Entrepreneurs : 6 alliés incontournables quand on lance sa boîte
22 déc. 2022
5min
Rédactrice indépendante.
Entreprendre peut être aussi exaltant que déroutant. Entre l’idée et sa concrétisation, il existe un chemin semé d’embûches administratives, légales et financières. Mettons fin à cet imbroglio en listant les 6 partenaires inévitables pour se lancer.
Souvent perdus dans les méandres de l’entrepreneuriat à la française, les créateurs et créatrices d’entreprise ont tout intérêt à savoir s’entourer, le plus tôt possible. Mais à qui faire confiance ? Comment s’y prendre ? Qui est vraiment pertinent au début d’une aventure alors que le chiffre d’affaires est (quasi) inexistant et que les fonds sont souvent limités ? Si le web est une vaste encyclopédie pour les entrepreneurs en questionnement, la litanie de conseils (plus ou moins fumeux) s’avère rapidement anxiogène. Pour vous faire économiser quelques insomnies, nous avons donc fait le tri parmi les interlocuteurs clés.
1. Associé(s) : bien choisir ses partenaires de route
C’est un pré-requis : lorsqu’un projet d’entreprise se lance, il faut identifier (et bien réfléchir) avec qui mener son aventure entrepreneuriale, souvent sinueuse. Jordan Chemouhoum, cofondateur de Noticia, start-up qui dématérialise le ticket de caisse, recommande la complémentarité des compétences : « Mon associé a fait une école de commerce. J’ai un profil d’ingénieur : nos différents parcours nous aident depuis le début à disposer d’une vision plus exhaustive du projet ». Christophe Hébert, serial entrepreneur et créateur du start-up studio Shappers insiste quant à lui sur un point : le nombre d’associés au démarrage : « Il n’en faut pas plus de trois, sinon cela devient trop complexe pour s’aligner. Puis, concernant la synergie entre les personnalités, il y a deux axes sur lesquels se questionner : en ordonnée, est-ce que l’on a envie de travailler ensemble ? En abscisse, est-ce qu’ensemble, on est capable de mener notre projet ? Il faut que les deux conditions soient réunies ».
2. Expert-comptable et avocat : le tandem incontournable
SAS, SARL, EURL, micro-entreprise ? L’un des sujets structurants d’une entreprise (et souvent source de tension et de stress) est le choix de ses statuts : « En filigrane, le point sur lequel il faut se pencher est la manière dont les associés se rémunèrent. Mais aussi, sur la question suivante : est-ce que des investisseurs vont se greffer au capital ? », insiste Christophe Hébert. Pas d’improvisation, il faut dégoter un ou une avocate capable de recommander les bons statuts au regard de ces enjeux de gouvernance et de rémunération. Comment faire ? « Les recommandations du réseau – famille, amis ou bouche à oreille – c’est bien, mais il vaut mieux chercher par soi-même car c’est une personne qui va nous accompagner pendant longtemps, avec qui vous allez échanger. Il vaut mieux se sentir à l’aise et dans la confiance. » Option « système D » : au début de leur aventure, les fondateurs de Noticia n’avaient pas les fonds suffisants pour faire appel à un avocat. Ils passent donc par LegalStart : « Sur ce site spécialisé dans les questions juridiques, il existe un large choix de modèles qui permettent de formaliser les documents obligatoires. À la demande, vous pouvez aussi faire appel à un expert pour répondre à vos interrogations », explique Jordan Chemouhoum. Cette plateforme a constitué une aide transitoire car, rapidement, les cofondateurs ont voulu professionnaliser l’aspect juridique : ils se sont appuyés sur des experts-comptables, avec un solide volet juridique. « Nous les avons choisis car ils connaissaient très bien l’univers des start-ups. Ils promulguent aussi des conseils financiers importants : les aides possibles, les subventions de la BPI et la réglementation (RGPD). »
3. Banque : un autre allié à ne pas choisir à la légère
« La première chose à faire en tant qu’entrepreneur est d’ouvrir un compte bancaire ! On y dépose son capital, pour certains statuts du moins. C’est surtout le moyen de commencer à facturer. Symboliquement, c’est important », explique Christophe Hébert. À l’instar de l’avocat et de l’expert-comptable, le choix de la banque ne se fait pas à la légère : « Je conseille d’aller voir les banques mutualistes parce que chez elles, il existe un respect de l’entrepreneur et une écoute de son projet. De plus, le conseil, au sens propre, est prégnant : elles se soucient de leurs clients et de leur réussite. » Sans compter qu’un conseiller peut être très utile dans les moments plus tangents, en proposant des solutions bancaires connexes pour aider l’entreprise, comme un crédit.
