Test : Soupe au lait, hypersensible… Quel salarié êtes-vous face à la critique ?
06 juin 2023
6min
Bavardage, comportement intrusif… Au travail, les sources d’agacements sont légion. Et lorsque vient le moment d’aborder ces sujets houleux, difficile de savoir sur quel pied danser. Car qu’elles soient évoquées à la volée, ou dans le cadre conventionnel d’un point avec la hiérarchie, les remarques désapprobatrices suscitent des réactions variées. Là où certains prennent avec recul ces échanges épineux, d’autres font la sourde oreille, montent dans les tours ou tirent la situation vers le tragique. Et vous, de quel bord êtes-vous ? Plutôt drama-salarié ou modèle de résilience éclairée ?
Test : Quel salarié êtes-vous face à la critique ?
1. Galères de transport. Jean-Mich’ relève vos 30min de retard à haute voix, en plein open space…
A. Voilà la preuve irréfutable de ce que vous soupçonniez : ce collègue vous abhorre. Vous gagnez votre bureau en silence et faites le deuil de cette relation. Pour la vie.
B. Ah, c’est comme ça. Jean Mich’ joue au mouchard ? Alors retour à l’envoyeur : vous énumérez toutes les fois (13, au bas mot) où ce vil cafardeur a été à la bourre. Et toc.
C. Plutôt 23 minutes pour être précis, mais peu importe ! Vous accueillez le commentaire avec philosophie, en plaisantant sur l’état déplorable du réseau tramway.
D. Vous débarquez à votre bureau les écouteurs encore vissés aux oreilles, mine de rien. Jean-Mich ? Pas vu, pas entendu.
2. Débrief sur votre présentation client. Un collaborateur pointe en aparté une statistique erronée…
B. Peut-être môssieur est-il diplômé en enquête d’opinion ? Peut-être môôôssieur a-t-il un doctorat sur le sujet ? Vous exigez ses sources. Là, maintenant, tout de suite.
D. Vous digérez l’information d’un air circonspect - interloqué, même. Alors qu’au fond, vous sentiez bien que « l’enquête » partagée sur le blog d’Yvonnedu56 n’était pas ultra fiable.
A. Vous vous confondez en excuses balbutiantes et imaginez le pire. « Tu penses que le client va nous haïr ? Qu’on va perdre le dossier ? Que la boîte va couler ? »
C. Vous replongez dans vos documents, puis proposez de prendre quelques minutes pour réfléchir à un moyen de corriger le tir.
3. Point annuel. Votre N+1 évoque une légère baisse d’investissement, par rapport à l’an dernier…
C. Vous demandez à creuser le sujet, cartes sur table. Une manière de paver la voie pour partager votre ressenti et demander franco : « Comment puis-je m’améliorer ? »
A. Les larmes embuent vos yeux. Vous êtes licencié, il suffit de lire entre les lignes. Vous égrenez vos « plus beaux souvenirs » de la boîte et proposez une date de pot de départ.
D. « Comment, moi ? » Il y a erreur sur la personne, à coup sûr. Vous hochez la tête d’un air convaincu, tout en jurant secrètement de ne pas changer d’un poil.
B. « Mireille, on en parle de Mireille ? Et Steph’, Clara ? » Vous êtes entouré d’une équipe de bras cassés, voilà le vrai souci ! Ce « boss » serait bien avisé de séparer le bon grain de l’ivraie.
4. Break clope. Un collègue vous confie du bout des lèvres que dans l’open space, on s’agace de vos « pauses répétées »…
B. D’abord, c’est qui « on » ? Pas question d’être ébranlé par des commérages de couloir. Que ces langues de vipère se montrent, ou se taisent à jamais.
C. L’odeur de cigarette et le bruit de vos déplacements pourraient déranger, en effet. Vous décidez de poser la question aux collèges qui pourraient être concernés.
D. Vous éludez en excavant un dossier dont vous savez qu’il attise les passions : « Et qui vole les capsules de la machine à café, hein ? Qui ? »
A. Vous écrasez cette cigarette de malheur, et organisez un meeting pour annoncer en fanfare que, ça y est, vous vous mettez - enfin ! - au patch. Bizarrement, personne n’applaudit.
