Comment et pourquoi utiliser le management situationnel ?

10 mars 2021 - mis à jour le 18 oct. 2023

6min

Comment et pourquoi utiliser le management situationnel ?
auteur.e
Laure Girardot

Rédactrice indépendante.

contributeur.e

Le management situationnel ? C'est la capacité à analyser en temps réel l'état d'esprit de ses collaborateurs et leurs compétences, afin de choisir la meilleure attitude à adopter en tant que manager. On vous explique !

Dans un contexte économique tendu, les entreprises s’adaptent pour dynamiser l’activité et donner un cap à leurs équipes. En première ligne, le management doit trouver des leviers pour maintenir l’engagement des collaborateurs. Pour cela, il peut être utile de se référer à des modèles de management tels que le management situationnel de Hersey et Blanchard. Leurs travaux demeurent une mine d’informations pour faire face aux turbulences financières qui impactent les organisations. Loin d’être obsolète, ce modèle de gestion est fondé sur l’évaluation des besoins, le choix de la solution la plus appropriée et l’utilisation de la forme de leadership la plus utile. En quoi ce triptyque regorge-t-il d’enseignements pour des managers parfois déboussolés ? Et comment l’utiliser pour inventer des organisations plus résilientes face aux cygnes noirs ?

Management situationnel : rappel d’un concept intemporel

Quels sont les fondements du modèle ?

La théorie du management situationnel découle des travaux de Paul Hersey et Kenneth Blanchard. Selon eux, un leader doit adapter son style de leadership à la situation, à savoir une mission, une tâche, un poste… Ainsi, il peut être parfois directif ou participatif en fonction d’une situation donnée. Yahya Fallah, co-fondateur de Seven, organisme de formation expert en management, insiste sur un point clé : « Généralement, les leaders dirigent selon le profil de la personne ou selon sa sensibilité. Hersey et Blanchard proposent une vision plus macro : le profil fait partie de la situation, mais ce n’est qu’un élément parmi d’autres ». C’est donc un modèle de gestion d’équipe très flexible, car il ne se cantonne pas à un seul aspect (profil notamment) et n’est pas figé dans le temps (il est évolutif).

Aussi, le management situationnel se fonde sur 4 principes clés :

  • Le développement de l’autonomie des salariés est essentiel.
  • Une grande capacité d’adaptation des styles de management est de mise selon la situation donnée.
  • La capacité d’évolution continue de l’autonomie des collaborateurs se veut prioritaire.
  • La mise en place d’un cadre propice au développement de l’autonomie s’avère essentiel.

Ce dernier point est fondamental, car la vocation du management situationnel est de tendre vers une plus grande autonomie des collaborateurs. Ainsi, cet outil permet de niveler la montée en compétences en sécurisant les équipes au maximum, grâce à un accompagnement par étapes.

Les différents types de management : un levier de motivation

Pour bien comprendre l’outil et savoir l’utiliser, il faut comprendre que le management situationnel s’articule autour de comportements instrumentaux, à savoir la maîtrise de la tâche (ou le niveau de compétence) et de comportements relationnels, à savoir le temps que le manager passe avec ses collaborateurs. En croisant ces deux paramètres, il en découle une matrice avec quatre types de management évolutifs dans le temps.

Selon Yahya Fallah, « le management situationnel est une approche qui vit dans l’entreprise. Cela évolue avec le temps en fonction de l’expérience accumulée d’un collaborateur vis-à-vis d’une situation, d’une tâche ou d’une mission ». Il s’agit de démarrer par un management directif, car la personne ne maîtrise pas forcément tous les contours de sa mission. Puis, petit à petit, on évolue vers un management plus persuasif, qui se rapproche par exemple du coaching, pour faire grandir la personne. Quand le collaborateur maîtrise davantage sa mission et se sent plus à l’aise, on pivote vers du participatif, puis du délégatif. Ainsi, en fonction du niveau de maturité, de la situation et des besoins, il est possible d’adapter son style de management :

  • Management directif : le manager encadre de près les collaborateurs peu expérimentés sur certaines missions. Il passe peu de temps avec eux, car il donne des ordres précis, mais contrôle régulièrement les avancées.
  • Management persuasif : le manager est plus présent, car il passe du temps à expliquer le pourquoi d’une mission. Cependant, le manque de maîtrise l’oblige à maintenir un niveau de reporting élevé.
  • Management participatif : le collaborateur commence à maîtriser sa mission. Étant plus autonome, le manager l’associe de plus en plus à la prise de décision.
  • Management délégatif : la personne peut prendre les décisions, car elle maîtrise sa mission. Le manager délègue une grande partie des actions afin de booster l’initiative individuelle et la confiance en soi.

Cet outil de management évolutif permet de développer la confiance tout au long du processus et de donner du sens et de la perspective aux équipes. En effet, c’est un levier clé de motivation pour les salariés, puisqu’il « s’agit de passer en revue toutes les situations possibles avec chacun d’entre eux afin d’évaluer leur niveau de maîtrise. On établit un état des lieux individuel que l’on fait évoluer en permanence. Le management s’y adapte, afin de tendre vers plus d’autonomie », insiste Yahya Fallah. Ce modèle propose ainsi une approche multidimensionnelle de l’individu au sein de l’organisation : un salarié peut très bien être managé de manière directive sur l’une de ses tâches et être en totale autonomie sur un autre volet de son poste. Finalement, cette flexibilité managériale permet de motiver les individus sur la durée, ce qui en fait un levier de résilience pertinent face aux aléas externes.

