Comment réussir son gap salarial lors d'un changement d'entreprise ?

26 févr. 2020

6min

Comment réussir son gap salarial lors d'un changement d'entreprise ?
auteur.e
Cécile Nadaï

Fondatrice de Dea Dia

Le gap salarial, c’est cette augmentation de salaire confortable à laquelle on peut prétendre lorsque l’on change de poste, le plus souvent en changeant de boîte. Si elle fait rêver nombre de salariés (avouez, vous aussi…), cette augmentation n’est bien sûr pas automatique et pour en profiter, il vaut mieux réunir quelques conditions et savoir négocier. Voici quelques conseils pour mettre toutes les chances de votre côté en entretien d’embauche, lorsque vous serez en tête à tête avec le recruteur de votre potentiel futur employeur !

Savoir ce que l’on vaut

Connaître sa valeur sur le marché

Beaucoup de candidats peinent à définir leur valeur sur le marché du travail, et c’est compréhensible : rien de plus compliqué que de se juger soi-même, surtout quand on n’est pas au fait des normes en termes de rémunérations. Mais si nous sommes souvent mal à l’aise quand vient le moment d’aborder la question du salaire en entretien, savoir ce que l’on vaut est une étape essentielle pour pouvoir bien négocier.

Pour vous en faire une idée, vous pouvez utiliser le simulateur de l’Apec. Il vous permettra de savoir, en fonction de votre poste, du lieu où vous exercez et de la nature des missions qui vous sont confiées, si vous êtes payé à votre juste valeur et ce à quoi vous pouvez prétendre.

Se renseigner sur la politique salariale de l’entreprise et les pratiques de son secteur d’activité

Par ailleurs, n’oubliez pas de vous renseigner sur les pratiques de l’entreprise en matière de salaire avant de passer le premier entretien. Pour cela, vous pouvez utiliser le site GlassDoor, qui vous permettra notamment de consulter les barèmes de rémunération en vigueur dans le secteur d’activité de l’entreprise dans laquelle vous postulez.

Opter pour les offres d’emploi adaptées à vos prétentions

Rappelons que le gap salarial ne dépend pas uniquement de votre profil ni du bon vouloir de l’entreprise, mais également du poste que vous convoitez. Si l’augmentation de votre rémunération est essentielle pour vous, sélectionnez des postes avec un niveau de qualification et de responsabilités en phase avec vos prétentions. Autrement dit, si vous postulez à un poste avec un niveau de qualification inférieur à celui que vous occupez actuellement, vous aurez du mal à négocier une augmentation de salaire. Assurez-vous donc, avant de postuler, d’avoir bien décrypté la fiche du poste qui vous fait de l’œil pour cerner au mieux les missions et les responsabilités qui vous seront confiées.

Bien aborder le sujet de la rémunération en entretien

La question de la rémunération est souvent abordée par le recruteur. S’il le fait en vous proposant une rémunération en-deça de ce que vous espérez, n’hésitez pas à le lui dire et à expliquer pourquoi il vous semble légitime de toucher un salaire plus important. Mais que faire si celui-ci vous demande d’emblée vos prétentions salariales ?

Éviter de mentir

Il peut être tentant de gonfler votre rémunération actuelle pour négocier un salaire plus élevé. Mais attention, tout se sait… Ne pas jouer franc jeu dès le début n’est pas très stratégique. L’idéal serait plutôt de présenter les choses de la manière la plus avantageuse qui soit. Pourquoi ne pas inclure, dans le calcul de votre rémunération, les primes diverses et variées, les avantages en nature (voiture de fonction, plan épargne retraite, etc.), l’intéressement au chiffre d’affaires de la société, le 13ème mois s’il y en a… ?

Assumer sa volonté de “faire un gap”

Puis, en vous référant à ce salaire, vous pouvez préciser le pourcentage d’augmentation que vous attendez et pourquoi. À titre informatif, l’étude sur la rémunération des cadres réalisée par l’Apec révèle qu’en 2019 les cadres ayant changé d’entreprise ont vu leur salaire augmenter de 11% en moyenne. À titre de comparaison, une mobilité interne, en revanche, ne permettrait de voir son salaire augmenter “que” de 5% en moyenne.

Prendre les devants

Le sujet n’est pas abordé lors du premier entretien ? Pas de panique, il le sera très probablement lors du second. Néanmoins, si cette question est essentielle pour vous, n’hésitez pas à mettre vous-même le sujet sur la table en fin d’entretien, par exemple en posant tout simplement la question : « pourrait-on également aborder le sujet de la rémunération ? »

Argumenter : l’heure de la négociation a sonné !

Sortir ses meilleurs atouts

Si vous espérez faire un gap salarial important, il va falloir le justifier et pour cela, valoriser votre expérience et votre profil. L’objectif : prouver à votre recruteur qu’entre le moment où vous avez négocié votre dernier salaire et aujourd’hui, vous avez acquis une expérience solide qui justifie de voir votre rémunération augmenter en conséquence.Si vous espérez faire un gap salarial important, il va falloir le justifier et pour cela, valoriser votre expérience et votre profil. L’objectif : prouver à votre recruteur qu’entre le moment où vous avez négocié votre dernier salaire et aujourd’hui, vous avez acquis une expérience solide qui justifie de voir votre rémunération augmenter en conséquence.

