« Surpoids et douleurs physiques : ma santé s'est effondrée en télétravail »

Quand je prends un poste en remote dans une entreprise parisienne en 2019, je viens de devenir papa et de m’installer dans un petit hameau en montagne avec ma famille. Comme le télétravail en est encore qu’à ses balbutiements, la sensibilisation et la prévention sur les risques sur la santé mentale et physique sur ce mode d’organisation du travail n’existent pas encore. Et entre nous, cette question ne m’effleure même pas l’esprit. À la maison, j’ai l’impression de faire exactement la même chose qu’au bureau, les blagues et les pauses déjeuner avec les collègues en moins. Sauf que sans m’en rendre compte, je travaille sur une chaise pas du tout adaptée, le cou baissé pour regarder l’ordinateur huit heures par jour, et ne sors pas beaucoup de chez moi. Je pourrais profiter du splendide environnement qui m’entoure pour me balader, mais, tout comme les personnes qui vivent en bord de mer ne vont jamais à la plage l’été, et les Parisiens ne pensent pas à aller à la Tour Eiffel, j’oublie le fabuleux terrain de jeu que j’ai sous la main. Parfois, je me dis que « je ferai une rando dans la montagne ce weekend », mais je trouve toujours quelque chose de mieux à faire.

Pour le contexte, il faut savoir qu’en 2015, j’ai une blessure au dos assez importante. Probablement à cause des longues heures passées derrière mon écran, cette dernière décide de se réveiller justement quand je commence à travailler de chez moi. La douleur est rapidement si insupportable qu’elle me pousse à passer une IRM. Quelques semaines plus tard, le diagnostic tombe : hernie discale. Je suis désormais obligé de rouler sur le côté pour réussir à sortir du lit. Et ce n’est pas tout, comme je suis complètement inactif pour la première fois de ma vie, avec un frigo rempli à portée de main, je grignote de plus en plus. En quelques mois, je prends près de 15 kg ! Ce chiffre sur la balance additionné à ma nouvelle démarche de vieil homme me font l’effet d’une bombe : il faut que je me reprenne en main.

D’abord, je consulte un kiné qui a un discours aux antipodes de ce que j’avais imaginé : si je pensais que les douleurs allaient s’accentuer en forcant sur le sport, il me recommande au contraire d’en faire encore plus pour renforcer mon dos. Je reprends donc une activité physique intensive, puis je rééquilibre mon alimentation et je m’équipe pour travailler debout. J’achète également un écran qui me permet de regarder droit devant moi pour éviter de me tordre le cou. Autre changement important, je décide que ma première réunion de l’après-midi se fera désormais au téléphone et non en visio pour travailler en marchant. Tous ces petits changements mis bout à bout me permettent de retrouver une bonne hygiène de vie et je vois rapidement les effets sur ma santé et ma forme physique.

Depuis, je n’ai plus eu de problème et j’ai un rapport bien plus positif au télétravail. D’ailleurs, jamais je n’envisagerai de retourner dans un bureau en ville !

Comment éviter les problèmes de santé physique en télétravail ?

1. Toujours plus de sport

À force d’être assis toute la journée, le corps s’affaiblit. Chez moi, ça a généré une hernie discale et une forte prise de poids, un facteur qui a aggravé mes douleurs de dos. Le problème lorsque l’on souffre quelque part, c’est qu’on a tendance à vouloir ménager cette partie du corps en la mettant au repos. Erreur : le sport fait souvent partie des solutions pour surmonter nos douleurs chroniques. Dans mon cas et sur les conseils de mon kiné, j’ai accentué les entraînements et perdu du poids. Résultat : mon dos s’est renforcé et mes abdos se sont dessinés (bon ça, ce n’est pas totalement vrai…).

2. Étirements et mobilité

Une à deux fois par semaine, je privilégie des exercices plus doux comme les étirements ou du gainage. Cela participe au renforcement musculaire et aide à se sentir mieux dans son corps. Si vous ne savez pas par où ni comment commencer, je vous recommande de suivre les vidéos de la chaîne Youtube de Tom Merrick qui propose des séances complètes.

3. Investir dans un bon équipement de bureau

Après mes problèmes de santé, j’ai investi environ 2 000 euros dans du matériel pour télétravailler dans de bonnes conditions. Si vous êtes dans cette situation, je vous recommande d’en faire de même. Rien de pire pour sa santé que de bosser huit heures devant un écran en étant mal installé. Bien sûr cette somme peut sembler importante, mais comme il est nécessaire d’investir dans un bon matelas où l’on dort huit heures par nuit, et que l’on gardera dix ans, le bureau ergonomique s’inscrit dans une démarche à long terme. Aussi, si vous êtes salarié en remote, n’hésitez pas à demander de l’aide à votre employeur. Avec un peu de chance, il prendra une partie des frais à sa charge, ce qui diminuera le montant total de vos dépenses.

Mes trois meilleurs achats :

• Une chaise de bureau ergonomique (environ 1000€ - ce n’est pas un tabouret !) ;

• Un bureau assis-debout (environ 300€) ;

• Un support pour élever son écran d’ordinateur, et l’aligner à la hauteur de ses yeux.

J’ai également investi dans une souris sans fil, un deuxième grand écran…, mais disons que si vous partez de zéro l’essentiel est listé ci-dessus.

4. Sortir tous les jours !

C’est plus simple pour moi qui habite en montagne et qui a pour seuls voisins des vaches et des moutons, mais plus sérieusement, marcher au moins trente minutes chaque jour quand on est en télétravail, c’est essentiel pour le corps et la tête. Ma petite astuce pour m’y tenir : le premier rendez-vous après ma pause-déjeuner n’est jamais en visio, cela me permet de marcher en discutant au téléphone.

5. Être attentif aux petits signaux du corps

Maintenant que je suis très alerte sur les problèmes de santé physique au travail, je fais beaucoup plus attention aux signes d’inconfort (bras, dos, épaule, cou…), surtout si je ressens une gêne plusieurs jours d’affilée. Si c’est votre cas, prenez un peu de hauteur et observez comment vous travaillez. On ne s’en rend pas toujours compte, mais on prend tous rapidement de mauvaises habitudes ou de mauvaises postures quand on est concentré !

Article édité par Aurélie Cerffond ; Photographie de Thomas Decamps