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On vous en dit plus ?

Management situationnel : 4 raisons de s’en inspirer

1. Relancer l’engagement des collaborateurs

L’édition 2023 de l’étude annuelle State of the Global Workplace de Gallup révèle que les salariés français figurent parmi les professionnels européens les moins engagés au travail, avec un taux d’engagement de seulement 7 %, en-dessous de la moyenne européenne de 13 %. Dans ce contexte tendu, l’enjeu majeur est clairement de recréer les conditions de l’engagement. Pivot de l’organisation, le manager devient alors la pierre angulaire de la (re)motivation. Alors que les salariés sont en perte de repères, s’inspirer du management situationnel permet d’offrir un accompagnement personnalisé qui va « sensibiliser les leaders à une grille de lecture, pour savoir comment garder leurs collaborateurs engagés », souligne Yahya Fallah. En ce sens, le management situationnel est un véritable outil de développement au service des équipes. Il permet de faire un bilan et d’analyser le contexte afin d’évaluer où en est chaque collaborateur face à la situation donnée. La matrice est un socle d’analyse pour le manager « qui est capable de s’arrêter et d’aller voir ses collaborateurs pour leur demander leur avis. Ensemble, ils vont définir des actions et la direction à prendre ». Cette forme d’humilité « offre la possibilité d’être plus transparent avec ses collaborateurs. Chaque manager peut ainsi montrer ses fragilités, ce qui renforce les liens et la confiance ».

2. Accélérer l’autonomie des collaborateurs en télétravail

Aujourd’hui, selon une étude OpinionWay, 80 % des Français ont plutôt une bonne image du télétravail et 69 % des dirigeants pensent que le télétravail améliore la productivité de leurs salariés. Pourtant, sans encadrement progressif, l’autonomie peut rapidement dériver vers un stress accru, par manque de clarté dans les objectifs à réaliser. C’est particulièrement le cas au sein d’équipes dispersées où les échanges avec le manager sont moins spontanés, voire plus rares. Quand une nouvelle organisation doit se mettre en place, « le management situationnel est un point de départ très efficace pour redéfinir voire challenger la relation avec ses collaborateurs. Ensemble, en fonction de la situation individuelle, manager et managés l’utilisent pour encadrer, progressivement, le niveau d’autonomie », explique Yahya Fallah. En effet, une même personne possède des degrés d’autonomie professionnelle divers selon les situations de travail. Le rôle cardinal du manager situationnel est donc de s’adapter en permanence au niveau d’autonomie des individus en fonction de ses nouvelles missions. Son style de management se construit au cas par cas, en prenant en compte aussi bien la culture de l’entreprise que la nature des activités exercées.

3. Améliorer la communication au sein des équipes dispersées

La communication et le partage des informations restent le défi numéro un lorsqu’une organisation rencontre de nouveaux challenges. Beaucoup de structures ont adopté le télétravail sans toujours avoir le temps d’accompagner les salariés. Le risque ? Le manque de clarté qui peut rapidement générer une perte de productivité. « L’outil de management situationnel permet de donner de la visibilité sur les rôles de chacun », explique Yahya Fallah. En effet, via les comportements instrumentaux, la matrice a pour but d’organiser et de définir les rôles des membres de l’équipe. Le manager explique à chacun les activités qui lui incombent, à quel moment il doit agir et comment s’organiser et collaborer avec les autres. « Chez Seven par exemple, à l’époque du confinement, nous avons dû rapidement agir pour redéployer une nouvelle manière de collaborer à distance afin de rebondir. On s’est donc inspirés d’un dérivé du modèle de Hersey et Blanchard : le “delegation Poker” de Jürgen Appelo. En gros, on a décidé du niveau de délégation à appliquer (de 1 à 7) en fonction de la tâche à réaliser et de la personne en charge. » Ainsi, collaborateur par collaborateur, le management a co-défini avec eux les nouvelles responsabilités et tâches de chacun en fonction du nouveau cap donné. « C’est une pratique très efficace pour savoir qui fait quoi et comment. Elle est désormais ancrée au sein de Seven, ce qui permet de réagir vite dans les périodes de turbulences », renchérit-il. Aussi, en parlant le même langage, les interactions sont plus simples entre les différents membres de l’équipe, même à distance.

4. Bâtir et consolider une organisation résiliente

Le management situationnel est avant tout une approche structurante pour définir la relation à l’autre, « dont on voit les bénéfices avec le temps. Notamment quand un événement imprévisible vient bousculer un équilibre : c’est là où les organisations les plus résilientes se révèlent. Et le management y est pour beaucoup ». En effet, avec un management approximatif ou peu enclin à prendre le temps de comprendre ses équipes, les collaborateurs ne sont pas prêts à s’investir davantage. « Les personnes seront passives », selon Yahya Fallah. Alors que le management situationnel est un travail de fond dont le but est de bâtir une organisation plus résiliente, car « on va prendre le temps avec chaque collaborateur de le comprendre et de le faire grandir. En les respectant, le jour où une crise débarque, ils seront là, prêts à rebondir avec vous ».


Photo by Thomas Decamps pour WTTJ

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