Bien sûr, cela suppose de s’adapter aux besoins de l’entreprise : selon le poste que vous visez, vous ne mettrez pas les mêmes compétences en avant. Commencez par analyser, en vous servant de la fiche de poste, les compétences précises recherchées par votre recruteur puis mettez en avant les expériences qui s’y rattachent. Évoquez également les atouts que vous mettriez à disposition de l’entreprise comme, par exemple, un carnet d’adresse, de nouveaux clients ou une compétence rare, etc.

Attention, il ne s’agit pas non plus de paraître prétentieux ! Pour cela, soyez en mesure de démontrer ce que vous avancez et apportez des précisions concernant vos expériences. Ainsi, plutôt que d’affirmer que vous accompagnez / avez accompagné de nombreux clients avec brio, expliquez que vous gérez / avez géré 25 comptes clients, dont 2 à l’international, et que leur satisfaction était telle qu’ils ont tous renouvelé leur abonnement à votre service.

Montrer ses talents d’orateur et avoir confiance en soi

C’est un fait, les personnes les plus convaincantes ne sont pas nécessairement les plus compétentes. Pour cause, quelque soit votre niveau d’expertise, il sera bien plus difficile de vous mettre en valeur si vous avez du mal à vous exprimer à l’oral et que vous n’êtes pas sûr de vous.

Pour bien négocier votre gap salarial, il vaut donc mieux être un bon communicant (ou en avoir l’air). Pour cela, avant le jour J, relisez notre article sur la prise de parole en public, visionnez ces conférences TED qui sont de très bon conseil ou lisez des ouvrages qui proposent des entraînements à la prise de parole en public. En voici quelques uns :

  • 50 exercices pour parler en public, de Laurence Levasseur
  • La parole est un sport de combat, de Bertrand Périer

Si votre discours est fluide, que vous êtes à l’aise à l’oral sans paraître arrogant et qu’en plus l’histoire que vous racontez est en phase avec celle que votre interlocuteur a envie d’entendre, vous augmenterez vos chances de le convaincre de vous recruter au salaire que vous demandez.

Le salaire ne fait pas tout

Golden package et welcome bonus

Dans votre négociation, ne vous focalisez pas uniquement sur le salaire : pensez à prendre en compte les autres avantages financiers proposés par votre recruteur. Il peut parfois être intéressant d’accepter de revoir à la baisse ses prétentions salariales si ce moindre salaire est assorti d’un golden package : voiture ou logement de fonction, primes d’intéressement, mutuelle complémentaire très avantageuse….

Sachez aussi que les “welcome bonus” se démocratisent peu à peu. Longtemps réservées aux cadres dirigeants ou aux profils rares, ces “primes de bienvenue” s’ouvrent aujourd’hui à plus de postes et peuvent notamment être utilisées par l’entreprise pour compenser le fait de ne pas pouvoir s’aligner sur les prétentions salariales du candidat. Dans ce cas, elles sont généralement équivalentes à quelques milliers d’euros, voire à 2 ou 3 mois de salaire pour les postes de management intermédiaires. Intéressant, non ?

Un cadre de travail épanouissant, ça n’a pas de prix ?

La perspective d’un salaire plus élevé peut vite monter à la tête et faire oublier l’essentiel. Ne vaut-il pas mieux avoir un poste un peu moins bien payé dans un cadre agréable, bienveillant, et valorisant qui vous permet de progresser et d’avoir confiance en nous, plutôt qu’un très bon salaire dans une entreprise qui ne nous correspond pas et dans laquelle on ne s’épanouit pas ? C’est à chacun d’en juger… Mais la nature de l’activité exercée, les perspectives d’évolution et l’ambiance de travail, toutes ces choses qui n’ont “pas de prix”, sont également à prendre en compte.

À ce titre, l’étude MobiCadres menée par Nomination et Deloitte en 2018, révèle que, même si 90% des cadres considèrent la rémunération motivante, ils sont tout de même 19% à se déclarer prêts à accepter une petite baisse de salaire pour changer d’entreprise, soit une hausse de 3% par rapport à 2016.

Ne pas être trop pressé

« Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage », écrivait Jean de La Fontaine pour clore la fable Le Lion et le Rat. Pour le gap salarial, c’est pareil : mieux vaut prendre son temps pour trouver l’opportunité professionnelle qui vous permettra de voir votre salaire augmenter.

Si vous êtes encore en poste, ne vous ruez pas sur la première opportunité que vous rencontrez. Il vaut mieux décliner une offre peu intéressante, même si cela retarde de quelques mois votre nouveau départ, plutôt que d’accepter un salaire avec lequel vous ne vous sentez pas à l’aise. Si vous n’êtes pas pressé, vous serez plus ferme dans vos prétentions salariales : si votre recruteur vous veut vraiment, il s’y conformera. Sinon, tant pis, c’est ce que cette opportunité n’était pas pour vous.

Enfin, en prenant votre temps, vous vous réservez la possibilité de développer de nouvelles compétences : certifications, formations à effectuer grâce à votre compte formation, etc. Étoffer son CV étant bien sûr un très bon moyen de prétendre à un meilleur salaire.

Si le gap salarial n’est pas automatique et rarement la seule motivation pour changer de poste, il est monnaie courante lors d’un changement d’entreprise. Ainsi, il est bon de connaître sa valeur et de savoir la valoriser dans ce moment aussi important que stressant qu’est l’entretien d’embauche. Que la force soit avec vous et avec votre compte en banque !

Photo d’illustration by WTTJ