Très motivé(e) ? Comment postuler sans faire flipper l’entreprise de ses rêves ?
20 févr. 2019
4min
Montrer sa motivation, c’est bien, mais devenir le candidat flippant dont on rigolera à la machine à café, c’est une mauvaise idée. Alors, jusqu’où aller pour rejoindre l’entreprise de vos rêves ? Quelle est la frontière entre un candidat très motivé et un candidat très inquiétant ? Tour de piste des bonnes et mauvaises idées.
Envoyer un CV-pizza à la forme du logo de l’entreprise, supplément fromage…
Les candidatures originales et les histoires extravagantes ne manquent pas sur Internet : CV dans une boite, montages vidéo, confettis dans la lettre de motivation… Les approches originales ont le mérite de montrer votre créativité et faire en sorte que l’on se souvienne de vous. Pour le meilleur ou pour le pire.
Le conseil de l’expert : « Je recrute plus de 100 profils chaque année, un CV original attirera forcément mon attention. Mais attention ensuite à incarner cette attitude décalée tout en sachant montrer votre sérieux, sous peine de décevoir le recruteur qui a décidé de vous rencontrer. C’est un équilibre difficile à trouver. Et évidemment, cela fonctionne mieux dans les milieux créatifs, artistiques, moins conventionnels », nous explique Justine, recruteur dans une SSII.
Sortir la cravate du dimanche et faire une entrée sur fond de musique péplum.
Postuler en personne est une pratique peu conventionnelle dans la majorité des secteurs. Certains tentent leur chance mais beaucoup s’y cassent les dents.
Le conseil de l’expert : « Je suis peu friand de cette approche, car assez intrusive. Je dirais que c’est à tenter si vous savez que votre candidature ne passera pas le premier filtre du recruteur. Si vous arrivez bien préparé et avec beaucoup d’humilité, vous pouvez éventuellement revenir dans la pile de CV des candidats potentiels. Dans tous les cas, c’est à réserver aux petites et moyennes entreprises, car il est très peu probable de passer la barrière de d’accueil dans une grande entreprise, et votre CV finira à la poubelle », détaille Vincent, Responsable RH dans la grande distribution.
Envoyer une douzième lettre de relance, parfumée à la fleur d’oranger.
Relancer votre interlocuteur après une dizaine de jours est une pratique normale, c’est généralement le temps qu’il faut à un recruteur pour étudier une candidature, rencontrer d’autres candidats ou prendre une décision. Cependant, évitez d’être contre-productif en relançant plusieurs fois ou via différents canaux (LinkedIn, e-mail personnel, téléphone, etc.).
Le conseil de l’expert : « Une relance, c’est bien. Deux relances, c’est risqué. Trois relances, c’est trop. Dans l’idéal, essayez de relancer en apportant une information nouvelle : une précision sur un élément de votre candidature, une idée liée à l’actualité récente de l’entreprise, une recommandation d’un ancien supérieur, etc. Vous montrerez ainsi que vous être rigoureux et que vous attachez une importance particulière à l’entreprise », ajoute Justine.
Postuler à l’offre de « Responsable marketing digital » ET « stagiaire full-stack ».
Répondre à plusieurs offres dans la même société risque de vous faire passer pour un candidat généraliste, à une ère qui privilégie la spécialisation. Cependant, cela peut être perçu de façon positive si cela démontre votre motivation à rejoindre l’entreprise et que cela reste cohérent avec votre parcours.
Le conseil de l’expert : « Je n’ai pas de problème avec les candidats qui répondent à deux, maximum trois, annonces s’ils savent le justifier correctement. Tout est une question de cohérence, et il arrive régulièrement que les postes que nous proposons soient assez proches. Attention cependant à postuler à des niveaux hiérarchiques similaires, sans quoi vous pourriez décrédibiliser votre candidature. », complète Vincent.
Demander à Jacques, Henri, Ségolène, Charles et Louisa de vous recommander chaudement auprès du patron.
Faire recommander votre candidature par un interne est toujours un atout. Mais évidemment, évitez de multiplier les demandes de recommandations internes au risque de paraître désespéré et/ou de décevoir la personne qui a pris le temps de vous recommander. Choisissez le meilleur ambassadeur pour votre candidature et tenez-vous à lui.
Le conseil de l’expert : « J’apprécie particulièrement les candidats qui ont pris le temps de contacter ou rencontrer des collaborateurs de l’entreprise avant de postuler. C’est un bon moyen pour moi de prendre la température avant de le rencontrer, et pour lui de se différencier des autres candidats », explique Vincent.
Se dire que « cette fois, c’est la bonne ».
Re-postuler après un refus est une pratique plus courante qu’on ne l’imagine. Retenter votre chance quelques années après un refus - justifié par un manque d’expérience par exemple - peut être bien perçu par un recruteur qui ne pourra ignorer votre motivation et les efforts que vous avez réalisés pour rejoindre l’entreprise. Cependant, insister pour le même poste et à quelques jours ou semaines d’intervalles est souvent vain.
Le conseil de l’expert : « Je vois parfois des candidats qui postulent à nouveau après un retour négatif, en pensant que modifier leur CV suffira pour passer inaperçu. Ou qui trouvent le nom d’un autre recruteur du cabinet sur LinkedIn et tentent leur chance auprès de lui. Ces pratiques font perdre du temps à tout le monde, car un refus est rarement injustifié et les logiciels RH permettent de repérer ce type de candidatures. En revanche, il arrive que je propose à un candidat un poste pour lequel il n’a pas postulé si je vois qu’il est très en phase avec l’esprit de l’entreprise et que sa motivation à la rejoindre est sincère », précise Justine.
Ranger le bureau de votre recruteur pour montrer votre rigueur et vos capacités d’organisation.
Les excentricités des candidats font rire dans le milieu des ressources humaines, mais conduisent rarement à une offre d’emploi. Montrer votre motivation est indispensable, mais cela passe par une lettre de motivation particulièrement conceptualisée ou une bonne préparation en amont d’un entretien, plutôt qu’à un numéro de claquettes.
Le conseil de l’expert : « Je suis parfois impressionnée par le courage et le culot des candidats. Malheureusement, en faire trop risque souvent de les desservir. Nous cherchons des professionnels, des personnes responsables et qui, si elles doivent faire preuve d’un grain de folie dans leur travail, savent cependant respecter les codes du monde de l’entreprise », nous raconte Justine.
Vous l’aurez compris, l’originalité est la bienvenue tant qu’elle reste respectueuse du recruteur et de l’entreprise. La clé ? Si vous avez déjà eu un premier entretien, demandez la suite du processus de recrutement et à partir de quand vous pouvez attendre une réponse. Cela vous permettra de relancer au bon moment, sans dépasser les limites de votre interlocuteur.
Photo by WTTJ
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