Candidats : ces red flags qui vous font fuir en entretien d’embauche
10 janv. 2023
5min
Journaliste indépendante.
En entretien d’embauche, il y a des signes - bons ou mauvais - qui ne trompent pas. Parfois on les perçoit, parfois non, à nous d’être vigilant ! Ces candidats révèlent ce qui les fait tiquer.
Le processus de recrutement en dit long sur la culture d’entreprise : un entretien repoussé à plusieurs reprises, une fiche de poste très (trop) vague, ou encore un recruteur qui vous coupe sans cesse la parole… Reconnaître ces “red flags” - et les autres - est capital pour éviter le triste “j’aurais dû m’en douter” qui fait regretter d’avoir signé un contrat de travail sans poser davantage de questions. Nos témoins racontent les signaux qui leur mettent la puce à l’oreille…
Le manager je-sais-tout qui n’a aucune expérience
Pierre, Consultant en marketing digital
Rien de plus désagréable que de se faire recadrer par un petit minet qui vient de quitter les bancs de son école de commerce et qui veut vous apprendre la vie ! Surtout quand, toi tu sais de quoi tu parles, et que lui te sort des poncifs, au mieux d’un autre temps (malgré son jeune âge), au pire complètement inefficaces ! Plus qu’un red flag, c’est un carton rouge. Pour moi, travailler avec des personnes qui ignorent leur propre incompétence est complètement rédhibitoire.
Les buzzwords à gogo
Raphaël, ingénieur data
Ce que je déteste ? Les boîtes qui utilisent des termes à la mode comme écran de fumée pour cacher la réalité d’un poste, voire de vrais problèmes dans leurs méthodes de travail. Lors de mon premier job, un recruteur m’a mis des paillettes dans les yeux et j’étais trop jeune pour m’en rendre compte. Finalement, j’ai vite compris que la “flexibilité” ou le fait de “prendre le lead” sont surtout une jolie manière de dire : il faudra bosser les week-ends et faire le travail de trois personnes. C’est certain, on ne m’y reprendra plus !
Les subtiles questions sur mes envies d’enfant
Manon, juriste
Lors d’un entretien, je suis très vigilante aux petites insinuations sur ma situation personnelle. Comme le classique “30 ans, toujours pas d’enfants ?”. Ou le tout aussi subtil “La personne que tu dois remplacer est partie en congé maternité moins d’un an après son arrivée…” auquel j’ai déjà eu le droit. Non seulement, ce n’est pas légal. Mais en plus, ce n’est pas très pro. Pour moi, c’est un “no go” immédiat.
La main d’œuvre gratuite et l’espionnage industriel
Louis, Growth-hacker
Je suis pour le fait de passer des tests techniques en entretien, je trouve que c’est une manière tout à fait efficace d’évaluer les compétences d’un candidat. En revanche, les recruteurs qui profitent des cas pratiques pour avoir de la main d’œuvre et des idées gratuites, c’est non. Un jour, alors que je postulais chez un concurrent, j’ai même eu le droit à un recruteur qui m’a posé des questions très intrusives sur la stratégie de ma boîte, qui voulait connaître tous les “trucs” qui la font tourner. Et cela, sans même s’en cacher. Une attitude très peu professionnelle, qui laisse augurer d’autres pratiques douteuses…
Le sourcil relevé qui en dit long
Manon, Ex-journaliste et chargée de communication
Les red flags se cachent parfois derrière des petits signes presque invisibles… J’ai appris à être attentive à ces petits moments de flottement, notamment quand votre interlocuteur prend un air surpris quand vous lui expliquez comment vous avez l’habitude de fonctionner. J’ai fait l’erreur, une fois, de passer à côté du sourcil fortement relevé de mon futur manager quand j’évoquais l’autonomie que j’avais dans mon précédent poste… et je n’aurais pas dû : c’était un vrai control-freak, et j’aurais pu le savoir si j’avais creusé à ce moment-là.
