Ils nous racontent leur plus grand coup d'audace pour décrocher un job
16 mars 2023
7min
Journaliste - Welcome to the Jungle
Participer à des salons, réseauter via son entourage, enchaîner les entretiens et écumer les offres… Tels sont les moyens utilisés par la plupart des candidats motivés à l’idée de trouver un emploi. Pour d’autres, le coup d’envoie se joue plutôt au culot. Gabrielle, Alexia, Béatrice et Emilie nous racontent comment l’audace leur a permis de décrocher leur métier.
La candidature d’Alexia : « Au pire, ils se souviendront toujours de moi comme d’une fan et ça les fera sourire »
Étudiante en école de communication à Lyon et passionnée d’influence, les réseaux sociaux n’ont aucun secret pour moi. Alors quand vient le moment de chercher un stage, c’est tout naturellement que je me tourne vers la boîte qui me fait de l’œil depuis sa création : Follow. Cette agence, à mi chemin entre le digital et le marketing d’influence, correspond en tout point à mes ambitions. Alors je compte bien me donner à fond. Première étape : attirer leur attention. Pour cela, je déploie les armes en ma possession, mes compétences en digital et ma connaissance de l’entreprise. Je crée alors une candidature 100% numérique… Ou presque. En plus d’un QR code relié à mon Instagram et d’une vidéo de présentation que je tourne dans Lyon avec mes proches, je fais envoyer une box à l’image de celles que les marques envoient aux influenceurs aux créateurs de Follow.
Mon objectif ? Créer du lien et mettre en lumière le contact humain qui peut parfois s’oublier entre tous ces écrans. J’en profite même pour glisser des M&m’s aux couleurs de la boite pour faire office de snack. Une fois le colis envoyé, je publie un post sur LinkedIn en y décrivant étape par étape cette démarche qui occupe tout mon temps et une bonne partie de ma tête. Et je demande à toutes les personnes que je connais sur le réseau d’identifier les fondateurs, mais aussi des employés de Follow. Je ne sais pas si mes chances sont bonnes, je sens seulement que je me dois de tout faire pour parvenir. Au pire, ils se souviendront toujours de moi comme d’une fan et ça les fera sourire. Deux jours plus tard, une amie m’appelle, surexcitée, pour me féliciter. Je ne comprends pas tout de suite, me rends sur mon profil Linkedin et voilà que je découvre le message qui va tout changer. Le fondateur de l’agence a non seulement commenté ma publication, mais il écrit que je suis la première personne recrutée chez Follow sans aucun entretien. “Bravo”, conclut-il. Une semaine et quelques échanges par mail plus tard, ma convention est signée. Aujourd’hui, après six mois aussi joyeux qu’enrichissants, j’ai appris que j’allais pouvoir rester en alternance pendant encore un an car mon contrat est prolongé. Et je comprends désormais que non seulement l’audace a été ma meilleure alliée, mais que je compte bien réitérer l’expérience dans de futures opportunités. Tout me conforte dans le bon choix que j’ai fait d’oser, alors pourquoi ne pas recommencer ?
Le coup de poker d’Émilie : « Je refuse de quitter l’Allemagne ainsi résignée et compte bien gagner la partie »
En 2014, je décide de quitter l’agence de pub dans laquelle je travaille mais aussi mon quotidien parisien. Car j’ai beau ne parler aucun mot d’allemand, je suis mon conjoint à Francfort pour démarrer une nouvelle vie d’expatriée à ses côtés. Sans surprise, les semaines qui suivent mon arrivée sont solitaires, pleines de doutes et je me fixe six mois pour trouver un emploi. Au-delà de cette échéance, tant pis pour moi, je rentre en France. Peu de temps après, je suis reçue à un, puis plusieurs entretiens au sein d’une boite qui pourrait m’intéresser. Mais une fois l’excitation retombée, je ne peux pas m’empêcher de constater que le processus arrête tout simplement d’avancer. Les rencontres continuent de se multiplier, les mois passent et les missions pour lesquelles je serais recrutée ne cessent de changer. Jusqu’à ce que l’éventuel CDI se transforme en CDD.
Nous arrivons à six mois de questionnements incessants et la date butoire arrive à grand pas. Et alors que je me voyais déjà en poste dès la première prise de contact, je commence à comprendre que je risque de rentrer bredouille à Paris. Sans job, là-bas comme ici. Déçue, je refuse de quitter l’Allemagne ainsi résignée et compte bien gagner la partie. Je joue alors le dernier levier qu’il me reste et j’écris au RH qu’une opportunité impossible à refuser m’attend à Paris, et que sans réponse de leur part d’ici une semaine je compte bien l’accepter. Une fois le mail envoyé, je suis abasourdie d’avoir autant bluffé, consciente d’avoir joué gros et j’éteins mon ordinateur pour rejoindre des amis à un concert en plein air. Quitte à bientôt rentrer, autant en profiter. Mais ce que je ne savais pas en profitant de ma soirée, c’est que du côté de la boite, mon coup de poker avait marché. Et le lendemain, un mail m’attendait à 9h avec une proposition de contrat. Un samedi matin. Le document n’avait même pas d’intitulé de poste tellement le RH les avait pressés par peur de me voir leur échapper. Bingo : j’avais gagné. Après plusieurs années passées là-bas, je suis finalement rentrée en France et j’ai depuis monté ma propre agence aux côtés de mon associé rencontré là- bas. Tout ce que cette expérience m’a appris, tant dans le travail que la manière dont je l’ai obtenu, m’a mené jusqu’ici. Car quoi de mieux que les prises de risque pour avancer ?