« Le marketing est loin d’être un artifice dans la démarche de création d’une marque. »
4. Identité visuelle, marque et site web : entre débrouillardise et prestation
« Le marketing est loin d’être un artifice dans la démarche de création d’une marque : il faut rapidement faire le dépôt de marque auprès de l’INPI (Institut national de la propriété industrielle), créer un logo et réserver un nom de domaine », souligne Christophe Hébert. C’est la première marche « publique » pour communiquer son idée auprès « du monde ». Alors comment créer son identité visuelle ? « Pour le logo, soit l’un des associés se débrouille sur Canva, soit tu fais appel à un prestataire en design. » La start-up Noticia a choisi un autre rythme concernant le volet marketing et communication : « Après plusieurs itérations, nous avons attendu d’avoir une solution stable pour créer un site web. Nous avons fait appel à une compétence externe pour aller plus vite. Sur les plateformes de freelances, il est très facile d’avoir accès à des designers talentueux à un prix raisonnable », explique Jordan Chemouhoum. Pour ceux qui veulent créer leur site par eux-mêmes, Christophe Hébert conseille la technologie Webflow : « L’outil permet la création de tout type de site clé-en-main sans développement, ni webdesign. Avec un abonnement mensuel autour de 30 €, vous avez une vitrine impeccable et référencée ».
5. Réseau ou mentor : des amis qui vous veulent du bien ?
La vie d’entrepreneur·e n’est pas un long fleuve tranquille. Comment retrouver son souffle ? Quelles sont les soupapes pour prendre les bonnes décisions ? Comment élargir les perspectives quand on a la tête dans le guidon ? Il faut s’entourer d’un cercle d’experts (des vrais). Mais qui inscrire sur sa « short list » ? « Lors de nos différentes versions de produit, nous avons testé notre outil auprès de prospects. Le hasard a fait que l’un de nos testeurs, expert dans le secteur de la dématérialisation, est devenu notre mentor. Maintenant, nous faisons régulièrement appel à lui pour avoir des retours avisés et dénouer certaines problématiques », explique Jordan Chemouhoum. Les entreprises ou les écoles par lesquelles les créateurs de Noticia sont passés ont aussi été, à un moment donné, des aides précieuses pour glaner des feedbacks. Certains entrepreneurs rejoignent des réseaux professionnels pour lesquels Christophe Hébert émet une certaine réserve : « Se retrouver à échanger avec d’autres entrepreneurs qui rencontrent les mêmes problématiques, ou qui vont projeter leurs propres peurs, risque d’être anxiogène. Je conseille plutôt d’aller chercher sur LinkedIn des personnes inspirantes qui ont réussi, ou échoué, dans votre domaine. Elles vont dire les choses franchement : cela ne fait pas toujours plaisir mais au moins, c’est un levier de progression ».
6. Business angel, incubateur, accélérateur : à chacun son « support system »
L’incubateur ou l’accélérateur n’est pas un indispensable sur le chemin de l’entrepreneuriat selon Christophe Hébert : « Ça a une vraie valeur ajoutée lors de la phase de “go to market”. En gros, si les créateurs ont une offre et ont besoin de rencontrer la demande, l’incubation peut les aider à provoquer cette rencontre ». Que dire des business angels, ces personnes souhaitant investir une partie de leur patrimoine financier dans des sociétés innovantes à fort potentiel ? C’est aussi une aide utile pour promulguer des conseils : « On m’appelle régulièrement pour me demander des conseils sur une idée de business. Cela permet aussi de challenger les entrepreneurs et de jauger leur état d’esprit entrepreneurial, leur résilience : la capacité à se remettre en question, à innover ou à tout changer pour que cela fonctionne vraiment », explique Christophe Hébert. Ne pas oublier que le principal objectif poursuivi par un business angel est de dégager une plus-value substantielle via son investissement en temps. Les tips promulgués exigent donc une contrepartie. Une alternative possible : se greffer à des collectifs spécialisés tels que The Galion Project, dont la vocation est de fédérer les entrepreneurs, financer les projets à haut potentiel et former les innovateurs.
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Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ
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