Managers : comment éviter à vos collaborateurs une rentrée sur les chapeaux de roue ?

Pour beaucoup de salariés, rentrée rime avec anxiété. Nombreux sont ceux qui ont la boule au ventre en pensant aux dizaines d’emails qui les attendent dans leur boîte de réception. Ou ceux qui se sentent déjà fatigués rien qu’à l’idée de reprendre le rythme effréné du métro-boulot-dodo. Selon une enquête menée l’année dernière par QAPA, la solution digitale du groupe Adecco, seuls 7 % des Français attaquent leur rentrée avec enthousiasme, et 58 % appréhendent leur première journée. Résultat : « Pour de nombreux salariés, l’effet bénéfique des vacances disparaît au bout de quelques jours seulement », regrette Philippe Rodet, médecin, conférencier et auteur du livre Le management bienveillant.

Vous l’aurez compris, en tant que manager, il est essentiel de vous soucier du bien-être de vos équipes en cette période charnière. Alors comment créer un cadre favorable à la transition vacances-travail de vos collaborateurs ? Quelles sont les étapes clés pour anticiper le mois de septembre ? Voici notre mini-guide pour préserver vos équipes (et vous, tant qu’à faire) face au rush de la rentrée !

1. Prendre le temps d’échanger en one to one avec les membres de son équipe

Beaucoup de managers ont la tête dans le guidon dès leur premier jour de reprise. Mais pour Philippe Rodet, il est important de commencer en douceur, par des échanges informels et conviviaux avec chaque membre de votre équipe : « Prendre un moment pour discuter des vacances ou pour s’enquérir de la famille de vos collaborateurs lors d’une pause café permet d’instaurer une ambiance positive. C’est aussi une bonne manière de leur montrer que vous valorisez leur vie personnelle, et pas seulement leur travail », explique-t-il. Rien de pire en effet, que de zapper cette étape en abordant directement les sujets opérationnels en cours ou le dossier prioritaire de la rentrée.

Le retour des vacances est par ailleurs le moment idéal pour remercier vos collaborateurs de leur engagement et de leurs efforts réalisés sur la première partie de l’année. Surtout si celle-ci a été éprouvante. Peu de managers ont le réflexe de le faire, et pourtant, c’est une occasion manquée de faire preuve d’empathie et de montrer votre reconnaissance.

« Le sens est un puissant facteur de protection du stress et une clé de réussite. »

2. Réunir l’équipe pour clarifier la stratégie

La pause estivale laisse souvent place au blues de la rentrée. Pour éviter une perte de motivation dans votre équipe, vous devez lui donner de la visibilité sur la suite des opérations, et faire en sorte que les projets de fin d’année suscitent l’enthousiasme. Pour cela, il est utile d’organiser un point de rentrée pour fixer le cap, en expliquant la stratégie des prochains mois, d’autant plus si celle-ci a évolué depuis le premier semestre. L’objectif ? Faire en sorte que la stratégie soit non seulement claire, mais aussi « riche de sens », selon Philippe Rodet. Chacun de vos collaborateurs doit comprendre en quoi ses missions contribuent au succès de l’équipe et de l’entreprise. Et ce, tout particulièrement en cette période de rentrée, car « le sens est un puissant facteur de protection du stress et une clé de réussite », insiste-t-il.

Faut-il par ailleurs profiter de la rentrée pour resserrer les liens de l’équipe en organisant un team building ? Pourquoi pas, mais ce n’est sans doute pas ce qui va faire la différence, selon Philippe Rodet, pour qui ces activités sont souvent « coûteuses et inefficaces ». Pour notre médecin-conférencier, il s’agit d’effacer les escape games ou séminaires en pleine nature, pour se concentrer plutôt sur ce qui va soulager le quotidien de votre équipe en cette période chargée !

