du travail. Pendant très longtemps le travail n’était qu’un gagne-pain, on n’en attendait pas plus que d’assurer sa subsistance. On n’attendait pas que celui-ci nous épanouisse, nous permette de grandir psychologiquement, etc. Mais peu à peu, les choses ont changé, et paradoxalement avec ces attentes l’engagement émotionnel a augmenté, et donc la possibilité peut-être de souffrir davantage dans un premier temps de son travail qu’on en souffrait auparavant. Alors ça peut paraître paradoxal parce qu’il y avait une vraie violence, de la maltraitance des salariés, mais on considérait que ce n’était pas bien et qu’on ne pouvait rien y faire. Les choses ont beaucoup changé depuis. Ce long détour pour dire que je crois que la souffrance au travail a toujours existé, mais que l’on refoulait cela. Aujourd’hui c’est devenu un sujet. Ce qui est un progrès.

Je me pose aussi la question de la légitimité de nos peines… Parfois, et encore plus avec la période que l’on vit, on peut se dire que ces problèmes de quête de sens, de besoin d’utilité, ce sont des problèmes de privilégiés. Sommes-nous devenus trop centrés sur nous ? Trop fragiles ?

Moi je trouve ça bien, que l’on vive dans une société où l’on puisse se poser la question du bonheur. Il y a des sociétés où l’on ne peut pas se la poser car on est cantonné à la question de la survie : « Est-ce que j’aurais à manger demain ? Est-ce que mes enfants vont pouvoir grandir ? » Quand on peut se poser les questions de l’épanouissement, du bien-être, c’est que les besoins primaires ont été assouvis. Donc c’est vrai que c’est une forme de luxe, ou de fragilité si l’on veut, mais je pense que c’est normal que l’on tende vers ça. Par contre, il nous manque peut-être parfois des rappels à l’ordre : se rappeler qu’on a de la chance de vivre dans des sociétés qui nous permettent de se poser cette question, au lieu de se plaindre de ne pas avoir assez ceci.

Parfois, nous ne sommes pas assez “sages” finalement. La sagesse c’est savoir ce qui va bien, ce qui pourrait être pire, ce qui pourrait être mieux, et naviguer entre tout ça sans jamais oublier que la véritable adversité peut débouler à chaque instant. C’est ce qu’on appelle en psychologie “l’habituation hédonique” : notre cerveau s’habitue à ce qui est bon. Si je suis né dans un bidonville, les premiers mois où je vais vivre dans un appartement et prendre une douche chaude seront un véritable bonheur. Mais si l’on revient me voir dans trois ans, je serais en train de prendre ma douche en pensant à mes soucis… Et ça redeviendra le bonheur si mon chauffe-eau tombe en panne trois jours ! Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas vouloir continuer à améliorer nos conditions de vie, mais que nous sommes tous tentés de se sur-plaindre. Plus que d’agir d’ailleurs.

J’aimerais finir sur une dernière question : de quoi êtes vous fier ?

Alors je suis désolé mais la fierté est un sentiment que je ne ressens presque jamais… Je n’aime pas la fierté. Parce qu’il me semble que dans la fierté, il y a quelque chose de l’ordre de la dominance, de l’ego, et que je déteste tout ce qui ravive la notion de compétition sociale. Quand je vois que mes filles sont heureuses, ou que je repense aux patients que j’ai soignés, cela me rend heureux, mais je n’aime pas dire que j’en suis fier. Je pense que les devoirs liés au succès sont plus du côté de l’humilité que de la fierté.

Article édité par Mélissa Darré
Photos par Thomas Decamps pour WTTJ

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