Travail : 6 bonnes raisons de bien tourner la page avec son ex-boîte
22 sept. 2022
6min
« Je suis venu te dire que je m’en vais, Et tes larmes n'y pourront rien changer… » Cette fois c’est décidé, vous quittez votre boulot. Comme Gainsbourg, vous n’avez pas d’états d’âme. Ni regret, ni sanglot, « des adieux à jamais (ouais) ».
Quitter son job et son entreprise, ce n’est certes pas un moment agréable à passer. Mais, comme en amour, il vaut mieux prendre son courage à deux mains et rompre proprement pour être sûr·e de tourner la page. Pour vous aider à clore ce chapitre au mieux, notre experte du Lab Roseline Laloupe nous dévoile les avantages de mener à bien cette période de « deuil » pour avancer sereinement vers la suite.
Raison n°1 : faire la paix avec soi-même et ses émotions
Quel que soit le passif de la relation, la durée, le contexte : il est important de ne pas refouler ce que vous vivez et ressentez, mais la forme comme le fond ont leur importance. Exit donc la mauvaise idée d’aller hurler sur votre ancien manager en plein open space devant vos collègues ! Prenez plutôt un moment à vous pour lâcher les vannes et mettre des mots sur vos émotions. « Retrouvez-vous chez vous, face à vous-même, et exprimez vos émotions un bon coup », incite Roseline Laloupe. Ce moment de catharsis vous aidera à vous décharger des émotions négatives et à déposer votre fardeau. Vous pourrez alors aborder la rupture plus sereinement.
Si vous ressentez le besoin de parler, une oreille extérieure peut vous faire le plus grand bien. « Il est essentiel de s’entourer de personnes qui nous veulent du bien, insiste notre experte. Dans ces circonstances, on a besoin d’une écoute bienveillante et sans jugement. » Proches, amis, famille, mais aussi psychologues ou coachs peuvent être d’un grand secours. « Se faire accompagner en thérapie est très important lorsqu’une rupture professionnelle est douloureuse, affirme la coach. Le travail impacte largement notre vie. Il ne faut pas hésiter à y recourir quand on sent qu’il y a un trauma. Il est essentiel de comprendre ce qui s’est passé dans cette relation et pourquoi ça s’est passé ainsi pour avancer. »
Raison n°2 : recueillir du feedback pour l’après
La fin d’une relation, pro comme perso, mérite une dernière conversation afin de laisser à chacun un territoire d’expression pour donner mais aussi recueillir des feedbacks, et ainsi mieux comprendre les raisons ou les motivations de l’autre. « Une fois les émotions digérées, il peut être bien de revoir son manager ou le service RH pour une dernière discussion, explique Roseline Laloupe. Il ne s’agit pas de se faire des reproches, mais de partager son expérience et de revenir sur ce qu’on a apprécié et moins apprécié dans ce job. » Frustrations, impressions… le moment est alors propice pour vider votre sac avec subtilité grâce à la méthode de communication non violente (CNV). « Employez toujours le “je”, conseille la coach. Évitez de recourir au “vous” ou au “tu”, concentrez-vous sur les faits plutôt que sur la personne à qui vous les reprochez. »
Cet ultime échange est souhaitable pour passer à autre chose, mais il n’est pas toujours possible. « On ne peut pas toujours avoir une dernière discussion. Parfois, la relation est toxique, la rupture est sale et c’est comme ça, admet l’experte. Alors, il vaut mieux éviter d’entrer en contact avec l’autre, ça remue des émotions négatives. » Si vous vous trouvez dans cette situation, Roseline Laloupe vous suggère de remplacer cette dernière discussion par une lettre. « Écrivez ce que vous auriez aimé dire à ce manager, exprimez ce que vous avez vécu et ressenti. Une fois rédigée, vous pouvez brûler cette lettre et commencer à tourner la page. »
Raison n°3 : se remettre en question pour grandir
Pour admettre et accepter les raisons de la séparation, et ainsi éviter de reproduire les mêmes schémas à l’avenir, un exercice d’introspection est essentiel. « Il est normal de passer par une phase où on rejette la faute sur l’autre, explique Roseline Laloupe. Puis, vient le temps de la remise en question : qu’aurais-je pu faire différemment ? Où ai-je déconné ? Quels étaient mes attentes et mes besoins ? Que puis-je faire différemment à l’avenir ? » Un exercice difficile auquel la coach s’est livrée elle aussi, lors d’une rupture professionnelle : « J’ai compris que je n’avais pas assez communiqué avec mon ex-employeur. Que je n’avais pas assez exprimé mes besoins et mes frustrations. Cette rupture m’a aussi permis de comprendre que je ne me suis pas assez interrogée en amont de la relation. »
Un travail sur soi que Gilles, ex-directeur général d’une start-up connaît bien, lui aussi. « Au début, raconte-t-il, je remettais toute la faute sur ma boîte. J’étais furieux et choqué. Je leur en voulais beaucoup. Puis, j’ai cherché à savoir ce que j’aurais pu faire pour qu’il en soit autrement. À ce moment-là, j’ai compris que ce n’était pas si simple et que, dans cette histoire, je devais aussi prendre ma part de responsabilités. » Pour que cette mise au point soit efficace, il est important d’être tout autant au clair sur ce que vous reprochez à votre ex-job que de reconnaître vos propres torts et erreurs. Sans quoi vous risqueriez de les répéter.