3. Fixer des objectifs intermédiaires

Le cycle qui s’étend de septembre à décembre s’annonce souvent comme un « couloir de la mort » : à la rentrée, les collaborateurs voient l’échéance de leurs objectifs annuels se rapprocher à grands pas et s’élancent sur leur dernière ligne droite. Beaucoup de salariés se sentent donc particulièrement sous pression. Pour leur apporter plus de sérénité tout en encourageant leurs efforts, Philippe Rodet conseille aux managers de baliser les 4 derniers mois de l’année en fixant des objectifs intermédiaires. Ces derniers ont le mérite de définir des jalons concrets et motivants, qui favorisent la progression et la persévérance vers l’objectif final.

Pour l’illustrer, l’ancien médecin fait référence à une expérience conduite dans le milieu de l’armée : « On a demandé à deux groupes de nageurs de combat de parcourir une longue distance. L’un des deux groupes n’avait aucun repère particulier, tandis que l’autre pouvait suivre son avancement grâce à des bouées placées à chaque kilomètre du parcours. Eh bien les résultats ont été sans appel : les nageurs du second groupe ont obtenu de bien meilleurs résultats que ceux du premier ! », explique-t-il. De quoi prouver les bienfaits des objectifs intermédiaires, quelle que soit la discipline !

« Si un collaborateur a progressé au premier semestre, il est essentiel de lui montrer sa confiance en lui donnant plus de responsabilités. »

4. Remettre à plat l’organisation de l’équipe

À la rentrée, les salariés reprennent bien souvent en enchaînant les réunions et en reprenant leur routine de travail, sans la challenger. Erreur ! La rentrée est justement la période idéale pour analyser l’utilité des process et questionner les outils utilisés par votre équipe. L’enjeu ? Alléger la charge de travail de vos collaborateurs, en éliminant les tâches inutiles, qui sont souvent de fortes sources de démotivation en cette période de rentrée.

Philippe Rodet conseille de traquer deux fléaux :

• Les reportings inutiles : souvent fastidieux à réaliser, beaucoup ne sont jamais analysés tandis que d’autres sont produits en double, car de nouveaux rapports sont introduits sans que les anciens ne soient stoppés. Faites le tri et ne maintenez que l’essentiel !
• Les réunions superflues : la fameuse réunionite fait des ravages dans la plupart des entreprises, et la rentrée est une bonne occasion d’optimiser ces temps d’échanges. Comment ? En supprimant les réunions qui peuvent être remplacées par de simples emails, en réduisant le nombre de participants ou la durée, ou tout simplement en évitant de commencer systématiquement en retard.

La rentrée est aussi le moment de repenser l’organisation de l’équipe dans sa globalité, en adaptant par exemple les marges d’autonomie de chacun : « Si un collaborateur a progressé au premier semestre, il est essentiel de lui montrer sa confiance en lui donnant plus de responsabilités », souligne Philippe Rodet.

5. Encourager ses collaborateurs à se préserver

Dernier conseil (et pas des moindres) : au retour des vacances, il est plus que jamais nécessaire de créer un environnement de travail sain, équilibré et productif, en favorisant la santé mentale, physique et émotionnelle de votre équipe. « La rentrée est toujours une période difficile », rappelle en effet Philippe Rodet, et « il est essentiel de montrer à vos collaborateurs qu’ils sont précieux, en les incitant à prendre soin d’eux ». Comment faire concrètement ? Vous pouvez tout d’abord éviter d’imposer une reprise trop rapide à votre équipe en limitant au maximum vos exigences de résultats immédiats. Vos collaborateurs pourront ainsi bénéficier d’une « période tampon » pour se remettre dans le rythme et traiter tous leurs emails. Vous pouvez aussi leur conseiller de se fixer des limites claires pour prévenir les heures sup, ou encore de faire des pauses régulières en allant par exemple marcher deux fois 15 minutes par jour.

Des conseils simples mais essentiels, qui sont d’ailleurs aussi valables pour les managers eux-mêmes. Car en période de rentrée, vous êtes bien évidemment, vous aussi, en première ligne face au stress et à la surcharge de travail !

Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