Le recruteur qui ne me laisse pas en placer une
Alizée, Product Manager
Ma théorie : si mon futur manager ne me laisse pas en placer une pendant l’entretien, il y a fort à parier que ce sera la même chose une fois en poste. Je l’ai expérimenté à l’occasion d’un entretien d’embauche dans une boîte très prestigieuse. Non seulement le contour de la mission n’était pas clair, mais le manager n’a fait que parler de lui (et de son parcours, et de son chien) au lieu de clarifier mon rôle. J’ai préféré refuser, ça sentait l’embrouille.
Les erreurs répétées sur mon prénom
Mélina, ingénieure en bureau d’études
Se tromper une fois de prénom, OK. Deux fois, ça devient énervant. Trois fois, ça sent le manque de respect à plein nez. Ça m’est arrivé avec un manager qui m’a appelé à plusieurs reprises “Mélanie” et “Mélissa” (tu chauffes, mais c’est raté) pendant l’entretien. Et j’ai compris plus tard que ce que j’avais pris pour des “maladresses” étaient simplement le signe d’un profond désintérêt pour les autres. Rien ne comptait plus que ses propres idées, son avancement, sa carrière. J’aurais pu m’en douter.
L’ambiance morose dans les couloirs
Christophe, chargée de projet dans l’agroalimentaire
Quand personne ne te dit bonjour à l’accueil et que tu croises des personnes qui semblent sortir des pompes funèbres dans les couloirs, ça ne sent pas bon. Un jour, j’ai même commencé à entendre un manager crier et humilier l’un de ses collaborateurs dans la salle de réunion d’à-côté. Et là, le recruteur a beau faire tout ce qu’il faut pour que l’entretien se passe bien, c’est carton rouge pour l’ambiance toxique.
Le retard démesuré du recruteur
Thomas, Digital Lead Manager
Pour moi, un recruteur très en retard - ou même qui fait durer un entretien au-delà du temps prévu - est souvent le signe d’une mauvaise gestion du temps de manière générale dans l’entreprise. Ça augure les réunions qui commencent avec 15 minutes de retard, les projets qui ne sont jamais terminés dans les temps… Dans le même genre, j’ai déjà attendu 1 heure un recruteur qui avait convoqué trois candidats à la même heure, pour le même poste. Les pratiques de ce genre, cela en dit long sur la manière dont une entreprise traite ses collaborateurs.
La boîte sans challenge qui me croit sur parole
Asma, Développeur web
Il n’y a rien qui me fasse plus peur qu’une boîte qui embauche “à la légère”, signe que les personnes avec lesquelles vous allez travailler ne sont peut-être pas aussi compétentes que vous pourriez légitimement l’espérer. Je suis déjà tombée sur des entreprises qui ne font passer ni cas pratique, ni test technique. Dans le monde du développement, c’est un vrai manque de sérieux selon moi ! Je suis jeune, j’ai envie et besoin d’apprendre, de progresser, et me challenger en étant tirée vers le haut… Comment puis-je être sûre que ça sera le cas si mon manager et mes pairs ont été embauchés sur de bonnes paroles ?
Des pratiques de recrutement à l’ancienne
Mélanie, Chef de projet UX
Je suis toujours surprise de voir qu’il y a encore des entreprises qui cherchent à mettre un candidat en grande difficulté, plutôt qu’à l’aider à être à l’aise et lui permettre d’exprimer ce qu’il y a de meilleur chez lui. Un jour, j’ai passé un cas pratique - une simulation de rendez-vous client - avec un interlocuteur qui n’y mettait clairement pas du sien en face. Sûrement cherchait-il à tester mes nerfs plutôt que mes compétences ? En tout cas, cela en dit long sur la culture d’entreprise et ça fait fuir !
Si demain vous vous retrouvez dans ce type de situation, vous n’êtes pas obligé de couper court à la conversation tout de suite, mais essayez toujours d’en savoir plus. Si vous avez encore des doutes, n’hésitez pas à demander à échanger avec des collaborateurs déjà en poste : c’est souvent au détour d’une conversation moins formelle que l’on en apprend le plus sur la situation réelle de l’entreprise, les pratiques d’un manager et toutes ces “petites choses” que l’on ne fera pas figurer sur une offre d’embauche et qui pourtant peuvent changer la donne une fois en poste.
Article édité par Aurélie Cerffond ; Photographie de Thomas Decamps
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