Êtes-vous prêts à obtenir une promotion et comment la réussir ?
28 sept. 2020 - mis à jour le 01 janv. 2022
6min
La promotion, bien souvent vue comme le Graal dans une carrière, décrochée lorsque les objectifs individuels sont atteints, et que vient l'heure de l'entretien annuel. Un tournant dans notre vie professionnelle. Souvent attendue, parfois mal tombée, elle peut avoir de nombreuses répercussions. Mais alors, comment sait-on si l’on est prêt à passer à un poste supérieur ? Et comment réussir cette évolution ? Entretien annuel
La promotion ascendante…
La promotion est une ouverture sur de nouveaux horizons professionnels. Source de motivation, elle valide nos compétences et met en lumière notre potentiel mais elle est aussi synonyme de nouveaux challenges et objectifs individuels.
Accéder à un poste plus élevé étant souvent plus “simple” à obtenir au sein même de son entreprise qu’en changeant de structure, la promotion interne est considérée comme l’ascenseur social du monde professionnel : une montée hiérarchique, de nouvelles responsabilités, de nouveaux challenges qui vont souvent avec une augmentation salariale (qui, elle, est souvent plus importante lorsqu’on change d’entreprise). Elle demande alors une certaine maturité et des compétences, autant que des nerfs, solides.
… la clé du bonheur professionnel ?
Selon un sondage réalisé par l’Apec en 2018, 42 % des cadres désirent une mobilité interne ascendante dans les trois années à venir. Pour 61 % des interrogés, le but est alors avant tout d’acquérir de nouvelles compétences, mais pour 55 % l’augmentation de salaire associée est aussi un argument de poids. Pour d’autres, c’est surtout un moyen de gagner en responsabilités (35%) ou de découvrir un autre métier (40 %), et ainsi de ne pas pas tomber dans la routine.
Extrêmement valorisée, nous sommes nombreux à penser : pas de promotion, pas d’évolution. Lorsque l’on s’applique et qu’on s’implique à un poste donné, les retours sur notre travail ne font qu’améliorer notre épanouissement professionnel, certes. Mais la promotion va plus loin, elle est vue comme le couronnement de la réussites de nos objectifs individuels. Le regard – positif – que les autres portent sur notre travail nous permet de nous sentir bien à notre place. Mais qu’en est-il des personnes qui se sentent bien, sont bonnes dans leur travail et veulent y rester, à cette place ? Et de celles qui n’ont pas forcément la fibre managériale ou qui ne sont pas (encore) prêtes à endosser de nouvelles responsabilités ?
La promotion, une question de timing et de préparation
Vous souhaitez obtenir une promotion ?
En poste depuis plusieurs années, vous avez l’impression d’avoir fait le tour de votre emploi actuel ? Vous convoitez celui de votre N+1 qui part bientôt à la retraite ? En premier lieu, il est important de le faire savoir à vos supérieurs, lors de votre entretien annuel par exemple. N’attendez pas dans votre coin que vos qualités soient révélées au grand jour et qu’une promotion vous tombe dessus…
La demande de cette évolution de carrière devra avoir été bien préparée : pourquoi voulez-vous être promu ? Quelles compétences avez-vous pour prétendre à ce poste ? Quel est votre potentiel ? Vos arguments doivent être cohérents avec vos projets de professionnels et personnels, ne demandez pas une fonction qui nécessiterait des déplacements fréquents si vous souhaitez accorder plus de temps à votre vie personnelle, par exemple.
Judith Touboul, spécialiste en management des organisations et innovation pédagogique et fondatrice de Workkit La Box, qui a passé 14 ans chez Nespresso en y ayant gravi les échelons un à un, le confirme. Responsable régionale de boutique durant quatre ans, elle a participé à de nombreux processus de recrutement et, d’après son expérience, « la première étape est de faire le bilan de ses compétences et de celles qui sont recherchées pour le poste. Le deuxième point important est de valider le sens que ça a par rapport ses projets de vie ». Une méthode qui permettrait d’éviter des erreurs, parfois fatales.
Si vous êtes dans l’attente d’une promotion, sachez qu’elle elle peut aussi se présenter sans que vous n’ayez rien demandé. Vos supérieurs jugent que vous êtes la personne idéale pour cette place et les responsabilités qu’elle implique ? Un constat plutôt valorisant. Cependant, gardez-vous de répondre hâtivement, un temps de réflexion d’au moins 48 heures est toujours utile, quelque soit l’attractivité de l’offre qui vous est faite. L’entretien annuel sera le moment dédié à cette discussion.
On vous propose d’évoluer mais vous ne vous sentez pas encore prêt ?
