« Do you speak English ? » : Comment bluffer en entretien d'embauche ?
15 févr. 2022
4min
CR
Journaliste freelance
Vous aviez bien remarqué la mention “Anglais : lu, parlé, écrit” figurant sur cette offre d’emploi. Pas impressionné·e pour si peu, vous avez foncé tête baissée. Vous voilà maintenant face à un recruteur qui vous assène un douloureux “Let’s switch to English” en plein entretien d’embauche. Et là, c’est la panique à bord ! Vous regrettez amèrement d’avoir opté pour une LV1 espagnole au cours de vos jeunes années, et d’avoir passé votre ERASMUS avec vos amis francophones. Cette épreuve clairement déstabilisante n’est pourtant pas insurmontable. Alors, si vous avez une pratique plutôt approximative de la langue de Shakespeare, nous vous avons préparé 6 conseils, élaborés avec Morgane Rispal, professeure d’anglais dans l’Éducation nationale, afin de vous sortir de cette situation sans égratignure.
Le test d’anglais en entretien, why ?
Avant toute chose, rassurez-vous : ce “crash test” n’a pas pour but de vérifier que vous êtes parfaitement bilingue ou que vous possédez une double nationalité franco-britannique. L’entreprise veut surtout s’assurer que vous êtes apte à converser avec un minimum d’aisance en anglais. Le niveau requis peut être plus ou moins élevé en fonction du poste et du domaine d’activité. Bien entendu, vous ne serez pas évalué·e de la même façon si l’entreprise a vocation à se développer à l’international, ou si elle possède seulement quelques clients non-francophones. Il ne s’agit donc pas ici de vous piéger, ou même de vous humilier, mais bien de confirmer, pour l’entreprise, comme pour vous, que vous ne paniquerez pas au moindre mail, ou coup de téléphone avec votre correspondant basé à Los Angeles.
Sous quelle forme se présente cet exercice ? La plupart du temps, il s’agira de vous présenter, de parler de votre dernière expérience professionnelle, ou même de vos centres d’intérêt dans une version “small talk”, à savoir une discussion informelle, qu’il s’agisse du dernier film que vous avez vu ou de votre passion pour le tennis.
Alors, pour ne pas perdre vos moyens si vous êtes confronté·e à cette situation, brutale pour certains, voici nos tips à mettre en application. À vos stylos !
Le guide de survie pour “switch to english”
1. Misez sur le body language
Si vous n’êtes pas à l’aise avec votre niveau d’anglais, ne sous-estimez pas le pouvoir du corps et l’importance de la gestuelle. « Dans ces situations stressantes, pour donner l’illusion que l’on a confiance en soi, il est important de faire attention à sa posture. Cela passe par se tenir droit, les mains sur la table ou en mouvement, mais également par l’adoption du bon ton, d’une voix posée, dynamique et affirmée, explique Morgane Rispal. Ce qui importe n’est pas seulement ce que l’on dit mais également comment on le dit, ce qui peut clairement donner l’impression que l’on est en pleine maîtrise. » Ici, on ne vous demande pas de rendre hommage au Mime Marceau, mais de vous appuyer sur la communication non verbale qui pourrait bien vous venir en aide et masquer le fait que vous êtes en train de mourir à l’intérieur.
2. Soyez décomplexé·e sur l’accent
Nous sommes nombreux à avoir développé un vrai complexe sur notre niveau d’anglais, et plus particulièrement sur notre accent. N’en faites pas une montagne. « Sachez qu’il y a de fortes chances pour que le recruteur lui-même ait ce fameux accent français », rassure notre experte. Si vous souhaitez mettre toutes les chances de votre côté, n’hésitez pas à vous entraîner en amont « sur la prononciation des mots qui risquent de revenir régulièrement et qui sont liés à l’expérience professionnelle et au secteur d’activité, suggère notre professeure d’anglais. Pour cela, rien de plus simple : rendez-vous sur Internet pour écouter la bonne prononciation et répétez. » Focalisez aussi votre attention sur tous ces petits mots anglais que nous avons tendance à massacrer en français : through, achieve, about (certaines chaînes Youtube comme Dr Grammar peuvent vous aider à les corriger). N’hésitez pas également à vous refaire la liste des faux amis en anglais : “actually” ne veut pas dire “actuellement” mais “en fait” (il faut utiliser “currently”)… L’idée n’est pas de reprendre tous vos cours d’anglais depuis le CM1 mais bien d’identifier les quelques mots et expressions que vous pourriez utiliser pour les corriger.
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3. Fluidifiez la conversation
Et pour cela, deux techniques imparables ! La première, consiste à avoir recours aux “gap-fillers”, à savoir des petits mots qui permettent de rythmer une discussion. « “Well”, “you know”, “like”, “basically”, “I mean”… Tous ces mots vous aideront à remplacer des “euuuh” pas très élégants. Ils permettent de rendre le discours plus authentique, beaucoup plus naturel, et ils vous laissent le temps de réfléchir en prime », explique Morgane Rispal. Évidemment, il faut les utiliser avec parcimonie. La seconde technique réside dans la contraction des mots. « Pour donner l’impression d’aisance et d’oralité, et c’est bien ce qui se joue lors d’un entretien, il ne faut pas hésiter à contracter. Par exemple “I’m” pour “I Am”, ou “I’d like to” plutôt que “I would like to”.» précise notre experte. Effet garanti !
4. Ne switchez pas en français
Si vous butez sur un mot, attention à ne pas tomber dans la facilité, ce qui sonnera comme un aveu d’échec ! « Il vaut toujours mieux prendre quelques secondes pour réfléchir si on se trouve en difficulté, et trouver une autre façon de formuler notre idée (même si ce n’est pas la plus rapide), plutôt que de l’exprimer en français. Et si on fait une erreur, on ne panique pas, on se reprend, et on se corrige », conseille la professeure d’anglais. Cela aura le mérite de montrer que vous êtes persévérant·e et que vous ne baissez pas si facilement les bras !
5. Allez à l’essentiel
Afin d’éviter de vous retrouver dans une situation embarrassante et de perdre le contrôle, ne faites surtout pas d’excès de zèle ! Il est parfaitement inutile de tenter des pirouettes stylistiques ou de vous engager dans une syntaxe que vous ne maîtrisez pas. « Privilégiez les phrases simples et efficaces. Votre but est de vous faire comprendre, et de formuler une pensée claire, restez donc dans un discours de contrôle. Souvent, le français est plus complexe, donc ne tentez pas de le traduire littéralement », affirme Morgane Rispal.
Vous l’aurez compris : gardez les figures de style et autres épanchements lyriques pour votre langue natale.
6. Emmenez votre interlocuteur vers des sujets maîtrisés
Vous ne serez jamais aussi à l’aise que sur vos thèmes de prédilection, même en anglais. « Il s’agit de ne pas subir l’entretien, mais si possible, de l’orienter, afin d’instaurer un vrai échange. Cela sera plus intéressant, et surtout vous permettra de reprendre confiance », explique notre experte. En bref : plus vous prendrez de plaisir à vous exprimer sur un sujet, mieux vous devriez y parvenir au niveau technique. On ne vous recommande pas nécessairement de vous enthousiasmer sur vos dernières vacances en Grèce, mais peut-être sur votre engagement écologique, ou votre passion du graphisme.
Enfin, voyez cela comme une expérience positive, un challenge à relever. C’est un bon test pour tenter de vous dépasser, alors mettez-vous dans un good mood !
Article édité par Gabrielle Predko
Photo par Thomas Decamps
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