La transparence de Béatrice : « J’avais bien compris que mon embauche dépendait de ma réponse. J’ai donc décidé de tenter le tout pour le tout, à savoir l’honnêteté la plus totale »
Quelques semaines après avoir soufflé mes dix-huit bougies, j’ai décidé que c’était le moment de quitter le nid familial pour prendre mon envol. Bye bye la maison de papa et maman, bye bye la région PACA et ses cigales ; bonjour la vie d’adulte et l’indépendance ! Ni une ni deux, j’ai décidé de prendre mes cliques et de déposer mes claques dans la ville rose, Toulouse. Hébergée chez ma tante et mon oncle le temps de trouver un job et un logement, j’étais déterminée à mettre les bouchées doubles pour devenir indépendante financièrement le plus rapidement possible. Je passais mes journées à envoyer des candidatures à tous les magasins et restaurants de la ville, mais sans aucun succès. Jusqu’au jour où j’ai tapé à la porte d’un restaurant bien coté du centre-ville, armée de mon plus beau sourire et vêtue du beau tailleur que ma sœur aînée se plaint encore de chercher à ce jour. À peine arrivée dans le restaurant, un petit incident m’a mise en confiance : l’un des serveurs venait de faire tomber deux plats sous le regard exaspéré de l’un de ses collègues. Après tout, si lui avait été embauché, alors pourquoi pas moi ?
Après une bonne respiration et un petit pep talk : « Aller ma grande, tu vas y arriver, tu es une serveuse dans l’âme… » (alors que pas du tout), je me suis adressée à un monsieur que je pensais être un serveur. « Bonjour, j’ai rendez-vous avec le patron pour discuter d’un poste de serveu… » Coupée dans ma phrase, celui-ci me répond d’un ton sec et agacé qu’il est le patron et qu’il ne donne jamais de rendez-vous. « Est-ce que vous allez me faire perdre mon temps encore longtemps ? », m’a-t-il dit en me voyant embarrassée. J’avais bien compris que mon embauche dépendait de ma réponse. J’ai donc décidé de tenter le tout pour le tout, à savoir l’honnêteté et la transparence la plus totale. « Je recherche du travail depuis des semaines, j’ai oublié mon CV et n’ai aucune expérience en restauration. Cependant, je suis jeune et en bonne santé. Je n’ai pas peur de faire des heures supplémentaires. Je ne vais pas vous coûter cher en tant que débutante sans expérience et surtout, je suis vraiment motivée. » Après hésitation, le patron m’a demandé de revenir le lendemain matin pour que je fasse mes preuves : « T’as du culot toi, mais j’admire ta détermination. Continue comme ça, avec ce mental tu iras loin dans la vie ». Finalement, je suis restée dans ce restaurant pendant un an. Ce fut une bonne première expérience dans la restauration, qui m’a beaucoup appris et qui m’a même servi de tremplin professionnel. Avec du recul, je me dis que l’insouciance et sûrement la bonne bonne dose de culot que l’on a à nos 18 ans est précieuse. C’est ce qui peut vous ouvrir de belles opportunités professionnelles auxquelles vous n’auriez jamais eu accès en jouant la carte de la prudence. Alors osez !
Le flair de Gabrielle : « Non seulement c’était l’occasion de rencontrer une personnalité importante dans le milieu artistique, mais en plus la période des stages se rapprochait »
Dans ma vie professionnelle et d’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours pris des initiatives. Je suis de celles qui entament des discussions avec des inconnus ou encore de celles qui se pointent dans les entreprises plutôt que de déposer leurs CV. D’ailleurs, j’ai l’impression d’avoir toujours ressenti cette motivation à prendre les choses en main, à agir pour ne pas subir. Je me souviens notamment pendant mes études d’un projet d’école, où ma classe et moi-même avons organisé une exposition d’art au sein d’une galerie d’art. Chacun de nous avait été amené à travailler dessus et j’avais adoré me confronter à cette nouvelle expérience. Une semaine après l’inauguration de notre exposition, notre chargé d’étude nous a appris qu’une personne travaillant pour un grand musée parisien souhaitait découvrir notre projet et que de fait, l’un d’entre nous allait avoir la responsabilité de lui faire visiter les lieux. Je me souviendrais toujours du silence qui a suivi cette annonce. D’abord car il a été d’une pesanteur terrible. Ensuite parce que j’ai été extrêmement surprise que mes camarades ne se jettent pas sur cette opportunité pour laquelle je pensais que nous allions nous battre. Non seulement c’était l’occasion de rencontrer une personnalité importante dans le milieu artistique, mais en plus la période des stages se rapprochait. Étant moi-même une amoureuse de ce musée parisien à la créativité délirante, je me suis portée volontaire. Le jour J, j’ai retrouvé mon invité dans les lieux dits et nous avons parcouru l’exposition, guidés par les commentaires auxquels j’avais réfléchi en amont.
Si le feeling passait entre nous, je comptais bien lui parler de mon attrait pour le musée pour lequel il travailllait et bien sûr, de mon désir de rentrer en stage chez eux. Une fois la visite terminée, il a d’emblée abordé le sujet et m’a parlé d’une offre qui pourrait peut-être m’intéresser. Une semaine plus tard, j’ai été reçue pour un entretien et j’ai eu le stage. Mes camarades de classe n’en revenaient pas de cette bonne nouvelle. Quand je repense à cette période, je me dis que l’audace ce n’est pas seulement les grands gestes qui nécessitent beaucoup de confiance en soi. C’est aussi de se montrer présent, d’être au bon endroit et au bon moment.
Article édité par Gabrielle Tremblay, photo Thomas Decamps pour WTTJ
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