Exit la « To-do » : voici pourquoi vous devriez plutôt passer à la « Did list » !
07 nov. 2023
5min
Après la « To-do list », voilà que la « Did list » débarque au bureau. À la différence de la première qui peut, dans certains cas, être une source de stress et devenir toxique, la seconde est un vrai booster de bien-être et de productivité.
Pour défendre votre bout de gras, pensez à faire des « did list » !
Bien que faire des « to-do lists » au travail présente de nombreux avantages, notamment en termes d’organisation et de priorisation, il arrive, qu’elles soient anxiogènes et contre-productives quand elles sont mal conçues. Surtout lorsque de nouvelles tâches s’y ajoutent inlassablement et qu’elles deviennent interminables, voire irréalisables. Elles peuvent alors générer une charge mentale et donner l’impression de ne pas être assez productif, organisé, efficace ou même compétent. Heureusement, sa cousine la « did list » permet d’ajuster le tir avec une pincée de bienveillance. « C’est une pratique régulière qui permet de mesurer sa marge de progression vers l’atteinte de ses objectifs et qui génère un sentiment d’autosatisfaction, résume Aurélia de Luca, coach en organisation et gestion du temps. Car dresser la liste de ce que nous avons accompli au cours de la journée permet de prendre conscience de toutes les tâches réalisées, aussi petites soient-elles. Et naturellement, cela élimine le sentiment de culpabilité ou de frustration que l’on peut ressentir en ayant l’impression de ne pas avoir assez avancé ».
En fait, vous pourriez même être surpris en observant de plus près ce que vous accomplissez au cours de votre journée. « Certaines personnes sont étonnées de constater tout ce qu’elles font quotidiennement, confirme la coach. Elles réalisent qu’elles sont plus productives qu’elles ne le pensaient ». C’est notamment le cas de Natacha, 35 ans, graphiste à son compte : « J’ai l’habitude de faire des to-do lists, mais depuis un certain temps je fais aussi des did lists quotidiennes. Ça m’a permis de prendre conscience que j’étais souvent dure et injuste envers moi-même. Je me mettais la pression pour être plus efficace et mieux rentabiliser mon temps, alors qu’en fait je ne chôme pas ! »
Quels sont les bienfaits et atouts de la « did list » ?
Une amélioration du bien-être : en mettant l’accent sur ce qui a été fait, plutôt que sur ce qu’il reste à faire, la did list génère un sentiment de satisfaction personnelle et d’apaisement. « C’est un moyen de reprogrammer son cerveau et de porter son attention sur des choses positives », explique Aurélia de Luca. Tout simplement, ça fait du bien. Et selon Francis Boyer, coach, conférencier et auteur du livre Plaisir au travail : Du savoir-faire à l’aimer-faire (Ed. Eyrolles), le bonheur au travail est « la rencontre entre la motivation (ce qui me donne envie d’aller travailler), la satisfaction (le bien-être que je ressens après avoir accompli une tâche) et le plaisir (ce qui fait que je m’éclate dans la journée) ». Alors pourquoi s’en priver ?
Une augmentation de la confiance en soi et de la productivité : « Constater concrètement que l’on est utile et productif au quotidien renforce l’estime de soi et la confiance en soi, poursuit la coach. Car la sensation d’achèvement et d’accomplissement est valorisante. Nous réalisons que nous sommes capables de finaliser des choses et d’atteindre nos objectifs ». En d’autres termes, cela aide à prendre conscience de sa propre valeur et de son potentiel, ce qui est naturellement vecteur de productivité. En effet, il a été démontré qu’une estime de soi positive au travail influait sur ses performances, sa satisfaction, son engagement et sa motivation. Ce qui, de fait, a aussi un impact significatif sur ses résultats (Campbell, 1990 ; Pierce et Gardner, 2004). Une récente étude espagnole publiée dans The National Library of Medicine a également confirmé cette corrélation positive entre l’estime de soi et la productivité au travail : ainsi les travailleurs heureux seraient plus efficaces et auraient plus de facilité à répondre à des attentes élevées. Comme le dit l’économiste américain Paul Krugman, « la productivité n’est pas tout, mais à long terme, elle est presque tout ».
