Comment parler de son licenciement en entretien d'embauche ?
19 nov. 2020
7min
Fondatrice et rédactrice chez sawthesun.com
Vous avez fait l’objet d’un licenciement, et vous souhaitez vous relancer sur le marché du travail ? Ne vous faites pas d’illusion. Lors de vos entretiens d’embauche, la question « pourquoi avez-vous quitté votre dernier emploi ? » va forcément faire irruption, et il faudra être prêt à y répondre. Parler d’un congédiement n’est jamais une chose facile, encore moins à son potentiel futur employeur. Mais cette question effraye souvent plus qu’elle ne devrait. Pris entre la peur d’être jugé, la tentation de mentir ou l’envie d’esquiver la question, on sait rarement sur quel pied danser. Pourtant, s’il n’y a pas de solution miracle, il existe quand même des règles simples à suivre pour évoquer sans risque votre licenciement à un recruteur. Avec l’aide de Sophie Bellec, consultante en recrutement, on vous livre quelques conseils pratiques pour parler de ce moment compliqué aux recruteurs dont vous croiserez le chemin.
7 conseils pour parler de votre licenciement en entretien
Évitez l’improvisation
Se rendre à un entretien d’embauche en priant que le recruteur ne posera pas de question sur les raisons pour lesquelles vous avez quitté votre ancien job revient clairement à vous tirer une balle dans le pied. « Préparez-vous à cette question, insiste Sophie Bellec, n’arrivez pas à l’entretien sans vous être demandé comment présenter les choses. Je vois trop de candidats qui sont déstabilisés face aux recruteurs, alors même qu’ils ne sont absolument pas en faute. En étant bien préparé et ferme sur ses appuis, on peut éviter de se faire embarquer dans des questions déstabilisantes. Les gens s’imaginent trop souvent que le recruteur va voir d’un mauvais œil leur licenciement, or c’est rarement le cas. Il faut arriver extrêmement bien préparé pour répondre à cette question : “pourquoi êtes-vous parti et dans quelles circonstances ?” »
Avoir un discours fluide et cohérent quant à votre licenciement jouera énormément en votre faveur. Ne perdez pas vos moyens en laissant la place à l’improvisation sur un sujet aussi délicat. Mettez-vous à la place du recruteur et listez toutes les interrogations qu’il pourrait avoir par rapport à votre départ : type de licenciement, motifs, déroulement, etc.
Prenez du recul et dédramatisez
Bien qu’un licenciement soit difficile à vivre, cela ne doit pas vous affecter ou vous désespérer. Nombreux sont ceux qui sont passées par la même situation que vous et ont réussi à la dépasser. Partir dans un état d’esprit positif est primordial pour réussir son entretien d’embauche. Pour Sophie Bellec, même si ça peut paraître contre intuitif, « dans certains cas, les candidats sont plus en position de force aujourd’hui qu’ils ne l’étaient y a 25 ans. Il y a un marché du travail qui est en pénurie et pour les recruteurs ce n’est pas si facile de trouver de bons candidats. Ne laissez pas votre licenciement vous décourager, montrez que vous avez des capacités, c’est ce qui intéresse les recruteurs. »
Renseignez-vous sur la politique de confidentialité de votre ancienne entreprise.
Juridiquement parlant, il est important de savoir exactement ce que vous pouvez et ne pouvez pas dire selon votre arrangement avec votre ancien employeur. Généralement, les recruteurs sont familiers avec les clauses de confidentialité. Toutefois, si vous vous retrouvez dans le cas où le recruteur insiste pour avoir des réponses que vous ne pouvez pas partager avec lui, vous pouvez lui dire de manière très transparente que la politique de confidentialité de votre précédente entreprise ne vous permet malheureusement pas de lui répondre. Cette réponse mettra également en avant votre intégrité et votre respect du secret professionnel.
