L'art de parler de soi sur Internet… selon 5 boss
07 juil. 2022
5min
Journaliste indépendante.
Qu'est-ce que les entrepreneurs stars du web ont à nous apprendre en matière de communication digitale et de personal branding ? Décryptage de 5 identités numériques qui marquent les esprits.
Aujourd’hui, il n’est plus suffisant d’avoir des chaussures rutilantes et un stylo Montblanc pour faire bonne impression. Les entrepreneurs et dirigeants doivent (aussi) travailler leur image en ligne, en particulier leur e-réputation. Et en la matière, chacun a son « petit style » sur les réseaux sociaux, qu’il s’agisse de jouer sur l’humour, l’authenticité ou encore l’expertise…
Le style « C’est pas sorcier » ou la vulgarisation d’une expertise pointue
« Quoi de plus évident que de partager ce que vous savez sur votre métier ou votre secteur d’activité ? », dirait la petite voix. Les entrepreneurs qui choisissent d’adopter une posture d’expert et de pédagogue se concentrent généralement sur une spécialité. Et les plus talentueux parviennent à intéresser leurs followers sur des sujets pourtant loin de leurs préoccupations quotidiennes.
Une influenceuse qui incarne cette stratégie : Solène Thomas. Celle qui se définit comme « la plume des CEO qui n’ont pas le temps », utilise quotidiennement LinkedIn pour partager, avec légèreté, les bizarreries et fantaisies de la langue française. Générer plusieurs centaines de likes et de commentaires en expliquant l’origine du mot « canicule » vous semble improbable ? Et pourtant.
Pourquoi ça marche ? Parce qu’apprendre des meilleurs dans leurs domaines, cela n’a pas de prix. LinkedIn est progressivement devenu « the place to write » pour ce type de contenu, en permettant d’alterner entre des articles longs et des contenus « à snacker » à la Solène Thomas.
À quoi faire attention ? Trouver le bon équilibre entre expertise et vulgarisation : il ne serait pas avisé de faire des raccourcis trop importants, qui feraient douter de vos compétences réelles.
Le style « Narcisse » ou l’art du « moi je »
Finalement, n’est-ce pas le sujet que chacun maîtrise le mieux ? Du nombre de biscottes avalées au petit-déjeuner aux coulisses de leur entreprise, certains sont prêts à partager beaucoup sur leur vie personnelle et professionnelle. Une porte ouverte sur leur monde et leur intimité, qui attire toujours les curieux.
Les influenceurs qui incarnent cette stratégie : Richard Branson et Dennis Crowley. Le charismatique fondateur de Virgin Group n’hésite pas à partager quotidiennement sur sa vie, ses entreprises, ses voyages (sur Terre et dans l’espace, tant qu’à faire), ses pensées, ses points de vue… Un vrai livre ouvert, lu par plus de 12 millions d’abonnés sur Twitter, et près de 5 millions sur Instagram. Même les prises de position les plus risquées ne lui font pas peur. De son côté, Denis Crowley – cofondateur de Foursquare – donne également à ses abonnés un aperçu de sa vie quotidienne sur les mêmes réseaux. Ses publications montrent cependant que le succès ne lui est pas monté à la tête, et qu’il vit comme une personne lambda.
Pourquoi ça marche ? Parce que, avouons-le, nous avons tous un petit côté voyeur. D’après l’étude Nielsen Norman, il existe d’ailleurs trois typologies d’utilisateurs sur les réseaux sociaux : 1 % sont très actifs, 9 % participent occasionnellement ou régulièrement… et 90 % sont des « lurkers », c’est-à-dire des « rôdeurs ».
À quoi faire attention ? Définir la limite avec laquelle vous êtes à l’aise. Et être honnête avec vos propres objectifs : voulez-vous faire connaître votre entreprise, diffuser des valeurs dans lesquelles vous croyez, frimer un peu ? Car de ces objectifs dépendent les sujets que vous allez aborder, et la frontière que vous allez dresser entre votre vie professionnelle et votre vie personnelle.
Le style « Booba » ou l’art du buzz et de la provocation
On adore les lire et les détester, s’énerver à chacun de leurs posts sans pour autant arrêter de les suivre… Qui sont-ils ? Les rois de la punchline et du buzz. « C’est pas qu’j’aime pas me mélanger, mais disons simplement qu’les aigles ne volent pas avec les pigeons ! », aurait pu dire Donald Trump (mais raté, c’est Booba).