Un refus de promotion peut être parfaitement entendu sans que vous soyez pour autant relégué au placard, pour peu qu’il soit bien argumenté. On vous offre par exemple un poste de manager, qui nécessite plus de réunions, de relationnel alors que vous préférez être dans l’action et la technique… ? N’hésitez pas à dire à vos supérieurs que vous pensez être plus utile à l’entreprise à votre poste actuel. En revanche, si c’est un poste qui vous conviendrait dans l’absolu mais qu’il vous semble prématuré, soyez transparent. Un discours honnête, mature et objectif sur vos compétences ne vous fermera théoriquement pas de portes mais vous rendra d’autant plus légitime à prendre le poste, quand le moment sera venu.
Vos managers estiment qu’il est (encore) « trop tôt » pour vous ?
Vous avez commencé le processus et… vos supérieurs font machine arrière. Apparemment, il est « trop tôt ». Passée la déception, vous devez faire un bilan honnête avec vous-même. Demandez un entretien avec votre N+1 ou patientez jusqu’à l’entretien annuel pour discuter avec lui des points à améliorer en vue d’une prochaine ouverture et éviter d’avoir du ressentiment. Si vous y réfléchissez bien, malgré toute votre bonne volonté et des missions bien menées, vous n’êtes peut-être pas tout à fait prêt à endosser un costume d’une supérieure ou à manager toute une équipe, non ? Définissez avec votre manager des objectifs individuels qui vous permettront de vous rapprocher de votre but et n’hésitez pas à demander des formations ou un bilan de compétences.
Ce petit ralentissement n’est pas forcément un échec, mais plutôt un moyen d’éviter une position finalement inconfortable, voire très inconfortable.
Comment réussir sa promotion ?
Gérer et assumer son nouveau statut dans l’entreprise
Félicitations, vous y êtes, vous avez pris vos nouvelles fonctions… Mais il vous sera peut être compliqué d’assumer votre nouveau statut social dans l’entreprise, surtout si vous devenez le supérieur de personnes avec qui vous aviez auparavant créé des liens. À ce titre, Judith Touboul explique : « s’il s’agit d’une promotion avec une évolution hiérarchique, cela entraîne un changement de relation. Par exemple, un vendeur qui sortirait le soir boire des verres avec les autres vendeurs, le jour où il passe adjoint, cela devient compliqué. » Dans des grandes entreprises qui préconisent l’exemplarité et la prise de distance des managers, il faut savoir trouver le juste équilibre entre le maintien du lien et la nouvelle position hiérarchique.
Afin que cette nouvelle organisation se passe au mieux pour tout le monde, quelques conseils :
- Ne changez pas d’attitude du tout au tout et ne méprisez pas vos anciens collègues.
- Réunissez votre équipe, rappelez-lui que vous connaissez les missions, les difficultés et les enjeux.
- Rassurez-les et leur donnant votre vision de votre nouvelle mission et le déroulement des mois à venir.
- Évitez désormais les ragots à la machine à café ou de critiquer la direction.
Être accompagné dans la prise de ses fonctions et ses nouveaux objectifs individuels
Pour accompagner au mieux votre prise de fonction, vous devez bénéficier d’un accompagnement, comme le rappelle Judith Touboul : « généralement, un manager supervise et accompagne la personne pour le développement de compétences mais aussi pour les problématiques relationnelles, notamment sur l’encadrement d’équipe. Plusieurs systèmes peuvent être mis en place. Un point flash quotidien avec le manager crée un espace de communication. Il peut également y avoir le tuteur – ou le parrain –, qui est un autre collaborateur occupant lui-même le poste d’adjoint, une sorte de référent. Et il y a, bien sûr, des moments de formation. »
Oser demander de l’aide si besoin
Le principal écueil à éviter est de garder le silence lorsque vous éprouvez des difficultés à mener à bien vos nouvelles missions. Crouler sous le travail, cumuler les heures supplémentaires, perdre confiance en ses capacités… Cette belle opportunité peut vite devenir un véritable enfer au quotidien dont il n’est souvent pas facile de parler, par peur de décevoir ceux qui nous ont fait confiance. « En France, l’erreur et la difficulté sont mal vues. Cela arrive souvent qu’un collaborateur en difficulté pense d’abord au regard des autres et s’autocensure. Cela crée beaucoup plus de problèmes par la suite… », souligne Judith Touboul.
Parler de vos difficultés ne vous mettra pas en position de faiblesse, au contraire, assumer et progresser passe par la communication. Ainsi, votre manager et vous pourrez mettre au point une nouvelle façon de fonctionner pour favoriser votre adaptation et la réalisation de vos tâches. Demander un réajustement vous permettra de ne pas craquer, voire de ne pas quitter votre poste dans le pire des cas.
La promotion est une étape importante dans la vie professionnelle. Ne négligez aucun détail afin que la transition, si transition il y a, se passe au mieux. Pour finir, si la société place l’évolution hiérarchique comme la promotion “idéale”, réfléchissez aussi à la mobilité transversale qui peut s’avérer tout aussi épanouissante et évolutive !
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