Choisissez le moment opportun pour aborder le sujet
Si vous ne savez pas quand aborder le sujet de votre licenciement durant l’entretien, le mieux est de laisser le recruteur l’aborder au moment opportun. Répondez uniquement aux questions qu’il vous pose. Ne rentrez pas dans des explications trop longues. Selon Sophie Bellec, « se perdre dans des explications compliquées en voulant justifier tout un tas de choses va faire peur au recruteur, ce qui va l’amener à se méfier. » Ayez en tête qu’il s’agit seulement d’une question parmi d’autres, le recruteur ne cherche pas forcément à vous piéger ou à vous déstabiliser, il est juste curieux et cherche à en savoir davantage sur les circonstances de votre départ.
Surtout, ne tentez pas d’éviter le sujet ou de donner des réponses évasives. Cette attitude douteuse ne fera qu’attiser la curiosité de votre futur employeur qui aura l’impression que vous lui cachez des choses. Soyez donc précis en évitant des phrases comme « ça ne se passait pas très bien » ou « je ne saurai pas trop comment l’expliquer mais j’avais envie d’autre chose. »
Vous cherchez un job fait pour vous ?
Jouez la carte de l’honnêteté
C’est si tentant de vouloir détourner la vérité quand il s’agit de parler de son licenciement Pourtant, vous auriez tout à perdre si vous le faisiez. Le monde professionnel est petit, vous n’êtes pas à l’abri que votre recruteur se soit renseigné sur vous auprès de son réseau et qu’il connaisse déjà les raisons de votre départ. Il se peut également qu’il vous demande, à la fin de l’entretien, des contacts chez votre ancien employeur.
Afin de vous épargner la honte d’être démasqué, il est primordial d’assumer votre licenciement et d’en parler ouvertement et honnêtement. Aborder le sujet sans détours et en faisant preuve de transparence prouvera que vous êtes en mesure de créer un climat de confiance lors de l’entretien, le recruteur se rendra alors compte que vous êtes honnête et sincère et pourra ainsi mieux se projeter avec vous. Pour Sophie Bellec : « Dire la vérité sur des rapports humains et admettre que ça ne s’est pas bien passé avec son employeur, ça ne pose pas de problème la plupart du temps. Ce qui compte c’est d’être clair et tranquille dans ce qu’on répond, d’être droit dans ses bottes. »
Être honnête ne veut cependant pas dire laisser sortir ses émotions telles quelles. Le recruteur est à l’écoute mais cela reste un entretien d’embauche. Quand vous vous exprimez, essayez de ne pas réagir trop excessivement. Évitez donc de dire des phrases telles que « j’ai été très en colère », « cela m’a énormément surpris », « j’étais très content de partir » ou encore de trop parler à la première personne du singulier afin de mettre à distance votre côté émotionnel. Par exemple, au lieu de dire : « j’ai été très déçu », dites : « la situation était décevante ».
Ne dénigrez pas votre ancien employeur
Il est vrai que parler de son licenciement implique parfois des sentiments intenses au point que certains candidats se sentent plus à l’aise en se mettant dans une position de victime. Même s’il est tentant de vouloir tout mettre sur le compte d’une mauvaise gestion de son ex-manager, d’une entreprise dans laquelle il ne fait pas bon travailler ou encore de collègues vicieux… il faut vous entraîner à être objectif et éviter à tout prix de dire du mal de votre ancien employeur. Pourquoi ? Tout simplement car en le faisant, vous poussez votre recruteur à se demander si vous feriez de même pour son entreprise en cas de désaccord.
De plus, ne pas assumer une part de responsabilité personnelle pourrait porter préjudice à votre crédibilité. « On peut dire qu’on ne s’est pas entendu avec sa hiérarchie, on peut admettre que la société fonctionnait d’une façon qui ne nous convenait pas, mais on ne doit en aucun cas dénigrer notre ancienne entreprise et notre ancien employeur, confirme Sophie Bellec. Il vaut mieux dire « je n’étais pas fait pour cet environnement » que de dire « j’avais raison et ils avaient tort ». Si votre histoire semble compliquée, le recruteur risque de se dire que vous allez être une source de problèmes pour l’entreprise. »
Ne vous dévalorisez pas, rassurez plutôt le recruteur
Vous ne devez à aucun moment vous dévaloriser devant votre potentiel futur employeur. Même si, à certains moments, votre confiance en vous n’est pas à son top, vous ne devez pas douter de vos capacités. Cherchez à prouver que vous êtes le bon candidat pour le poste en question en montrant à votre employeur que vous avez appris de vos erreurs et que vous avez su tirer des enseignements de vos anciennes expériences. N’hésitez pas à illustrer votre apprentissage avec des exemples concrets comme par exemple : « Mon employeur a mis un terme à mon contrat car la collaboration avec mes collègues n’était pas idéale. Aujourd’hui, j’ai une meilleure conscience de l’importance du travail d’équipe et je pense que je serai plus attentif à ne pas laisser des problèmes internes ou externes nuire au groupe. »
Pas tous logés à la même enseigne
Malgré tous ces conseils, n’oubliez pas que certains licenciements sont très faciles à justifier auprès d’un recruteur, tandis que d’autres le sont beaucoup moins.
