« Le danger nous excitait à fond » : avec ces coquins qui ont couché au bureau
13 févr. 2023
8min
Chaleur. Contre toutes les conventions et par goût impérieux du risque, certains salariés ont cédé aux capiteuses sirènes d’une partie de jambes en l’air au taff. Avec, en bout de course, un sacré shot d’adrénaline, beaucoup de frissons interdits, et une flopée d’anecdotes plus croustillantes les unes que les autres à raconter.
Il pourrait bien s’agir du fantasme le plus partagé au monde. Lovés dans leurs draps, tard dans la nuit ou en pleine réu’ post-dej, des légions de salariés caressent l’idée un peu folle, et carrément prohibée, d’avoir un rapport sexuel… au boulot. Il y a ceux qui rêvent secrètement de croquer ce fruit défendu, oui. Et puis il y a les autres. Ceux qui, sous la fièvre d’une irrésistible impulsion, ont sauté le pas en jetant loin, très loin derrière eux la bien trop sage devise « no zob in job ». L’œuvre sulfureuse d’une poignée de têtes brûlées ? Pas vraiment. Selon une étude de l’IFOP révélée en 2018, 33 % des français se seraient déjà livrés à des ébats sur leur lieu de travail aux bras de collègues. Alors, à la faveur de cette Saint-Valentin 2023, WTTJ a enquêté sur le sujet en ouvrant sa hotline. Résultat : trois salariés nous ont raconté comment ils ont fait grimper le mercure dans un décor pro. Entre peurs bleues de se faire choper, frousse des répercussions et élans d’extases. Des frasques garanties sans tabou, bien sûr.
« Ah, la salle de projection… Un des meilleurs souvenirs de ma vie, même si j’ai cru que mon cœur allait s’arrêter de battre », Cassiopée, 28 ans, chargée de com
Moi, ce n’est pas compliqué. Quand j’aime quelqu’un, j’ai envie de lui. Beaucoup. Et tout le temps. Alors, forcément, quand ça tombe sur un collègue… Je passe en mode serial fuckeuse. Un plaisir pas coupable du tout selon moi, que j’ai découvert il y a quelques années, après avoir tissé, aux côtés d’un collègue barman, une relation passionnelle. Avec tout le package : drames, envolées lyriques et sexualité débridée - forcément. Quand nos horaires matchaient, on se débrouillait pour synchroniser nos « pauses ». Un regard de braise, une caresse fugace donnaient le signal. Lui annonçait qu’il allait chercher une bouteille « en bas », tandis que je faisais mine de m’éclipser aux toilettes. La vérité, c’est qu’on se retrouvait dans la cave pour faire l’amour sur des fûts de bière. Quelque chose de sauvage, de brutal. Et qui ne durait jamais plus de cinq minutes. Au-delà, nos absences respectives seraient évidemment devenues suspectes. Ce petit rituel n’avait lieu qu’en l’absence du patron - qui nous aurait étripés, s’il avait su… -, et s’est étalé sur plusieurs mois, jusqu’à ce que l’idylle s’essouffle.
Quelques mois ont passé, puis j’ai noué une nouvelle liaison avec le projectionniste du cinéma dont j’avais commencé à gérer les entrées. Un jour, durant mon break déjeuner, il m’a proposé de monter dans sa salle, où il m’assurait « ne jamais être dérangé ». Juste pour « voir comment ça se pass(ait) », tout simplement. Comment refuser ? Je l’ai rejoint dans cet espace un peu féerique, où la magie du cinéma dévoile ses rouages et puis… On a commencé à faire l’amour longuement, intensément - au point que mon partenaire en a oublié d’assurer une transition. C’est un de ses collègues qui l’en a averti par talkie walkie en s’étonnant : « mais qu’est-ce-que tu fabriques ?! », quelque chose comme ça. Panique à bord. La voix était si inattendue, si soudaine, que j’ai fait un bond cartoonesque qui nous a coupé net dans le feu de l’action. Pour peu, je le blessais. Heureusement, l’épisode s’est juste clôturé par de grands éclats de rire - en me laissant, au passage, un souvenir impérissable. Pendant cet ébat, il y avait quelque chose d’unique à pouvoir, à quelques mètres seulement en contrebas, épier une salle bondée de spectateurs qui, eux, observaient un film. Comme si mon compagnon et moi partagions un secret connu de nous seuls - lequel aurait d’ailleurs pu être découvert à tout moment, si quelqu’un avait ouvert la porte. C’est aussi ce qui fait le sel de ces péripéties… Bref. Peu après cette aventure, j’ai été quittée puis ai décroché mon travail actuel. Cette fois, aucune romance de co-working à l’horizon. Mais je ne m’interdis pas l’idée de ramener un futur crush aux bureaux un de ces quatre, histoire de lui faire visiter les locaux. Et plus si affinités…
« Ça c’est fait là, d’un coup, en plein open space - et tant pis pour la direction ! », Titouan, webmaster, 35 ans
Si c’était à refaire, je n’y regarderais pas à deux fois. L’histoire a eu lieu il y a une poignée d’années. À l’époque, je venais de rejoindre sans grande motivation les équipes d’une start-up, avec pour mission de donner coup de jeune au site puis d’en assurer la maintenance. L’ambiance à l’open space était très policée, studieuse - un peu ennuyeuse, même. La seule chose qui mettait du piment à la vie cette vie de bureau morose, c’était le jeu de séduction qui s’était instauré, semaine après semaine, avec une collègue. Quelque chose d’assez innocent, jusqu’à ce que, un soir, tout bascule.