5. Revenu d’un brainstorming, vous trouvez une note anonyme sur votre bureau : « Pourrais-tu arrêter de monter le chauffage s’il te plaît ? On étouffe… »
D. Aïe. Quelqu’un a découvert le pot aux roses. Vite, étouffer l’affaire par une annonce publique : « Je n’ai jamais touché au radiateur de la salle. D’ailleurs, vous m’apprenez qu’il y en avait un ! »
C. Vous jouez la carte de l’humour, en assurant que désormais votre politique sera « pas touche », question chauffage.
A. Vous vous réfugiez fissa aux toilettes. « Bravo, ils te détestent tous », vous flagellez-vous. Avant de passer commande pour vous faire pardonner : ce midi, tournée pizza. Demain croissants et après-demain…
B. À la guerre comme à la guerre. Vous augmentez la température d’un geste sénatorial, l’œil belliqueux. La bataille du Celsius ne fait que commencer.
6. Par mail, votre stagiaire suggère que ses missions ne sont pas en adéquation avec sa fiche de poste…
A. Horreur. La recrue que vous comptiez parmi vos soutiens les plus fidèles est en détresse. Vous accourez à son bureau et planifiez une journée « soupape de sécurité ». Histoire de renouer le dialogue.
D. Il y a beaucoup, beaucoup, de mails dans votre boîte… De sorte que celui-ci pourrait très bien s’être égaré - au point de tomber dans les spams, qui sait ? Ces choses arrivent. Next.
B. C’est nouveau ça, les stagios qui envoient leurs doléances par voie électronique ! On n’arrête pas le progrès. M’enfin. Dans votre grande bonté, vous répondez en distillant une perle de sagesse : « Le monde du travail est une jungle dans laquelle il faut s’adapter pour survivre. » Votre rookie vous remerciera plus tard.
C. Vous proposez un point pour redéfinir ensemble les objectifs de votre stagiaire et moduler, si nécessaire, les tâches qui lui ont été confiées.
7. Votre patron vous demande dans un message laconique de reprendre « en profondeur » un travail que vous venez de soumettre. Motif invoqué ? « Imprécision ».
D. « Bien sûr, patron ». Reste que les notions de « profondeur » et d’« imprécision » sont relatives, n’est-ce-pas ? Une retouche par ci, un ajout par là, et tout le monde n’y verra que du feu.
B. « Ce qui est imprécis, c’est votre mail, guignol », pitonnez-vous furieusement. Avant de vous raviser et opter pour un mutisme renfrogné. Moins frontal, plus safe.
C. Avant de vous atteler à la tâche, vous rendez visite à votre N+1 en avouant que vous avez besoin de retours complémentaires, pour répondre à ses attentes.
A. Mains moites, vertiges, tachycardie. Pas de temps à perdre, vous rédigez un message d’excuses - en moins de 5000 signes cette fois, juré.
8. 12h30. Comme chaque mardi, vous dégustez un poulet rôti à votre bureau. Mais cette fois, plusieurs collègues « dérangés par l’odeur » vous demandent de quitter l’open space.
A. Plus qu’à partir avec dignité. Vous emportez vos affaires, le front illuminé d’une noblesse que vous espérez - au moins - aristocratique. Tant pis pour eux.
C. Vous rangez votre plat et proposez aux collègues d’aller déjeuner ensemble plus tard, _« avec un arrêt rôtisserie, pour les amateurs ».
B. Jamais de la vie. « La prochaine étape, c’est quoi ? L’interdiction d’éternuer peut-être ? », lancez-vous d’un air bravache en brandissant une fourchette triomphante, sur laquelle gît votre cuisse de volaille.
D. Seule issue pour ne pas décoller de votre siège : mentir. Comment s’appelle la perte d’odorat déjà… Ah, oui, « anosmie ». Et donc : « Souffrant d’anosmie, je trouve extrêmement déplacées vos réflexions, à l’endroit d’une personne atteinte de handicap. »
9. Votre N+1 rapporte que depuis plusieurs mois, votre tendance à être charrette entrave les équipes…
C. Vous admettez qu’à force de bosser sous pression dans votre coin, vous en avez oublié l’échelle d’équipe. Et promettez de vous en excuser auprès de vos collaborateurs.
