Que faire de ses bureaux vides ? 5 idées pour leur redonner vie

25 mars 2021

5min

Que faire de ses bureaux vides ? 5 idées pour leur redonner vie
auteur.e
Claire Kadjar

Rédactrice

Avec la généralisation du télétravail, de nombreuses entreprises se retrouvent avec des mètres carrés dont elles n’ont plus ou peu l’utilité. En Île-de-France, les locations de bureaux ont chuté de 45% en 2020. Natixis estime que le télétravail pourrait vider 11 millions de m2 à l’horizon 2030, soit 20 % du parc en Île-de-France. Alors que faire de tous ces espaces vides ? Si certaines entreprises n’hésitent pas à résilier leur bail et basculer en full-remote, d’autres taillent dans les mètres carrés jugés inutiles. Mais quelles solutions pour ceux qui souhaitent conserver leurs bureaux, sans pour autant les laisser à l’abandon ? Voici 5 idées originales pour donner une seconde vie à vos bureaux vacants.

Partager ses bureaux avec d’autres entreprises/professionnels

Après plus d’un an de télétravail généralisé, la question que nombre d’entreprises se posent (et à juste titre) est : comment rentabiliser leurs bureaux vides ? Une des solutions est bien sûr la mise en location de bureaux ou d’espaces de travail. D’après une enquête réalisée par Bureaux à partager en 2019, un poste de travail à Paris se loue en moyenne 330€/mois et 470€/mois pour un bureau fermé. Autre option : le “timesharing”, c’est-à-dire le partage du temps d’occupation des locaux avec une autre entreprise (ex : une entreprise occupe les bureaux du lundi au mercredi, et l’autre le jeudi et le vendredi). Un mode de fonctionnement compatible avec le télétravail et les conditions sanitaires, qui permet en plus de partager les coûts d’entretien. Enfin, pour réinventer vos m2 vides, pourquoi ne pas songer au « corpo-working » ? Contraction de « corporate » et « coworking », il s’agit d’un espace partagé au sein d’une entreprise, où les salarié.es côtoient des acteurs extérieurs (startups, freelances…), dans une logique de partage de connaissances et d’innovation. Un exemple emblématique est la “Villa Bonne Nouvelle”, créée en 2014 par Orange. Chaque année, l’entreprise propose à une soixantaine de participants internes et externes (surtout des start-ups) de se réunir durant un an dans cet espace modulable de 350 m2, afin d’expérimenter de nouvelles pratiques managériales et collaboratives. Les start-ups sont recrutées en fonction des valeurs qu’elles peuvent insuffler pour créer du collectif. Pour le groupe, l’objectif est double : entretenir une connexion étroite avec les start-up parisiennes, mais aussi mieux comprendre leurs modes de fonctionnement et importer les meilleures pratiques. Une option intéressante pour se former aux côtés d’acteurs de l’innovation, dynamiser l’environnement de travail et redonner du sens aux espaces de bureaux.

Transformer vos salles de réunion en salles de classe

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Alors que beaucoup de métropoles comme Paris songent à transformer les bureaux vides en habitations pour faire face à la crise du logement, l’architecte et designer Danish Kurani suggère, lui, une autre solution… En 2019, il a transformé un immeuble de bureaux situé à Livermore, dans la banlieue de San Francisco, en des salles de cours pour l’Acton Academy East Bay, une micro-école fondée sur les principes Montessori. Dans un article pour Fast Company, l’architecte explique qu’il est plus simple de transformer des bureaux en espaces d’apprentissage qu’en logements ; cela implique moins de travaux. En plus, il précise qu’il s’agit d’une démarche plus respectueuse de l’environnement, car comme il l’explique dans l’article « on tire parti d’un bâtiment déjà construit. On n’utilise pas de nouvelles ressources et de nouveaux matériaux. C’est une forme de développement très responsable. » Par ailleurs, Kurani ajoute que cette initiative a permis de rapprocher les écoles (d’habitude isolées dans les banlieues américaines) des entreprises locales ; favorisant la mixité intergénérationnelle et permettant aux enfants de découvrir de plus près la réalité du monde du travail. Donc si vous avez des locaux vides, suffisamment grands, bien placés et à proximité des transports, songez à les louer à une école ou à une université !