Durant un after work plus rock’n’roll qu’à l’accoutumée, tout le monde a picolé. Un peu, beaucoup. Alors - sous l’effet de la désinhibition, sans doute - ma collègue et moi nous sommes discrètement pris la main sous une table avant de prétendre « aller fumer » pour nous retrouver à l’extérieur du bar. Assez loin de l’entrée, et seul à seul. Là, sans mot dire, elle m’a embrassé pour la première fois. Quelque chose d’assez électrique. Un petit séisme vis-à-vis duquel je me suis senti si dépassé que j’ai pris mes jambes à mon cou en prétextant une excuse ridiculement bidon. La honte. Simplement, jamais je n’aurais imaginé qu’on en arrive là, tout prenait soudain une autre ampleur. Et puis je sentais la mauvaise idée à plein nez mais… Trop tard ! La graine était plantée.
J’ai passé la nuit à me retourner en fantasmant ce qui aurait pu se passer, avec l’amère impression d’avoir manqué d’assurance. De courage, de poigne. Alors le lendemain, galvanisé par un jeu de regards torrides lancés au détour des couloirs du bureau, je lui ai envoyé un mail en lui proposant qu’on « s’attende » en fin de journée. À peine avais-je sa réponse - « oui », tout simplement - que j’ai perdu les pédales. Impossible de me concentrer sur la moindre tâche avec ces images qui tournaient dans ma tête, encore et encore. Restait à ronger mon frein. À partir de 18h - enfin ! - toute l’équipe a décampé au compte-gouttes, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que nous. Une fois réunis, c’est elle, à nouveau, qui a pris les devants. Sans que je comprenne bien comment, nous voilà à faire l’amour. Debout, sur une table, au sol.
C’était à la fois surprenant et évident. Une expérience sexuelle qui compte parmi les meilleures de ma vie. Parce qu’elle était l’expression explosive d’une tension trop longtemps restée sous-jacente, bien sûr. Mais aussi parce que j’y ai trouvé une sorte de revanche sur cet espace de travail que j’aimais si peu. J’ai des tâches ingrates ? Le patron me sort par les yeux, mon salaire m’exaspère ? Eh bien tenez, je couche en plein open space. Vengeance risible, diront certains. Mais vengeance quand même. Et tant pis pour le risque que quelqu’un découvre le pot au rose. Au fond, être viré, qu’est-ce-que j’en avais à faire ? Inconsciemment, c’est peut-être même ce que je cherchais… Allez savoir !
Notre affaire conclue, chacun est rentré chez soi sur une note joviale - quoiqu’un peu déboussolés par la tournure des évènements. Fun fact : le jour suivant, plusieurs collègues se sont étonnés à la machine à café d’apercevoir des éraflures sur mes coudes. J’ai prétexté une banale chute sous le regard taquin de ma collègue qui, elle, y devinait les séquelles que m’avaient infligés nos ébats.
Nota bene : méfiez-vous du frottement des moquettes ! Ce « pas de côté » n’a pas connu de suite. La chose a été décidée en commun, pour éviter tout drame. Chacun a suivi sa trajectoire, tout simplement - même si ce serait mentir que d’affirmer que l’idée de réitérer l’expérience ne m’a jamais traversé l’esprit… Qu’importe. Avec ma collègue, nous sommes restés bons amis, et ne nous croisions jamais « là » où ça a eu lieu sans un sourire complice. En définitive, le secret qui nous unissait a resserré nos liens. La preuve que les élans de folie ne conduisent pas toujours à la catastrophe. Et puis on ne vit qu’une fois, non ?
