Profil autodidacte : nos conseils pour briller à l'entretien d'embauche
28 févr. 2023
6min
Redaktor na voľnej nohe so špecializáciou na technológie a startupy.
La magie d’Internet, c’est de donner accès à la formation à tous, ce qui contribue à sonner la fin de l’ère où le sacro-saint diplôme était considéré comme l’unique clé d’accès à un (premier) job. Oui aujourd’hui, nous ne sommes plus obligés de passer par la case études pour apprendre son métier. Il y a en effet les chaînes YouTube, les forums, les livres, les MOOCs, les manuels, en bref, un tas de contenus de qualité. De plus en plus de secteurs comme la création ou l’informatique, s’ouvrent désormais aux profils autodidactes. Si c’est notre cas, il faut savoir bien présenter ses arguments pour valoriser ses compétences durant le processus de recrutement. Guide pour bien s’y préparer.
Créez un portfolio
Un bon portfolio est essentiel pour mettre en avant vos compétences. Concrètement, il doit contenir votre lettre de motivation, des éléments prouvant ou illustrant votre expérience, et tout ce qui peut permettre à la personne en face de vous de voir ce que vous êtes capable de faire. C’est un moment où vous avez la parole et pouvez mettre vos compétences en valeur : faites-le !
Dans votre portfolio, ne vous contentez pas de lister vos jobs précédents : déroulez les projets intéressants sur lesquels vous avez travaillé (une appli, un site web, un blog ou même votre propre CV) en expliquant pour chacun la démarche et la réflexion que vous avez menée. Pour les créatifs, le CV est l’occasion rêvée de montrer ce qu’on sait faire. À titre d’exemple, voici la page de Benjamin Benhaim, graphiste, sur Behance.
Il montre ses compétences autant qu’il les liste – et ça fonctionne ! C’est un bon exemple de CV qui sort du lot, à une époque où la créativité est toujours plus appréciée.
Mais ne vous arrêter pas à l’étape du portfolio. Olivia Vila, spécialiste RH avec 16 ans d’expérience cumulée au sein d’une multinationale française d’un cabinet de consulting, explique qu’il est important de défendre ce qu’il contient et de l’expliquer clairement. C’est d’autant plus vrai pour les autodidactes, qui doivent faire la preuve de leur très bonne compréhension du métier. « Il faut montrer que vous avez proposé des idées. Et il est important de le faire avec enthousiasme et conviction. C’est un état d’esprit fortement apprécié. Si vous devez me « vendre » votre appli, vous devez me convaincre que vous avez fait un truc parfait, et aussi expliquer comment vous avez conduit le projet. Est-ce que le concept original était votre idée ? Est-ce que c’était plutôt un travail collaboratif, etc. »
Lorsque vous présentez les temps forts de votre parcours, il est aussi important d’exposer le contexte et les conditions de leur réussite. Par exemple, évoquez le délai que vous aviez pour mener le projet à bien et montrez votre capacité à tenir un planning. C’est crucial dans le travail d’équipe en entreprise. Citons le cas (même s’il est vraiment à part) d’Andrew Kim : en 2012, encore étudiant, il s’amuse à repenser l’identité visuelle corporate de Microsoft, histoire d’impressionner son prof à l’ArtCenter College of Design, à Pasadena (Californie). Visuellement, c’est bluffant, mais surtout, Andrew prend le temps d’expliquer son approche et de défendre son cas. Ses arguments sont solides. Il rappelle aussi qu’il a fait tout ce travail en trois jours, à savoir dans le temps qui leur avait été imparti par leur prof. Ses créations font le tour de la planète tech et sont très remarquées : Andrew reçoit une offre d’embauche de la part de Microsoft. Après avoir intégré Tesla par la suite, il est aujourd’hui chez Apple. Conclusion : votre portfolio est un atout majeur.
Faites la liste de vos sources
Les personnes qui sortent de la fac, d’une école ou qui ont bénéficié d’une formation, ont suivi un chemin tout tracé. Ce n’est pas le cas quand on est autodidacte. Il est donc conseillé, quand vous avez des entretiens, d’établir la liste des ressources de formation en ligne, des outils, des manuels et de toutes les sources qui vous ont servi et vous servent encore à vous former et assurer votre veille professionnelle. « Dans ce genre de cas, je demande toujours au candidat ou à la candidate de me préciser comment il ou elle se forme, les cours suivis en ligne ou ailleurs, les blogs métier et les comptes pros qu’il ou elle suit sur les réseaux, raconte Olivia Vila. Les personnes qui le font vraiment répondent du tac au tac et ont beaucoup de choses à dire à ce sujet. Je le vois en entretien. »
Vous pouvez aussi revenir sur certaines de vos compétences et la manière dont vous les avez développées. Par exemple, si vous avez suivi une chaîne YouTube pour apprendre à coder et que depuis vous touchez pas mal HTML5, mentionnez-le. Si à la base, vous devez votre expertise marketing à votre lecture assidue de Seth Godin, référence en la matière, dites-le. Qu’avez-vous appris de ses livres ? De telles références consolident la liste de vos sources et crédibilisent d’autant plus leur rôle dans votre parcours d’autoformation.
