Devenir manager ne fait plus (toujours) rêver : quelles sont les alternatives ?
23 oct. 2018
4min
En décembre 2017, Audencia Business School, en partenariat avec l’institut d’études BVA, a publié une étude révélant que seulement 20 % des salariés souhaitaient devenir managers. Selon une étude de ManpowerGroup en 2016, 6 % des jeunes actifs souhaitent gérer une équipe… Depuis plusieurs années donc, de nombreuses études et articles de journaux font état d’un chamboulement dans le monde du travail : de moins en moins de salariés ressentent l’envie de devenir manager. Être promu manager, comme suite logique d’un parcours professionnel, est un schéma remis en question par la génération Y.
Les raisons de cette réticence
Le statut de manager inclut de nouvelles responsabilités : atteindre des objectifs donnés par la direction, motiver l’équipe, gérer des tensions éventuelles et être le garant du bien-être des salariés au travail… Selon l’étude d’Audienca Business School, 79 % des salariés ne souhaitent pas devenir managers : 61 % craignent le stress, 56 % la lourdeur administrative et 42 % le manque de reconnaissance en interne.
Après les crises économiques, où les entreprises sont moins stables, cette position ne fait plus rêver. Effectivement, le N+1 est souvent décrié par les employés qui ont de plus en plus de mal avec la verticalité professionnelle, et il doit désormais être doté de qualités humaines. Selon la même étude, 62 % des sondés attendent que le manager sache « motiver les équipes », 49 % qu’il soit « un expert dans son domaine », « juste et bienveillant ». Or, 63 % des salariés ont le sentiment de manquer de compétences en management. Allison Hékimian, Global Communication manager, qui a pu évoluer sans devenir manager chez Storefront, par exemple, est en accord avec cette notion de « fibre managériale » : « Je ne souhaite pas particulièrement être chef d’équipe. Selon moi, tout le monde ne peut pas être manager, cela fait partie des qualités de chacun. »
« Selon Audencia Business School et l’institut d’études BVA, 79 % des salariés ne souhaitent pas devenir managers : 61 % craignent le stress, 56 % la lourdeur administrative et 42 % le manque de reconnaissance en interne »
Pourtant, il est encore courant d’associer promotion, évolution professionnelle à un poste de manager, héritage du fordisme très hiérarchisé. Un cliché qui perd du terrain grâce aux nouvelles techniques managériales et à la transformation du milieu de l’entreprise notamment aux nouveau modes de fonctionnement dans les start-up : la structure hiérarchique se modifie voire disparaît, le bien-être au travail est devenue une nouvelle donnée. Il est possible, et de plus en plus courant, de s’épanouir et d’évoluer sans avoir à accepter de gérer une équipe ou stagner. La jeune global manager abonde dans ce sens : « Je préfère me sentir bien plus à l’aise toute seule, mais avec des choses qui me correspondent, plutôt que devoir gérer une équipe sous prétexte que passer manager est dans la suite “logique” de ma carrière. » Désormais, il très rare d’ambitionner d’avoir le même métier durant trente ans, les entreprises changent et les parcours professionnels aussi.
Voici 4 alternatives à l’évolution managériale qui mettent au coeur de la carrière l’acquisition de compétences et l’opérationnalité
Devenir Expert
Si vous ne souhaitez pas manager, il est possible d’évoluer en termes de compétences et de connaissances d’outils. Allison Hékimian explique que « ce qui m’intéresse c’est de monter en compétences, de gérer plus de marchés. » D’abord assistante, la jeune femme est devenue opérationnelle à son poste et a géré les marchés en France, puis en Asie et en Océanie. Aujourd’hui, l’évolution professionnelle tient plus de l’acquisition de compétences tout au long de la carrière et au sein de différents milieux qu’à une montée en puissance dans une seule entreprise : stagiaire, assistante, manager puis directeur. Allison Hékimian confirme : « Je pense que l’on est une génération qui change pas mal de milieu tout au long de sa vie professionnelle. Me voir évoluer, ce serait me tester sur une autre industrie et au final obtenir des compétences à 360° sur la communication. » Dans ce cas, il vous faudra travailler à améliorer vos compétences et affiner vos connaissances en permanence : rencontre de confrères, participation à des conférences…
« Je pense que l’on est une génération qui change pas mal de milieu tout au long de sa vie professionnelle. Me voir évoluer, ce serait me tester sur une autre industrie et au final obtenir des compétences à 360° sur la communication. » Allison Hékimian, Global Communication “manager” chez Storefront
Devenir intrapreneur
« Si je devais passer mes journées à faire de la stratégie, des réunions… Je serais susceptible de m’ennuyer, j’ai besoin de faire les choses de mes propres mains. » Allison Hékimian souligne l’un des freins à l’envie de devenir manager : on ne fait plus ce qui est notre cœur de métier. Pour booster sa carrière et ses compétences sans pour autant grimper les échelons, l’intrapreneuriat ou le travail en “mode projet” peuvent être de bons compromis. Vous travaillez, certes en manageant une équipe, mais avec une finalité commune et sans devenir N+1. Il est ainsi possible d’acquérir de nouvelles qualifications, de devenir opérationnel sur de nouveaux outils et peut-être même de se découvrir un attrait pour le management !
Changer de service
Vous avez la sensation d’avoir fait le tour de votre poste ? Pourquoi ne pas changer de service et déployer vos compétences dans une nouvelle équipe ! L’horizontalité et la polyvalence en entreprise sont de plus en plus acceptées et mises en valeur grâce à l’esprit start-up. En effet « il y a des gens qui se voient évoluer manager contre leur gré, parce qu’ils sentent que c’est la suite “logique”. Mais il n’y a pas de logique. On le voit, il y a des profils des plus en plus “illogiques” : entre les gens qui bifurquent dans leur carrière professionnelle, qui se révèlent dans certains milieux… », souligne Allison Hékimian. La mobilité interne permet de se créer un profil professionnel atypique, de se démarquer et donne la possibilité de s’épanouir sur différents postes au cours de sa carrière. N’hésitez pas à faire un bilan de compétences et à suivre les annonces en interne, les structures faisant de plus en plus appel à la cooptation: des annonces sont envoyées à tous les salariés lorsqu’un nouveau poste est à pourvoir, chacun est libre d’y postuler.
Créer votre propre entreprise
Oui, cela peut paraître paradoxal comme solution pour évoluer sans… manager. Et pourtant il y a un fossé entre diriger une équipe dans une entreprise et être à la tête de sa propre boîte. Évidemment, dans une logique d’évolution, l’entrepreneur devra à un certain moment recruter et donc manager, ou pas : les start-up tendent de plus en plus vers la suppression de la hiérarchie et vers une auto-régularisation, prenant pour socle la motivation des membres de l’équipe.
Si devenir manager requiert des qualités, il s’agit également d’une compétence qui s’acquiert grâce à des formations. La peur ne pas être à la hauteur peut-être le frein principal à ne pas vouloir évoluer en termes de management et non la conclusion d’une réelle réflexion. Dans ce cas, lancez-vous et faites-vous aider par vos cadres, collègues ou encore un coach spécialisé dans les ressources humaines et les transitions professionnelles.
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