Psycho Boulot : pourquoi le taff envahit-il à ce point nos vies ?
18 oct. 2022
PSYCHO BOULOT - Pourquoi procrastine-t-on parfois au travail alors qu’on est “sous l’eau” ? Pourquoi imagine-t-on toujours le pire au boulot comme dans la vie ? Pourquoi travaille-t-on 5 jours par semaine et pas 3, 4 ou 6 ? Ou encore, pourquoi a-t-on décidé que les weekends étaient une bonne idée ? Découvrez Psycho Boulot, la série qui vous offre un divan confortable où aborder les questions existentielles du monde du travail, et prendre (enfin) un coup d’avance sur votre cher cerveau grâce à notre expert du Lab Albert Moukheiber.
Il est 18h30, vous quittez le taff. En arrivant chez vous, vous vous posez dans votre canapé et là, c’est le drame : vous pensez encore et toujours au boulot. Mais POURQUOI ? Pourquoi est-il si difficile de mettre son cerveau sur pause une fois la journée de travail terminée ? Pourquoi s’invite-t-il encore et toujours dans notre intimité, voire parfois même dans notre sommeil ? Une fois pour toute, pourquoi pense-t-on tellement au taf ?
Comment le temps passé influe sur l’importance donnée aux choses
Aujourd’hui, il est commun de parler de santé mentale au travail. Le phénomène de dépression n’est plus un tabou, et les expressions de burn-out (syndrome d’épuisement professionnel par l’intensité du travail), brown-out (manque de sens au travail), ou encore bore-out (syndrome d’épuisement professionnel par l’ennui au travail) sont sur toutes les lèvres. Mais on pense à tord que ces différentes pathologies sont des phénomènes récents.
A y regarder de plus près, notamment la littérature sur la santé mentale, elles existent en réalité depuis toujours. Seulement avant, ça nous était égal, c’était tout bonnement laissé de côté. Un ouvrier qui travaille et dort à l’usine en multipliant les heures est, a priori, moins bien lotti qu’un employé de bureau d’aujourdhui. La seule différence est que la santé mentale n’était pas un sujet à l’époque. Personne n’avait le loisir de pouvoir se dire : « Je ne suis pas content·e d’avoir ce mode de vie. »
Malgré cette amélioration de la prise en charge de notre santé mentale, on pense encore trop au boulot. Cela s’explique par un effet quasiment mécanistique : si à peu près la moitié de mon temps se passe dans un certain lieu, mon cerveau considère que ce lieu est très important et je vais donc avoir tendance à me focaliser dessus. En me permettant de gagner ma vie, mon travail est une base d’entrée très importante dans la société moderne. Donc quelque part, c’est normal que votre cerveau soit envahi par cette activité principale qui rythme nos sociétés. Même si cela n’est pas nécessairement une bonne chose.
Redevenir maître de son temps… de travail
La pandémie nous a permis de prendre conscience du rythme effréné que nous subissions pour certains. On le voit aujourd’hui, beaucoup de secteurs d’activité ont du mal à recruter. C’est le cas de l’hôtellerie et de la restauration qui supposent des horaires le week-end avec des salaires peu élevés. Les candidats se font rares car ils ne souhaitent plus vivre cette invasion de leur espace psychique. Mais cela touche aussi un secteur comme le conseil qui paye très bien, mais qui demande également une exigence très forte de disponibilité les soirs et week-end.
Cette remise en cause de la façon dont on dépense son temps est très importante car le temps est ce qu’on appelle un « jeu à somme nulle ». Si je suis en train de le dépenser quelque part, je ne peux pas être en train de le dépenser ailleurs. Le temps n’est pas divisible. Et cette remise en cause de notre temps sur une activité, qui est quelque part une contrainte, est peut-être la meilleure façon de se libérer de cette obsession.
La meilleure façon de faire, pour essayer d’être moins envahi par nos pensées liées au travail, c’est peut être simplement de passer moins de temps au boulot. Travailler moins, passer à une semaine de 32 heures, avancer l’âge de la retraite au lieu de la retarder… Et ne pas tomber dans le piège de : “c’est le taf qui organise ma vie”. Ma vie devrait être organisée et le taf, lui doit être quelque chose qui vient en plus.
Article édité par Mélissa Darré, photo par Thomas Decamps
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