7 conseils vintage pour réussir votre entretien... tirés de guides des années 70
13 juin 2024
5min
« On vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître », aurait dit Charles Aznavour. Mais finalement, en matière de recrutement, ce temps gagnait-il vraiment à être connu ?
Les entretiens d’embauche sont des épreuves intemporelles pour tout candidat en quête d’emploi. Ce qui n’est pas intemporel, en revanche, ce sont les conseils dont bénéficiaient vos parents et grands-parents il y a quelques décennies. Posés sur leur table de chevet, leurs vieux grimoires dispensaient des recommandations bien différentes de celles d’aujourd’hui. Plongeons dans ces guides RH vintage, regorgeant de perles rares qui feraient sourire (ou grimacer) n’importe quel recruteur ou chercheur d’emploi moderne.
Note bene : Les conseils mis en avant dans cet article ont été choisis pour leur côté décalé. Pourtant, les ouvrages des années 70 regorgent aussi d’excellentes recommandations, toujours pertinentes aujourd’hui. Au-delà des tips absurdes, ces livres offrent des vérités impérissables sur la préparation, la présentation de soi et l’importance d’une bonne première impression. Malgré leur âge, nombre de ces idées ont traversé les décennies et restent étonnamment actuelles.
Conseil n°1 : « Ne cherchez pas à tricher, même si votre écriture traduit votre sournoiserie »
La graphologie - interprétation de l’écriture considérée comme une expression de la personnalité - est un outil très français. D’après le Guide de l’entretien d’embauche de Pascale Barbera, publié en 1983, elle était d’ailleurs utilisée dans 80 % des procédures de recrutement de l’hexagone. Et si l’ouvrage, comme d’autres, recommande de ne jamais travestir son écriture et de « rester soi-même pour mieux mettre en valeur toutes ses qualités », il partage tout de même des constats qu’il sera difficile d’ignorer, une fois lus.
Au fond, ne savait-on pas déjà que Michel et ses pattes de mouche cachaient quelque chose de louche ?
Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Si rien n’interdit à une entreprise de mettre en place un test d’écriture, celle-ci ne pourra justifier son choix de recrutement que sur des compétences professionnelles, et non sur des questions de personnalité. Ce que vérifie (avec plus ou moins de justesse) la graphologie. Le saviez-vous : un candidat doit d’ailleurs toujours être informé, en amont, d’un éventuel test de ce type. Alors rassurez-vous, même votre écriture trop large - visiblement signe d’un orgueil notoire - ne sera pas éliminatoire. Ouf.
Conseil n°2 : « Choisissez bien votre épouse ou taisez vos souhaits de mobilité à jamais »
C’est bien connu : une femme ambitieuse, c’est mauvais pour la tranquillité familiale et la tranquille carrière de ces messieurs. Alors en plus de jouer les conseillers en relations amoureuses en recommandant aux hommes de se marier cinq ans après la fin de leurs études, le psychologue et consultant Alain Bernardini - dans le livre Réussir un entretien d’embauche déniché par Hélène Ly - met en garde quant au fait de choisir une épouse avec un peu d’ambition.
Bref, restez dans la norme, mariez-vous avant que les cheveux blancs n’apparaissent et assurez-vous de rester le mâle alpha à la maison. Concrètement, il s’agit donc de garder en tête que oui, vous aimez votre femme (car oui, vous êtes évidemment un homme) et vos enfants (ouf) MAIS que non, vous ne leur permettez pas de se mettre en travers de votre travail (faut pas pousser non plus). Un conseil toujours d’actualité ? Heureusement pas. Cependant, une étude du Ministère du Travail souligne que, même aujourd’hui, un projet de mobilité est généralement initié par les hommes, et généralement à leur avantage : « L’évolution de leur position professionnelle suite à un déménagement est aussi moins favorable, notamment si elles vivent en couple : moins de deux femmes en couple sur cinq accèdent à un statut plus élevé, contre près d’un homme sur deux » explique l’étude.
Conseil n°3 : « Ne faites pas de vague »
Dans L’homme de l’organisation, publié en 1959, W.H. Whyte Jr., sociologue, urbaniste et journaliste, donnait quelques conseils éclairés sur les bonnes réponses à apporter aux diverses questions posées lors des tests psychologiques. Ils se résument simplement : soyez aussi passionnant qu’un mur blanc, aussi original qu’un steak haché frites à la cantine.
Mais avant de l’apostropher trop durement, il s’agit de comprendre son (habile) raisonnement : pour lui, ces tests sont « bourrés de jugements de valeur, de morale et représentent beaucoup plus des tests de loyauté envers l’organisation et de conformisme social que des outils objectifs de diagnostic psychologique ».
En répondant de façon banale, le candidat s’assure de ne pas être éliminé à cette étape. Cynique et malin ! Si vous tombez sur le test du MBTI aujourd’hui, préférez donc répondre « neutre » à chaque réponse. Pas de vague on a dit.
