Comment gérer les événements traumatisants vécus par vos collaborateurs ?
01 mai 2019
3min
CC
Rédactrice
Deuil, maladie, divorce… vos employés ne sont pas étrangers à ces drames personnels. Managers et DRH peuvent les accompagner au mieux pour traverser ces épreuves dans leur environnement professionnel.
Il y a celles et ceux qui se jetteront dans le travail pour surmonter les épreuves personnelles. Et il y a les autres, les employés qui auront des difficultés à terminer leurs journées. Le DRH et/ou manager devra évaluer l’état d’esprit de ses collaborateurs avant de proposer son aide. « La réponse va dépendre du contexte », rappelle Hélène Romano, Docteur en psychopathologie clinique. « Si l’employé vient chercher du soutien ça sera beaucoup plus facile de donner une réponse adaptée que dans le cas où le salarié ne dit rien ». « Un employé qui se confie sur l’épreuve qu’il traverse c’est quelqu’un qui a confiance en son employeur et en son entreprise », ajoute l’experte.
« Un employé qui se confie c’est quelqu’un qui a confiance en son employeur »
Comment proposer son aide ?
Le service RH et le manager devront être à l’écoute de l’employé concerné. Si l’employé n’a pas souhaité vous faire part de l’événement traumatisant, il faudra poser les bonnes questions, au risque de voir le salarié se braquer, voire de se sentir agressé. « Posez des questions ouvertes, demandez-lui comment ça se passe, comment il va, mentionnez que des collègues s’inquiètent pour lui », détaille Hélène Romano. « Le mot « s’inquiéter » est très important. En tant que DRH je suis là pour vous, pour prendre soin de vous. Choisissez vos mots avec beaucoup de prudence et de justesse, pour que l’employé puisse se sentir en sécurité. Le conditionnel est aussi très important si le salarié ne vous a pas sollicité », met en garde la Docteur en psychopathologie clinique. « Ne donnez pas de détails, parlez de situations difficiles, restez vagues et proposez votre aide ».
L’employé ne doit pas se sentir seul face à des épreuves traumatisantes. Comme l’écrit Sheryl Sandberg dans son livre Option B, il ne faut pas cacher l’éléphant dans la pièce. Après la mort de son mari, la numéro 2 de Facebook, d’ordinaire très communicative et ouverte avec ses collègues, s’est renfermée sur elle-même. Une erreur, selon elle, à ne pas commettre, pour pouvoir être accompagné correctement dans son entreprise et être compris par les autres.
Risque de violation de la vie privée
Malgré de bonnes intentions, les managers et responsables des ressources humaines pourraient être accusés de violation de la vie privée. Si l’employé n’a pas voulu raconter l’épreuve qu’il traverse, l’entreprise devra être très vigilante. « Je suis intervenue auprès d’un salarié qui avait perdu sa femme, elle s’était suicidée », raconte Hélène Romano. « Dans son milieu professionnel, il n’a pas souhaité parler de suicide, il a simplement évoqué le décès de son épouse. Le DRH l’a convoqué, en évoquant la difficulté de son épreuve, en donnant trop de détails. Alors certes il était très bienveillant, mais l’employé s’est senti agressé et il l’a très mal vécu ». Pour rappel, la loi garantit à chacun le respect de sa vie privée (article 9 du Code civil). L’employeur ne peut donc pas s’immiscer dans les affaires personnelles de ses salariés. Sauf si celles-ci empiètent de manière abusive sur la vie de l’entreprise.
Aménagements à mettre en place
Bien sûr tout dépendra, encore une fois, du salarié et de sa volonté de divulguer ou non les informations. Si le DRH n’a aucun détail, il sera difficile d’envisager un allégement de la charge de travail par exemple. Mais il peut évidemment proposer son aide, sans oublier de rester vague. Faire appel au médecin et psychologue du personnel est également une option à envisager.
Dans le cas où l’employé a souhaité se confier, le responsable des ressources humaines « une personne très précieuse », estime l’experte, pourra proposer un aménagement des horaires de travail, offrir des jours exceptionnels, des jours de congés ou même un changement de poste temporaire. « Il fera en sorte que cette épreuve de vie se passe le mieux possible pour le collaborateur. »
« Il faut faire en sorte que cette épreuve de vie se passe le mieux possible pour le collaborateur »
Pour le décès d’un membre de la famille par exemple, la loi est claire « Tout salarié peut bénéficier d’autorisation d’absence. Aucune condition d’ancienneté n’est exigée pour avoir droit à ce congé spécifique.» Le nombre de jours varie en fonction de la convention ou de l’accord collectif d’entreprise, allant de 3 jours minimum (pour les époux ou parents) à 5 jours (pour les enfants), voire plus si la durée est prévue par l’entreprise.
N’oubliez pas non plus de vous ménager en tant que gestionnaire de crise, car une épreuve de vie n’est jamais évidente à appréhender. « Les DRH et managers ne sont pas des surhommes/femmes, ils doivent en parler à leur collègues, prendre du recul sur la situation car ces souffrances humaines sont coûteuses psychologiquement ».
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