Raison n°4 : tourner la page pour s’engager ailleurs (à moins que)
Quand la rupture est douloureuse, on peut être tenté de laisser la porte ouverte. « On est tous passés par là », reconnaît Roseline Laloupe. Une fois séparés, voilà que vous vous surprenez à regretter certains aspects de votre ancien travail. Normal ! Il n’est pas toujours évident de sortir de ses habitudes, sa zone de confort, son terrain conquis. Et pourtant, si vous vous êtes quittés, c’est que vous n’étiez plus fait l’un pour l’autre. « Encore aujourd’hui, j’ai envie que ça marche, avoue Laurène, modéliste dans le luxe qui a quitté son job à la suite d’un conflit interne l’opposant à une collègue. Je me demande si la relation n’a pas le droit à une seconde chance. Si je ne commets pas une erreur de partir… Moi, j’y crois encore. J’ai toujours dit à la RH que je voulais me battre, que je veux qu’on y arrive. Mais, on m’a répondu que je ne pouvais pas me battre toute seule, qu’il fallait me rendre à l’évidence, que ça ne marchait plus… »
Tenter de raviver la flamme peut paraître séduisant lorsqu’on est las·se à l’idée de repartir de zéro et de tout recommencer, mais il est plus judicieux, au moins à court et moyen termes, d’aller de l’avant. « À moins qu’un travail ait été fait des deux côtés, ou que cinq ans plus tard la situation se soit transformée, avertit la coach, la relation est vouée à l’échec. » Il faut vous rendre à l’évidence : si vous avez engagé certaines démarches, c’est bien que votre situation ne vous convenait plus. Inutile d’avoir peur du saut dans l’inconnu, il est le seul à pouvoir confirmer ou pas que l’herbe est bien plus verte ailleurs. Si ce n’est finalement pas le cas, libre à vous de revenir sur vos pas, mais là encore ce choix doit être mûrement réfléchi. Une rupture en bons termes ne pourra, en tout cas, que vous faciliter la tâche !
Raison n°5 : prendre le temps de faire les bons choix
Vous pourriez également être tenté de vous précipiter sur le premier venu. Le tristement célèbre job « mouchoir », sur lequel on se précipite pour ne pas rester seul, rendre jaloux son ex-job et se consoler. « La nature a horreur du vide. Mais chercher à le combler vite et à tout prix, c’est LE truc à ne pas faire, explique Roseline Laloupe. On a l’impression d’en sortir gagnant, mais c’est le meilleur moyen de reproduire les erreurs passées. On risque de reprocher des torts à son nouvel employeur ou de le comparer. C’est destructeur. La réalité, c’est qu’à ce stade, on n’est pas prêt à s’engager de nouveau. »
Effectivement, s’il peut paraître séduisant et réconfortant sur le papier, en réalité, le job « mouchoir » ne résout rien. « Il y a un temps pour tout, certifie notre experte. Lorsqu’on est à vif, on ne se trouve pas dans de bonnes conditions pour agir, on n’est pas disponible pour la rencontre. Comme pour la courbe du deuil, la rupture implique de traverser différentes étapes. L’important n’est pas de savoir où vous en êtes, mais d’être sincère sur ce que vous ressentez. Si vous n’êtes pas prêt, il est préférable de l’accepter. » En amour comme au travail donc, mieux vaut rester seul que mal accompagné. « À vouloir se précipiter, on risque aussi de surinvestir la nouvelle relation, ajoute la coach. C’est l’attitude classique du dépendant affectif. Il est optimiste, il croit en sa nouvelle chance et se donne sans compter. Cela peut créer de gros dégâts comme une dépression ou un burn out. C’est le meilleur moyen de mettre à néant son estime de soi. »
Raison n°6 : tirer profit de la situation
Au lieu de ressasser votre haine envers votre ex-job, cultivez ce que la rupture vous apporte de positif. « Il faut voir la rupture comme une occasion de prendre soin de soi, propose Roseline Laloupe. *Dans une relation, on a tendance à s’oublier. La rupture permet de se recentrer sur soi, ses besoins, ses envies. » Vous allez peut-être avoir du temps pour vous, pour vous recentrer sur vos projets et faire le plein de bonnes ondes. Roseline Laloupe, elle, a mis à profit sa rupture pour se remettre à écrire et lire. « Il faut prendre le temps de faire des choses qu’on aime, de découvrir de nouvelles activités, conseille la coach. C’est le meilleur moment pour faire son Ikigaï ! Il faut s’autoriser à rêver.* »
La rupture marque la fin d’une histoire. Mais ce n’est pas le dernier tome de votre vie professionnelle ! Tourner la page sereinement vous permet de débuter un autre récit dans de bonnes conditions, de vous lancer dans l’écriture de l’avenir. En amour, il y a ce symbole : une nouvelle coupe de cheveux, signe du début du reste de sa vie. « Pourquoi ne pas avoir la même approche au travail ?, s’amuse Roseline Laloupe. Vous pouvez changer de coupe, revoir votre style vestimentaire, changer de secteur ou de lieu de vie ? C’est le moment de réfléchir à votre nouvelle identité professionnelle et booster votre confiance en vous. » La coach ne le nie pas, « la rupture est un coup dur, elle fragilise sur le coup, mais on ressort toujours plus fort. »
Article édité par Melissa Darré, photo Thomas Decamps pour WTTJ
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