Une meilleure clarté et connaissance de soi : enfin, faire des did lists permet également de faire le point, d’y voir plus clair, de savoir où l’on en est et de mieux s’organiser le lendemain. « On a tendance à douter de soi ou à s’interroger sur ce qu’il reste à faire, analyse la coach. Il est facile de s’éparpiller, mais cette pratique permet de se canaliser, ainsi que de mieux prioriser et s’organiser. On mesure aussi ses progrès et son évolution ». Il est, de fait, plus facile d’avoir une meilleure perception de l’avancée de son travail mais également… de soi. « Car il est normal de ne pas être toujours motivé, en forme ou d’être retardé par des imprévus, tempère Aurélia de Luca. Mais lorsqu’il y a trop de retard ou d’imprévus, il est bon de chercher la cause ». Cela peut être dû à une présence accrue sur son téléphone et notamment sur les réseaux sociaux, à une mauvaise organisation ou encore, à une tendance à la procrastination. Faire le point sur ce qui a été accompli permet de prendre du recul pour mieux s’observer, se connaître et lorsque c’est nécessaire, faire des réajustements.
Comment faire une did list ?
Le principe est simple : « je recommande de la faire quotidiennement, comme un petit rituel de fin de journée d’environ 15 à 20 minutes ». À l’image d’un exercice de pleine conscience, la coach conseille de lister les tâches accomplies au cours de la journée tout en s’interrogeant soi-même et surtout, en s’écoutant : « Qu’est-ce que j’ai accompli aujourd’hui ? Quelles sont les trois principales actions dont je suis le ou la plus fière ? Quelle méthode utilisée au cours de ma journée a eu un impact positif ? Ou à l’inverse, laquelle n’a pas fonctionné et que puis-je mettre en place pour inverser la tendance ? » Car faire cette did list permet aussi de mettre en évidence l’inefficacité éventuelle de certaines pratiques et d’initier des changements. De même que d’identifier certaines mauvaises habitudes, blocages ou obstacles personnels comme un problème de concentration, une fatigue persistante, un manque d’attention, d’intérêt, de motivation ou encore une difficulté à dire non aux collègues et qui vous retarderait dans votre travail.
Stop à l’autoflagellation, place à la bienveillance envers soi-même
Si les adeptes des did lists ont tendance à découvrir qu’ils accomplissent généralement plus qu’ils ne l’imaginent, il arrive, certains jours, que ce ne soit pas le cas. « Et ce n’est pas grave, insiste le coach. On ne recherche pas la perfection, mais la progression. La recherche de perfection pousse à la procrastination, donc l’important est de continuer à avancer, même en faisant des petits pas ». Ne soyez donc pas dur avec vous-même, d’autant que parfois, la qualité doit primer sur la quantité : « Il se peut par exemple que l’on accomplisse (que) deux tâches dans une journée, mais qu’il s’agisse des plus longues à réaliser et/ou des plus importantes. On peut faire moins que prévu, mais être allé au bout de ce qui était prioritaire ». Quantifier ce que l’on accomplit n’est donc pas toujours réaliste et juste. « Il est important de ne pas s’autoflageller et d’accepter que nous sommes, parfois, moins productifs ou motivés et que ce sera sans doute différent le lendemain. Même chose lorsque l’on réalise moins de tâches que les jours précédents. Nous sommes toutes et tous régis par des cycles, nous ne pouvons pas être au top tous les jours ».
En conclusion, si la to-do list présente des avantages considérables, adopter la did list permet d’atténuer ses éventuels effets négatifs et d’augmenter la sensation de bien-être au travail. Notamment grâce au fait qu’en générant un sentiment d’autosatisfaction quotidien, elle favorise une image positive de soi et booste la productivité. « Honnêtement, je ne pourrais plus m’en passer, concède Natacha. Je me sens plus performante, plus sûre de moi et ça se ressent dans la qualité de mon travail et les retours de mes clients ». A consommer sans modération donc, mais en faisant preuve de bienveillance envers soi-même.
Article édité par Gabrielle Predko ; Photo de Thomas Decamps
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