Tous winners : comprendre les logiques du succès !
15 déc. 2017
5min
« Le succès est une goutte de talent dans un océan de travail »
Dans cet ouvrage, l’habitué aux bestsellers, Malcolm Gladwell tente le périlleux exercice de rapprocher des génies comme Mozart, Bill Gates et même les Beatles. L’objectif de l’auteur est simple : démystifier l’idée selon laquelle succès et réussite proviendraient uniquement d’un talent naturel.
Bien souvent nous pensons que les gens qui réussissent doivent leur succès à leur personnalité, leur intelligence, leur mode de vie ou le talent qu’ils avaient à la naissance. Mais ce n’est pas tout. Bien entendu ces facteurs sont nécessaires mais d’autres variables comme le lieu et l’époque où nous grandissons changent remarquablement la donne. Même la culture à laquelle nous appartenons et les héritages que nous ont transmis nos ancêtres modèlent de façon inimaginable les scénarios de notre réussite. Voici les grandes idées à retenir de ce passionnant ouvrage.
Quand votre date de naissance a le pouvoir de vous formater pour le succès
La date de naissance est un facteur majeur de réussite notamment dans le sport de haut niveau. Pour le démontrer, Malcolm Gladwell s’appuie sur des données très précises concernant des joueurs de hockey de l’équipe des Tigers de Medicine Hat dont 17 des 25 joueurs sont nés entre janvier et mars. Cette concentration de joueurs nés en début d’année n’est pas un hasard car la date limite d’admissibilité au hockey est fixée le 1er janvier. De ce fait, un garçon qui a 10 ans le 2 janvier jouera dans la même équipe qu’un autre garçon qui atteindra ce même âge 11 mois plus tard.
Il n’est pas alors étonnant que les joueurs nés en début d’année se distinguent de part leur niveau, leur endurance et leur développement musculaire. La date de naissance leur permet donc, à travail égal, de toujours avoir une bonne longueur d’avance, ce que l’on appelle « l’avantage cumulatif ».
La règle des 10.000 heures fera de vous un virtuose
Le travail est un préalable essentiel pour acquérir la capacité de réussir et ceci dans n’importe quel domaine.
Dès 1990, le psychologue d’origine suédoise K. Anders Ericsson, développe la théorie des 10.000 heures. Selon lui, atteindre un niveau d’excellence dans une discipline, un art ou une technique, requiert beaucoup de temps. Un “temps” qui est désormais chiffré. En 2008, Malcolm Gladwell surfe sur ce concept pour la première fois dans son best-seller Outliers, The Story of Success.
Le succès = talent + préparation
L’analyse de parcours de personnalités à la réussite flamboyante permet de mieux comprendre cette règle des 10.000 heures. Fondateur de Microsoft, Bill Gates a dès l’adolescence, l’incroyable chance de pouvoir programmer. En sept mois, il passera plus de 1575 heures sur ordinateur, soit environ huit heures par jour, sept jours sur sept. Au moment de lancer sa première compagnie de logiciels, il avait déjà programmé presque sans interruption pendant sept années consécutives. Il avait alors largement dépassé les fameuses 10.000 heures nécessaire à sa parfaite maîtrise de son environnement spécifique.
Les Beatles quant à eux, donnèrent 270 spectacles en deux ans, avant même d’enregistrer leur premier disque ! Ils ont passé huit heures par jour, sept jours sur sept à jouer à Hambourg en Allemagne au début des années 60. Les Beatles ont du apprendre l’endurance et la mémorisation de centaines de chansons et de reprises. On estime que lors de leur explosion en 1964, les Beatles avaient déjà joué sur scène plus de 1200 fois. Ce qui est énorme car certains artistes n’atteignent pas ce chiffre dans toute leur carrière.
L’importance du bon timing
L’auteur a choisi comme socle de sa démonstration la liste des 75 personnalités les plus riches de l’histoire de l’humanité : on retrouve autant des rois et des pharaons que des milliardaires contemporains. Or, 20% des personnalités les plus fortunées de cette liste provient d’une seule génération d’américains nés entre 1831 et 1840. Pourquoi ? Entre 1860 et 1870, l’économie américaine a traversé la plus grande transformation de son histoire moderne : construction des chemins de fer, fabrication industrielle et naissance de Wall Street.
De ce fait si vous étiez un américain né à la fin des années 40, vous loupiez le coche car vous étiez trop jeune pour tirer parti de cette révolution économique. Inversement, si vous étiez né dans les années 20, vous étiez trop vieux et trop formaté sur l’ancienne mentalité. La fenêtre de tir pour parfaitement capitaliser sur ces grands changements était de neuf années. En ajoutant à cette temporalité parfaite, une vision et du talent, vous aviez toutes les chances de devenir milliardaire.
Si vous échangez avec des anciens de la Silicon Valley, ils vous diront que le moment le plus important en terme de développement se situe autour de 1975. C’est à ce moment très précis qu’il fallait prendre la vague vers le succès. En effet, c’est à cette période que des géants ont lancé leurs entreprises. La plupart d’entre eux sont nés entre 1954 et 1956. D’ailleurs, Bill Gates et Steve Jobs sont nés en 1955…
Avoir un QI élevé n’est pas toujours un gage de réussite
Contrairement aux idées reçues, l’intelligence a un seuil. Arthur Jensen a théorisé cette idée en 1980 dans son livre Bias in Mental Testing, et dont Malcolm Gladwell nous fait part._ _D’après Jensen, il existe quatre seuils dans le spectre du QI qu’il résume de cette façon : un QI de 50 est un degré d’aptitude mentale générale qui permet de fréquenter une école ordinaire, un QI d’environ 75 permet de plus ou moins maîtriser les matières traditionnelles à l’école primaire, un QI d’environ 115 permet d’obtenir un programme universitaire avec un programme de quatre ans avec possibilité d’être admis dans le troisième cycle. Au-delà, le QI a une importance toute relative lorsqu’on aspire à une occupation ordinaire ou à la réussite.
La clé ultime : l’intelligence pratique
L’intelligence pratique est cette qualité particulière qui peut vous permettre d’obtenir ce que vous désirez avec tact, humour, bienveillance et compréhension. Cette forme d’intelligence sociale permet de savoir quoi dire à qui, quand le dire et comment le dire pour obtenir un effet maximal. C’est un savoir qui vous aide à décrypter des situations et à obtenir ce que vous voulez. Et surtout, c’est une intelligence distincte de l’intelligence analytique mesurée par le QI. Si le QI est en partie inné et inscrit dans nos gênes, la finesse sociale de l’intelligence pratique est un savoir acquis. Et le berceau de cet apprentissage dès le plus jeune âge reste… la famille.
Après avoir réalisé une longue étude en immersion dans douze foyers américains, la sociologue Annette Lareau a remarqué qu’il n’existait que deux « philosophies éducatives », celles des parents riches et celles des parents pauvres. Notre milieu social impliquerait certains comportements face à la vie, l’autorité, la possibilité de faire des choix ou non etc. La façon et le cadre dans lesquels un enfant est élevé influence donc totalement l’adulte en devenir.
À travers son étude des facteurs qui favorisent ou pas le succès, Malcolm Gladwell casse les idées reçues et les fantasmes. Cependant la valeur travail, elle, reste immuable car seul le travail pourra compenser un désavantage de départ. En résumé, si vous êtes né à la fin de l’année et que vous avez grandi dans un milieu défavorisé, vous aurez la possibilité de rétablir la balance en travaillant comme un forcené. Finalement, on a tous le potentiel de devenir le meilleur.
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