Laissez votre présence digitale parler à votre place
Quand on est autodidacte, il faut souvent se relever les manches – plus que la moyenne – pour compenser le manque de diplôme (ou autre cursus formalisé). Un bon moyen d’y arriver est de soigner votre empreinte numérique. Quand on s’est formé « tout seul », il ne faut pas considérer les compétences digitales comme un plus, mais bien comme un impératif. Pourquoi ? Parce qu’elles permettent de faire connaître et mettre en avant votre travail.
Vous travaillez dans un domaine créatif ? Un compte Insta sur lequel vous publiez vos réalisations et projets peut servir votre cause dix fois plus qu’un CV. Photos, illustrations, animations : montrez votre talent. Vous êtes développeur ou développeuse ? Postez du code sur votre profil Github. Si vous faites partie d’une communauté de dévs, dites-le : cela montre votre curiosité et votre capacité à échanger avec vos pairs. Votre empreinte numérique n’a rien d’anodin, souligne Olivia Vila. « Je demande parfois aux candidats de me donner leur compte Twitter ou autre, pour voir de quoi ils ou elles parlent, les personnes qu’ils ou elles suivent. Si vraiment ce sont des autodidactes, ça se voit : ils suivent des grands noms de leur domaine ou publient quotidiennement pour parler de leur métier. »
Si vous préférez la discrétion, c’est votre choix, mais gardez en tête que ce que vous publiez en ligne montre votre passion et votre légitimité dans votre domaine.
C’est d’ailleurs ce qui a aidé Francisco à décrocher ses deux derniers postes. En plus d’être rédacteur spécialisé en jeux vidéo, son job officiel, il était aussi développeur back-end depuis qu’il avait appris à coder, tout seul dans son coin. « Il y a quelques années, je ne faisais pas trop gaffe à mes comptes sur les réseaux. Je me servais de Twitter et de Facebook pour publier principalement des conneries. Mais un jour, des collègues m’ont fait comprendre l’importance des réseaux sociaux. Alors je me suis créé un profil sur Github et j’ai développé ma présence sur LinkedIn. J’ai passé mes autres profils en mode privé. J’ai reçu des offres juste sur la base de mon profil sur les deux réseaux dont je me sers à titre professionnel – et c’est comme ça que j’ai intégré ma boîte actuelle. Je me donne du mal pour soigner ma présence sur les réseaux pour qu’elle reflète bien le professionnel que je suis. »
Posez les bonnes questions
Quand on est autodidacte, il peut être parfois compliqué de prouver que ses compétences valent autant que celles des personnes ayant suivi un cursus traditionnel. Pour séduire les recruteurs, il faut alors faire preuve de proactivité en posant des questions durant l’entretien et ne pas se contenter uniquement de répondre à celles qui nous sont posées.
Il est particulièrement utile de poser des questions qui témoignent non seulement d’un réel intérêt pour l’entreprise, mais aussi d’une excellente connaissance du métier. Demandez par exemple quel est le point fort de l’entreprise, si vous aurez à piloter plusieurs projets, les langages de développement (le cas échéant), les outils de design graphique utilisés, les valeurs portées par le service communication de la boîte, la méthode (Agile ou autre) pour le suivi de projet, etc.
Ces questions doivent aussi vous servir à montrer que vous connaissez le jargon lié à votre métier et que vous savez de quoi vous parlez. C’est d’autant plus important si vous avez peu d’expérience antérieure à mettre en avant.
Aux yeux de certaines entreprises, être autodidacte est un réel point fort. Mettre en valeur ses compétences et les connaissances acquises seul·e, montre de quel bois vous êtes fait : vous êtes capable d’apprendre de façon autonome, sans devoir passer par le système traditionnel ou l’aide d’une autre personne. De plus, vous avez une capacité à surmonter les obstacles par rapport à vos concurrents issus d’un cursus plus classique. Attention en revanche, c’est possible qu’on attende de vous que vous fasiez vos preuves avec une plus grande vigilance. Mais si vous adoptez le bon état d’esprit et que vous vous sentez prêt·e à plonger dans le grand bain, ne doutez pas : vous avez toutes vos chances.
Article traduit par Sophie Lecoq; édité par Gabrielle Predko; photo Thomas Decamps
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