Licenciement économique, pas de panique
Vous avez été licencié pour des raisons économiques ? Avec la crise du Covid, c’est malheureusement monnaie courante. Pas de quoi s’inquiéter cependant. « Le candidat n’est jamais responsable de la situation économique de sa boite, souligne Sophie Bellec. Plus vous êtes factuel auprès du recruteur, plus vous serez crédible à ses yeux. Si vous êtes capable d’expliquer pourquoi votre ancienne entreprise s’est retrouvée dans cette situation et à partir de quel moment elle a connu des difficultés, votre crédibilité ne fera qu’augmenter. Je n’ai jamais vu un recruteur qui avait un avis négatif par rapport à un licenciement économique. » Ne vous blâmez pas pour ce qui n’est pas de votre responsabilité et tout se passera pour le mieux.
Licenciement pour faute, un bagage difficile à porter
Un licenciement pour faute grave ou lourde est très compliqué à justifier auprès d’un employeur. « Des personnes dans ce cas, dans mon histoire de recruteuse, je n’en ai pas vu beaucoup, affirme Sophie Bellec. Il faut avoir de très bons arguments. Si le candidat n’a pas fait de procédure pour contester le motif de son licenciement et qu’il ne dit pas que c’était une erreur d’appréciation de la part de son ancien employeur, il n’est pas en bonne posture pour retrouver un travail. S’il y a eu un licenciement pour faute grave, c’est qu’il y a eu un conflit quelque part et il ne faut pas le cacher. Abordez le sujet en étant préparé et ferme sur vos appuis. Expliquez que vous vous êtes très mal entendu avec votre employeur, que c’est la première fois que ça vous arrive, mais que vous espérez pouvoir régler ça correctement. » Après un licenciement pour faute grave, il ne faut pas se voiler la face, retrouver du travail va être un parcours du combattant, mais il ne faut pas baisser les bras. Aidez-vous de nos conseils et misez sur vos compétences.
Les licenciements hors faute, la balle est dans votre camp
Un licenciement hors faute est un licenciement qui peut être justifié par la manifestation chez l’employé d’une maladie qui le rend inapte au travail ou par un arrêt maladie qui s’éternise. Mais dans les licenciements hors faute, on compte aussi les licenciements pour insuffisance : quand l’employé ne fournit pas le travail nécessaire ou que les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous. Si vous suivez les conseils que nous avons listés, tout devrait se passer pour le mieux, la balle est dans votre camp. Cependant, Sophie Bellec insiste « n’utilisez pas le terme “insuffisance” qui a une connotation assez négative, soyez juste honnête sur les raisons de votre licenciement. »
Un licenciement est loin de représenter la fin de votre carrière. Et si nombreuses sont les personnes qui ont su se relever de cette situation, vous le pouvez aussi. Comme dirait Michael Jordan: «Dans ma vie, j’ai échoué maintes et maintes fois, c’est pourquoi j’ai réussi », on ne vous conseille pas toutefois de sortir cette phrase en entretien mais plutôt de la garder en tête pour ne pas oublier que le plus important est de montrer au recruteur que vous êtes maintenant tourné vers l’avenir, que cette épreuve vous a beaucoup appris et que vous êtes définitivement disposé à commencer une nouvelle fonction.
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Photo d’illustration by WTTJ
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