« Sur la plage, aux bois, dans les tentes… Un vrai marathon, mais bonjour le coup de flippe, quand un gosse nous a balancé au boss », Olympe, 25 ans, maroquinière
« La vérité sort toujours de la bouche des enfants », voilà un dicton auquel mon patron aurait été bien avisé de donner crédit ! L’an dernier, à la période estivale, je suis comme de coutume partie en colo en tant que mono. Question team, il y avait beaucoup visages familiers et quelques nouveaux venus - « une » nouvelle, surtout. Coup de cœur, cash. Embarquée dans le bus qui nous entraînait vers notre lieu de résidence, déjà, j’enchaînais mentalement les films à l’eau de rose. Et ceux d’un registre un peu plus sexy. Sauf que. À peine arrivés, un superviseur dont je n’avais jamais croisé la route a embrayé sur un briefing polaire, questions love. Comme quoi il aurait dû gérer des situations « calamiteuses » par le passé, qu’il fallait faire montre de « retenue » par respect pour les enfants, et la confiance des parents. En gros : pas de relation affective. Sous peine de se retrouver, pour ainsi dire, blacklister de certaines missions colo. Douche froide. Enfin non, plutôt l’inverse, en fait… Une fois qu’on m’interdit quelque chose, je le désire d’autant plus. Comme tout le monde, non ? Principe de base. Alors, en catimini, j’ai amorcé un jeu de drague qui a été bien reçu. Très bien reçu même, puisque nous nous sommes lancées dans une romance undercover. Aux yeux du patron, des collègues - puis de la marmaille, bien sûr.
D’emblée, toute l’histoire a pris l’allure d’une fugue enchantée. On disparaissait faire l’amour dans le bois alentour, les plages voisines. Et la nuit tombée, avec ma partenaire - qui, en tant que mono, était censée, tout comme moi, veiller à ce qu’il n’y ait pas de « trafic » dans les chambres -, nous nous rejoignions à pas de loup pour passer quelques heures ensemble, avant de regagner nos lits respectifs. C’est bien simple : notre passion adolescente nous faisait retomber en enfance. Au même âge, très précisément, des enfants dont nous avions la charge. Drôle de renversement de situation. Et tout le monde n’y a vu que du feu !
Enfin, c’est ce que nous pensions jusqu’à ce qu’un gosse fasse le fanfaron. En pleine tablée de petit déjeuner, le voilà à marteler qu’il m’a vu rejoindre la tente de celle qui était ma partenaire incognito la veille, lors d’une soirée camping. Énorme blanc. Tous les yeux se sont soudain braqués sur nous et, sans surprise, ceux de notre superviseur étaient plus courroucés que les autres. Alors j’ai improvisé en prenant le parti de l’humour : « prends pas tes rêves pour des réalités, petit homme », « t’es pas un peu jeune pour penser à des choses pareilles ? » Très dans le registre de Nos Jours Heureux, quoi. Bon. L’audience se poile, je sens que j’arrive à noyer le poisson alors j’enchaîne les vannes, même si, du coin de l’œil, j’ai remarqué que le Père Fouettard qui me servait de patron gardait une mine suspicieuse. Mais… C’est tout. Pas de remarques, pas de questions - et encore moins de blâmes. C’était un type de la vieille école, alors peut-être que deux filles ensemble avait quelque chose d’invraisemblable à ses yeux. Ou alors… Aurait-il sciemment détourné le regard ? Je ne le saurai jamais. Toujours est-il qu’on s’en est bien tirées, même si je me sentais un peu mal pour le môme. Je l’avais quand même publiquement fait passer pour un mytho alors que c’était le seul à avoir vu clair dans notre jeu. En guise de dédommagement, je me suis débrouillée pour lui mettre de côté quelques rabs de goûter. Preuve que je ne suis pas un monstre, quand même. Têtues comme nous étions, on a continué notre relation malgré ce coup de chaud jusqu’à la fin du séjour, tout en redoublant de précautions. Puis il a fallu se séparer. Elle, habitant à l’autre bout de la France, je l’ai raccompagnée à une gare à notre retour de la colonie. On s’est dit au revoir sur les quais en s’embrassant pour la toute première fois en public. Ironie du sort : notre histoire s’arrêtait au moment précis où elle pouvait être vécue au grand jour. Depuis ces adieux, je l’ai complètement perdue de vue - mais sans jamais tout à fait l’oublier. Les amours de vacances, ça ne se jette pas aux oubliettes, ça se raconte. La preuve !
Article édité par Aurélie Cerffond ; Photo de Thomas Decamps
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