Ouvrir vos portes aux personnes en situation de précarité

Face à la crise économique liée au covid-19, qui impacte en priorité les populations vulnérables, pourquoi ne pas impliquer votre entreprise dans une démarche solidaire, en mettant vos bureaux vides au service des plus démuni.s ? C’est ce que propose depuis 2019 l’association des Bureaux du Cœur fondée par Pierre-Yves Loäec, directeur de l’agence de communication Nobilito et président du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) à Nantes. Le concept est simple : permettre aux entreprises dont les bureaux sont équipés de moyens de cuisine et de sanitaires (WC, lavabos, douche) et pouvant aménager un coin nuit privatif, d’accueillir une personne en situation de précarité dans leurs locaux vides le soir et le week-end, pour une durée de 6 mois maximum renouvelable, et sans aucune contrepartie. « Concrètement, “l’invité.e” arrive le soir entre 17h et 18h et repart le matin » explique Amandine Perraud, attachée de presse bénévole aux Bureaux du Cœur. Pour sélectionner le/la candidat.e “invité.e”, l’accompagner durant son séjour dans l’entreprise, mais aussi l’aider à trouver une solution de logement plus durable par la suite ; les Bureaux du Cœur travaillent main dans la main avec des associations locales nantaises spécialisées dans les problèmes de logement de personnes en grande précarité. En ce qui concerne les entreprises “hôtes”, elles doivent respecter une charte. Par ailleurs, leur rôle ne se limite pas à juste fournir un toit ; elles se doivent de faire en sorte que leur “invité.e” se sente bien dans l’entreprise et, pour cela, sont encouragées à nouer des relations avec lui/elle. « L’idée n’est pas que l’invité.e arrive tard le soir et reparte tôt le matin sans croiser personne. Un des buts est de briser l’isolement. Nous souhaitons qu’il/elle puisse créer des liens avec les collaborateurs.trices. Ces derniers.ères peuvent, par exemple, boire un café avec lui/elle le matin ou encore l’aider à refaire son CV. » précise Amandine Perraud. L’initiative est actuellement mise en place dans 15 autres entreprises Nantaises et séduit de plus en plus… « Nous recevons énormément de demandes d’entreprises partout en France. La crise sanitaire a clairement été un déclencheur. Pour répondre aux demandes croissantes, nous souhaitons créer d’autres antennes et partenariats avec des associations pour étendre l’initiative à d’autres villes que Nantes » explique Amandine Perraud. L’association a déjà ouvert des antennes dans 6 autres villes. Parallèlement, elle réfléchit à proposer un dispositif similaire aux étudiants en situation de précarité et est déjà en pourparlers avec des universités.

Place aux associations et à la culture

Il n’est pas rare que les acteurs associatifs et culturels peinent à accéder au marché immobilier classique, surtout dans le contexte actuel, où beaucoup ont vu leur activité stoppée ou ralentie, et leurs revenus s’effondrer à cause de la crise sanitaire. Pour leur donner un coup de pouce, les entreprises peuvent leur proposer de louer à moindre coûts leurs locaux inoccupés, afin qu’ils/elles puissent poursuivre leurs activités associatives ou culturelles. Un bon moyen de soutenir une cause, d’entretenir et de sécuriser les lieux, tout en amortissant une partie des frais d’entretien. L’association Plateau urbain, créée en 2013, propose la mise à disposition d’espaces vacants (y compris de bureaux vacants), pour des acteurs culturels, associatifs, et de l’économie sociale et solidaire. L’association a, par exemple, contribué à la création des “Grands Voisins”, un projet social qui a pris fin en septembre 2020. Installé sur le terrain vide de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul, ce lieu très vivant proposait des hébergements pour des personnes vulnérables, des événements culturels et artistiques ainsi que des bureaux et des ateliers d’artistes. Une belle source d’inspiration pour les entreprises qui souhaitent revitaliser leur QG !

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Cultiver des fruits et légumes au bureau

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Imaginez voir des tomates pousser au-dessus de la table de réunion, une mini-rizière dans l’open-space et des haricots grimpants dans les couloirs… Voilà à quoi ressemble le siège social de Pasona Group. Cette entreprise japonaise, spécialisée dans le recrutement, a fait appel à l’agence Kono Designs en 2010 pour créer la plus grande ferme urbaine du pays à l’intérieur de ses locaux, situés dans le centre de Tokyo. Plus de 200 espèces de fruits, de légumes et de riz sont cultivés dans tout le bureau par les employé.es ; une activité agricole qui leur permet de se détendre au contact des plantes. Les récoltes servent ensuite à la confection de plats, servis dans les cantines de l’entreprise. Aussi, le climat de la ferme est régulé pour offrir de bonnes conditions de travail aux collaborateurs.trices durant la journée et optimiser la croissance des plantes lors des horaires de fermeture. Enfin, en rapprochant les aliments des consommateurs, l’entreprise a créé un circuit de production plus court, donc moins polluant. Sans aller jusqu’à mettre en place une ferme urbaine aussi perfectionnée, vous pourriez commencer par combler vos espaces de bureaux vacants en installant, par exemple, des “cultures sur étagères”, une solution proposée par la start-up IFarm. Reste à savoir si vos employé.es ont la main verte ?

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