Salariés en start-up : comment réagir si l'entreprise fait faillite ?

15 oct. 2018

5min

Salariés en start-up : comment réagir si l'entreprise fait faillite ?
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Travailler en start-up est souvent synonyme d’expérience entrepreneuriale excitante, de croissance rapide, d’idées qui fusent et d’ambiance décontractée. Mais il arrive que l’aventure tourne court…

Laetitia, fraîchement diplômée, nous a raconté son expérience de salariée au sein d’une start-up sur un marché a priori porteur : le vélo en libre-service fonctionnant sur le principe du “vélo flottant” (pas de station de retrait ni de dépôt). Gobee bike, start-up hongkongaise, est arrivée sur le marché français en octobre 2017 et a mis la clé sous la porte le 24 février 2018.

Découvrez comment un échec apparent peut se révéler être une expérience formatrice et même valorisante pour son parcours !

Les lois de l’attraction : quand tout va bien, on fonce !

Basée à Hong Kong, l’entreprise a lancé son service sur place en mai 2017, et a commencé à s’implanter en France à partir d’octobre à Lille, en Belgique à Bruxelles, puis à Paris, Reims et Lyon. Après une belle levée de fonds de 9 millions de dollars en août 2017 pour financer son expansion, l’avenir de la start-up s’annonçait serein.

Laetitia est arrivée en octobre 2017 : « _J’étais chargée de traiter les demandes des clients, pour les informer et les fidéliser au service. Les conditions étaient vraiment intéressantes : un contrat en CDI avec un taux horaire de 11,75 € bruts. » _Elle s’est très vite mise dans le bain et a constaté une pression des chiffres : des problèmes avec l’appli’ du service ont entraîné un flux important de demandes clients à traiter entre octobre à janvier et les objectifs étaient élevés.

Mais un peu d’adrénaline contribue aussi à la motivation…

En termes de management, l’ouverture d’esprit, la flexibilité des horaires, la polyvalence, une proximité avec la hiérarchie, lui donnaient l’impression sympathique d’une « petite structure où chacun pouvait être écouté et ajouter sa touche et ses idées. » Le management fonctionnait de manière « horizontale », une personne gérait l’équipe de Paris mais le fondateur restait basé à Hong Kong.

Nos conseils :

Un marché en plein essor, une mise de départ qui rassure, des perspectives de croissance rapide, un secteur qui véhicule des valeurs de développement durable… Quand tous les voyants sont au vert, on a envie de plonger dans l’aventure et on est tenté de ne voir que les côtés positifs ! Mais enthousiasme n’exclut pas la vigilance.

Les réflexes à adopter quand on embarque dans l’aventure :

  • Se renseigner sur les origines de l’entreprise
  • Échanger avec les collaborateurs
  • Prendre un maximum d’informations durant les premiers jours de la prise de poste
  • Noter ses premières observations

De l’importance d’être à l’écoute des signaux faibles

Plongée au cœur de l’action dès son arrivée, Laetitia n’a pas vraiment pris le temps de se poser des questions et de s’attarder sur la question du modèle économique et de sa viabilité.

Comme toute jeune diplômée, elle a cherché à faire ses preuves et à s’intégrer. D’autant plus que l’équipe était très agréable : « on avait des responsables accessibles, l’ambiance était pro, on travaillait et il y avait une exigence dans le travail, mais les relations étaient cool sur la forme. » Néanmoins, elle est restée attentive aux dysfonctionnements : bugs non gérés, problèmes techniques sur le terrain, licenciements ciblés…

Malgré les fonds investis pour son lancement et le fait que l’entreprise ait accumulé de la trésorerie, le business model n’a pas fonctionné. Apprendre son licenciement ainsi que celui de ses collègues, n’a donc pas vraiment été une surprise.