A. « N’en dites pas plus. » Vous inondez vos collègues de justifications mentionnant que tel jour, votre chat allait mal, et que tel autre c’était un dégât des eaux qu’il fallait gérer d’urgence. Le tout, accompagné d’une avalanche de smiley « mignons ». Difficile de comprendre pourquoi on vous laisse en « vu ».
D. Vous mentionnez une « procrastination aiguë » sur laquelle vous travaillez « d’arrache-pied » en thérapie. Merci aux collègues pour leur compréhension.
B. « L’histoire a prouvé que les bons à rien avaient toujours besoin d’un bouc émissaire », posez-vous d’un ton sibyllin. Avant de dénoncer, en des termes non moins énigmatiques, un « complot tentaculaire » ourdit contre votre honnête personne.
10. Sur Slack, Phil vous rappelle que « faire des blagues sur l’actu du gouvernement n’est pas approprié »…
A. Coup de poignard. Phil n’est-il pas censé être votre ami ? Vous quittez brusquement la discussion, et signalez son compte sur la plateforme. Au jeu des coups bas, rira bien qui rira le dernier.
C. « Je suis peut-être allé trop loin », reconnaissez-vous. Vos opinions politiques ne regardent que vous - ou tout du moins pas votre entourage pro. On ne vous y reprendra plus.
D. De mauvais poil ce matin, le Philou. Vos dossiers peuvent attendre : vous vous empressez de démontrer par A plus B que votre vanne n’a rien de « politisé en soi ».
B. « TU ES LA LIE DE CE PAYS, PHIL », rétorquez-vous. Avant de le submerger de liens Doctolib renvoyant à du personnel psychiatrique - subtil moyen de lui suggérer une consultation express.
Résultats
Majorité de A : vous prenez la critique trop à cœur
Tenir compte des observations de vos collègues est une chose, sur-réagir à chacune d’elles en est une autre. On ne saurait trop vous conseiller de prendre un peu de distance vis-à-vis de votre environnement pro qui, rappelons-le, n’est pas une scène de théâtre. Besoin d’astuces pour réagir de manière plus pondérée, moins intense ? La méditation et l’auto-hypnose sont de bonnes pistes à explorer. Keep it cool !
Majorité de B : vous êtes en guerre contre tout le monde, tout le temps
Rangez ce poing menaçant. Ici personne n’est votre ennemi - à votre bureau non plus, d’ailleurs. Non seulement vos poussées d’aigreur plombent sévèrement l’ambiance, mais elles mettent en péril votre santé. Tout le corps scientifique s’accorde à dire que les serials colériques sont plus en proie que la moyenne aux risques cardio-vasculaires. Alors si vous ne faites pas l’effort de descendre d’un, ou deux - ou quatre - étages pour vos collègues, faites-le pour vous. Oubliez ces incessantes vendettas au profit de pratiques… Zen. Le yoga et l’ASMR, par exemple.
Majorité de C : vous êtes un exemple d’écoute, et d’adaptabilité
Chapeau. Le Platon du bureau que vous êtes, accepte avec humour et pondération toute les critiques, même celles qui touchent aux sujets les plus sensibles - du moment qu’elles sont constructives, et bienveillantes. N’en doutez pas, c’est une soft skill en or que vous avez entre les mains. Elle vous emmènera loin.
Majorité de D : vous êtes dans le déni constant
La politique de l’autruche, ça vous connaît, pas vrai ? Jamais votre faute, toujours une bonne excuse. Mais vous ne pourrez pas indéfiniment détourner le regard des remarques qu’on vous adresse. Pour rappel, un peu d’introspection critique n’a jamais tué personne. Par contre, l’absence obstinée de remise en question en a déjà conduit plus d’un à la porte… À bon entendeur !
Et parce qu’on a tous besoin de soutien de temps à autre (oui, oui, même toi le profil C), retrouvez tous nos conseils pour tenir bon face aux critiques ici.
Article édité par Aurélie Cerffond ; Photo par Thomas Decamps
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