- Les influenceurs qui incarnent cette stratégie : Donald Trump et Grégoire Gambatto. Capable de déchaîner les réseaux en un seul tweet, l’ex-président américain est l’incarnation vivante de cette stratégie. De là à en faire un modèle, il y a un gouffre (que nous ne franchirons pas). Plus modestement, en France, c’est Grégoire Gambatto, entrepreneur du web aux 100 000 abonnés, qui est progressivement devenu le cador de la phrase provoc. Celui-ci n’hésite d’ailleurs pas à sonder ses followers : doit-il « supprimer son compte pour le bien de l’humanité » ?
- Pourquoi ça marche ? Parce que les réseaux sociaux professionnels sont un haut lieu de la bien-pensance et du politiquement correct, et que les personnes qui s’écartent de cette voie sont rapidement remarquées.
- À quoi faire attention ? Que l’on adhère ou non, jouer la carte de la provocation est une stratégie efficace pour faire parler de soi et gagner en visibilité. Mais le prix à payer est souvent très important : il est facile de se faire des ennemis. Alors, jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour faire parler de vous ou de votre boîte ?
Le style « Rafiki » ou la dose de sagesse quotidienne
Adeptes de citations, de conseils éclairés et de grandes leçons de vie – souvent tirées de leur propre expérience –, les entrepreneurs de cette catégorie cherchent à inspirer leurs followers et les aider à grandir personnellement et professionnellement.
Les influenceurs qui incarnent cette stratégie : Tim Ferriss et Nina Ramen. L’auteur du livre à succès La semaine de 4 heures prolonge les enseignements de ses ouvrages en partageant ses conseils sur Facebook, Twitter et LinkedIn, ainsi que des citations inspirantes de mentors du monde entier. De son côté, Nina Ramen mise sur une authenticité et un engagement à toute épreuve en partageant des publications inspirantes, destinées à encourager les femmes (mais pas que) à s’affirmer et oser davantage.
Pourquoi ça marche ? Parce que c’est moins long à lire qu’un livre entier de développement personnel, et que les effets sont assez similaires.
À quoi faire attention ? Entre grand sage et gourou, il n’y a qu’un pas. Veillez à ne pas faire de vos enseignements des vérités absolues, et restez ouvert aux points de vue contradictoires.
Le style « Disney Channel » ou l’art de sortir du lot avec des contenus divertissants
Qui a dit que les dirigeants devaient forcément parler résilience, disruption et autres-sujets-à-la-mode-et-intelligents ? Oui, vous aussi, vous avez le droit d’aborder des thèmes plus « fun », plus légers. Alors lâchez tout de suite ce stylo Montblanc et sortez les crayons de couleur.
Les influenceurs qui incarnent cette stratégie : Jamy Gourmaud et Anne-Sophie Pic. L’ex-présentateur de la célèbre émission « C’est pas sorcier » crée maintenant des contenus ludiques, sur LinkedIn et YouTube, autour des questions du quotidien. Connaissez-vous les conséquences d’une éruption solaire sur la Terre ? Maintenant, oui. De son côté, Anne-Sophie Pic, cheffe trois étoiles, partage des actualités sur ses activités, autant que des contenus autour de la cuisine et du terroir. Envie de siroter un cocktail sans alcool pendant vos vacances d’été ? Voici ses suggestions.
Pourquoi ça marche ? Parce que dans un long fil d’actualités majoritairement consacrées au business, ces petites parenthèses font du bien et permettent de se démarquer.
À quoi faire attention ? Bien qu’il soit possible d’aborder des sujets complètement différents de votre cœur d’activité, la majorité des entrepreneurs qui optent pour cette stratégie partagent des contenus liés de près ou de loin à leur métier, avec la juste dose de divertissement.
En tant qu’entrepreneur ou dirigeant, votre image personnelle influence directement la perception que le monde a de votre entreprise. Et cela peut avoir des répercussions positives (ou négatives) sur ses performances. Trouver votre style ne consiste pas à endosser le costume d’un autre, mais au contraire à vous inspirer des pratiques avec lesquelles vous êtes à l’aise, pour construire le vôtre. Que vous cherchiez à diffuser une image d’expert, de personne accessible ou de provocateur, le plus important est de vous montrer authentique.
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Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ
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