Conseil n°4 : « Ayez des dettes, ça garantit votre fidélité »
Qui aurait cru que l’endettement serait la clé du succès ? Certainement pas votre banquier. Mais quelle sera sa surprise quand il découvrira que cette paire de Louboutin / cette perceuse-visseuse dernière génération (restons dans les clichés) vous permettrait de décrocher ce poste de VRP dont vous avez tant rêvé ? L’indépendance financière, c’est dangereux, observe Alain Bernardini dans son livre Réussir un entretien d’embauche. Pourquoi ? Sans doute parce qu’un employé dépendant de son salaire aurait moins de risque de démissionner du jour au lendemain, ou de tirer au flanc. Alors, endettez-vous, faites-le savoir et prouvez que vous êtes prêt à tout pour un salaire régulier.
Voilà un conseil qui, au delà de son caractère absurde - n’est évidemment plus valable aujourd’hui. De plus en plus alertées sur le sujet de la santé mentale, beaucoup d’entreprises savent qu’un endettement excessif est une cause majeure de stress, et peut affecter la productivité et la satisfaction au travail. CQFD. Et de toute façon, ces informations là ne vous appartiennent qu’à vous, a priori.
Conseil n°5 : « Lavez-vous les mains »
Dans leur ouvrage Comment trouver votre premier emploi, publié en 1975, les auteurs Bernard Alexandre et Alain Lefour, conseillers en recrutement de cadres, partagent un constat toujours d’actualité : un recruteur ne s’arrête pas aux indices superficiels… mais y reste tout de même sensible.
Alors pour ne pas faire partie du rang des « exclus » et soigner son entrée en scène, leur conseil est sans appel : il est formellement déconseillé « d’arriver sans cravate, le col déboutonné, avoir les mains sales, etc. » Vous pensiez que l’injonction des mains propres était une mode post-COVID ? Que nenni !
Et si vous pensiez qu’il fallait uniquement vous laver les mains AVANT l’entretien, gare à vous. Dans À la recherche d’un nouvel emploi : La réussite par le changement, Jean Rudloff alerte, lui aussi, sur le fléau des CV « chiffonés, illisibles ou scellés d’empreintes digitales graisseuses. »
Parce que rien ne dit mieux « employé modèle » qu’une poignée de main digne d’un chirurgien avant opération. Alors on prend son savon de Marseille, et on frotte bien la paume, le dessus des mains et entre les doigts. Merci. Et si on ne trouverait sans doute pas ce conseil formulé de façon aussi explicite aujourd’hui, nul ne peut ignorer qu’une bonne première impression est primordiale en entretien.
Conseil n°6 : « Femmes, postulez vite avant que les vapeurs de lessive ne vous rendent idiotes »
Le droit de vote, c’est une chose. Mais de là à penser que vous pourriez continuer à « apprendre » entre deux marmots et la cuisine à astiquer, il n’y a qu’un pas… que Bertrand Serrou - journaliste et essayiste français, auteur de Choisir un métier publié en 1974 - se garde bien de franchir. Au fond, on le savait déjà, le progrès des femmes dans le monde du travail s’arrête là où commencent les tâches ménagères.
Les mentalités ont évolué et les stéréotypes sexistes sont de moins en moins tolérés. Sont-ils pour autant inexistants ? Rien n’est moins sûr. D’après une étude de l’Ifop et Météojobs publiée en 2021, 23% des femmes ont déjà été victimes de discriminations à l’embauche. « Malgré des lois toujours plus strictes et des mesures visant à renforcer l’équité et la diversité, les barrières invisibles demeurent, dissimulées derrière des pratiques subtiles et profondément ancrées dans le tissu du marché du travail », explique la rédactrice Sarah Torné dans cet article.
Conseil n°7 : « Passez chez le coiffeur, merci »
Un dernier conseil simple, basique, avant de terminer : attention aux longues mèches qui pourraient cacher des idées rebelles. Car Bertrand Serrou (toujours lui) est formel : les cheveux longs, ce n’est pas sérieux. Oubliez les coiffures bohèmes et laissez tomber les tresses les plus folles : pour décrocher le job de vos rêves, mieux vaut opter pour une coupe nette et disciplinée.
Vous trouvez ce conseil dépassé ? Et pourtant. En France, l’apparence physique, dont la coiffure figure parmi les critères les plus fréquents de discrimination au travail depuis 20 ans, selon le Défenseur des droits en 2019.
La sagesse des anciens a parlé. Vous avez désormais toutes les cartes en main pour briller lors de votre prochain entretien d’embauche… version années 70. Coupe de cheveux militaire, lavage de mains compulsif et relevé bancaire dans le rouge, décrocher un job n’est finalement pas si compliqué. Mais attention, car si ces conseils vous semblent d’un autre âge, rappelez-vous qu’un jour, on pourrait bien se moquer des nôtres aussi.
Article écrti par Marlène Moreira ; édité par Gabrielle Predko ; Photos Thomas Decamps pour WTTJ
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