Nos conseils :

Se poser les bonnes questions pendant son expérience dans l’entreprise :

  • Comment a été conçu le business model ? Qui sont les investisseurs ? Sur quels critères ont-ils décidé de miser et avec quels objectifs ? Comment l’étude de marché a-t-elle été menée ? A-t-elle tenu compte des spécificités locales ?
  • Suis-je ou pas en adéquation avec l’entreprise ? Avoir le bon profil pour la mission, c’est bien. Savoir où on met les pieds aussi ! La prise de risque fait partie du jeu quand on démarre un nouveau job, mais plus on l’évalue, mieux on la gère.
  • Pour cela, essayez de recueillir toutes les données nécessaires. Stratégiquement, cela s’appelle “réaliser un état de l’art” sur l’entreprise, c’est-à-dire faire état des connaissances dans tous les domaines à un instant T.

Que faire quand les choses se gâtent ?

Faire preuve de sang-froid et de bons sens : pas de panique !

Laetitia raconte que « _vers la mi-février, l’entreprise a prévenu les salariés qu’elle allait procéder au licenciement de tous les salariés et a annoncé l’arrêt de son activité fin février 2018 » _Les raisons ? Les actes de vandalisme commis sur les vélos et des défauts de fabrication, qui avaient sérieusement compromis l’avenir du service.

Nos conseils :

  • Tirer les leçons de l’expérience et préparer sa sortie : comme Laetitia, certains préfèrent attendre que l’entreprise les licencie pour bénéficier des indemnités et retrouver un job sereinement, d’autres anticipent et préfèrent choisir le moment de leur départ en décidant de démissionner ou de négocier une rupture conventionnelle quand cela est possible. À chacun(e) de voir selon sa situation, ses contraintes et ses objectifs.
  • Partir en bons termes quand c’est possible : quand la direction fait preuve de transparence, on peut échanger et négocier éventuellement sur des bases saines.
  • Faire respecter ses droits pour quitter l’entreprise en bonne et due forme.
  • Que l’on soit salarié(e) ou stagiaire, s’assurer qu’on part avec tous les documents nécessaires, ou que tout est en règle si on a pris des congés ou fait des heures supplémentaires, par exemple.
  • Ne pas hésiter à solliciter Pôle Emploi ou l’Inspection du Travail pour s’assurer que toutes les dispositions légales ont été prises.

Et après ?

« Je ne perds jamais : soit je gagne, soit j’apprends. » Nelson Mandela

Loin d’être négative, ce type d’expérience permet de découvrir de l’intérieur ce phénomène des start-up propulsées (trop ?) vite. Et d’en tirer des enseignements positifs !

Laetitia a réussi à dégager le côté positif de son expérience : « J’ai eu la chance de trouver un job en start-up pendant mes études, et j’ai ainsi pu découvrir le milieu de l’entreprise à des postes intéressants pour une jeune diplômée, le temps de peaufiner mon projet professionnel. » Et l’échec de Gobee n’a pas d’impact pour son parcours : « _J’ai pu continuer à mettre à profit mes compétences et enrichir mon expérience. _»

Nos conseils : le mini-guide de survie en start-up

  • Valoriser son expérience sur votre CV. Rejoindre une start-up “à risque” est une opportunité pour des profils qui ont du mal à s’insérer sur le marché du travail ou qui souhaitent avoir un aperçu du fonctionnement de l’entreprise ou mettre un peu d’argent de côté pour la suite.
  • Cultiver l’esprit positif et rebondir. Le travail connaît aujourd’hui des changements profonds liés à la transformation des outils et des méthodes de management. Une solution pour naviguer dans la jungle de l’emploi : penser et agir comme un “entrepreneur de soi-même”.
  • Garder l’esprit critique. Les propositions alléchantes de start-up qui démarrent et n’ont pas développé de chiffre d’affaires par elles-mêmes et embauchent massivement suite à une grosse levée de fonds doivent mettre la puce à l’oreille… et aiguiser la curiosité et ses capacités d’analyse. Il est bon de mener son enquête.
  • Construire votre propre business plan. En clair, qu’a-t-on le plus à perdre ou à gagner dans cette affaire ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Si oui ou non, pourquoi ? Plus on évalue les risques et les opportunités, plus on maîtrise la situation pour en tirer profit et rebondir !

Aux dernières nouvelles, Gobee a recyclé ses vélos par une association située à Bagnolet et Laetitia continue sa route professionnelle vers de nouveaux horizons…

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Photo by WTTJ

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